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Critique de steka


Il semblerait donc que certains milieux, chargés de la formation des petits soldats de la logique marchande, aient découvert depuis quelque temps l'existence des ouvrages de Baltasar Gracian.
Conscients de l'affligeante médiocrité de leur enseignement et cherchant à donner quelques parures à son âpre stérilité, ils ont introduits, dans leurs cursus d'apprentissage à la servitude marchande, des oeuvres de Sun Tzu, de Machiavel, de Clausewitz et plus récemment donc, de Gracian. C'est qu'il est en effet très important de maintenir dans les esprits de ces futurs larbins du système, l'illusion de l'appartenance à une élite ; le mirage des gros salaires s'avérant désormais de plus en plus incertain.
Il n'y a guère, toutefois, qu'un crétin arriviste et superficiel, pour croire qu'il est possible de réduire L'Homme de cour à un vulgaire manuel pour parvenir. Ce remarquable ouvrage, si subtile dans sa forme et son contenu, ne se laissera pas si facilement déformer. Ne serait-ce que parce qu'il réservera exclusivement ses trésors de "savoir-vivre" à ceux qui, de par leur expérience propre, seront en mesure d'en discerner la portée et le champ d'application, sa dialectique interne. A ceux donc qui de par leur nature, ne peuvent que mépriser les chemins de l'arrivisme.
C'est sans doute en cela que L'Homme de cour se révèle être également un livre très amusant : qui n'apportera que frustrations et déceptions à ces âmes de boue.
On méditera ainsi par exemple avec intérêt sur les applications pratiques de la thèse XXIX :
ÊTRE HOMME DROIT
"Il faut toujours être du coté de la raison, et si constamment que ni la passion vulgaire, ni aucune violence tyrannique ne fasse jamais abandonner son parti. Mais où trouvera-t-on ce phénix ?
Certes, l'équité n'a guère de partisans, beaucoup la louent, mais sans lui donner entrée chez eux. Il y en a d'autres qui la suivent jusqu'au danger, mais quand ils y sont, les uns, comme faux amis, la renient, et les autres, comme politiques, font semblant de ne la pas connaître.
Elle, au contraire, ne se soucie point de rompre avec les amis, avec les puissances, ni même avec son propre intérêt; et c'est là qu'est le danger de la méconnaitre.
Les gens rusés se tiennent neutres, et, par une métaphysique plausible, tâchent d'accorder la raison d'État avec leur conscience. Mais l'homme de bien prend ce ménagement pour une espèce de trahison, se piquant plus d'être constant que d'être habile. Il est toujours où est la vérité, et s'il laisse quelquefois les gens, ce n'est pas qu'il soit changeant, mais parce qu'ils ont été les premiers à abandonner la raison."
Un manuel d'arrivisme l'Oraculo manual ?
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