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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour son premier roman, Baptiste Gourden offre une odyssée peu ordinaire sur les pas d'une héroïne au nom peu commun : Remington. D'emblée, c'est le style qui étonne puis accroche avec cette langue percutante, précise, crue, déjantée parfois mais aussi pleine de poésie lorsqu'on ne s'y attend pas.
Remington fuit un violent traumatisme. Elle fait du stop : « le froid humide pénètre sa peau, sa chair, ses os, puis se faufile irrémédiablement jusque dans sa tête pour éteindre ses derniers espoirs. Elle gèle du cerveau. » Sa rencontre avec Fédor (84 ans), pour une demande très privée, va changer le cours de sa vie et captiver le lecteur, comme je l'ai été.
Avec maîtrise, l'auteur fait remonter les souvenirs de ses deux héros qui tentent de gagner l'Italie, pays de leurs rêves, d'abord en 2 CV puis le plus souvent à pied… Fédor surnomme Remington, Calamity Jane et c'est vrai que, souvent, elle fait penser à cette héroïne de la conquête de l'Ouest.
Le sexe est important dans ce roman. Remington a voulu faire l'amour très jeune puis a vendu son corps pour de l'argent, à ses risques et périls. Parmi les séquences de leur périple, la scène du mariage mérite d'être citée, d'abord pour la « PITANCE » car Fédor et Remington sont affamés puis par la tendresse de cette danse partagée avec un enfant et, hélas, par la violence, scène de cauchemar avec un homme ivre tentant de violer Remington, ce qui fait remonter de terribles souvenirs.
Nos deux déglingués de la vie, finalement, s'épaulent, se consolent, s'entraident, s'encouragent, se soutiennent, même si Remington n'oublie pas son Régent : « Oui, elle était son aimée. Sa belle. Son joyau. Sa duchesse. »
Chez Philippe, le passé de Fédor surgit enfin. La soirée en boîte vire aussi au cauchemar puis vient Adèle dont Fédor tombe amoureux mais il faut que chacun aille au bout de son destin.
Après un chapitre fantastique, je ne peux que citer encore Baptiste Gronden : « Elle remue. Elle bouge. Elle balance, elle tangue, elle tombe, elle saute, elle penche, elle s'arrime, elle bondit, elle prie, elle s'envole. Elle danse. »
Cette histoire folle de mal-être et de bien-être en même temps est celle d'un vieil homme qui espérait retrouver une vigueur sexuelle disparue et celle d'une jeune femme en fuite, tentant de mettre à jour sa vraie personnalité. C'est cru, c'est tendre, c'est enlevé. Leur itinéraire est jalonné de rencontres et d'aventures mais leur attachement mutuel est extraordinaire, formidablement touchant. Remington et Fédor, malgré leur différence d'âge, se comprennent, s'apprivoisent et vont accomplir un voeu fou malgré tous les obstacles.
Leurs vies respectives auraient pu être tout autres mais ils font leur choix et c'est tout le talent de Baptiste Gourden d'avoir mené à son terme cette histoire que j'ai aimée, grâce à Babelio et aux éditions Albin Michel.

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Remington est une jeune femme au coeur ridé comme la définit le narrateur. Elle fuit, fuit quelque chose qu'elle-même ne sait pas définir : « Il y a dans sa tête un nuage laiteux, dense, et il ne s'évanouit pas, c'est simplement que rien ne peut l'en déloger. Un souvenir solidement riveté aux parois de son crâne qui grandit à mesure qu'elle le fuit. »
Cela fait trois jours qu'elle traîne sous la pluie et n'a plus un sou. Elle est soudain accostée par un petit vieux qui lui soumet un étrange marché qu'elle accepte.
Souhaitant se rendre vers le Sud, elle va donc prendre le bus mais Fédor va alors du proposer de l'emmener dans sa vieille 2 CV. Tout d'abord hésitante, mais vu le temps toujours à la pluie et l'attente à subir jusqu'à l'arrivée du bus, Remington cède à l'invitation.
Le grand-père de quatre-vingt-quatre ans veut fuir l'impuissance et la solitude et la jeune fille de vingt ans fuit un traumatisme subi dont « elle a un souvenir qu'elle n'arrive pas à éclairer ». Ils vont ainsi nous emmener dans un véritable road-movie relativement noir avec cependant des lueurs d'espoir, une confiance mutuelle s'instaurant ente eux. Des scènes trash, des scènes hilarantes, des scènes de pure tendresse vont se succéder et s'entremêler.
Une scène qui concentre un peu de tout ça, m'a particulièrement plu. Celle où Remington et Fédor, alors qu'ils sont affamés, voient passer une procession de mariage. Remington a soudain une idée géniale : suivre jusqu'au lieu de la fête et s'y goinfrer gratis ! C'est là qu'elle découvre pour la première fois la fête de l'Amour.
Si je n'ai pas été très emballée par le début du roman, j'ai été ensuite véritablement conquise, captivée et séduite par l'histoire elle-même et par le style de Baptiste Gourden qui signe là son premier roman. L'écriture est jeune, moderne, imagée, enthousiaste, tout à la fois crue et poétique, très originale.
Remington est un roman haletant, tranchant, déroutant, un roman violent comme peut l'être la réalité. Il nous décrit un voyage pas comme les autres de deux êtres en marge, deux êtres désenchantés, cabossés, à l'opposé l'un de l'autre, ce qui va provoquer parfois des étincelles mais petit à petit, génère une relative confiance.
Baptiste Gourden fait preuve, dans son roman, d'un grand talent. J'attends avec impatience le deuxième !
Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel.
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Un road movie étonnant, une traversée de la France de 2 personnages atypiques, un vieu monsieur solitaire et une jeune fille paumée.

On est sur la route de la vie avec ces 2 êtres que l'on découvre au fil des pages et des kilomètres. On sourit souvent face à ce qui leur arrive et on est ému par la tendresse qui s'installe peu à peu entre eux.

Au fil des kilomètres, ils se dévoilent l'un à l'autre sans jugement. C'est simple et beau.

L'écriture est vive et dynamique avec parfois des envolées un peu folles, c'est agréable et fluide. Un premier roman dont l'auteur à suivre.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Du style, de la poésie, une histoire et de la littérature ! Tout ça à la fois !
Remington m'a fait voyager, j'ai tout de suite été saisie par les mots, les images et les personnages que Baptiste Gourden a croqué avec tendresse et tranchant à la fois pour nous, ses premiers lecteurs. Car oui il s'agit d'un premier roman (et pas le dernier c'est sur), et il est saisissant, il sort des sentiers battus, il surprend et étreint à la fois.
Le style est très travaillé et exigeant - sans être pompeux - plein d'images et de parfums, les personnages servent une véritable histoire, rythmée, fournie et étonnante. C'est acéré, incisif, drôle aussi et surtout vrai : c'est puissant en somme. C'est un livre qui parle des corps et de la chair au(x) sein(s) et au(x) coeur(s) de l'histoire de deux estropiés de la vie qui deviendront amis sur une route avec vue.
On ne s'ennuie pas, ça non, et on apprécie de lire une littérature au service des mots, de la langue mais aussi de l'histoire et des personnages. le fond et la forme réunis en 251 pages.
Ah oui et pour tous ceux qui auraient lu les autres critiques Babélio et qui douteraient de la destination de ce livre : NON ce livre n'est pas un porno déguisé, OUI ce livre peut être lu par tous et pas seulement par un « public averti ». Enfin si, par un public averti de ses nombreuses qualités.

Merci et bravo à l'auteur pour ce livre qui commence par un point blanc et finit par l'horizon.
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