AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de pergolese


Même si cet ouvrage est édité dans une collection « Polar », autant dire tout de suite que l'intrigue policière n'est qu'un prétexte. En effet, son scénario est bien mince et s'appuie sur des évènements et surtout des personnages peu crédibles.
Pourtant, la lecture de « Franco est mort Jeudi » m'a passionnée. Parce que si prétexte il y a, c'est prétexte à une passionnante leçon d'histoire. Ce roman nous fait (re)découvrir la guerre civile espagnole et le régime totalitaire franquiste qui lui a succédé jusqu'en 1975, d'une manière à la fois pédagogique et très documentée. Partant de l'ouverture des fosses communes en Espagne démarrée sous le gouvernement socialiste Zapatero dans les années 2007-2008, on remonte jusqu'aux violents affrontements entre les camps nationaliste et républicain, à la terrible expérience de la Retirada qui amena des dizaines et des dizaines de milliers de réfugiés espagnols sur la plage d'Argelès, dans le Roussillon. On comprend les dissensions internes au sein du camp républicain (anarchistes, communistes du PCE, membres du POUM) et on prend conscience de l'ampleur de la spoliation morale et matérielle dont ont été victimes les ennemis du régime franquiste contraints à l'exil ou mis à mort.
Tout au long de ce roman, l'ombre de la bête immonde plane. Non seulement car elle est portée par ces vieux phalangistes ayant transmis leurs idées à leurs enfants. Mais aussi car la xénophobie, la haine de l'étranger, on la retrouve de l'accueil plus que réservé fait par la France aux exilés espagnols en 1939 jusqu'à la résurgence actuelle des courants d'extrême droite en Espagne, nourris par le terreau de la nostalgie franquiste et de l'immigration maghrébine dans le sud du pays. Résurgence qui opère de même dans tous les pays d'Europe. Souvenons-nous du camp de réfugié de Sangatte dans le Pas-de-Calais…
Outre le côté historique, il y a aussi dans ce roman une description intéressante de l'évolution socio-économique de la ville de Marseille qui, de ville populaire, ouvrière et bon enfant, certes soumise au règles du grand banditisme, s'est transformée en cité économiquement sinistrée, où le chômage mène les plus modestes aux petits boulots minables voire aux petits délits, tout ça sur fond de guerre entre petits caïds des cités tenant le trafic de drogue, ultra-violents, chez qui la kalachnikov a remplacé le cran d'arrêt.
Bref, le roman de Maurice Gouiran n'est pas LE polar à amener sur la plage pour y rester scotché jusqu'à cuisson complète. L'objectif de l'auteur était ailleurs, ça se sent bien (un peu trop même). Franchement le looser et le patron de bistrot marseillais qui nous font des leçons d'histoire et d'idéologie politique, on a du mal à y croire…
Mais ne boudons pas notre plaisir ; on sort de ce roman plus riche qu'on y est entré.
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}