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Critique de Patlancien


Un recueil de douze nouvelles pour un jeune auteur Noan Gouliet qui je le cite, débute ses récits dans les années 1980, puis les fait prendre racine de nos jours, pour terminer leurs courses aux confins de la Voie lactée 133 000 années plus tard. Et pour nous faire voyager, on peut dire qu'il sait y faire. Il nous prend rapidement par la main pour ne plus nous lâcher jusqu'au mot fin. Armé d'une prose qui s'appuie sur une connaissance parfaite de la langue française, il nous donne envie de le lire, de dévorer ses histoires.

Si les thèmes évoqués sont des classiques de la science-fiction, il sait nous les servir sur un plateau avec brio. Une des premières nouvelle consacrée au foetus humain est purement magique. Elle est la symbiose entre son côté profondément lyrique et une formation scientifique qu'il revendique, les deux se complétant harmonieusement pour en faire sa marque de fabrique.

« Ce qui est, est avant tout matière, énergie, et donc mouvement. Mais tout commence pour lui avec les stimuli : les sons, les vibrations, les picotements, la chaleur, les accélérations et les décélérations. le goût, les odeurs et les couleurs viendront plus tard, comme la perception du temps. le temps n'existe pas encore. »

C'est un vrai festival de thèmes que propose Noan Gouliet . Il les aborde souvent sans complexe comme pour celui des sciences exactes face à l'obscurantisme religieux.

« Pourquoi ces mines stupéfaites ? Les mathématiques ne constituent-elles pas un langage universel ? Ne permettent-elles pas de décrire l'univers, les créations divines incluses, aussi bien dans l'infiniment grand que dans l'infiniment petit ? Pourquoi diable utiliserait-il (Dieu) une langue dite naturelle comme l'Araméen, le Grec ancien, le Latin ou l'Arabe ? Toutes ces langues sont ambiguës, sujettes aux interprétations, aux erreurs de traduction. »

Ou comme pour celui de la covid et de sa pandémie mondiale.

« On l'exhibait (gel hydroalcoolique), en brandissant son flacon, comme on l'aurait fait d'un crucifix, au premier raclement de gorge, au moindre toussotement ou reniflement suspect. L'éternuement était perçu comme un acte d'agression caractérisé, vivement condamné par la vindicte populaire, et imposait à l'indélicat une mise à l'écart immédiate.»

Le terrorisme, le nucléaire, le réchauffement climatique, les intelligences artificielles, la conquête de l'espace, le post-apo, ils trouvent leur place dans chacune des nouvelles. C'est la chronologie des histoires qui nous permet de ne pas nous perdre et d'avancer avec envie dans ce foisonnement d'idées. Enfin, si les personnages sont différents d'une nouvelle à l'autre, ils n'en demeurent pas moins attachants et crédibles. Leur description est solide et authentique.

« Vassili s'est résolu à vivre son enfance et son adolescence dans une solitude pesante mais sécurisante. Singé et rejeté par ses camarades, raillé par les filles qui pouffaient à son passage, méprisé et délaissé par son père, il s'est renfermé sur lui-même en vivant cloîtré, passant des heures derrière son ordinateur devenu le prolongement de son être. »

Avec de belles histoires, un style agréable, des personnages proches de nous, Noan Gouliet nous sert du lourd dans un genre littéraire « la nouvelle » qui n'est pas simple d'accès pour le lecteur comme pour l'auteur. Pour un coup d'essai cela ressemble à un vrai coup de maître. On a vraiment hâte de le revoir rapidement à ses fourneaux.

« Eve écoute un concerto de Bach en arrière-plan. Elle en profite pour conter d'une voix douce une histoire universelle aux petits êtres qui s'éveillent lentement devant elle. Elle effleure doucement d'une de ses multiples tentacules les protubérances qu'un des foetus, celui qu'elle a baptisé Adam, fait naître sur la membrane souple en silicone de la matrice qui l'héberge. »
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