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EAN : 9782714302625
74 pages
José Corti (01/01/1950)
3.89/5   107 notes
Résumé :
« C'est sur cette adhésion donnée dans le secret du coeur que se fonde la prise d'un écrivain sur son public, la "société secrète" qu'il a peu ou prou créée, sur laquelle il n'a que de très vagues indices, et qu'il ne dénombrera jamais (heureusement).
C'est par elle seule qu'il est, s'il est quelque chose. C'est là toujours que reviennent s'agacer ses doutes, quand il s'interroge sur le plus ou moins fondé de l'idée singulière qui lui est venue d'écrire ; il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Etrange petit livre. Inclassable et prophétique. Plein d'humour aussi... Julien Gracq a deviné en 1950 la prolifération à venir du "non-littéraire le plus agressif" et il mord. Il mord toujours. Fort. 74 pages qu'on relit en savourant chaque développement, argumentations fines après images savoureuses (la rosse efflanquée, le caniche, le fameux "Livre Annuel" de certains...).

La pénible coterie parisienne des "GensDeLettres" tentera d'ailleurs de le piéger l'année suivante en lui attribuant benoîtement – pour son merveilleux et minéral "Le Rivage des Syrtes" (1951) – certain "Grand Prix Littéraire" (Oui, ce hochet "Goncourt" qu'a pu "enfin" décrocher un certain M. Houellebecq il y a quelques années... ) : Gracq le refuse. Pas pour "faire style" – comme on dirait aujourd'hui – , mais pour "simplement" rester cohérent... (on ne disait pas encore : "authentique").

Crépitement des flashs. "Ils" n'imaginaient pas que l'homme pouvait être – en son "fond" – aussi humainement, éthiquement, artistiquement "intact"... (et solitaire, bien sûr !). Alors ? " Caramba, encore raté !! " jurèrent certains, dépités... Puis "ils" passèrent à autre chose, à d'autres poulains et pouliches du moment... Car "ils" n'ont jamais compris – ils n'étaient pas en mesure de comprendre – son geste... "Pas dans le même monde" ? Peut-être... L'ancien éditeur Eric Naulleau – du temps de "L'esprit des Péninsules" (donc avant son intégration définitive aux Jeux du Cirque... "Alimentaire, mon cher Watson !") – a rappelé un jour (en certain article sur la mode française des "Prix") que le regretté Julien GRACQ (1910-2007) fut bien le seul à décliner – poliment mais fermement – le plus Prestigieux de nos "susucres-à-caniches" nationaux...

Bref, 74 pages de bonheur. Vive GRACQ for ever !


Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Il faut bien l'admettre, l'exercice critique appliqué à ce livre serait une bien étrange entreprise, tant il point au terme de sa lecture que Gracq en appelle à la suspension du jugement d'actualité, pour laisser place au jugement à venir, celui de l'oeuvre à l'épreuve du temps. Partant d'un regard contemporain (1949) sur une nouvelle espèce de grands écrivains, il égrène les facteurs du temps qui ont tellement modifié cet inébranlable concept français. Car en 1949 - et a fortiori en 2012, on n'est plus grand écrivain comme dans le passé, de façon incontestable et définitive. On l'est, malgré tout agité des secousses qu'assène le public, lecteur ou non, la critique, politique plus que jamais, le passage du temps, faiseur et défaiseur d'idoles, les médias, qui cherchent pour le public de nouvelles icônes, et les auteurs eux-mêmes, qui ont transformé la matière même de la littérature. Une fois ce livre refermé, l'envie du silence devrait l'emporter, à méditer ce qui fut lu et oublié, faussement lu et encensé, pas encore lu et ignoré. le livre ne dit pas si la modestie de Gracq en fut sérieusement écornée...
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L'auteur

Julien Gracq (pseudonyme de Louis Poirier; 1910-2007), agrégé d'histoire, écrit son premier roman en 1937 avec Au château d'Argol. Après ce premier ouvrage, il construit petit à petit une oeuvre de romancier, de poète, de nouvelliste, de dramaturge et d'essayiste. Ainsi seront publiés, toujours chez le même éditeur, José Corti, dix-huit livres. En 1951, il reçoit le Prix Goncourt pour le rivage des Syrtes, prix qu'il refusera (et sera le premier à le faire dans l'histoire du prix). En 1989, il est l'un des rares écrivains publié de son vivant dans la Pléiade. Après 1992, il se retire dans son village de naissance, très éloigné des cercles littéraires et des parades mondaines.

Le livre

Ce pamphlet est publié en 1950 dans la revue Empédocle. Il s'agit d'une violente condamnation des moeurs mercantiles et mondaines de l'édition de l'époque. En réalité, on y retrouve nombre de traits qui sont encore valables aujourd'hui, en faisant un ouvrage encore d'actualité pour certains points.

Ce que j'en ai pensé

Il est difficile de rendre compte de ce petit ouvrage, extrêmement dense et très virulent. Je vais cependant tenter de faire ressortir quelques parties intéressantes :

- "L'époque, malgré le foisonnement évident des talents critiques [...] semble plus incapable qu'une autre de commencer à trier elle-même son propre apport. On ne sait s'il y a une crise de la littérature mais il crève les yeux qu'il y a une crise du jugement littéraire." N'en sommes-nous pas là aujourd'hui ? n'est-ce pas pour cela en partie que tous ces blogs littéraires sont créés ? justement parce que les critiques littéraires se font moins nombreux ou déçoivent les attentes du public ? Cela me fait penser à cet article que j'ai lu récemment qui interrogeait la manière dont les ouvrages étaient sélectionnés et sur quels critères... (il faut que je le retrouve ..)

- "Car l'écrivain français se donne à lui-même bien moins dans la mesure où on le lit que dans la mesure où "on en parle." "Un anxieux, un essouflé "Je suis là !... j'y suis - j'y suis toujours ! est parfois ce qui s'exprime de plus pathétique, pour l'oeil un peu prévenu, au travers des pages de tel romancier de renom."

- D'après lui, une fois qu'un écrivain français a été publié une fois, il sait qu'il a été "adopté" à vie, qu'il est entré dans le circuit, et qu'il trouvera toujours à se faire de nouveau éditer. "On dirait qu'en France on ne consent à lire (mais à lire vraiment) un auteur qu'une seule fois : la première; la seconde, il est déjà consacré, embaumé dans ce Manuel de littérature contemporaine que l'opinion et la critique s'ingénient à tenir à jour."

- Au début du siècle, le public avouait ne pas comprendre telle ou telle théorie littéraire. Désormais ces théories sont admises et quiconque émet une théorie obscur acquiert un prestige immédiat : la métaphysique a débarqué en littérature. Sur ce point-là, je ne suis que moyennement d'accord : depuis les 50 dernières années, je trouve que justement la métaphysique a déserté la littérature ...

- Pour Gracq, il ne s'agit plus d'une "lente pénétration" d'une oeuvre, d'une lente digestion, mais "de pourvoir sans délai à des vides parmi les têtes d'affiche". C'est-à-dire que l'on insiste davantage sur l'écrivain lui-même, qui paraît partout, à tout moment, que sur son oeuvre qui conquerrait tranquillement son public. "L'écrivain moderne est devenu une figure de l'actualité." affirme Gracq. J'ai trouvé ce passage intéressant car finalement il marque la naissance de notre système littéraire aujourd'hui où quelques auteurs paraissent partout, publient des livres une fois par an, reçoivent tous les prix, etc.

J'ai essayé de rendre compte des quelques réflexions de Gracq que je trouve encore pertinentes aujourd'hui sur le système éditorial français. Il questionne ainsi très subtilement, entre autres, les modes de publication, la figure de l'écrivain qui prend une place plus importante que ses écrits, la place de la lecture dans la société (il faisait déjà la réflexion sur les Français lisent de moins en moins ...), l'obscurité gardée autour de pratiques qui n'ont que peu de rapport avec la littérature, etc.

C'est donc un petit livre très intéressant, certes dépassé sur certains points, mais c'est ce qui rend d'autant plus frappant la prise de conscience que certaines choses n'ont pas changées depuis 50 ans ...
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Dans ce pamphlet écrit en 1949 et publié l'année suivante, Julien Gracq est particulièrement féroce avec le milieu littéraire parisien, les écrivains, les éditeurs et les critiques. L'écrivain à peine "reconnu" va "donner le spectacle pénible d'une rosse efflanquée essayant de soulever lugubrement sa croupe au milieu d'une pétarade théâtrale de fouets de cirque -rien à faire ; un tour de piste suffit, il sent l'écurie comme pas un, il court maintenant à sa mangeoire ; il n'est plus bon qu'à radioter, à fourrer dans un jury littéraire où à son tour il couvera l'an prochain quelque nouveau "poulain" aux jambes molles et aux dents longues." (p.18) Il est aussi impitoyable avec les écrivains établis qui se comportent comme des "fonctionnaires" de l'écriture, produisant chaque année leur livre sans vraiment changer la formule qui les a fait connaître, sans prendre de risques que l'on finira sans doute par lire tant leurs noms sont martelés : "On y cède à la fin ; il y a des places enviables en littérature qui se distribuent comme ces portefeuilles ministériels échoués aux mains de candidats que rien ne désigne, sinon le fait qu'"ils sont toujours là" [...] de même que l'éditeur sait qu'après un premier livre, inévitablement -bon an, mal an- il en viendra un autre, lui [l'écrivain une fois édité] considère paisiblement qu'il a passé un contrat à vie avec le public..." (p.35/36/37)

Gracq n'égratigne pas uniquement l'écrivain, il n'est pas tendre avec la critique ni avec le public qui, en France, où il y a toujours eu des salons, parle beaucoup de littérature, s'écoute parfois parler, pérorer en société autour du dernier écrivain à la mode adoubé par le monde de la littérature. Il y est souvent plus question de parader que de parler de ses goûts, des sensations ressenties à la lecture de tel ou tel ouvrage, c'est cela que Gracq nomme "La littérature à l'estomac". Écrit en 1950, ce pamphlet peut faire un peu daté, et pourtant, il est intéressant de le lire maintenant et de tenter d'y voir en quoi il est toujours d'actualité. Il fut l'objet de pas mal de commentaires acerbes du monde littéraire, jugeant Gracq élitiste -ce qu'il est effectivement, tant dans ses goûts pas toujours les plus aisés à aborder : Lautréamont, Barbey d'Aurevilly, Robert Margerit, Ernst Jünger, mais aussi Edgar Allan Poe ou Rimbaud... que dans son écriture, pas toujours simple.

Publié chez José Corti, comme tous les livres de Gracq, il m'a fallu -quel plaisir !- couper les pages, comme je l'avais fait pour mon premier Gracq, Au château d'Argol et pour le sublime le rivage des Syrtes pour lequel il reçut le Prix Goncourt en 1951 qu'il refusa, fidèle à ce qu'il écrivit dans ce pamphlet. Lorsqu'on voit la foire d'empoigne qu'est devenue ce prix et la course à tous les autres prix, peut-on lui donner tort ?
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Il m'aura fallu tout ce temps depuis mon arrivée à Nantes pour me décider à aller vers Julien Gracq. Comme ces auteurs qui font un peu peur. Gracq marquait un refus catégorique que ses livres soient édités en poche. Ne devrait-on l'en remercier, au plaisir particulier de ces petits volumes édités par Corti. Une couleur, typographie à l'ancienne, et les feuillets pliés qu'il faut découper patiemment pour entrer dans le livre. Gracq m'évoque la Loire. Je sépare le haut des pages, l'une après l'autre, déjà le début d'une aventure.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi l'écart provocant entre l'impression qu'elle nous donne et le jugement qu'on en publie partout tourne-t-il en nous quoi que nous en ayons au plus grand prestige d'une œuvre qui nous reste extérieure : le caractère obsédant qu'elle arrive à prendre très vite tient avant tout aux efforts désordonnés des réfractaires, qui se sentent malgré eux dans leur tort, pour se mettre en règle avec elle. Si délibérément que nous cherchions à nous nettoyer les yeux en face de nos lectures, à ne tenir compte que de nos goûts authentiques, il y a un tribut payé aux noms connus et aux situations acquises dont nous ne nous débarrasserons jamais complètement [...].

Ce qui fait pour nous qu'une œuvre "compte", comme on dit, ayons le courage de nous avouer que c'est parfois - que c'est aussi - le nombre de voix qu'elle totalise, et dont nous augurons trop docilement sur l'intensité d'une campagne électorale toujours en cours. Conservateur d'instinct sur le plan social, en littérature non plus [le Français] n'aime pas remettre en question les situations acquises.

[Un extrait percutant de "La littérature à l'estomac", pamphlet de Julien GRACQ (1950), reproduit sur son blog par Pierre Jourde, auteur de l'essai "La littérature sans estomac" (2002)]
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Quand nous nous sommes une fois "fait une idée" d'un écrivain (et tout l'effort de notre critique écrite et parlée vise à ce qu'une telle sclérose intervienne très vite) nous devenons paresseux à en changer - nous marchons en terrain sûr et nous lisons de confiance, d'un oeil dressé d'avance à ramener les hauts et les bas, les accidents singuliers de ce qui s'imprime, à la moyenne d'une "production" sur laquelle nous savons à quoi nous en tenir. Lorsque nous laissons tomber négligemment (nous le faisons dix fois par jour) d'un ton complaisant de prévision comblée : "C'est bien du X..." ou "du Y...", une tendance instinctive se satisfait par là à peine consciemment, qui est de faire reparaître l'essence permanente sous l'apparence accidentelle, d'en appeler de la singularité concrète et parfois déroutante d'une oeuvre à une sorte de noumène de l'écrivain sur lequel nous nous vantons de posséder des repères qui ne trompent pas. De là l'impression de malaise, et la malveillance à peine déguisée qui se font jour dès qu'un écrivain s'avise de changer de genre : il "était" romancier - que se mêle-t-il d'écrire des pièces de théâtre ? Il était une rivière bien endiguée, comme on les aime en France - de petits jardinets y puisaient l'eau et prospéraient modestement sur ses berges (car, comme la Seine, à Paris l'oeuvre d'un écrivain aussi coule entre des livres : les livres qu'on écrit sur lui) le voilà maintenant un de ces fleuves de la Chine, qui s'amusent irrévérencieusement à changer de lit.
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De ce que l'écrivain dispose aujourd'hui de mille manières de se manifester qui portent souvent infiniment plus loin que ses livres, il se trouve que sa mise en place gagne infiniment en rapidité à emprunter d'autres voies que la lente pénétration, la lente digestion d'une oeuvre écrite par un public que la faim ne dévore pas toujours. Mille impressions sensibles -dans notre civilisation amoureuse de graphiques, d'images parlantes-inscrivent aujourd'hui pour l'oeil plus que pour l'intelligence et le goût un ordre de préséances obsédant qui n'est pas celui de la lecture, et qui va jusqu'à déclencher une espèce d'automatisme de répétition : grosseur des caractères dans les journaux, fréquence des photographies, manchettes des revues, "présidiums" de congrès d'écrivains, comme une salle de distribution des prix, "ventes" littéraires publiques, dont on diffuse les chiffres, apposition de noms au bas de manifestes, grandes orgues radiophoniques, séances de signatures où le talent de l'écrivain, de manière obscure, triomphe aux yeux dans l'étendue de sa performance, comme un champion d'échecs qui donne des simultanées. Le grand public, par un entraînement inconscient, exige de nos jours comme une preuve cette transmutation bizarre du qualitatif en quantitatif, qui fait que l'écrivain aujourd'hui se doit de représenter, comme on dit, une surface, avant même parfois d'avoir un talent.
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Une infime partie du public qui parle aujourd'hui de la littérature en a vraiment connaissance, et il est impossible de rendre compte de ce fait insolite si l'on ne cherche pas à saisir sur un plan plus général les extraordinaires transformations survenues depuis quelques décades dans le mode d'appréhension et dans le comportement de tout public quel qu'il soit... Depuis, disons un demi-siècle, la masse des connaissances humaines acquises, dans presque tous les domaines, a grandi comme on sait à peu près au-delà de toute expression - il n'est plus question, et depuis longtemps, pour un cerveau normalement conditionné, d'en tenir registre, et de s'en faire une idée lointaine autrement qu'à travers des vulgarisations non plus de seconde, mais de troisième ou de quatrième main... La conséquence est que - numériquement parlant - en 1950 il n'existe pratiquement plus nulle part de public de première main ( les quelques spécialistes qui restent au contact avec les ultimes développements de leur science étant public de troisième ou de quatrième main pour tout le reste )...

...alors, comme un enlisé qui lève la main frénétiquement hors du sable avant de consentir à sa nuit, il y avait encore des gens du monde pour contester passionnément, dans une crise de colère rouge, que l'espace fût courbe comme le voulait Einstein, des préposés au balisage pour ricaner rageusement de la dérive des continents. Il semble, hélas, que l'affaire d'Hiroshima, plus encore que d'une ville entre cent autres, ait fait pour toujours table rase de ces derniers chevaliers de la commune mesure, plus encore qu'à une tyrannie matérielle mondiale ouvert les voies à une ère de servage consenti de l'esprit. Quelque chose a cédé, qui n'était pas des murs de bois et des cloisons de papier : le public, forcé dans ses ultimes défenses, a capitulé d'un coup devant l'idée qui l'aveuglait d'une distance désormais sidérale, infranchissable, entre la portée de son œil et le comment d'un phénomène, il a abdiqué d'un coup ses derniers pouvoirs de vérification et de contrôle, il s'en est remis, résigné désormais à vivre dans le fabuleux grisâtre et quotidien d'une bête domestique, à prendre humblement dans la main ce qu'on lui donne, sans chercher de raisons.

Dans la conscience de chacun, le sentiment de quelque chose de dérisoire et même de coupable a fini par colorer insidieusement les réactions d'ailleurs de plus en plus apeurées du sens individuel, et même là où, comme en littérature, le goût n'avait aucune raison de laisser prescrire son bon droit à trancher immédiatement, on dirait qu'une contamination s'est produite : à la réaction extrêmement prudente et cauteleuse, pleine d'inhibitions, qui est aujourd'hui celle du lecteur moyen quand on le sollicite de juger en l'absence de tout repère critique, on sent que la caution des spécialistes, auxquels il se réfère d'instinct en toutes matières, lui fait ici défaut cruellement, qu'il a le sentiment de s'avancer en terrain miné, de n'avoir pas en main tous les éléments...
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" Quand je dis que " la littérature est depuis quelques années victime d'une formidable manoeuvre d'intimidation de la part du non-littéraire, et du non-littéraire le plus agressif ", je désire rappeler seulement qu'un engagement irrévocable de la pensée dans la forme prête souffle de jour en jour à la littérature : dans le domaine du sensible, cet engagement est la condition même de la poésie (...) "

(Julien GRACQ, "La littérature à l'estomac, éd. José Corti, 1950, "NOTE" p. 74)
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À travers les différents ouvrages que l'auteur a écrit pendant et après ses voyages à travers le monde, la poésie a pris une place importante. Mais pas que ! Sylvain Tesson est venu sur le plateau de la grande librairie avec les livres ont fait de lui l'écrivain qu'il est aujourd'hui, au-delàs de ses voyages. "Ce sont les livres que je consulte tout le temps. Je les lis, je les relis et je les annote" raconte-il à François Busnel. Parmi eux, "Entretiens" de Julien Gracq, un professeur de géographie, "Sur les falaises de marbres" d'Ernst Jünger ou encore, "La Ferme africaine" de Karen Blixen. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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