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EAN : 9782246859253
288 pages
Grasset (30/09/2015)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Remy de Gourmont (1858-1915), est un des plus importants écrivains et éditeurs français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Erudit, romancier, essayiste de premier plan, il a influencé les principaux écrivains du temps, d’Apollinaire à T.S. Eliot, de Blaise Cendrars à Ezra Pound. Dans cette anthologie, le meilleur de cet esprit libre est rassemblé par sujet, d’« Académie » (il s’en moque) à « Zola » (il le mord).
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Son oeuvre est un peu à son image, celle d'un amateur faussement dilettante qui a partagé sa vie avec des livres, ses « compagnons de silence ». La force de Gourmont demeure dans cette diversité littéraire qui le rend proprement inclassable. Il porte un regard attentif et critique sur son temps, sur son époque. La force de Gourmont est son esprit. Vif, alerte, curieux, encyclopédique. D'un fait d'actualité il tire une morale. (…)
La force de Gourmont est son esprit libre. Il s'affranchit des dogmes, de la bien-pensance et parfois de la bienséance. Il dépasse la pensée commune, celle du troupeau, celle du vulgaire. Il la surplombe. C'est un torrent de pensée, un bouillonnement de critiques et d'idées. Quitte à se contredire parfois (Gourmont est un homme paradoxal). Mais il revendique le droit à l'erreur, dans la lignée de Baudelaire et bien avant Camus. La contradiction est son alliée :
« — Que de contradictions !
— Eh ! si je chargeais ma voiture tout du même côté, je verserais. »
Il dénonce « l'horrible manie de la certitude », lui-même ardemment tiraillé par la manie du doute. Gourmont est un penseur libre à la culture vaste. Son regard est perçant et les maux de la société qu'il raille et dissocie sont bien souvent encore les nôtres. Sa méthode de réflexion, la dissociation des idées, devrait être plus largement répandue, en ce qu'elle favorise et entretient l'esprit critique. Denrée rare. »

Extrait de la préface de Vincent Gogibu à cette anthologie de textes dont les thèmes choisis parmi les différentes oeuvres de Rémy de Gourmont et classés par ordre alphabétique permettre de se faire une idée de l'ensemble des écrits de cet écrivain, mort en 1915, qui mérite d'être redécouvert et lu.

Rémy de Gourmont se définit lui-même dans l'épigraphe : « Je ne puis avoir d'ennemis que ceux qui détestent la liberté, l'art et toute poésie, qu'elle soit dans le sentiment ou dans l'idée. »

Le titre « Le téléphone a-t-il tant que cela augmenté notre bonheur ? » continue à donner le ton. Il résonne comme s'il était écrit à l'heure actuelle et concernait l'envahissement de la vie quotidienne par les téléphones, désormais portables.

Tout ce livre nous offre un florilège de ce que peut être un érudit, à l'esprit libre et ouvert, plein d'humour, dont la culture classique n'est jamais pesante et reste valable pour nous hommes du XXIe siècle qui croyons souvent avoir tout découvert et inventé.
A Avortement on peut noter : « L'embryon qui nage dans le ventre de la femme lui appartient comme ses entrailles mêmes ; il fait partie de son corps. Ou elle est esclave, ou il faut lui en reconnaître la libre disposition. »

Fortune : Si tu veux faire de la philosophie, connais-toi toi-même ; mais si tu veux faire fortune, connais les autres.
Dernières Pensées Inédites, 1924.

Sans oublier tous les textes où il parle des auteurs qu'il admire comme Montaigne et Ernest Renan et de ceux qu'il n'hésite pas à écorcher tel Huysmans : «  N'ayant aucune imagination, il en est réduit à lui-même ; mais comme la vie d'un homme sans imagination est généralement fort monotone, en racontant ce qui lui est advenu, il se trouve qu'il ne raconte presque rien. »

ou les Hommes de lettres ainsi définis : « Être vu. L'homme de lettres aime non seulement à être lu, mais à être vu. Heureux d'être seul, il serait plus heureux encore, si l'on savait qu'il est heureux d'être seul, de travailler dans la solitude des nuits, sous sa lampe ; et il serait tout à fait aise, lorsqu'il a clos sa porte, que sa bonne la rouvrît pour un visiteur, qu'elle montrât à l'importun, par l'entrebâillement, l'homme de lettres heureux d'être seul. »
Des pas sur le sable, 1914.

Un livre jamais ennuyeux qui suscite la réflexion du lecteur et dont la présentation permet de vagabonder selon l'humeur du moment.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tout ce qui tend à entraver la différenciation des sexes est mauvais et nuisible à la civilisation, contraire à l’esthétique générale de la vie. Plus l’homme et la femme sont différents d’esprit, de goûts, de désirs, de besoins, plus leur rapprochement est harmonieux, plus leur union est solide et complète. Pour que deux êtres puissent vivre heureusement ensemble, il faut que la disparité soit portée à la limite. Sans étonnement, il n’y a pas d’amour ; il faudrait que l’homme et la femme fussent l’un pour l’autre une surprise perpétuelle.
« Le Congrès des femmes », Épilogues 1899-1901, 1904.
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On a enseigné l’art d’écrire. On l’enseigne encore, mais avec une foi plus faible. L’art d’écrire est nécessairement l’art d’écrire mal ; c’est l’art de combiner, selon un dessin préconçu, les clichés, cubes d’un jeu de patience. Le cube a six face. Jetez les dés. Le nombre des combinaisons possibles […] touche à l’infini dans l’absolu ; elles sont toutes mauvaises, et le jeu est dangereux qui habitue l’esprit à recevoir, sans travail et sans lutte, la becquée. Peu à peu, et nécessairement, une idée, une sensation, telle émotion vitale ou intellectuelle, se trouve associée à l’expression toute faite dont la lecture évoqua jadis dans le cerveau cette même idée, cette même sensation, cette même émotion. Il faut une grande force de réaction personnelle, une grande énergie cellulaire pour résister à la douce facilité d’ouvrir la main sous le fruit qui tombe : il est si agréable et si naturel à l’homme de se nourrir du jardin qu’il n’a bêché, ni semé, ni planté. Les écrivains enclins à cette paresse, et ce ne sont pas toujours ceux de la moindre intelligence, doivent prendre soin de n’employer au moins que des clichés arrivés enfin à l’état abstrait, dont les images usées n’ont plus aucune signification visuelle : cela pourra donner à leurs œuvres un air de froideur extrême ; cela les sauvera du ridicule.
Esthétique de la langue française, 1899.
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Comme je l'ai déjà expliqué plusieurs fois, contre l'opinion commune, la critique est peut-être le genre le plus subjectif de tous les genres littéraires; c'est une confession perpétuelle; en croyant analyser les oeuvres d'autrui, c'est soi-même que l'on dévoile et que l'on expose au public.
(Renan et l'idée scientifique, 1904)
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La pudeur est naturelle à la femme. La femme fuit, et toutes les femelles aussi. Si la pudeur véritable est une vertu, la beauté aussi est une vertu. C'est ce que les Anciens signifiaient par leur Vénus pudique. La plupart des femmes font d'ailleurs bien de se cacher; la vie serait bien triste si les passantes n'étaient soigneusement voilées.
(Phryné et la femme au masque, 1905)
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Videos de Rémy de Gourmont (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rémy de Gourmont
Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_ecrivains_decadents_et_l_anarchisme_une_tentation_fin_de_siecle_alexandre_lecroart-9782336410142-78065.html ___________________________________________________________________________
La fin du XIXe siècle est marquée par une série d'attentats anarchistes. Ces actes récoltent le soutien d'écrivains d'avant-garde comme Paul Adam, Octave Mirbeau et Rémy de Gourmont. Ces affinités avec l'anarchisme étonnent, venant d'écrivains résignés et élitistes qui rejettent la politique au profit de la littérature. Cet ouvrage examine l'influence qu'a exercée l'imaginaire de la décadence sur ces écrivains. Véritable mythe de la fin du siècle, la décadence donne naissance à une esthétique littéraire : le décadentisme. Mais elle agit également sur les anarchistes, qui y voient l'occasion de faire émerger une société nouvelle. Cette analyse jette ainsi un regard nouveau sur les liens entre politique et littérature. La bombe et le livre se superposent, l'utopie anarchiste et l'imaginaire décadent se télescopent. Ce cocktail détonnant laisse entrevoir une intense période de création littéraire et d'ébullition politique. Il questionne les représentations du progrès et de l'histoire, et signale l'émergence de l'artiste d'avant-garde, révolutionnaire en art et en politique.
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Bonnes lectures !
Crédit : Rudy Matile, la prise de son, d'image et montage vidéo
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