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Critique de Eric75


Très critiqué à sa sortie, cet album constitue le seul exemple (à ma connaissance) dans la littérature mondiale où nous assistons impuissants à la destruction d'une oeuvre par l'un de ses propres créateurs, devenu fou.

Qu'est-il arrivé à Uderzo ? On pense à un truc de psychanalyste : le créateur voulant détruire sa créature ; le complexe de Frankenstein.

Conan Doyle avait bien tenté d'assassiner Sherlock Holmes, personnage trop encombrant dont il voulait se débarrasser, mais il fit machine arrière sous la pression de ses lecteurs et il décida de le ressusciter par la suite. Uderzo, lui, malgré les demandes répétées depuis plusieurs albums de passer la main à un autre scénariste, n'écoute pas ses lecteurs.

Uderzo fait pire, il décide - du haut de sa légitimité d'unique auteur survivant et compte tenu de son âge avancé - que cet album sera le dernier et qu'Astérix ne lui survivra pas. Pour preuve, souvent signalée, la parfaite symétrie de la couverture de cet album avec celle du premier numéro de la série, la boucle est donc bouclée.

Il décide, non pas de faire mourir son héros (ce n'est pas politiquement correct dans ce type de BD) mais d'anéantir l'esprit même de la série. Il introduit sans nuance des thèmes totalement étrangers à l'univers du petit gaulois : la science-fiction, les mangas, les comics, Goldorak, les Télétubbies, Walt Disney et les extraterrestres. Il ne manque plus que les gendarmettes et de Funès, on a d'ailleurs une allusion au Corniaud, lourdement soulignée (page 36).

Le scénario est insipide, véhicule un racisme antijaponais. Les méchants envahisseurs, petits hommes jaunes, sont les Nagmas, de la planète Gmana (deux anagrammes de Manga). On devine le message : la BD franco-belge, la seule, la vraie, est en danger !

L'Amérique, heureusement, est là pour nous venir en aide, comme en 40. Mais ici, c'est l'Amérique va-t-en-guerre de Bush qui est évoquée, symbolisée par Toune (comme dans cartoon), une sorte de Mickey débarquant de la planète Tadsylwine (anagramme de Walt Disney), aidé par des clones volants comme superman, sosies d'Arnold Schwarzenegger, et ayant pour chef un certain Hubs (anagramme de Bush). Les romains eux, envahisseurs habituels de la série, font de la figuration.

Oubliées les références traditionnelles de la série, au monde antique et à l'époque romaine. Oubliés le village gaulois, l'humour potache, le second degré, c'est aussi Goscinny qu'on assassine ! Un artifice final, façon "Men in Black", permet d'ailleurs aux personnages d'oublier également tout ce qu'ils ont vécu dans cet album. Une sorte d'effacement, comme un repentir. le lecteur hélas, ne peut pas profiter de cet ultime artifice !
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