Kodama et
Yukiko Gotô continuent la montée en gamme avec un tome qui se rapproche de ce que peuvent faire un
Inio Asano ou un
Shûzô Oshimi, c'est-à-dire une histoire violente, crue et dramatique.
Ce tome, c'est celui de la descente en enfer. L'héroïne ne sent de plus en plus mal dans sa peau de femme et dans sa peau d'instit'. Ce qu'on avait déjà pu apercevoir dans le tome précédent prend une toute autre ampleur dans celui avec un quasi abandon de son mari et un zoom encore plus fort sur elle. J'ai été profondément touchée par sa détresse. Étant mois-même dans la profession et ayant aussi eu des classes très difficiles, je comprends parfaitement les sentiments qui ont pu la traverser puisque j'ai pu en partager certains. Il y a donc une grande justesse dans l'écriture de ce passage.
En revanche, j'ai été un peu choquée et dérangée par le palliatif qu'elle trouve à tout ce mal être. le fait de la faire tomber de manière assez sordide quand même, et pas assez critiquée à mon goût, dans une forme de dénigrement total de son corps et de son âme était terrible. Je comprends sa détresse. J'ai été touchée par sa recherche d'un discours différent, d'hommes lui disant que non tout n'est pas de sa faute, mais la forme est un peu trop glauque pour moi. On tombe dans la veine d'oeuvres sociétales à la
Asano ou Oshimi dont personnellement je ne suis pas fan, mais c'est vraiment une question de sensibilité, parce que c'est très bien raconté autrement.
Ses problèmes de sexe qui sont au coeur de l'histoire se mélangent avec ses problèmes professionnels, ce qui est une riche idée pour élargir l'histoire. J'ai apprécié de voir le problème traité différemment ici et de voir les auteurs offrir une nouvelle voie. Cependant, j'ai trouvé que ça manquait un peu de consistance et d'explications. J'espère qu'on en aura prochainement sinon c'est bien bizarre tout ça.
Le seul défaut de ce tome est pour moi sa conclusion. Elle a un côté trop idyllique si on peut dire. Je ne suis pas du tout d'accord avec ce discours qui dit que finalement cette classe si horrible ne l'est pas tant que ça. Mon oeil ! Arrêtez de faire croire que les enfants sont par nature gentils et qu'ils ont tous un bon fond. Non, il existe des classes qui sont horribles, ingérables et ceux peu importe l'enseignant, peu importe le moment de l'année. C'est mon petit cri du coeur perso pour l'avoir vécu. de la même façon, tous ces rendez-vous sordides se finissent un peu trop bien et je n'ai pas trouvé la dernière rencontre très crédible...
Ce nouveau tome n'a vraiment pas été une lecture facile, elle m'a profondément remuée et dérangée. Elle a flirté avec la limite de ce que je peux supporter de lire car le tournant sordide pris n'est vraiment pas à mon goût, malgré une dimension sociétale coup de poing assez juste. En revanche, j'ai beaucoup aimé le traitement plus global de l'héroïne, le cheminement qu'on lui fait prendre et les réflexions sur sa vie professionnelle. C'est un titre surprenant qui prend des directions inattendues à chaque fois pour moi. J'aime ça.
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