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Morgane Iserte (Traducteur)
EAN : 9791020911339
324 pages
Les liens qui libèrent (02/11/2022)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Une fois de plus, David Graeber bouleverse un élément central de la mythologie néo-libérale : la notion de valeur. Le célèbre pourfendeur du capitalisme réexamine ici un siècle de pensée anthropologique et insuffle une vie nouvelle aux textes classiques sur la valeur et l'échange. Le style vif de Graeber nous entraîne sans effort au cœur de la question qui le préoccupe : est-il possible de proposer une mesure de la valeur commune à toutes les cultures ?
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Au départ, David Graeber se demande qu'est-ce que la valeur, et surtout, comment certaines valeurs (et pas d'autres) s'imposent à une société.

Il va s'appuyer sur l'étude de différentes sociétés dites "primitives" mais sur lesquelles nous possédons beaucoup d'informations, grâce aux récits des anthropologues et des ethnologues qui les ont étudiées, et à leur colonisation relativement récente. En effet, le seul point commun de ces sociétés est d'avoir été colonisées par des européens: les anglais pour ce qui concerne les "Indiens" d'Amérique du Nord, les Maoris de Nouvelle-Zélande, ou les aborigènes d'Australie, les français pour Madagascar.

L'étude de ces sociétés est assez fascinante, et surtout, elle montre une grande diversité. Les Iroquois privilégiaient le courage; composé de plusieurs nations, leur système politique - qui a inspiré la constitution des États-Unis - était fédéral, mais les lois étaient d'abord proposées à l'échelon local, par les femmes. Dans les îles Trobriand, en Mélanésie, la plus grande valeur était attribuée à la culture des ignames, c'était à celui qui aurait le plus beau jardin... alors que la récolte était donnée à la famille de son épouse. Pour les Maoris, la réalisation de soi passait avant tout par l'appropriation, alors que chez les Kwakiutl, qui occupaient la côte ouest du Canada, elle privilégiait le transfert de propriété: il fallait pouvoir étaler ses richesses dans de grandes cérémonies de don, destinées à montrer sa générosité et à renforcer son prestige.

Toutes ces sociétés, donc, ont été absorbées, si ce n'est massacrées, par notre "civilisation" occidentale, laquelle privilégie une valeur suprême: l'argent. C'est finalement assez logique: l'argent permet de tout acheter, le pouvoir, le prestige, les femmes, le travail des autres... Il reste assez difficile d'expliquer toutefois pourquoi certaines pratiques de don sans contrepartie évidente subsistent, même dans notre société matérialiste et individualiste: par exemple, le bénévolat.

Le livre est foisonnant, fouillé (les longues descriptions des usages dans les sociétés "primitives" pourront paraître fastidieuses à certains). Il a aussi l'intérêt de nous ouvrir les portes de différentes approches et théories anthropologiques, de Levi-Strauss à Wallace et d'autres moins connus, avec l'appui de philosophes. La lecture est parfois ardue, mais elle mérite amplement cet effort de par les réflexions qu'elle suscite: comme toujours avec Graeber, le lien avec la politique n'est jamais loin. L'auteur se garde bien de toute conclusion sur les valeurs, il se contente de constater qu'il y a un grand champ du possible, et que la société dans son ensemble se devrait de participer à l'établissement de ses propres valeurs. Comme il le dit lui-même, en fin de compte, définir les valeurs d'une société devrait être le but principal de la politique. Et non le privilège de quelques dirigeants (politiques et économiques) qui monopolisent le débat et imposent leurs propres discours, comme par exemple "l'identité" ou encore la cynique "valeur-travail".
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critiques presse (2)
NonFiction
03 janvier 2023
En s’interrogeant sur ce qui détermine les valeurs, l’anthropologue américain David Graeber en tire des conclusions plus larges pour l’action politique.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Bibliobs
21 novembre 2022
Dans « La fausse monnaie de nos rêves », l'anthropologue américain établissait une théorie de la valeur, qui allait irriguer toute son oeuvre. Ce premier livre vient d'être traduit en français.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au premier chef se trouve le principe selon lequel personne ne fait jamais rien par souci des autres ; quoi que l'on fasse, l'objectif est d'en tirer un bénéfice pour soi-même. En langage courant, il existe un mot pour désigner cette attitude : on appelle ça le “cynisme“. La plupart d'entre nous essayent d'éviter les personnes qui le prennent trop à cœur. En économie, apparemment, on appelle ça la “science“.
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L'attrait des idéologies de marché n'est pas très difficile à comprendre. Elles s'appuient sur une conception de la nature et de la motivation humaine qui est profondément ancrée dans la tradition religieuse de l'Occident et qui, dans notre société de marché, semble sans cesse confirmée par l'expérience quotidienne. Leur autre avantage est de nous proposer un ensemble de postulats extrêmement simples. Nous sommes des individus uniques avec des désirs illimités; comme il n'existe pas de seuil naturel qui permette de déterminer quelle quantité de pouvoir, d'argent, de plaisir ou de biens matériels est suffisante pour chacun, et que les ressources sont rares, la concurrence des uns contre les autres prévaudra toujours, au moins tacitement. [../..] Et, assurément, c'est ce processus d'extraction qui autorise les promoteurs du marché à prétendre agir au nom de la liberté humaine, en ouvrant grand la voie pour que les individus puissent se faire seuls une idée de ce que sont leurs attentes dans la vie - et personne ne semble remarquer que la plupart de ces individus passent la plus grande partie de leur temps éveillé à courir partout au service de quelqu'un d'autre. Si vous prenez le temps d'y réfléchir, franchement, le tour est habile.
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Videos de David Graeber (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Graeber
Extrait du livre audio « Au commencement était...» de David Graeber et David Wengrow, traduit par Élise Roy, lu par Cyril Romoli. Parution numérique le 28 septembre 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/au-commencement-etait-9791035409968/
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