"Quand, dans une course où se joue notre vie, on prend la décision de tourner à gauche plutôt qu'à droite, peut-on avoir la prétention de penser que c'est notre libre arbitre , et lui seul, qui nous mène ? Non, bien sûr."
Pour faire simple, il existe deux formes d'ambition : la Lego et la Playmobil. La Lego représente les gens très ordonnés, prêt à monter des châteaux, alors que la Playmobil s'apparente plus à ceux qui son qualifiés de grands rêveurs, qui aiment se laisser surprendre par la vie et ses aléas.
C'est typiquement la vie de Cécile, d'un côté et José de l'autre. José se laisse porter par ses désirs. Sa nouvelle lubie ? Vendre des petites fèves à des collectionneur et ainsi toucher le pactole !
Cécile, elle, ne le comprend pas. Elle souhaite plutôt monter son entreprise et s'imagine très bien dans la peau d'une femme d'affaire. Elle décide de le quitter.
On va alors suivre les deux errances, ponctuées de leur dose d'humour, de fatalité, d'émotion et de choix différents.
Parallèlement à ces deux personnages, nous avons un homme du temps néolithique qui n'a pour seul but que de retrouver la Pierre percée originelle. Il se battra pour son ambition et mélangera habilement les deux sortes contemporaines que représentent nos deux héros.
Il sera malmené par sa femme et sa troupe, il sera face à des choix coriaces ainsi qu'à des énigmes lui mettant des bâtons dans les roues, et surtout, un élevage de chèvres va bouleverser son destin.
Et évidement, il est toujours présent même quand on ne parle pas de lui, nous retrouverons un narrateur exceptionnel qui a une place importante dans ce roman. Une mise en abîme rondement menée nous fera comprendre les clés de
l'ambition. Et si nous n'étions que des marionnettes ?
C'est avec une écriture très littéraire et un exercice de style sans faille que l'auteur de L'écologie en bas de chez vous nous emporte dans cette aventure contemplative et pourtant non dénuée d'actions. On s'y laisse mener avec un plaisir qu'on a du mal à qualifier tant il est agréable et surprenant.
Avec des réflexions sociologiques loin d'être dénuées de sens l'auteur fait passer des messages que le lecteur peut saisir à loisir. C'est une lecture à différents degrés qui est ici proposée, un essai sur
l'ambition et l'envie de réussir. Oui, un essai. Pourquoi pas après tout ?
A la manière de
John PERRY, l'auteur nous parle de procrastination, à la manière de
Etienne KLEIN il sait nous parler du temps qui passe, à la manière de
Platon il nous propose une allégorie revisitée, à la manière de
Jean-Paul SARTRE il nous suggère une théorie existentialiste…. Et la liste est longue, et non exhaustive.
Quand il parle des générations passées et présentes, et qu'il nous laisse imaginer la future :
"Pourtant, à observer nos jeunes monstres se trémousser sur de la musique standard, échanger des platitudes en roucoulant comme des robots, fumer avec de grands gestes d'autruches, à les voir gober dans leurs gorges roses des alcools en prenant des airs de maîtres du monde, je supputai que les Y étaient d'une banalité comparable à celle de leurs ancêtres, les hommes des générations précédentes, les X, les W, les T, les R…"
De plus, qui n'a jamais pris quelques cours de rattrapages ? Certaines scènes deviendront peut-être cultes, alors jetez-vous sur ce bijou de littérature qui s'offre à vous.
Lisez
Iegor GRAN, et philosophez sur
l'ambition, qu'elle soit Lego ou Playmobil.
Ouvrage disponible aux éditions P.O.L à partir du 22 Août 2013.
Lien :
http://lireaujourlejour.word..