Brieuc,
Caroff, la rade de Brest et le Sud qui s'invite sur cette pointe bretonne sous de funestes auspices.
Un hiver breton dégoulinant d'humidité. Petite parenthèse bretonne : pour faire mentir tous les clichés ce n'est pas systématique !
Joss Brieuc vient de pénétrer dans l'univers bruyant et surchauffé d'un bar-restaurant brestois. Dehors, des bourrasques de vent charrient des pluies collantes gorgées d'iode et de sel. Il rumine sa solitude et s'apprête à entamer le lendemain une reconversion professionnelle en s'installant comme bateau-taxi autour de la rade.
Caroff a tragiquement perdu en mer son tout jeune matelot. Rejeté violemment par son entourage, il se terre dans un misérable mobil-home. Pour offrir à sa femme et sa petite puce un plus bel avenir, il fait le choix hasardeux de tremper dans un dangereux trafic proposé par une crapule du Sud.
L'auteur déroule ce roman noir en nous guidant tout au long d'une succession de scènes très imagées. Scènes de bar, de navigation, de zone portuaire ou de port de plaisance, d'amitié ou de vie de famille écorchée, de déchaînements météorologiques, de balade venteuse sur l'île de Sein, de violence…
Il exploite à merveille les préjugés de certaines personnes du Sud vis-à-vis de la Bretagne avec des clichés criants de vérité.
L'écriture est surprenante. Jurons, langage familier contemporain et phrases descriptives travaillées et poétiques se côtoient en un mélange détonant et vivant qui finalement colle parfaitement aux différentes ambiances rencontrées.
C'est un premier roman prometteur qui, bien au-delà de l'intrigue qui est prévisible, m'a surtout plu dans la perception des différentes atmosphères. Entre les masses d'eau de la mer d'Iroise et celles déversées par un ciel aux différentes variations de gris, le chaos tempétueux s'installe dans cette
rade amère.