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Citations sur Ça va mieux, ton père ? (17)

Quand je vois mon père déambuler toute la journée, dans les couloirs roses, de part et d’autre sertis de rampes de sécurité, comme un spectre bien aimé, dénué de toute amertume, de toute agressivité, je regrette paradoxalement ce monde dans lequel un père faisait ployer les flammes des chandelles, faisait taire les enfants et dont les pas n’étaient pas une errance.
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Dans un premier temps, je m’étais dit que la solution, pour ne pas avoir peur de l’Ehpad, de sa haute concentration en vieillesse et déchéance, c’était de faire abstraction. De ne voir que mon père et de ne pas prêter attention aux autres résidents. Sans lien avec eux, car je pensais que leur présence ne pouvait être qu’insupportable et déprimante.
C’est le contraire. Il faut imaginer des gens parfois totalement isolés. Sans famille ni enfants. Qui restent toute leur vie dans l’unité fermée, dans cet étage limité. Des gens de tout âge (de 70 à 100 ans environ), perdus, malades, désorientés mais capables de parler, de rigoler, d’aimer. De serrer dans leurs bras des peluches, des poupées.
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À quoi bon disparaître si personne ne s’en aperçoit ? À quoi bon pleurer si l’on n’est pas écoutée ? À quoi bon se désoler, si l’on ne peut pas en faire profiter les autres ? À quoi bon vivre ce qui ne peut être raconté ? À quoi bon désespérer dans un coin de plage si l’on n’est pas regardé ? Tant qu’il y a de la vie, il faut faire beaucoup de bruit. La discrétion, c’est déjà une forme de mort à bas bruit. Tant qu’il y a de l’hystérie, il y a de la vie.
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En réalité, j’organise ma solitude. Je la mets en scène. De manière assez agressive, mais aussi protectrice : je suis très entourée. Il y a mon mari avec lequel je ne cesse de discuter, à qui je ne cesse de demander de me réconforter, de me consoler, de me rassurer. Il le fait. C’est sans doute pour cela que je ne me suis pas effondrée. Il y a mes enfants, mes beaux-enfants. Et le chat, aussi. Qui s’en fout. C’est bien aussi d’avoir quelqu’un qui s’en fout.
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(...) [A] des élèves qui se lançaient des insultes racistes, soi-disant pour rigoler, j'avais expliqué que mon père, à propos de ce type d'humour (...) disait toujours : "Quand on pète, même pour rire, ça pue quand même."
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Le naufrage, on y est. Je tente d'ecoper, mais il est maintenant temps de ramasser les scories de sa viecce qui reste encore, délavé par son cerveau chaviré. Et peut-être d'assurer la survie.
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Je ne sais de la maladie que ce j'en vois. Et je n'en vois qu'une partie. Ce que je suis prête à supporter.
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Pour s'en rendre compte, il faut se débarrasser d'un intrus qui ne cesse de s'imposer, peut-être de s'interposer pour atténuer sa vérité. Il y a, en effet, un personnage qui m'accompagne et dont je voudrais, dès le départ, me délester : c'est lui. Lui, s'il se voyait. Lui, s'il se décrivait. lui, s'il écrivait. Lui, s'il me surveillait. Comme il ne l'endosse pas, ce personnage, je me sens toujours obligée de me le trimballer. C'est un compagnon d'une grande cruauté. (p.12)
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Je ne vais cependant pas me contenter de ruminer, ni de beugler ma douleur filiale ; il y a tant de belles choses à raconter. De drôles aussi, dans son panache gris. Auquel je me rallie, peut-être me relie.
Je vous entends. Et je vous comprends. je conçois qu'on ait peur du sujet, de faire le trajet. mais je vous tends la main et ne vous lâcherai pas en chemin. Je ne vous promets pas, pour autant, que ça finira bien. (p.10)
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Ma fille arrive avec le Budé de Catulle. Il y a deux vers obscènes qui la font hurler de rire. Elle vient me voir avec enthousiasme et complicité. C'est, à travers moi, à mon père qu'elle s'adresse.
Mon fils sait qu'il devra, après le latin, faire du grec en troisième. C'est à moi qu'il le dit, c'est à mon père qu'il obéit.(...)
Ma fille entre en Khâgne. Elle est désormais dans la même classe que ses grands-parents qui ne l'ont jamais tout à fait quittée : khâgneux un jour, khâgneux toujours.
Mon beau-fils cherche sans cesse l'étymologie des mots dans le _Robert historique de la langue française_. Il le pose sur la table où nous dînons. Ainsi mon père le faisait-il autrefois.
Ma fille cite tout le temps _La Bête dans la jungle_. Mon père n'a pas eu besoin de lui dire de lire Henry James, elle l'a su d'instinct. Avec mon aide.
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