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Critique de Fleitour


Cette chronique, je la glisse à l'attention de TerrainsVagues, non comme une contestation de son analyse du texte de Xavier Grall le Barde Imaginé, mais plutôt comme une prolongation de ses réflexions sur la Bretagne. Je suis breton, du centre Bretagne, de cette commune qui se nomme Guiscriff, adossé d'un côté à le Faouet, et de l'autre à Scaer, si proche de Huelgoat, ou de Carhaix, et d'où Rosporden, nous mène vers Quimper. Mon nom semble moins breton que Grall ou Cadic ma grand-mère, mais nous parlions tous breton avant 1939 .


Avec ce nom passe-partout Fleitour ,( qui veut dire en breton joueur de flûte et se prononce fleiter) je suis aussi à l'aise à Paris qu'en Finistère. Les photos de mes tantes comme de mes grands-mères avec leurs coiffes ne figurent plus sur les buffets. Il y a souvent une réticence à se dire bretonnant, son côté désuet, et ringard éloigne bien des bretons de Paris. J'ai moi-même baigné dans cette culture, visant à tourner la page.


Xavier Grall, tourne la page inverse, celle de son indignation envers Paris, celui des citadins, celui des rames de métro qui hurlent un certain désespoir, souvent la solitude. Mon Paris et celui de 68, et plus tard le point de départ pour des voyages lointains. Xavier Grall tout en embrasements, et en passions, n'a pas trouvé la quiétude dans cette métropole, sale parfois, il y avait des bidonvilles autour de Paris en 68, La Courneuve par exemple.


Mais Paris est aussi son point de départ, la cristallisation de toutes ses rancoeurs, le début d'une quête, c'est comme cela que j'ai lu le Barde Imaginé, un éloge de la marche, un retour sur soi, la quête d'un renouveau.
Le pire des crimes dit-il page11, "c'est le surplace, ne pas avancer, rester toujours là comme ça, collé aux chaises et aux villes, comme une chose stagnante une glaire de vieux. Moi je marche, je progresse, je nomadise, j'erre, je vais. Toute marche est une marche spirituelle."


Ce retour à ses sources les plus intimes, c'est la redécouverte des émotions les plus charnelles celles que l'on goûte au contact des personnes simples, les plus directes, au contact avec la nature bienveillante : " je choisis, à l'odeur, les auberges perdues, les vieilleries bistrotières, celles qui sont tièdes comme les granges, les estaminets paysans qui fleurent le froment et le tabac à priser " page 12.


Chercher son âme, quelle idée saugrenue ? Mais pas pour Xavier Grall. Dans cette marche, le poète revit, tel le bohémien de Rimbaud, là où les étoiles au ciel avaient un doux frou-frou.
"C'est l' âpreté des rochers à fleur de poussière", la pauvreté de cette géographie maritime qui peu à peu pénètre sa pupille, les mots de bonheur qui montent à ses lèvres .

Plus loin aussi c'est l'uniformité des vastes supercheries de l'anonymat, la perte de notre diversité, qui pulvérisent sa bonne humeur, là où la Bretagne peut-être a perdu une partie de son identité.

Ainsi passant par dessus ses cris de haine, on accède alors à la prose poétique de Xavier Grall qui sait si bien brocarder la maréchaussée, et magnifier la nature sauvage ses odeurs, ses couleurs et ses secrets.

"Aujourd'hui je suis vêtu", "d'une moquette de landes", "et j'écrivis."

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