Marie s'intalle dans la maison qu'elle vient d'hériter de sa vieille cousine et homonyme. Elle n'y était venue qu'une fois à l'âge de huit ans et était tombée sous le charme de la mystérieuse bâtisse, du jardin et de la collection de "petites choses", délicates et précieuses miniatures conservées sous cloche.
Marie va apprendre à connaître cette cousine décédée par l'intermédiaire de son journal intime, elle va découvrir l'histoire de la maison et du village et s'attacher aux habitants.
J'ai aimé les subtiles descriptions de la nature, je me suis attachée comme l'héroïne à la vieille maison et aux trésors qu'elle renferme et me suis intéressée au sort des habitants. Un bémol tout de même : les longues méditations sur la foi, essentiellement dans le journal intime de la cousine, m'ont un peu perdue.
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Dans ce mur on voyait une porte verte sous un porche de pierre. Elle offrait une poignée ronde en cuivre, auprès d'un vieux fil de fer rouillé. De l'autre côté du porche, le nom de la maison était gravé dans la pierre. Elle s'appelait Les Lauriers, bien qu'il n'y eût aucun laurier en vue. Les lilas avaient tellement poussé que leurs branches pendaient au-dessus du mur et du porche. Quatre marches menaient à la porte, toutes usées en leur milieu. Que pouvait-il y avoir derrière, Marie n'arrivait pas à l'imaginer. Ce n'était plus le monde qu'elle connaissait. Le fouillis de fleurs blanches et pourpres, la porte et les marches, semblaient une image peinte depuis bien longtemps, et Marie frémit d'horreur en voyant le jeune garçon s'agripper au fil de fer et s'y suspendre, tandis qu'un tintement solennel répondait de très loin, assourdi et triste, comme s'il venait du fond de la mer. On ne tirait pas les sonnettes d'une image peinte, et si une porte s'y trouvait entrebâillée, on ne la poussait pas pour entrer. L'intérieur d'une image était un monde toujours caché.
Et j'apprendrai le printemps par cœur, puis l'automne, et j'apprendrai par cœur les cloches et les chants d'oiseaux, et le chemin du clair de lune sur le mur et celui du soleil sur le plancher. Je vieillirai, je perdrai ma beauté mais le printemps, lui, ne vieillira pas, ni la lune, ni la neige.
Du cramoisi des plus jeunes boutons au blanc des pétales largement éclos, toute la gamme des roses s'envolait en nuées sur les branches gainées de lichen. Les pommiers étaient très âgés, et cela tenait du miracle qu'une vieillesse aussi difforme pût porter cette légèreté aérienne.
La senteur de l'eau, de la pluie et de la rosée : car l'eau avait sa senteur, bien que difficile à déceler à travers la fragrance reconnaissante de la vie qu'elle ranimait. Oui, l'eau avait sa senteur, la frêle exhalaison de sa bonté. Elle descendrait encore sur la terre quand l'homme, en se détruisant lui-même, aurait détruit aussi les feuilles et l'herbe. Elle renouvellerait peut-être la face de la terre flétrie et ravagée.
Paul vient-il quelquefois ici ? Cette pensée lui donna un sentiment de joie, car déjà cet endroit lui tenait à cœur, et son amitié avec Paul avait atteint ce point où l'amour des lieux, des livres et des gens doit être partagé.
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