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EAN : 9782818054345
272 pages
P.O.L. (06/01/2022)
3.44/5   16 notes
Résumé :
"Quand l’homme est mangé cru, il est moelleux sous la dent, sa chair est délicate, et je ne sais jamais quel vin choisir."

Ainsi commence le stupéfiant monologue qu’Alix livre à son journal.

Jour après jour, elle retourne à son obsession, se retient de passer à l’acte, domestique l’envie androphage. Quand ce n’est pas l’écriture qui lui sert d’exutoire, c’est son supérieur hiérarchique au ministère de la Culture qui fait office de parat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Bleu, saignant, à point ou bien cuit ?
Je pose cette question car je suis un peu à jeun d'idées pour le plat du jour proposé à la carte d'Iegor Gran : la viande d'homme... et celle de son chef de service en particulier.
Alix décrit dans son journal son obsession : un gueuleton andropophage.
Cette femme travaille dans un département du ministère de la Culture aux missions obscures, ce qui est un peu un euphémisme dans ce secteur. L'équipe est constituée uniquement de femmes, encadrées par un homme, manager falot qui n'a rien du mâle dominant et misogyne mais qui va payer pour l'ensemble de l'espèce.
Bon, les boss ont été inventés dans les organisations pour concentrer les critiques, incarner les injustices, les passe-droits et être à l'origine de tous les dysfonctionnements de la Terre. S'il y a bien un sujet qui fait l'unanimité autour des mugs de thé vert, c'est bien la nullité du N+1.
Comme Alix a bien conscience que son fantasme est un peu outrancier, elle tient un journal pour exorciser ses pensées trop protéinées.
De façon plus ou moins consciente, Alix va devenir une cheffe de meute et exacerber un féminisme radical parmi ses collègues. le premier acte militant sera d'imposer à tout le personnel des menus végétariens au self du lundi au vendredi. le sandwich paté-cornichon entre en clandestinité. l'absence de reconnaissance du ventre. Un comble pour les appétits carnés de la narratrice mais cette première victoire va donner des ailes aux amazones de l'open-space qui vont multiplier les rébellions contre la domination patriarcale au travail.
Alix va tomber amoureuse d'une consoeur mais cela ne va pas la ramener à de meilleurs sentiments.
Toujours aussi drôle et provocateur, Iegor Gran m'a tenu en haleine pendant tout son récit car dès la première page, une question taraude le lecteur. Est-ce qu'elle va vraiment bouffer son chef ? On imagine le pire, on espère le meilleur (morceau) et on assiste peu à peu à une dérive vers l'absurde, ou quand l'intelligence collective devient la somme de bêtises individuelles. Coluche parlait ainsi de l'esprit d'équipe. Il y a une équipe et un esprit. Alors, ils partagent… Dans la vie de bureau, j'appelle cela la pensée du post-it.
Si l'auteur s'amuse sur le fond à aérer nos morales et à humilier toutes les radicalités, il se permet aussi des originalités sur la forme. C'était déjà la marque de ses précédents romans. Ici, il propose des QCM existentiels et décalés en fin de chapitres qui appellent plus de sourires que des réponses.
Bonne bouffe. Dommage de ne pas pouvoir acheter ce bouquin avec des tickets restaurants.
Bartleby avec une serviette autour du cou.
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I. Gran n'aime pas le conformisme ennuyeux. Pour le coup on est servi : Alix est lesbienne (elle n'aime pas ce mot), fonctionnaire, émancipée (et non pas affranchie), elle refuse le machisme dominant, et elle aime la viande. D'ailleurs quel goût ça a l'humain ? Néanmoins, elle défend l'idée d'une cantine végétarienne. Elle rêve d'écriture, elle commence par tenir un journal intime : génial, drôle, moderne, surprenant. Et quelle bonne idée ces sortes de sondage personnel à la fin de chaque journée. Lecture pas commune, que le cerveau redemande quand il déteste les diktats.
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Quel écrivain singulier que ce Iegor Gran ! Si vous n'avez jamais lu un de ses livres, permettez-moi de vous conseiller de ne pas commencer par ce Journal d'Alix. Pourquoi ? La verve humoristique de l'auteur, incisive, peut dérouter. Pour en comprendre les origines, la lecture de Les Services compétents (1) s'impose. Iegor Gran a choisi de relater sa petite enfance loin de toute complaisance, de toute victimisation ou misérabilisme, aux antipodes de l'autofiction. Car Gran est né en URSS. Et son père a été envoyé au goulag pour délit d'opinion (dans ses écrits), laissant sa courageuse mère affronter la police politique. le voilà racontant cette histoire du point de vue des membres de cette police, un retournement paradoxal, bien sûr ironique et ô combien pertinent in fine.
°
Dès lors, on comprend sans peine l'allergie viscérale de Iegor Gran à tout ce qui ressemble de près ou de loin à la police de la pensée, aux idéologies et aux sectarismes de toute nature. S'il canalise sa colère dans la dérision, il n'en demeure pas moins mordant. On songe à l'un de ses premiers romans, ONG !, dans lequel les bonnes intentions de deux associations basculent dans la rivalité et la haine ; on songe aussi à L'Écologie en bas de chez moi (avec lequel j'ai découvert l'auteur), plus léger dans le ton, tout aussi sévère dans le diagnostic (et désopilant) ; sans oublier ses deux pamphlets sur la pandémie, où, cette fois, il se lâche sans retenir ses coups.
°
Le Journal d'Alix s'attaque frontalement à ce travers de notre époque qui consiste à transformer le militantisme en une somme de préjugés violents et agressifs, mâtinés de paranoïa victimaire, jusqu'au pire. Iegor Gran recourt à sa méthode préférée, encore une fois la dérision, extrêmement vive, en rédigeant le pseudo-journal d'une jeune femme tellement convaincue d'être la victime des mâles qu'elle en arrive à avoir des fantasmes "androphages" (anthropophagisme… d'hommes). Nul doute que la polémique va aller bon train !
°
Il n'est jamais confortable d'être confronté à nos excès, à nos préjugés, à nos convictions devenues parfois rigides et inflexibles. Iegor Gran a l'immense mérite de nous bousculer… toujours avec humour – à condition que nous fassions preuve de sens de l'humour, un art qui se perd !
°
(1) J'avais chroniqué ce livre sur Babelio (impossible de coller ici le lien, désolé…)
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Connaissait pas ce gugus: marrant! On a passé un bon moment ensemble certes c'est très beauf enfin beaufE (française stupide et bornée) mais très juste aussi et donc on s'est laissé faire surtout qu'aidé par la prose simplette d' Alix ça se lit vite.
On connaît tous la blague du cannibale qui dit à son fils de reprendre un peu de sa mère s'il l'aime beaucoup avec Gran c'est la même chose mais au féminin.
Quand on aime la viande on en reprend!
Gran s'attaque ici à l'autovictimisation féminine, cheval de bataille du militantisme lesbien avec en corollaire les inévitables agressions à l'égard de l'autre: le mâle. Agressivité ici exercée sur le chef dénommé le «singe alpha» et grosse envie d'Alix de lui exploser les «corones» car un peu mou, un peu lâche, faux- derche et amateur de bidoche
Les circonvolutions verbales et misandres utiles pour déprécier l'autre, pour attaquer ses pseudos valeurs passent par la culpabilisation du repas carné du prédateur: l'homme, à la cantine. le lynchage de l'élément faible de la phallocratie et l'amener à l' hyporexie fatale. Et donc cantine végane !
En parallèle la recherche de l'âme soeur. Pas facile si on veut éviter les méthodes efficaces du mâle mais, phallocratiques et patriarcales, basées sur la domination il faut du doigté.
Les dominées deviennent dominantes et prédatrices
En sous-main, on sent beaucoup d'ironie sur les ateliers d'écriture très en vogue dans notre décennie qui accréditent le besoin de se confier, de parler de soi, de pleurnicher, d'ériger en acte héroïque le moindre fait sociétal, de s'autosuffire, de s'autoapprécier bref de créer de l'autofiction quand on n'a rien dire on peut toujours parler de soi: le temps des grands taiseux est passé et celui des prêtres confesseurs aussi!
La faim vient en mangeant
« Quand l'homme est mangé cru, il est moelleux sous la dent, sa chair est délicate, et je ne sais jamais quel vin choisir. »
Un petit peu stressant sur la fin mais la psychologie de Gran même si elle est primaire correspond bien une certaine réalité
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J'ai été un peu décontenancée par ce livre, qui est un ovni.
Prêté par un ami, je me suis un peu forcée à le lire, et je crois que si c'était moi qui l'avais acheté, j'aurais laissé tomber.
Mais dans le même temps j'ai trouvé ça plutôt agréable à lire ! :-D

C'est vraiment comme un journal écrit sur un Moleskine, avec de très courts chapitres, et un petit questionnaire assez amusant à la fin de chaque chapitre.

Alix est fonctionnaire, et travaille dans un bureau entourée de femmes, avec un chef homme. Dès le départ elle nous parle de son envie de manger de la chair humaine, d'homme plus précisément. Enfin, elle en parle son journal plus exactement.
Lesbienne, elle en pince pour une jeune femme du service nommé Apolline.
Elle participe à un atelier d'écriture, elle nous raconte comment une de ses collègues partant la retraite a réussi à mettre en place une cantine végétarienne. En gros un journal qui relate une vie assez classique.

Au début sur la forme j'ai trouvé ça amusant, mais je n'ai pas été passionnée par ce qu'elle racontait.

J'ai beaucoup pensé au côté absurde de d'Amélie Nothomb, aussi construit et cultivé.

Disons que ce n'est pas un livre qui me laissera vraiment un souvenir, c'est trop éthéré. Et je n'ai que moyennement compris où l'auteur voulait en venir !
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critiques presse (2)
LeMonde
14 septembre 2022
Voici un ouvrage qui se donne à lire comme une pièce à conviction : le carnage à venir n’y est-il pas flagrant ? Iegor Gran, moqueur et troublant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
17 janvier 2022
Une fable totalement incorrecte d’Iegor Gran qui imagine un désir fou d’androphagie.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J’ai analysé plus tard : il est de ces femmes qui sont des complices naturelles des hommes ; elles agissent en chevaux de Troie : elles s’infiltrent derrière nos lignes et sèment la complaisance avec leur statut de poule
pondeuse. Elles avancent sous la bannière de la féminité, car elles pensent être femmes, mais en réalité elles sont pires que les hommes.
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Pour commencer, trucider un nonagénaire est un acte inutile. C’est prendre beaucoup de peine à accomplir ce qui s’accomplit déjà tout seul, par la force des choses.
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Entre Sabine et Apolline, je choisis Apolline, avec son adorable petite poitrine qui rime avec mandarine et n’a pas besoin de soutif.
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Passé un certain âge, tout le monde se surveille, et les repas deviennent une lutte permanente contre soi-même.
Les femmes, surtout, perdent du temps à se frustrer : ça arrange bien le système car c'est autant d'énergie en moins pour se révolter.
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toute obsession est une forme d'auto-esclavage, même si dans mon cas, je parlerais plutôt de libération de la parole longtemps refoulée
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Videos de Iegor Gran (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Iegor Gran
Iegor Gran vous présente son ouvrage "L'entretien d'embauche au KGB" aux éditions Bayard récits. Rentrée Sciences-Humaines 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2993521/iegor-gran-l-entretien-d-embauche-au-kgb
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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