Passez votre chemin, rien à lire d'intéressant.... du moins dans les 50 premières pages. Je n'ai pas pu aller plus loin.
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Si tristement belle du haut de ses six ans, avec son cartable à moitié vide. Juliette se retint de pleurer. Sa fille souffrait. La souffrance des enfants, elle n'y connaissait rien. Elle avait été épargnée. Oui, sans doute un jour Daphné la comprendrait-elle, peut-être l'admirerait-elle aussi. Dans vingt, dans trente ans, peut-être. Pour l'instant, elle avait un air de mélancolie à faire pleurer les pierres. Pourquoi ne jetait-elle pas son cartable par terre, comme la plupart des enfants ? Pourquoi n'exigeait-elle pas son goûter avec impatience ? Pourquoi ne courait-elle pas se cacher dans les buissons ? C'était insupportable de tristesse, Juliette suffoquait de culpabilité.
L'insatisfaction ! C'était bien là le maître mot de son existence. Enfant, elle se sentait la meilleure partout. Depuis, elle avait négligé quelques questions subalternes comme celles de ses performances réelles, de ses progrès dans la vie ou de son identité sexuelle.
La file d'attente se mue en marché à la sauvette, où chacune est invitée à déballer prestement ses atours : charme, beauté, minauderie, désespoir, esprit, humour, fragilité se retrouvent soudainement, et pour quelques minutes seulement, exposés sur le trottoir.
L'argent gâtait tout. L'argent était partout. L'argent minait tout. L'argent était-il tout ?
Delphine était la femme inachevée des romans vaguement teintés d'érotisme qu'il lisait en cachette à seize ans. À bien y penser, elle avait quelque chose d'exotique. Une indolence… Des chairs alanguies. Une peau douce et l'épaule ronde (l'autre aussi). Des mains fines.
Dans le cadre de la Semaine PhiloMonaco 2023
Présenté par Raphael Zagury-Orly
Avec
Mara Goyet, écrivaine
Cécile Ladjali, enseignante
Judith Revel, philosophe
«Apprendre est une expérience: tout le reste n'est qu'information», disait Albert Einstein. Expérience complexe, en vérité, au sens où elle met en jeu les facultés de chacun(e), les savoirs et la volonté, les besoins et les désirs, les émotions, tantôt propulsives (curiosité, satisfaction, joie de la découverte) tantôt répulsives (fatigue, ennui, désintérêt, sentiment d'échec), sinon la personnalité entière de ceux et celles qui sont là pour apprendre, et qui d'une manière ou d'une autre transmettront à d'autres les connaissances dont ils acquièrent la maîtrise, et ceux et celles qui sont là pour enseigner, et qui d'une manière certaine continuent, en le faisant, à apprendre. Ce qui est certain, c'est qu'apprendre ne s'accomplit jamais sous la contrainte, la peine ou la punition, et ne peut être que «philosophie», amour du savoir – car on n'apprend rien s'il n'est aucune appétence, aucun goût pour savoir, si l'on n'éprouve aucune joie à élargir le champ de ce qu'on sait. Arriverait-on à inculquer de force quelques connaissances chez l'enfant ou l'élève, qu'elles disparaitraient progressivement si elles n'étaient alimentées, ensuite, et toute la vie durant, par le goût, l'envie, le désir, le plaisir, la volonté de continuer à apprendre. Mais comment créer cette faste «prédisposition» si elle n'existe pas, si elle est enterrée sous l'ennui, la distraction, la démotivation, des sollicitations autres, sources d'inattention? de quels atouts disposent parents et éducateurs pour faire naître l'envie d'apprendre?
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