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EAN : 9782914704397
251 pages
Jigal (19/09/2007)
3.6/5   26 notes
Résumé :
Quand Laura, un amour de jeunesse devenu SDF, est venue lui parler de cette " peste des pauvres " qui semblait s'attaquer aux quartiers Nord de la ville, Clovis Narigou n'a pas immédiatement réagi. Les pauvres ? Y'en a partout, on ne les regarde même plus ! Mais quand, quelques jours plus tard, les politicards de tout bord montent au créneau pour démentir cette alarmante rumeur, Clovis se dit qu'il est peut-être temps d'enquêter ! Les pauvres et les sans-abri tomben... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Les pauvres. Ils sont partout. Ils sont de plus en plus nombreux. Leur présence fait tache dans le décor des grandes villes où ils encombrent les trottoirs, font la manche, importunent les passants et s'endorment dans de vieux cartons. La cité phocéenne n'échappe pas à la règle et les SDF ne se comptent plus, tant la misère et l'indifférence sociale ont fait de ravages. Ces naufragés de la vie sont si nombreux qu'ils n'inspirent plus ni le respect ni la compassion mais plutôt un sentiment de gêne quand ce n'est pas tout simplement une réaction de rejet.
Clovis Narigou – ex-journaliste reconverti dans l'élevage de chèvres et personnage principal des romans de Maurice Gouiran – va se retrouver brutalement confronté à la dure réalité sociale et à la détresse des plus pauvres quand une ancienne connaissance reprend contact avec lui. Ce fantôme du passé, c'est Laura, un ancien amour de jeunesse, une jolie fille qui n'a pas eu de chance et qui a sombré de manière irréversible dans l'abîme de la misère.
Pourquoi – après toutes ces années d'errances, d'alcoolisme et de nuits passées dans la rue – refait-elle surface et demande-t-elle l'aide de Clovis ?
Parce que dans les bas-quartiers de Marseille, les pauvres tombent comme des mouches. Une mystérieuse épidémie semble se répandre, une sorte de « peste des pauvres » qui ne sélectionne ses victimes que dans les couches les plus misérables de la société. Quand les SDF ne meurent pas tout simplement de cette mystérieuse maladie, on les retrouve assassinés de manière effroyable, torturés, brûlés ou écorchés vifs.
Quelle est la cause de ces morts brutales ? Qui se cache derrière ces meurtres ? Clovis va tenter de le découvrir et va devoir pour cela abandonner quelques temps sa bergerie pour aller enquêter dans les quartiers pauvres de Marseille. Il va devoir faire vite car très rapidement les morts se comptent par centaines et la ville est en émoi. Les élus locaux temporisent mais sont bien obligés de se rendre à l'évidence face au fléau qui menace. Afin de complaire aux plus bas instinct de leur électorat, des mesures drastiques sont adoptées. La presse se déchaîne. L'extrême-droite n'est pas en reste, prônant ouvertement l'expulsion, voire l'élimination pure et simple des SDF. Les pauvres passent du statut de victimes à celui de boucs émissaires.
L'ex-journaliste, qui n'a pas perdu le contact avec ses informateurs au sein de la presse locale et de la police, va avoir fort à faire pour tenter de découvrir la sombre réalité dissimulée derrière ces morts mystérieuses. Avec l'aide de deux gamins des rues, Youssouf et Ali, ainsi que d'une infirmière aux talents multiples et variés, Clovis va mener l'enquête, entre Marseille et Lisbonne, à la recherche d'une piste expliquant cette étrange épidémie. Il ira de surprises en surprises, et la découverte de la dépouille d'un poilu de la Grande Guerre ne sera pas l'une des moindres.

Avec « Putains de pauvres! », Maurice Gouiran signe son douzième roman policier. Efficace, dérangeant, réaliste, le roman de Gouiran est un polar social qui dénonce la réalité de la vie marseillaise. On est bien loin ici des mièvreries de « Plus belle la vie! » et de l'atmosphère pittoresque des romans de Marcel Pagnol, même si les parties de cartes ont toujours lieu dans les bars de la ville. Emaillé d'expressions propres au parler marseillais, le récit de Maurice Gouiran nous restitue toute la verve et la gouaille des quartiers populaires. Mais au delà de cette particularité locale, l'auteur dénonce ici un malaise social inhérent à la société française : la montée de la paupérisation, la stigmatisation de ceux qui en sont les premiers atteints, ainsi que l'exploitation politique et financière de ce malaise. Entre magouilles politiciennes, spéculations immobilières, haine raciale, populisme tapageur et manipulations médiatiques, le roman de Maurice Gouiran fustige une société impitoyable où les profits de quelques-uns justifient l'élimination – réelle ou symbolique – du plus grand nombre.

Incisif, engagé, profondément ancré dans la réalité sociale de notre époque, le polar façon Gouiran m'a littéralement « scotché ». Une chose est sûre, je lirais d'autres romans de cet auteur.
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Marseille, le soleil, les calanques et … ses SDF. Ces malheureux qu'on parque où on peut sont victimes d'une épidémie foudroyante. Marseille revivrait-elle une période de peste ?
Roman social, où les requins de l'immobilier croisent les délaissés, Putain de pauvres reste cependant un Gouiran en deçà des tomes précédents.
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J'ai récemment découvert Maurice Gouiran par ce livre que j'ai trouvé excellent. J'ai alors enchaîné 5 livres de suite de cet auteur et envisage de tout lire, mais celui-ci risque de rester mon préféré.
Gouiran est une sorte de Daenninckx marseillais, qui trouve dans le passé (et parfois le présent) trouble de Marseille la base de romans qu'il arrive généralement à rendre très fluides, et prenants, malgré un coté didactique (bien documenté) important. Une performance.
J'aime particulièrement ce titre car il parle du présent (pas d'enquête sur le passé), en l'occurence le projet Euroméditerranée qui sous-prétexte d'améliorer la façade maritime de Marseille, cherche surtout à virer ces pauvres qui font décidément tâche.
Et tous les moyens sont bons, notamment un particulièrement pernicieux.
Heureusement, c'est écrit "roman" sur la couverture.
Les personnages sont attachants et crédibles bien qu'archétypaux. Juste ce qu'il faut de clins d'oeil aux autres polars.
Je répète : excellent.
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Clovis a bien du mal à reconnaître en Laura la SDF, la jolie étudiante qui l'accompagnait à la plage trente ans plus tôt et avec laquelle il avait partagé "un amour d'été brûlé par le soleil de juillet". Laura est inquiète : une mystérieuse épidémie décime les clochards des quartiers Nord de Marseille et des agressions meurtrières contre ces démunis se répètent chaque jour dans la ville. de plus, de jeunes garçons sont enlevés, torturés et assassinés.
Avec l'aide de ses amis, un journaliste et un flic, d'une séduisante infirmière et d'un médecin, Clovis découvre que le virus de cette grippe meurtrière est le H1N1, celui-là même à l'origine de la grippe espagnole de 1918 qui tua entre 21 et 50 millions de morts, selon les sources. On notera que deux ans après l'écriture de ce roman le H1N1 est à l'origine d'une pandémie mondiale, il fait régulièrement la une de nos médias chaque fois qu'un décès est enregistré ou qu'une école est fermée, même si les trois mille morts recensés à ce jour ne sont en rien comparables au nombre de victimes de 1918.
Pour rassurer la population affolée et pour conserver (ou gagner) des électeurs, les hommes politiques multiplient les discours en proposant des solutions radicales. La lutte contre la pauvreté se transforme en lutte contre les pauvres. Clovis met à jour les magouilles des entrepreneurs sans scrupules et des politicards corrompus. Il n'hésite pas à quitter provisoirement ses chères collines et son troupeau de chèvres pour aller jusqu'à Lisbonne trouver quelques indices et faire progresser son enquête.
En mêlant L Histoire et la fiction, sans se départir de son humour, Maurice Gouiran nous tient en haleine tout au long de ce roman épicé par l'accent de Marseille et par ses expressions propres aux autochtones. Je me demande parfois si les "Nordistes" peuvent se plonger dans ses romans sans avoir recours au Dictionnaire du Parler marseillais...
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Un polar hyper réaliste comme je les aime !
Mais alors de quoi parle "Putains de pauvre" :
A Marseille, pauvres et sans-abri tombent comme des mouches, décimés par une épidémie foudroyante, la peste des pauvres. Alors que la classe politique dément cette rumeur alarmante, Clovis Narigou, pourtant prévenu par Laura, un amour de jeunesse devenu SDF, se décide enfin à enquêter. La mise en quarantaine de la ville est décidée et la tension est à son comble.
Ce que l'on aime chez Maurice Gourian c'est son talent. Celui qu'il a à nous conter des histoire qui à la fois nous divertissent, de la bonne littérature populaire , et des histoires aussi qui nous font réfléchir. On est happé par ce récit et on n'en sort pas indemne. Gourian nous propose une nouvelle fois de nous interroger sur les maux qui gagnent notre société, sur ce que provoque en nous la misère, sur le mal-être qui nous gagne face à la marge . Mais c'est avent tout un roman social et sociétal qu'il nous offre, un regard intense sur l'envers du décor et toujours avec sa verve engagée. Perso je l'avoue j'aime être bousculée et déstabilisée par les mots de notre auteurs . Bravo monsieur pour votre prose revigorante !
Lien : https://collectifpolar.com/
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Est-ce que vous les aimez, vous, les clodos ?
D’ailleurs, qui les aime, les clodos ?
On rigole, on se moque d’eux, de leur maladresse, de leur ivrognerie.
On se moque d’eux lorsque ce sont des hommes.
Je me souviens d’une jeune fille qui était rentrée dans le métro à la station Colbert, histoire de grappiller quelques centimes d’euros. Avant c’était facile de ramasser un franc ou deux, mais avec un euro à plus de six balles, l’objectif est surtout de récupérer quelques centimes en espérant qu’ils fassent des petits. La fille avait tendu un godet à café vide, sans piper mot. Elle avait certainement récupéré le gobelet en carton dans la poubelle du MacDo de la place d’Aix.
La plupart des mecs se détournaient – attitude classique – mais une bande de jeunes l’a apostrophée. C’est fou ce qu’ils sont courageux les jeunes – et les moins jeunes aussi – lorsqu’ils sont en bande ! Et ils aiment rigoler, vous le savez bien…
Ils ont ricané, lui ont dit qu’elle n’avait qu’à travailler. Le plus gras de la bande lui a craché que si elle ne trouvait pas de boulot, elle pourrait toujours faire des pipes. En plus, c’était un mec généreux, il était même prêt à lui donner vingt centimes pour ça.
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Les cervelets qui tricotent des chapelets de prétextes afin de justifier leur non-assistance à personne en danger calent. Les mirettes qui fixaient le bout des godasses se posent sur le nouveau venu.
On se retourne vers le redresseur de torts. Christian soulève un regard craintif vers le balèze.
– Oui, toi, le cradingue, c’est à toi que je cause ! Tu te casses ! Tu t’éjectes ! Capitch ?
Le mec au blouson adresse aux voyageurs un sourire contraint qu’il voudrait complice, et leur lance d’un ton nettement plus urbain :
– Avec tout ce qui se passe en ce moment, je comprends pas qu’on les ait pas parqués !
Grognements approbateurs. On reprend du poil de la bête derrière les journaux grands ouverts. Puis, c’est comme à la corrida !
C’est l’heure où les épiciers se prennent pour Néron, dixit le grand Jacques.
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Le clodo est violemment projeté sur les rails à l’approche de la rame.
« Un accident de voyageur va immobiliser la rame quelque temps. Veuillez nous excuser de ce dérangement ».
Le message résonne dans toutes les stations de la ligne 1.
Le « dérangement » s’éternise et provoque la colère des usagers impatients. Certains braillent comme des veaux sur l’air connu : « J’ai payé mon ticket, je veux mon métro ! »
C’est qu’il en faut du temps pour ramasser les débris d’un clodo…
Bientôt, la voie lessivée est réouverte, la vie reprend son cours.
The show must go on…

Le lendemain, La République, le journal local de la cité phocéenne, consacrera huit lignes à l’événement en page 2 – celle qu’on lit rarement – sous le titre : « Un geste de désespoir »…
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Ils ont ricané, lui ont dit qu’elle n’avait qu’à travailler. Le plus gras de la bande lui a craché que si elle ne trouvait pas de boulot, elle pourrait toujours faire des pipes. En plus, c’était un mec généreux, il était même prêt à lui donner vingt centimes pour ça.
Sûr qu’ils n’auraient pas agi de la sorte avec un mec…
Alors, chose curieuse car elle était jusque-là très discrète, elle a pété les plombs. Elle s’est mise à hurler qu’elle voudrait les y voir, eux, les fils à papa, s’ils subissaient ce qu’elle vivait, à quoi ils ressembleraient avec leurs airs supérieurs que donnent les bonnes naissances, s’ils étaient abandonnés de tous…
Elle a gueulé :
– Moi, j’ai personne…
Puis, elle est sortie en larmes
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Dix heures moins dix…
Arrêt de la rame. Les portes coulissent.
Il entre, dégingandé, sale, l’air perdu… Quel âge peut-il bien avoir ? Difficile à dire, la rue et le froid vieillissent prématurément lorsqu’on les fréquente avec trop d’assiduité. Bon, on lui donne entre vingt et cinquante berges, mais après tout, on s’en fout…
Il reste debout près de la porte.
On s’écarte un peu, pour éviter son contact.
On sent qu’il va parler, à la cantonade.
Chacun sait ce qu’il va dire, chacun connaît cette litanie cent fois répétée sur les lignes 1 et 2. C’est comme si un message silencieux passait entre les voyageurs. On supporte déjà assez mal les joueurs d’accordéon ou de guitare, alors les mendigots…
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Maurice Gouiran, en plein confinement, vous parle de ses longues journées de travail ! Et comme c'est un homme multi casquettes… attendez-vous aux surprises !
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