La nausée qu’il éprouvait devant l’amour s’était étendue à ses succédanés et l’avait transformé en un propagateur d’illusions qui concevait les rapports sentimentaux comme des forêts d’où il fallait s’enfuir juste avant d’y être englouti. Le désir d’une âme sœur gisait à bout de forces dans le coffre de sa mémoire, mais refaisait parfois surface pendant la lecture d’un roman et devant les spectacles gratuits offerts par la nature.
— Le miroir ne reflétait pas qu’une seule femme.
— Il a mis en évidence un dédoublement. Les deux femmes représentent la cruauté et la faiblesse. Elles sont complémentaires : qui est faible est toujours cruel.
La vérité doit être dévoilée peu à peu, car l’homme a l’affreuse habitude de salir ce qu’il a du mal à comprendre.
Le seul amour capable de te faire sentir vivant est celui qui te procure de la souffrance. Qu’en amour les personnes revendiquent la sincérité, tout en préférant vivre dans le mensonge. Et que le véritable amour ne peut exister, sinon la mort n’existerait pas.
Tu ne peux pas encore savoir où tu aborderas. Mais celui qui commence à chercher ce qu’il aime finira toujours par aimer ce qu’il trouve. Tu te mets en marche vers l’est et il se peut que tu rejoignes l’ouest. Cela n’a pas d’importance à présent. L’important, c’est de se mettre en marche. Autrement, tu n’arriveras nulle part. Et tu passeras le restant de ta vie à te mépriser en pensant à ce que tu aurais pu être et que tu n’as pas été. Le but initial du voyage n’est qu’un stimulant pour partir.