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EAN : 978B08C9MBYSY
154 pages
Ecriture (20/08/2020)
2.56/5   9 notes
Résumé :
Arrivée de sa Russie natale à huit ans, chassée par les pogroms, Rosa Ajivanski s'installe à Paris, où elle apprend le français. Le début d'une histoire de vie à laquelle vient s'accoler la grande Histoire, récit romancé par sa petite-fille, Martine Gozlan.
Telle cette femme mystérieuse qui s'invite dans la vie de la narratrice, journaliste, en l'abordant dans un café des Gobelins. Surgie d'une autre époque, elle va pourtant se révéler très proche et l'entraî... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Les confidences de la vieille dame
Pour retracer le parcours de ses ancêtres, Martine Gozlan a imaginé une rencontre dans un café des Gobelins. Après les première révélations, elle va se lancer dans une enquête sur ses origines, aussi détaillée qu'émouvante.

CE «rendez-vous des Gobelins» n'était pas prévu dans l'agenda de la narratrice, journaliste au sein de la rédaction de l'hebdomadaire La République. Elle a fait de ce café une annexe de la rédaction où elle peut préparer ses interviews. La vieille dame qui l'observe longuement avant de lui adresser la parole lui est parfaitement inconnue. Pourtant, elle affirme bien la connaître et les quelques bribes d'information qu'elle finit par lâcher viennent semer le doute et la pousser à accepter de la revoir, car «après tout, il est possible que cette femme fasse partie de sa famille». Elle n'a en effet, depuis la disparition de son père, plus guère de relations avec les siens et les rares documents familiaux sont chez de vieux cousins installés à Bruxelles.
Au fur et à mesure que le dialogue avec Rose, cette femme bien mystérieuse, s'installe, elle va vouloir en savoir plus, tenter de comprendre ce l'a conduite jusqu'à elle. Il est vrai que la curiosité tient pour elle de la déformation professionnelle.
Mais le voyage qu'elle s'apprête à faire ressemble à une exploration dans une forêt vierge, dense et inexploitée, dans laquelle il est bien difficile de se repérer. Il en ira quelquefois de même pour le lecteur, avouons-le.
Car les branches paternelles et maternelles sont aussi différentes que chargées. Commençons par la branche russe, celle des Avijanski, des Juifs qui ont fui devant la menace antisémite pour venir s'installer dans le quartier des tanneurs à Paris, le long de la Bièvre qui était encore à l'air libre et qui passait justement dans la rue des Gobelins.

Tannerie sur la Bièvre de Jules Richomme, Musée Carnavalet © Photo Paris Musées
photo.parismusees@paris.fr

Rose affirme d'ailleurs très bien connaître ce café où les gens du quartier se donnaient déjà rendez-vous. Elle aurait même pu y rencontrer Mardochée, venant d'Algérie et faisant commerce de fripes. Mais c'est au Carreau du Temple que les deux branches familiales se trouveront et donneront naissance au père de la journaliste, «preuve que la sagesse naît parfois d'une folie».
«Mardochée était arrivé de son Algérie la plus profonde, loin de la capitale, quelques années auparavant avec ses trois frères. Leur père Haï, né à Constantine en 1840, trois ans après la difficile conquête de ce piton rocheux par les Français, avait bourlingué comme forain sur les marchés du département avant de se fixer dans une petite ville rugueuse et froide, sur la route de la Tunisie: Souk Ahras, le marché aux lions en langue berbère. C'est aussi le lieu de naissance de ma mère, Béatrice. Celle qui ne revient jamais me voir depuis les profondeurs, pas plus que mon père…»
L'histoire va alors traverser trois générations que l'enquêtrice n'aura de cesse d'explorer, partant jusqu'en Algérie pour en retrouver des traces. Comme elle le confesse, l'émotion sera au rendez-vous de ce «monde vivant et charnel qui a exulté et souffert, aimé, prié, étudié, supplié. Un monde qui ne sera plus jamais le mien mais d'où je viens, de cercle en cercle, d'un siècle à l'autre».
Martine Gozlan laisse filer sa plume, chargée d'images et de nostalgie, mêlant les petites histoires à la grande, cette déferlante qui a plusieurs fois failli emporter les siens. On partage sa quête, on aime ses formules pleine de poésie, car on pressent que, comme elle, notre vie s'enrichit de ceux qui nous ont précédé, quand bien même ils n'auraient pas autant dû se battre et souffrir.
«C'est qu'une autre vie chemine à nos côtés, insaisissable, sauf à de rares instants qui émergent brutalement de l'inconnu pour nous entraîner le long de la rivière des signes. Nous leur résistons de toutes nos forces, affolés à l'idée d'être emportés par les courants. Et pourtant que ces eaux sont attirantes, avec leurs passagers engloutis qui se promènent, s'aiment, se déchirent, roulent dans des trains et des voitures de musée, franchissent les frontières de pays effacés de la carte, parlent dans des langues assassinées.»


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J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de la dernière Masse Critique et j'en remercie Babelio et les éditions de l'Archipel.
J'attendais beaucoup de ce rendez-vous. Hélas, à mon sens, celui-ci est raté.
Oui, raté que ce rendez-vous des Gobelins, dans lequel une journaliste d'aujourd'hui rencontre sa grand-mère, frêle émanation d'un passé disparu, fantôme oublié surgissant des limbes pour retrouver sa petite fille.
Pourtant l'idée de ce choc temporel réunissant deux personnes, ne pouvant à priori pas se rencontrer, apparaît bien séduisant, mais son traitement l'est hélas beaucoup moins.
En effet, si le lecteur se laisse aisément embarquer dans l'histoire familiale de la narratrice, suivant avec intérêt le départ de Russie en 1892 de cette famille juive fuyant les pogroms et ses pérégrinations pour atterrir à Paris et tenter de s'y refaire une nouvelle vie, il n'en va pas de même avec l'imbrication malvenue de la vie professionnelle de la narratrice qui arrive comme un cheveu sur la soupe !

Car, ce récit attachant est très vite interrompu par les incursions dans l'hebdomadaire où travaille la narratrice et là, on se contrefiche totalement de ce qui peut s'y passer, car il s'agit exclusivement de la tambouille anecdotique concernant la fabrication d'un journal, ce qui, au regard du début, n'a rien à voir avec les attentes du lecteur.
Et, vu le développement que Martine Gozlan imprime à son récit, il est absolument impossible de relier l'existence précaire de la famille de la jeune Rose à la vie d'un journal au vingt et unième siècle, ce qui impose un déséquilibre néfaste à la tenue de la narration.

Le seul moment où passé et présent réussissent à cohabiter harmonieusement, c'est lors du voyage de la narratrice en Algérie à la recherche des souvenirs de sa grand-mère, où le lecteur fait l'expérience d'une confusion passé-présent déstabilisante, mais enrichissante, et qui permet au lecteur d'entrevoir les fractures existant entre les coutumes des juifs ashkénazes et des juifs séfarades dont la malheureuse Rose fera les frais.

Pour finir, ce récit s'achève en un méli-mélo totalement irrationnel et on se demande, mais où diable Martine Gozlan a voulu en venir, en livrant cette histoire décousue dans laquelle on ne parvient pas à décrypter les intentions de l'auteur.
Car le sel de ce roman c'est bien le destin de chacun des membres de la famille Avijanski et hélas, ceci n'est qu'effleuré pour la plupart d'entre eux, ce qui est d'autant plus dommage qu'il y avait apparemment matière à combler les attentes du lecteur et à fournir un récit passionnant de l'implantation en France de Yenkel et Mirko et du devenir de tous leurs enfants.
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Cette chronique ne va pas être simple à écrire et elle risque donc d'être plutôt courte, la faute à mon peu d'enthousiasme après avoir lu ce livre. C'est la première fois il me semble que j'ai autant de mal à rédiger un billet, tout simplement car je n'ai pas réussi du tout à entrer dans cette histoire, mais sans savoir réellement pourquoi. le principe est intéressant, cette histoire entre présent et passé a un vrai potentiel et puis l'écriture est soignée et pour autant ça n'a pas marché avec moi.

J'ai quand même une petite piste expliquant peut-être la raison de mon ressenti. Je pense que c'est en raison d'une construction et d'un style un peu particulier, on saute parfois un peu du coq à l'âne, d'une époque à l'autre, d'une situation à une autre sans vraiment une transition propre et donc cela vient complètement hacher le rythme. Il m'a donc été très difficile de recoller les morceaux et de m'immerger complètement dans ce récit. Pour être franc, je ne suis même pas certain d'avoir tout compris ou du moins d'avoir saisi les subtilités de cette histoire. Et puis cette fin était quand même un peu trop « too much » pour moi. Bref, très étrange comme livre.

Pour autant, je ne déconseille pas forcément ce livre et je suis preneur d'autres avis, peut-être que je suis tout simplement juste passé à côté. Ça arrive ! Je le relirai peut-être un jour, compte-tenu de sa petite taille ce roman se lit rapidement, et alors il est possible que mon avis change surtout qu'il y a quand même des atouts dans ce livre, notamment la qualité de l'écriture.

En attendant cette potentielle relecture, je passe à autre chose.
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Un café , Canon des Gobelins. Comme à son habitude, la jeune journaliste se hâte de finir son article. Mais comment réagir quand une étrange femme l'aborde et qu'elle se présente comme sa grand-mère …défunte ? Rose va dérouler pour sa petite fille le fil de ses souvenirs : Kovno en Lituanie, Paris, Algérie…Leur voyage sera autant temporel que géographique et les entraînera jusqu'aux confins de la vie et de la mort…

Un roman tout en mélancolie qui fait réfléchir sur la condition féminine, à travers le personnage de Rose, mais qui pose aussi la question de la filiation et du poids du passé : la narratrice doit-elle oublier l'histoire de sa famille pour se construire ? Ou doit-elle faire table rase pour vivre pleinement le présent ? Les Religions sont aussi abordées avec finesse, dans l'union de Rose, attentive à son héritage juif, qui est mariée à Mardochée, l'Algérien qui voit la Religion comme moyen d'opprimer sa femme (la femme appartient toujours à son mari, lui refuser le « guet » fait d'elle une éternelle esclave). J'ai bien aimé la fin aux accents mythologiques et qui fait intervenir un artiste que j'aime beaucoup… Merci à Masse Critique, Babelio et Mylène de m'avoir fait découvrir ce beau roman !
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Ce roman est un voyage aux confins des souvenirs, entre enlèvement de bébés juifs masculins en Russie, fuite d'une famille, Amérique impossible, Paris, Algérie, mélancolie...

Il est très poétique, c'est pourquoi je lui accorde cette note ; le début est rempli de jolies citations !

Cependant, j'ai trouvé la suite plus longue (euh... qu'est-ce que c'est que cette fin, trop longue pour un message si évident...) et j'ai souvent lu de biais les passages avec la narratrice (de notre époque) - c'est que je ne cours pas après le journalisme... Mais j'avoue le garder dans un coin de ma tête pour certains cours avec des quatrièmes peut-être !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
INCIPIT
Quelqu’un vous demande
L’hiver s’est abattu sur le carrefour, venteux et scintillant, Noël approche. Au Canon des Gobelins, les clients terminent leur café. La salle se vide, j’étale mes notes sur la table.
— Cappuccino, comme d’habitude ?
Victor a sa mine bienveillante de 15 heures passées, quand les serveurs peuvent souffler un peu. Il y a bien trois ans que je viens terminer mes articles ici le mardi, jour de bouclage. Une position stratégique, au confluent du boulevard Saint-Marcel et de l’avenue des Gobelins. Je prends du recul en attendant de m’élancer vers le journal, rue de Valence, pour glisser entre d’étroites colonnes une explication de l’inexplicable. « Écrivez court, clair, et méfiez-vous de vos émotions », martèle le patron, Jean Vallières. C’est la loi du métier : contrôler l’itinéraire des mots en évitant qu’ils vous faussent compagnie pour aller se balader sur des chemins tortueux.
— Elle voudrait vous parler…
Victor pose la tasse devant moi, l’air gêné.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— La dame, là-bas, elle vous demande depuis deux jours.
Il montre de la tête une cliente attablée en terrasse.
— Elle me demande, moi ?
— Oui, vous. La journaliste de la rue de Valence.
L’inconnue regarde dans notre direction.
— Vous l’avez déjà vue ?
— Jamais. Entre nous, elle a un drôle de look. Vintage, comme qui dirait.
Sans doute une lectrice. Nous autres plumitifs avons des tas de lecteurs au drôle de look. Hortensia, la cerbère-assistante-hôtesse et par ailleurs diplômée de psychologie qui veille au grain à l’accueil de notre hebdo, La République, sait de quoi il retourne. Il y a les fans qui veulent rencontrer l’auteur, les obsessionnels qui viennent contester ses sources, les quémandeurs qui lui attribuent des pouvoirs exorbitants. Et, depuis quelques années, les terroristes. Mais ce n’est pas le genre de la dame.
— Bon… je vous ai prévenue.
Il repart vers son comptoir.
Elle me fixe. Vintage, mais de loin, ça lui va bien. Une silhouette mince, des cheveux noirs plaqués en bandeau. Une robe vert sombre. Trop longue.
Je replonge dans mes notes : un entretien avec le principal opposant algérien. Celui qui jure de remettre le pays à flot, les chômeurs au boulot et la corruption sous les verrous. On boucle dans deux heures.
La robe verte a bougé. Elle se lève. Sinue entre les cinq ou six tables qui nous séparent. Et s’immobilise devant moi.
Mon Dieu, qu’elle est belle. Des yeux gris, des traits doux. Et qu’elle est triste. Une tristesse vertigineuse. Qu’est-ce que je lui dis? «Asseyez-vous, je vous ai déjà vue quelque part»? Dans un film vintage, peut-être?
C’est elle qui parle :
— Je suis si heureuse de te voir. Tu es exactement comme dans mes rêves.
La dame triste et belle a rêvé de moi? Et me tutoie?
Elle s’assoit et presse ses mains l’une contre l’autre. De longues mains sans bagues. On sent qu’elle a froid et envie de serrer ses doigts maigres autour d’une tasse brûlante.
Je fais signe à Victor et ouvre enfin la bouche:
— Que voulez-vous boire?
— Un café au lait.
— Avec un croissant?
Car il est clair qu’elle a faim, la pauvre.
— Oui, merci.
Cinq minutes silencieuses avant l’arrivée du café au lait. Elle boit deux gorgées et reprend :
— Depuis que tu es arrivée dans le quartier, je te cherchais. Je te voyais de loin, toujours pressée. Je ne pouvais pas te suivre dans Paris, je suis obligée de rester par ici.
Rien. Je ne comprends rien. Blague ou défi, mon job, c’est de rendre la réalité compréhensible en me méfiant du magma intérieur. Connais-toi toi-même, disait le vieux Socrate. Sage conseil dont je ne me suis jamais préoccupée. Je ne suis pas psy et je les fuis.
Elle grignote un morceau de croissant.
— Quand je suis revenue…
Revenue d’où? Que me veut-elle? Il y a une raison à tout. Et l’heure qui tourne, avec l’interview en vrac sur la table.
Je ne sais pas où elle a chiné cette robe. Bien coupée, mais le velours est si fin qu’il pourrait se déchirer d’un seul coup. Comme si on l’avait tissé depuis des lustres. Au moins un siècle.
Elle prend ma main et l’examine. La sienne est glacée, malgré la tasse à laquelle elle a tenté de se réchauffer.
— Ton alliance, j’ai eu presque la même, c’est de l’orfèvrerie arabe.
L’alliance que Claude m’a achetée au souk d’Amman. Pour me protéger car je roulais toute seule, deux jours plus tard, vers la guerre d’Irak. On s’est mariés à mon retour. Je m’entends dire:
— Elle me protège.
— La mienne m’a perdue.
Mon portable sonne.
— Dites donc, il arrive quand, votre papier? Comment on titre en une?
— La résurrection de l’Algérie, voilà l’idée. J’arrive.
— Avec un point d’interrogation, tout de même! Dépêchez-vous!
Vallières raccroche. Il a toujours été là au bon moment quand se profilait le chaos intérieur.
— Tu as du travail? Pars. Je reviendrai demain, à la même heure. Moi, je n’avais ni heure ni temps, je n’étais utile à rien ni personne.
Une dépressive. Je déteste.
Au lieu de ça, je dis:
— D’accord, à demain.
Je règle l’addition au comptoir en laissant un billet à Victor:
— C’est pour son dîner, si elle demande…
— Vous la connaissiez, finalement ?
— Oui.
À quelle logique tout cela obéit-il? Je file en trombe rue de Valence. Là où tout peut s’expliquer.
C’est un bon mercredi. Le journal est fini et réussi. Dopée par un verre de Pessac Léognan, je sors très gaie de chez Marty, la cantine préférée de Vallières. Les murs sont décorés de longues femmes languissantes derrière leur éventail ou leur fume-cigarette. L’escalier, gardé par deux tigres, s’envole vers un étage bleuté et discret comme les cabinets particuliers dans les brasseries des grands boulevards vers 1900. Les collègues, un peu éméchés eux aussi, forcent le pas pour s’aligner sur celui de notre général qui cavale vers le prochain numéro. Je m’attarde, je lambine, je surprends avec indulgence mon reflet dans les vitrines: des joues rondes, des yeux rieurs. Personne ne m’indiquera la route, je la choisis moi-même. Je suis libre à chanter toutes les chansons.
«Quand tu es née, les oiseaux sifflaient à tue-tête», répétait mon père. C’était un jour d’avril, un printemps chaud comme un été, paraît-il, dans une rue tranquille du Marais.
Le rendez-vous. J’avais réussi à l’expulser de mon cerveau et elle me rappelle à l’ordre, ou plutôt à son désordre, aussi pâle que les femmes peintes sur les murs de chez Marty. Elle a dû en avoir la beauté, mais probablement pas les riches protecteurs.
— Elle est partie après avoir poireauté une heure, dit Victor, réprobateur.
De quoi se mêle-t-il?
Je ressors.
D’où vient-elle, où va-t-elle, qui est-elle?
J’inspecte le paysage. Rien sur le terre-plein où s’arrêtent les bus. Rien, à gauche, en remontant les Gobelins. Peut-être en reprenant à droite le cours du boulevard Saint-Marcel?
Cette silhouette, en face, échouée sur le banc. D’une fragilité effroyable.
Je traverse.
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Mardochée était arrivé de son Algérie la plus profonde, loin de la capitale, quelques années auparavant avec ses trois frères. Leur père Haï, né à Constantine en 1840, trois ans après la difficile conquête de ce piton rocheux par les Français, avait bourlingué comme forain sur les marchés du département avant de se fixer dans une petite ville rugueuse et froide, sur la route de la Tunisie: Souk Ahras, le marché aux lions en langue berbère. C’est aussi le lieu de naissance de ma mère, Béatrice. Celle qui ne revient jamais me voir depuis les profondeurs, pas plus que mon père ou Mariella. p. 78
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La Bièvre a été recouverte en 1912, mais le Ve arrondissement et le XIIIe sont truffés de galeries sous lesquelles certains bras d’eau vive continuent à circuler. Jeter un cadavre là-dedans, c’est difficile, il faudrait des complicités chez un agent des Égouts de Paris ou de la direction de l’Assainissement… Cette rivière, c’était le fief des tanneurs, des mégisseries et des teinturiers. Sans la Bièvre, il n’y aurait jamais eu les tapisseries des Gobelins! C’est grâce à la qualité de ses eaux qu’on a obtenu un procédé miraculeux de teinture de l’écarlate. J’ai un ami collectionneur qui avait trouvé plusieurs peintures intéressantes sur les activités des artisans vers la fin du XIXe siècle. Il m’a offert un petit tableau pas mal du tout. Je vous le montrerai à l’occasion. Bon, regardez un peu de quoi il s’agit, enquêtez et on en reparle. p. 48
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Qu'on le veuille ou non, les fantômes existent. Ils ne hantent pas les châteaux et les manoirs, n'agitent pas de grands draps blancs et ne se démènent pas entre les toiles d'araignée. Ce sont des gens comme nous autres, mais tellement oubliés qu'ils en deviennent insomniaques. Leur sommeil éternel est une fumisterie car on ne peut dormir pour une nuit ou une éternité que dans la chaleur de l'amour ou du souvenir.
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L’équipe de est bâtie de guingois, comme l’immeuble qui l’abrite.
Quant à moi, je fais le tout-venant. Des faits divers aux manifestations en Algérie. Avec le succès du journal, j’ai même pu partir en Inde enquêter sur les veuves qu’on brûle sur le cadavre de leur mari. Comme dans Le Tour du monde en 80 jours. Jean Vallières est mon Jules Verne. D’ailleurs, ils ont les mêmes initiales.
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Vidéo de Martine Gozlan
Jean-Claude Lescure : "La question sécuritaire est extrêmement importante pour les Israéliens." ."Israël-Palestine : un conflit sans limites ?"Le débat du Grain à Moudre du mardi 15 mai 2018 avec Martine Gozlan, grand reporter et rédactrice en chef à l?hebdomadaire Marianne, Alain Gresh, journaliste, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et fondateur du journal en ligne Orient XXI, et Jean-Claude Lescure, professeur des universités en histoire contemporaine à l?université de Cergy-Pontoise. https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre/israelpalestine-un-conflit-sans-limites
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