Mardi 8 juin, le président Emmanuel Macron, en déplacement dans la Drôme, a été la cible d'une gifle lors d'un bain de foule. L'auteur aurait crié "Montjoie Saint-Denis !" et "A bas la macronie" avant sa tentative échouée. Depuis il a été arrêté et mis en garde à vue avec l'individu qui l'accompagnait, pour violence sur personne dépositaire de l'autorité publique.
Un événement qui n'est pas sans précédent si on se rappelle les crachats dont Jacques Chirac a été la cible le 4 mars 2002, à Mantes-la-Jolie, ou encore les oeufs jetés par des agriculteurs au Premier ministre Pierre Bérégovoy en mars 1993. Emmanuel Macron a toutefois particulièrement cristallisé la haine populaire contre les politiques, notamment en marge du mouvement des "gilets jaunes" dont il était la première cible. Lors de la manifestation contre la réforme des retraites en janvier 2020, une effigie à la tête du président avait été montée sur une pique.
Ces actes de violence à l'encontre d'un Président de la République ne sont donc pas anodins et tendraient à se développer à travers les réseaux sociaux. Comment comprendre cet élan de colère envers Emmanuel Macron ? Dans quelle mesure cet acte s'inscrit-il dans une histoire de la haine envers les politiques ? Ces violences sont-elles davantage le signe d'un ras-le-bol de la situation ou la marque d'une revendication politique ?
Dominique Reynié est professeur des universités à Sciences po et directeur général de la fondation pour l'innovation politique.
Matthieu Suc est journaliste à Mediapart et auteur d'une série d'enquêtes sur l'extrême droite. Il travaille aujourd'hui sur le djihad, il a notamment publié “Les espions de la terreur” (HarperCollins).
Mélanie Gourarier est anthropologue chargée de recherche au CNRS, spécialiste du genre et de la sexualité.
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