Lorsque l’aube le dispute à la nuit, les dernières vapeurs d’alcool s’évaporent, ne laissant de l’allégresse qu’un amer souvenir. Après la plénitude des sourires fraternels, le vide. Après le bruit enivrant des clameurs et des rires, le silence.
Une fois de plus, la défaite vint au rendez-vous des conquérants du plaisir. Après avoir fêté la nuit durant l’événement, l’habitude mordit le peuple, une nouvelle fois. Quand le festin devient l’usage, la saveur tourne à l’amer. Dans les rues pleines de détritus, des corps inertes jonchent le sol, leurs poitrines animées pour seuls signes les différenciant des morts.
Quel sort réserver à des hommes aux mains ensanglantées pour avoir défendu tous ces braves gens ? L’opprobre de leurs congénères, bien sûr, si vite portés à les traiter d’assassins, oubliant qu’ils les avaient eux-mêmes envoyés combattre pour leurs propres intérêts. Alors, sans futur, lui et ses innombrables frères attendaient dans cet étrange nulle part qu’une force quelconque daigne rompre le fil de leurs existences.
C’est notre monde qu’il a écroulé quand nous avons appris pour lui, oui ! Pour nous avoir pris notre fils, ils nous ont donné une médaille. Comme si ça allait le faire revenir. Sa saleté de décoration, on l’a mise autour du cou du coq. Depuis on l’appelle général coco !
Nous n’avons même plus de quoi nous nourrir. Les quelques fruits et légumes que nous cultivons ne suffisent pas pour les gens par ici. Et encore, ça, c’est quand vos amis ne viennent pas les voler pour les donner à vos soldats !
Lorsque le devoir est synonyme de plaisir, c’est sans doute cela que l’on appelle le bonheur.