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Les confidences de la vieille dame
Pour retracer le parcours de ses ancêtres, Martine Gozlan a imaginé une rencontre dans un café des Gobelins. Après les première révélations, elle va se lancer dans une enquête sur ses origines, aussi détaillée qu'émouvante.

CE «rendez-vous des Gobelins» n'était pas prévu dans l'agenda de la narratrice, journaliste au sein de la rédaction de l'hebdomadaire La République. Elle a fait de ce café une annexe de la rédaction où elle peut préparer ses interviews. La vieille dame qui l'observe longuement avant de lui adresser la parole lui est parfaitement inconnue. Pourtant, elle affirme bien la connaître et les quelques bribes d'information qu'elle finit par lâcher viennent semer le doute et la pousser à accepter de la revoir, car «après tout, il est possible que cette femme fasse partie de sa famille». Elle n'a en effet, depuis la disparition de son père, plus guère de relations avec les siens et les rares documents familiaux sont chez de vieux cousins installés à Bruxelles.
Au fur et à mesure que le dialogue avec Rose, cette femme bien mystérieuse, s'installe, elle va vouloir en savoir plus, tenter de comprendre ce l'a conduite jusqu'à elle. Il est vrai que la curiosité tient pour elle de la déformation professionnelle.
Mais le voyage qu'elle s'apprête à faire ressemble à une exploration dans une forêt vierge, dense et inexploitée, dans laquelle il est bien difficile de se repérer. Il en ira quelquefois de même pour le lecteur, avouons-le.
Car les branches paternelles et maternelles sont aussi différentes que chargées. Commençons par la branche russe, celle des Avijanski, des Juifs qui ont fui devant la menace antisémite pour venir s'installer dans le quartier des tanneurs à Paris, le long de la Bièvre qui était encore à l'air libre et qui passait justement dans la rue des Gobelins.

Tannerie sur la Bièvre de Jules Richomme, Musée Carnavalet © Photo Paris Musées
photo.parismusees@paris.fr

Rose affirme d'ailleurs très bien connaître ce café où les gens du quartier se donnaient déjà rendez-vous. Elle aurait même pu y rencontrer Mardochée, venant d'Algérie et faisant commerce de fripes. Mais c'est au Carreau du Temple que les deux branches familiales se trouveront et donneront naissance au père de la journaliste, «preuve que la sagesse naît parfois d'une folie».
«Mardochée était arrivé de son Algérie la plus profonde, loin de la capitale, quelques années auparavant avec ses trois frères. Leur père Haï, né à Constantine en 1840, trois ans après la difficile conquête de ce piton rocheux par les Français, avait bourlingué comme forain sur les marchés du département avant de se fixer dans une petite ville rugueuse et froide, sur la route de la Tunisie: Souk Ahras, le marché aux lions en langue berbère. C'est aussi le lieu de naissance de ma mère, Béatrice. Celle qui ne revient jamais me voir depuis les profondeurs, pas plus que mon père…»
L'histoire va alors traverser trois générations que l'enquêtrice n'aura de cesse d'explorer, partant jusqu'en Algérie pour en retrouver des traces. Comme elle le confesse, l'émotion sera au rendez-vous de ce «monde vivant et charnel qui a exulté et souffert, aimé, prié, étudié, supplié. Un monde qui ne sera plus jamais le mien mais d'où je viens, de cercle en cercle, d'un siècle à l'autre».
Martine Gozlan laisse filer sa plume, chargée d'images et de nostalgie, mêlant les petites histoires à la grande, cette déferlante qui a plusieurs fois failli emporter les siens. On partage sa quête, on aime ses formules pleine de poésie, car on pressent que, comme elle, notre vie s'enrichit de ceux qui nous ont précédé, quand bien même ils n'auraient pas autant dû se battre et souffrir.
«C'est qu'une autre vie chemine à nos côtés, insaisissable, sauf à de rares instants qui émergent brutalement de l'inconnu pour nous entraîner le long de la rivière des signes. Nous leur résistons de toutes nos forces, affolés à l'idée d'être emportés par les courants. Et pourtant que ces eaux sont attirantes, avec leurs passagers engloutis qui se promènent, s'aiment, se déchirent, roulent dans des trains et des voitures de musée, franchissent les frontières de pays effacés de la carte, parlent dans des langues assassinées.»


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J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de la dernière Masse Critique et j'en remercie Babelio et les éditions de l'Archipel.
J'attendais beaucoup de ce rendez-vous. Hélas, à mon sens, celui-ci est raté.
Oui, raté que ce rendez-vous des Gobelins, dans lequel une journaliste d'aujourd'hui rencontre sa grand-mère, frêle émanation d'un passé disparu, fantôme oublié surgissant des limbes pour retrouver sa petite fille.
Pourtant l'idée de ce choc temporel réunissant deux personnes, ne pouvant à priori pas se rencontrer, apparaît bien séduisant, mais son traitement l'est hélas beaucoup moins.
En effet, si le lecteur se laisse aisément embarquer dans l'histoire familiale de la narratrice, suivant avec intérêt le départ de Russie en 1892 de cette famille juive fuyant les pogroms et ses pérégrinations pour atterrir à Paris et tenter de s'y refaire une nouvelle vie, il n'en va pas de même avec l'imbrication malvenue de la vie professionnelle de la narratrice qui arrive comme un cheveu sur la soupe !

Car, ce récit attachant est très vite interrompu par les incursions dans l'hebdomadaire où travaille la narratrice et là, on se contrefiche totalement de ce qui peut s'y passer, car il s'agit exclusivement de la tambouille anecdotique concernant la fabrication d'un journal, ce qui, au regard du début, n'a rien à voir avec les attentes du lecteur.
Et, vu le développement que Martine Gozlan imprime à son récit, il est absolument impossible de relier l'existence précaire de la famille de la jeune Rose à la vie d'un journal au vingt et unième siècle, ce qui impose un déséquilibre néfaste à la tenue de la narration.

Le seul moment où passé et présent réussissent à cohabiter harmonieusement, c'est lors du voyage de la narratrice en Algérie à la recherche des souvenirs de sa grand-mère, où le lecteur fait l'expérience d'une confusion passé-présent déstabilisante, mais enrichissante, et qui permet au lecteur d'entrevoir les fractures existant entre les coutumes des juifs ashkénazes et des juifs séfarades dont la malheureuse Rose fera les frais.

Pour finir, ce récit s'achève en un méli-mélo totalement irrationnel et on se demande, mais où diable Martine Gozlan a voulu en venir, en livrant cette histoire décousue dans laquelle on ne parvient pas à décrypter les intentions de l'auteur.
Car le sel de ce roman c'est bien le destin de chacun des membres de la famille Avijanski et hélas, ceci n'est qu'effleuré pour la plupart d'entre eux, ce qui est d'autant plus dommage qu'il y avait apparemment matière à combler les attentes du lecteur et à fournir un récit passionnant de l'implantation en France de Yenkel et Mirko et du devenir de tous leurs enfants.
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Cette chronique ne va pas être simple à écrire et elle risque donc d'être plutôt courte, la faute à mon peu d'enthousiasme après avoir lu ce livre. C'est la première fois il me semble que j'ai autant de mal à rédiger un billet, tout simplement car je n'ai pas réussi du tout à entrer dans cette histoire, mais sans savoir réellement pourquoi. le principe est intéressant, cette histoire entre présent et passé a un vrai potentiel et puis l'écriture est soignée et pour autant ça n'a pas marché avec moi.

J'ai quand même une petite piste expliquant peut-être la raison de mon ressenti. Je pense que c'est en raison d'une construction et d'un style un peu particulier, on saute parfois un peu du coq à l'âne, d'une époque à l'autre, d'une situation à une autre sans vraiment une transition propre et donc cela vient complètement hacher le rythme. Il m'a donc été très difficile de recoller les morceaux et de m'immerger complètement dans ce récit. Pour être franc, je ne suis même pas certain d'avoir tout compris ou du moins d'avoir saisi les subtilités de cette histoire. Et puis cette fin était quand même un peu trop « too much » pour moi. Bref, très étrange comme livre.

Pour autant, je ne déconseille pas forcément ce livre et je suis preneur d'autres avis, peut-être que je suis tout simplement juste passé à côté. Ça arrive ! Je le relirai peut-être un jour, compte-tenu de sa petite taille ce roman se lit rapidement, et alors il est possible que mon avis change surtout qu'il y a quand même des atouts dans ce livre, notamment la qualité de l'écriture.

En attendant cette potentielle relecture, je passe à autre chose.
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Un, deux trois… quand ça veut pas, ça veut pas. Cette lecture n'était pas faite pour moi, ou était-ce une question de moment. Pourtant le sujet m'intéressait, l'idée de mêler présent et passé également. Mais justement, cette construction m'a très vite perdue, empêché d'entrer dans le coeur des personnages, et j'ai malheureusement abandonné. J'espère, et je suis sûre que ce livre rencontrera ses lecteurs. Je ne faisais simplement pas parmi d'eux.
Lien : https://accrochelivres.wordp..
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Rose journaliste rencontre son ancêtre, décédée depuis longtemps, et elle nous entraine dans un voyage qui retrace l'histoire de sa famille .
J'ai vraiment essayé de comprendre, mais malheureusement je n'ai pas réussi, tout m'a paru confus , mal organisé, sans fil conducteur.
Je souhaite que d'autres lecteurs aient trouvé un sens à ce récit.
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Une journaliste termine, comme d'habitude, ses articles au café Au Canon des Gobelins avant le bouclage du journal où elle travaille. Un jour, une femme, semblant venir d'une autre époque, vient s'asseoir en face d'elle. Elle la retrouve le lendemain et se présente comme sa grand-mère Reisel / Rose, qui est pourtant morte avant sa naissance. Elle lui raconte alors son exil de Lituanie en 1892, alors qu'elle avait 8 ans, avec ses parents, ses 23 soeurs et son petit frère. Ils se sont alors installés à Paris, dans le quartier des Gobelins, où la Bièvre, qui n'était pas encore recouverte, a permis le développement des activités de tannerie et de tapisserie. Les histoires commencent à s'enchevêtrer.
L'auteur nous conduit du XIXème siècle au XXIème siècle, de Kovno à Paris. Elle nous fait découvrir le quotidien des réfugiés juifs, la vie parisienne du début du XXIème siècle.
Lien : https://www.carnetsdeweekend..
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Un café , Canon des Gobelins. Comme à son habitude, la jeune journaliste se hâte de finir son article. Mais comment réagir quand une étrange femme l'aborde et qu'elle se présente comme sa grand-mère …défunte ? Rose va dérouler pour sa petite fille le fil de ses souvenirs : Kovno en Lituanie, Paris, Algérie…Leur voyage sera autant temporel que géographique et les entraînera jusqu'aux confins de la vie et de la mort…

Un roman tout en mélancolie qui fait réfléchir sur la condition féminine, à travers le personnage de Rose, mais qui pose aussi la question de la filiation et du poids du passé : la narratrice doit-elle oublier l'histoire de sa famille pour se construire ? Ou doit-elle faire table rase pour vivre pleinement le présent ? Les Religions sont aussi abordées avec finesse, dans l'union de Rose, attentive à son héritage juif, qui est mariée à Mardochée, l'Algérien qui voit la Religion comme moyen d'opprimer sa femme (la femme appartient toujours à son mari, lui refuser le « guet » fait d'elle une éternelle esclave). J'ai bien aimé la fin aux accents mythologiques et qui fait intervenir un artiste que j'aime beaucoup… Merci à Masse Critique, Babelio et Mylène de m'avoir fait découvrir ce beau roman !
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Ce roman est un voyage aux confins des souvenirs, entre enlèvement de bébés juifs masculins en Russie, fuite d'une famille, Amérique impossible, Paris, Algérie, mélancolie...

Il est très poétique, c'est pourquoi je lui accorde cette note ; le début est rempli de jolies citations !

Cependant, j'ai trouvé la suite plus longue (euh... qu'est-ce que c'est que cette fin, trop longue pour un message si évident...) et j'ai souvent lu de biais les passages avec la narratrice (de notre époque) - c'est que je ne cours pas après le journalisme... Mais j'avoue le garder dans un coin de ma tête pour certains cours avec des quatrièmes peut-être !
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