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Des morts-vivants en chapka !
Comme je n'ai pas appris le russe, je m'étais dit que les Z peinturlurés sur les blindés signifiaient « Zébu trop de vodka » mais apparemment zé pas za.
Quand je pense zombie, je vois des cadavres débraillés avec des gueules de lendemain de cuite qui carburent au carpaccio, effets secondaires d'un nouveau virus chinois ou extra-terrestre.
Et bien, ici, il faut oublier le pop-corn et la jolie fille blottie contre soi sur le fauteuil à côté, qu'il faut pelot… pardon rassurer pendant le film en lui susurrant que ce n'est que du cinéma. Pas une petite toile romantique mais un pamphlet percutant contre le pouvoir russe et sa raspoutitsa nationaliste.
Iegor Gran a pris l'habitude dans ses livres de transformer ce qui l'horripile en romans jubilatoires (« La revanche de Kévin », « le voyage d'Alix…). Si j'avais été beaucoup moins convaincu par ses deux essais coups de gueule sur le COVID, je trouve qu'ici que son attaque frontale contre le pouvoir russe et surtout la complicité de son peuple concernant la guerre en Ukraine était aussi édifiante qu'éclairante.
On sent dans ces pages une vraie colère, que ces lignes ont été écrites en réaction immédiate au déclenchement des hostilités. DCA littéraire. L'approche est donc subjective mais il est difficile de lui reprocher d'avoir la rancune tenace quand on sait que son père fut un dissident Goulaguisé qui dut s'exiler en France avec sa famille. Son histoire est d'ailleurs magnifiquement racontée dans le très drôle « Les services Compétents », un très bel hommage que je recommande vivement.
Ici, l'auteur délaisse son humour mais n'abandonne pas son ton ironique pour un essai qui vise à rompre le cou du mythe du dictateur fou qui n'obtient le soutien de son peuple que par la terreur et l'oppression. Il part du constat qu'une majorité de russes soutient Poutine, l'invasion de l'Ukraine et gobe tous les bobards de la propagande au mépris des évidences. Les opposants au régime ont certes la vie moins facile que la mort mais ils sont surtout peu nombreux dans un pays de 143 millions d'habitants.
L'auteur décrit de l'intérieur le lavage de cerveau généralisé de la population par une réécriture de l'histoire qui flatte depuis des années la fierté nationale et soigne le traumatisme post-soviétique, par des émissions de télévision à la solde d'un pouvoir qui ne s'embarrasse pas de messages subliminaux.
Raconté façon reportage gonzo et halluciné, Iegor Gran multiplie dans son texte le récit de faits divers qui semblent sortir de la quatrième dimension et des échanges avec des connaissances zombifiées dès que la question de l'Ukraine est évoquée.
Certains ne sont pas dupes des outrances mais justifient cette propagande pour nourrir le fantasme de la renaissance de la Grande Russie, nostalgie d'un Empire aussi émietté qu'un crumble.
Et puis, quelle fierté de se figurer en dernier rempart contre la décadence de l'Occident… un coca Zero à la main !





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Tu as pris goût aux Zombies, m'a dit Doriane. Sauf que ceux-là sont bien réels, très nombreux, et qu'il sera bien difficile de les faire revenir à un état d'homme. Et que ce texte de Iegor Gran ne m'a pas fait rire du tout.
L'auteur est russe de naissance, fils de dissident. Il a raconté dans « Les services compétents » la chasse à l'écrivain dont a été victime son père pour divulgation de textes anti soviétiques. Je vous conseille d'ailleurs ce livre, à l'humour grinçant.

Ici, l'humour est absent. L'auteur analyse la folie qui s'est emparé du peuple russe, suite à l'invasion de l'Ukraine. Tout ce qu'il expose dans son livre est basé sur des témoignages, des extraits d'émissions, des pages internet, qu'il a pu lire directement en langue russe et est donc malheureusement avéré.
On découvre un peuple dans sa majorité, le cerveau lavé par des années de propagande de la télévision russe, complètement gagné aux idées de Poutine, approuvant « l'opération militaire en Ukraine », convaincu de la supériorité du peuple russe sur l'occident, méprisant envers les faibles, reniant le mot tolérance, et proclamant « La Russie est partout »
Il pointe du doigt le fait que cette Zombification concerne toutes les couches de la société, y compris des intellectuels, des journalistes, des professeurs, des personnes parlant des langues étrangères, ayant donc accès à d'autres sources d'informations. C'est encore plus inquiétant.

Ce texte est un cri, cri de colère, cri d'avertissement. Toute tentative de l'occident de « faire les yeux doux à la Russie » est vue par celle-ci comme un signe de faiblesse et l'encourage dans son isolement et son comportement visant à rétablir la grande Russie.
L'auteur n'y déploie pas la même verve ironique que dans ses romans. Peu de recul dans ce constat à chaud, qui m'a laissée effrayée, mal à l'aise avec cette vision très noire de la société russe.
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Parler de zombies à quelques heures d'Halloween pourrait être de circonstance.
Il se trouve que ceux que je convoque dans cette chronique, - ou plutôt ceux que convoque Iegor Gran dans son dernier essai Z comme zombie, sont malheureusement plus vrais et plus dangereux que les fameux personnages de légende qui peuplent notre imaginaire collectif.
Faisons tout d'abord un petit pas de côté vers la définition de zombie et après avoir lu ma chronique, je vous invite à y revenir. Une de mes lectures du moment se déroulant en Zambie, elle m'a offert ce matin la définition idéale pour illustrer le propos de cet essai :
« L'idée de zombie est née au royaume du Kongo puis elle s'est propagée dans le Nouveau Monde, apportée par les bateaux d'esclaves : nzambi (un Dieu) ou zumbi (un fétiche) - quoi qu'il en soit, cela n'appartient pas au monde des vivants. Ressuscité d'entre les morts par un sorcier, un bokor, le zombie est un esclave dépourvu de volonté. Il peut être envoyé pour accomplir une tâche ou tuer un voisin. C'est une bête invincible condamnée à errer par-delà le monde en commentant le mal par procuration. Quand un zombie vous attaque, plante ses crocs dans votre chair, sait-il ce qu'il fait ? Pas vraiment. »
Ce petit livre qui se veut être un pamphlet, dans le noble sens du terme, a été écrit et publié quelques jours après le 24 février 2022 date qui marque l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Il a été écrit comme une urgence et une nécessité de comprendre et de relater. À ce titre il est une clef indispensable pour décrypter les causes profondes de cette guerre qui ne voulait pas dire son nom et qui ne commence pas réellement ce jour-là.
« Certes, tous les Russes ne sont pas comme ça » Iegor Gran a pris quelques précautions d'usage en exergue de son essai. Cet écrivain russe, né à Moscou, est le fils d'un écrivain dissident, Andreï Siniavski, envoyé jadis au Goulag par le KGB. Ses détracteurs pourraient dire qu'il a de bonnes raisons personnelles d'être russophobes. D'ailleurs, le fait d'être passé au Goulag ne garantit pas en soi une caution morale et de probité à toute épreuve, la preuve : Alexandre Soljenitsyne. Ouf ! Plus tard, l'auteur confirme ce que je pensais du célèbre et sinistre dissident et qui a jeté de la poudre aux yeux à tout l'Occident et à de nombreux lecteurs... Cependant Iegor Gran n'est pas russophobe et son propos atteint bien largement la sphère universelle qui nous concerne tous...
Tout part de de ce Z peinturluré en blanc sur l'avant des chars russes et que nous avons tous découvert à travers ces premières images du conflit, quelle intention se cache derrière cette lettre et qui a gangrené le cerveau d'une majorité de Russes ?
Z comme zombie.
En cent-soixante-dix pages, Iegor Gran montre l'effet de la propagande que conduit Vladimir Poutine en « bon » père de la nation et du peuple russe et qui pervertit les esprits de toutes les couches sociales, y compris les plus avertis.
Iegor Gran explique qu'en Fédération de Russie, une majorité de Russes, - qu'il désigne sous le vocable de zombies, gagnés par la folie nationaliste, préfèrent le mensonge à la vérité. Ceux-ci véhiculent à leur tour les mots d'opérations militaires spéciales, et non de guerre, pour ne pas dire d'opérations humanitaires justifiées pour délivrer, dénazifier l'Ukraine, cette terre qui leur est fraternelle et qui appartient à la grande Russie. Et quand on leur présente les images trop nombreuses de massacres de civils, ils répondent par les mots si bien appris de fake news. Ils sont convaincus que ce sont les soldats ukrainiens qui bombardent eux-mêmes les habitations des leurs.
Ils haïssent l'Occident, ce « grand Satan », tout en étant séduits par ses produits, se gavent de MacDo et considèrent que les frontières de la Russie n'ont d'autres ambitions que d'être repoussées encore plus loin. Mais jusqu'où ?
Pourquoi cette guerre en Ukraine existe-t-elle ? Pourquoi le peuple russe ne se révolte-il pas, alors qu'il y a de nombreuses familles composées des deux peuples qui aujourd'hui s'affrontent sur le champ de bataille ?
Pourquoi le narratif de Poutine a-t-il eu un tel écho favorable auprès d'une large majorité du peuple russe pour justifier cette « opération spéciale » en Ukraine ? Pour quelle raison cela prend-t-il aussi facilement ?
J'ai découvert par ce livre que la censure n'existe pas vraiment en Fédération de Russie. Selon l'auteur, les Russes semblent pouvoir avoir accès autant qu'ils le voudraient bien, à tous les réseaux sociaux de la planète, à Internet, sans vraiment de limitation... Mais en ont-ils la volonté ? Et sont-ils en capacité d'exercer leur libre-arbitre ?
Un hashtag explicite, #JeNaiPasHonte, est d'ailleurs venu fleurir les réseaux sociaux comme un cri de ralliement, depuis l'invasion de la Russie en Ukraine.
Ce livre est un pamphlet brutal et direct comme un uppercut, décapant, furieusement efficace, il est un réquisitoire implacable contre une forme de folie, de bêtise aussi, qui vient nourrir une violence sous-jacente, effroyable.
À renfort de faits et de témoignages accablants, Iegor Gran démontre comment Poutine utilise ces nationalistes parmi le peuple russe, tels des zombies, pour transformer une sorte de misère sociale en sentiment exacerbé de revanche, de vengeance, en violence retournée vers l'Occident qui est désigné comme le bouc émissaire, nourrissant, justifiant ainsi des velléités d'impérialisme comme exutoire à la misère.
Tous les faits qu'il partage sont ahurissants, on ne sait pas s'il faut en rire ou s'en effrayer, les deux sans doute quand le monde des zombies devient vrai, les dictatures ont toujours ce côté ubuesque en filigrane.
Il y a des histoires plus folles les unes que les autres, saisissantes, difficilement compréhensibles, difficilement acceptables de notre point de vue occidental car nous ne les regardons pas avec les mêmes lunettes.
« Alors il faut bien l'admettre : notre zombie a choisi d'être zombie. »
Iegor Gran montre le processus de zombification d'un peuple, entendez par là : lobotomisation. Il explique le rôle des médias, la propagande officielle, la télévision nationale russe, cette caisse de résonance effroyable que certains n'hésitent pas depuis plusieurs années à nommer là-bas de manière cynique : Zombocaisse.
Iegor Gran aborde les concepts de vérité et de mensonge, démonte les subtils mécanismes d'adhésion d'un peuple à la seule vérité qu'il veut entendre... Qu'importe la misère, il y a un discours transcendant qui tient du sacré, qui le galvanise, le porte, fait ciment...
Iegor Gran, à sa manière, démontre que la vérité est un sol qui aide à tenir debout.
Sur ce sujet, j'aurais aimé voir l'auteur creuser davantage ce sillon, les causes profondes qui se terrent derrière cette galvanisation, ce choix d'être zombie. Est-ce une réelle idéologie qui sous-tend ce comportement, n'y-a-t-il pas des dissonances cognitives effacées par la caisse de résonance poutinienne ? C'est mon seul bémol, mais ce n'était pas l'objectif de l'auteur que d'aller sur ce terrain d'analyse complexe, il faudrait presque un autre ouvrage et un spécialiste du sujet pour décrypter ces comportements de masse.
La question slave, aussi, qui est loin d'être simple, pourrait s'inviter dans l'idée que Poutine soit capable de tenir son discours jusqu'à Vladivostok, alors que le peuple russe n'est pas constitué que de slaves. Une fracture ici pourrait un jour se produire...
Cependant, Iegor Gran nous met en garde de ne pas tomber dans le bon vieil adage qu'on entend souvent à propos de cette actualité : « plus le mensonge est gros, plus il passe ». À ce sujet, la référence à un discours de Goebbels au congrès de Nuremberg en 1934 fait froid dans le dos... Qu'avons-nous retenu des leçons de l'Histoire ?
En creux, résonne forcément la voix de la minorité que l'auteur ne nie pas et qu'il ne faut pas surtout oublier. D'ailleurs, si l'auteur a pu se documenter avec moultes détails aussi précis qu'affligeants, c'est grâce à ses amis et contacts russes demeurés là-bas. C'est sa source d'informations.
La forme du propos pourrait être jugée excessive, il n'en demeure pas moins le fond, un regard implacable qui décortique le fonctionnement de la société russe sous l'angle non plus de son appartenance à une nation, mais celui d'un asservissement à un narratif qui trouve sa genèse bien avant le conflit ukrainien.
Oui, c'est un texte outrancier qu'on sent emporté par une colère, une rage très vive. Mais Iegor Gran ne répond-il pas par l'outrance à l'outrance de la propagande russe, d'un peuple certes manipulé, mais qui joue de manière jubilatoire dans une complicité complaisante, une servitude volontaire et totalement assumée ?
Et n'allez pas croire que ce discours se tient uniquement sur le sol russe. Nous connaissons mon épouse et moi une femme russe qui travaille au supermarché de notre commune. Nous avions sympathisé, échangeant notamment sur la littérature russe classique et ses grands auteurs ; j'avais senti une femme très cultivée, très érudite, dont la fille était sortie première d'un concours de piano au conservatoire de Brest ; c'est elle qui m'avait notamment encouragé à lire le Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov. Mon épouse a été totalement sidérée d'entendre de sa propre bouche que Poutine avait raison de conduire cette opération spéciale en Ukraine et qu'elle lui donnait entière confiance. On ne pourra pas la taxer d'être désinformée, d'autant plus que cela se passait quelques jours après la découverte des exactions des soldats russes contre des civils à Boutcha ! Inutile de vous dire que la relation n'est désormais plus possible avec cette personne qui, précisément entre dans la définition de zombie, une zombie finistérienne...
Eogor Gran nous montre que ce vent mauvais incarné aujourd'hui par Poutine, - Poutine qui n'existe que parce que les Russes l'ont bien voulu, s'appuie sur de vieilles croyances d'un peuple qui se croit élu de Dieu depuis longtemps. Convoquant l'histoire et la littérature, il évoque notamment la campagne de Russie de 1812, que nous autres Français nommons la Retraite de Russie et que les Russes désignent comme la Grande Guerre patriotique, la victoire qui a su galvaniser ce sentiment de patriotisme unique en son genre. Il évoque Pouchkine que beaucoup d'intellectuels russes qui ne l'ont jamais lus brandissent comme un étendard pour justifier l'amour de la nation russe. Il évoque aussi Gogol en contrepoint, que peu de Russes lisent aussi, comme visionnaire ayant senti le danger du désir hégémonique de ce peuple, citant sa nouvelle sous forme d'un conte gothique, Une terrible Vengeance.
L'auteur n'évoque pas l'Holodomor, ce génocide provoqué par le pouvoir de Staline entre 1932 et 1933 pour faire plier la paysannerie ukrainienne jugée peu coopérante avec les autorités soviétiques. Ce génocide, qui fit entre 2,6 et 5 millions de morts, n'a jamais été reconnu par la Russie. Lors de mon premier voyage à Kiev en fin décembre 2014, ma future épouse voulut me faire découvrir deux endroits pour mieux comprendre les fondements de cette démocratie naissante : la fameuse place de la révolution Maïdan de février 2014 et le mémorial dans les hauteurs de Kiev qui rend hommage aux victimes de ce génocide. J'ai alors découvert une tragédie historique que j'ignorais totalement, invisible dans nos livres d'Histoire... M'est avis que les manuels scolaires des chérubins russes n'en parlent pas non plus... Je cite cela parce que les zombies dont on parle ici participent en nombre au prochain génocide que risque de connaître le peuple ukrainien, privé d'eau, d'électricité, de gaz, de chauffage dans l'hiver qui vient, et ce, malgré leur puissante résilience...
Dans cette résilience, il y a l'humour toujours intact des Ukrainiens. Ainsi, au 245ème jour de l'invasion russe en Ukraine, Vitaliy Kim, gouverneur de l'oblast de Mikolaïv rappelait : « Un pays qui a un poulet sur son drapeau ne devrait jamais envahir un pays qui a une fourchette sur le sien ».
Pour revenir à l'essai d'Iegor Gran, l'Occident en prend pour son grande aussi, décrit comme une « prostituée de luxe », pointant l'aveuglement de nos gouvernants, le silence des masses et les fractures autant de l'opinion qu'entre membres de l'Europe, ce que Poutine n'a d'autres desseins que d'espérer...
Jamais Poutine n'aurait lancé cette guerre contre l'Ukraine s'il avait senti un seul instant que nos démocraties étaient suffisamment fortes pour lui faire face.
Au final, une fois refermé ce livre, nous avons le sentiment que la Russie est un pays qui baigne dans un sentiment de folie et de bêtises. Édifiant.
Iegor Gran est pessimiste, et je le suis aussi. comme si ce peuple russe était emporté dans un chaos irréversible vers un suicide collectif programmé. Il ne voit pas comment arrêter cette aliénation de masse, cette tragédie aveugle.
Certes des Russes souffrent, s'exilent, manifestent, vont en prison, se taisent, boivent pour oublier, désertent sur les champs de bataille. Mais ils sont une minorité et sont impuissants à s'ériger contre la majorité qui leur fait face.
Ce qui se passe aujourd'hui en Russie n'est rien d'autre qu'un défi à l'intelligence, à l'humanité, à la lumière, aux Lumières.
Ce soir, j'apprends que les drones qui déversent des bombes sur Kiev ou Kharviv sont pilotés par des ados geek depuis Moscou comme si ces gosses jouaient sur des joystick. Qu'est-ce qu'on a pu leur dire à ces jeunes ? Qu'est-ce qu'on pu leur vendre comme avenir, comme rêve, comme bonheur à venir, à ces jeunes qui tuent à distance d'un seul clic, tuent ainsi d'un clic peut-être des enfants du même âge ? Édifiant.
Pour tout cela, ce livre est un pamphlet indispensable. Lisez-le, faites votre propre opinion.
L'auteur a su contourner, éviter avec habilité les risques de tenir un propos jugé à charge et sans nuance contre tous les Russes, même s'il nous livre ici un état des lieux implacable sur une majorité d'entre eux. Ses détracteurs se tiennent en embuscade et ne manqueront sans doute pas de tirer à boulet rouge contre le pamphlétaire.
En définitive, l'auteur nous laisse devant notre libre-arbitre. Il faut savoir faire ce pas de côté indispensable.
« Certes, tous les Russes ne sont pas comme ça ». Et je prends aussi à mon compte la mesure de ce propos. Mon épouse étant ukrainienne, ayant une belle-famille et des amis là-bas que la guerre a jetés dans l'effroi le plus total, j'ai cherché à peser tous les mots de ce billet pour éviter de tomber dans les amalgames et les stigmatisations. J'espère y être parvenu...
Alors, pour finir, n'avez-vous pas envie de revenir à la définition de zombie que je vous ai partagée en préambule ?

« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », Étienne de la Boétie, Discours de la servitude volontaire.
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Celui-ci, comme "Destin trafiqué", je n'ai lu qu'une critique sur Babelio, celle de dannso (merci Anne-Sophie) et j'ai su que je lirai ce livre dans la foulée. Passage à la librairie, j'ai pu récupérer "Destin trafiqué" mais j'ai dû commander ce "Z comme zombie". Voilà. Il est lu. Un coup de massue. Un pamphlet étayé.
.
Ne vous fiez pas au titre, ce livre n'est pas un livre de SF (même si au final je préférerais). Non le "Z" est celui qui apparaît sur les tanks russes. Les "zombies" ce sont ces Russes qui suivent, les yeux fermés, Poutine. Ceux pour qui attaquer l'Ukraine est une obligation sacrée. Voire une mission divine.
.
J'ai fermé le livre atterrée.... Je l'ai lu d'une traite. Je pense que je vais le relire plus posément. J'ai peur toutefois que ce soit encore pire à cette seconde lecture....
Soyons honnêtes, on est dans la réaction à chaud (je parle du livre), c'est très net. Mais le problème c'est que l'auteur multiplie les sources, à tout niveau de la société russe. Et ce n'est pas rassurant. Pour nous non plus....
On sent que l'auteur essaie d'alerter sur l'état de la société russe, cette "zomibification" qu'il décrit comme massive. C'est un cri pour alerter nos sociétés. Un texte court court, virulent, sans espoir.... J'espère qu'il se trompe.... sincèrement.....
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Z comme le Z peint sur les chars russes envahissant l'ukraine .
Z comme Zombocaisse, entendez par là, la télévision.
Z comme Zapad = Ouest (ce serait l'origine de la présence de cette lettre sur les engins militaires) par opposition à V de Vostok = Est mais aussi comme Zelenski Volodymyr….
Que signifie ce Z qui infeste les engins de guerre, les murs graffés, les tee-shirt arborés par certains et même la langue russe et donc l'alphabet cyrillique dont ils sont pourtant si fiers : DefenZe, MuZée… ?
Le Z désigne les zombies, des gens gentils, polis au demeurant jusqu'à ce que, malheur, vous ayez la drôle d'idée de parler de la guerre en Ukraine.
Quelle guerre ? Il n'y a pas de guerre ! C'est une OMS : Opération Militaire Spéciale voire même une opération humanitaire….
Iegor Gran décortique la société russe qui s'oppose. D'un côté, une minorité, qui regarde, effarée, ce qui se passe à l'ouest, les réactions des membres de leur famille, de leurs amis. de l'autre, les membres consentants de la « secte », décervelés par la propagande notamment télévisuelle qui sévit sans complexe depuis 2014, nourrie d'un sentiment de supériorité de la nation, de la langue russe, alimentée par une détestation absolue de l'Occident mais aussi des mous, des lokhs… des loosers.
Sur un ton souvent ironique, Iegor Gran n'épargne pas ses compatriotes qu'il cingle à tout va.
Il n'oublie pas non plus les responsabilités de l'Occident qui a force de compromissions, de lâchetés, en échange d'un gaz bon marché, a laissé passer beaucoup, beaucoup trop au point de sembler faible aux yeux du maître du Kremlin.
Un court pamphlet à lire absolument !
Merci à @bernie_29 pour sa citation et à @dannso pour son billet qui m'ont orienté vers cette lecture.
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Ce texte est le premier que je lis en français et qui montre se qui se passe en Russie depuis l'invasion de l'Ukraine. Cela correspond en tous points à ce que je trouve en ligne, sur facebook (curieusement je m'y suis mise pour la première fois le 24 février pour suivre de près et pour communiquer avec des amis russes via Messenger), Meduza et autres… Ce que vivent les Russes qui ne sont pas d'accord est assez difficile à imaginer, surtout dans la durée. Chaque jour ce qu'ils peuvent faire s'est réduit à peau de chagrin. Et de toute façon ça n'en vaut pas la peine, sauf pour se donner bonne conscience : comme Iegor Gran le montre, essayer d'argumenter face à un zombifié, c'est se heurter à un mur. Dans beaucoup de familles il y a deux camps (un peu comme en France pour l'affaire Dreyfus) et sur ce sujet il y a un très bon documentaire d'Andreï Lochak, Разрыв связи ( «la fracture du lien»), qui montre l'ampleur des dégâts psychiques.
Ce qui est sidérant, tant pour nous que pour les russes non zombifiés, c'est qu'on n'a pas affaire à une idéologie, comme le souligne l'auteur, et c'est pourquoi je ne suis pas entièrement d'accord avec la deuxième partie du livre qui reflète probablement plus ce que pensent les plus fidèles de Poutine et eux seuls. Cet été j'ai lu Contestation sociale à bas bruit en Russie de Karine Clément (paru en janvier dernier), il m'y apparaissait que le soutien à Poutine quoique affirmé n'était pas si solide que ça, puisque reposant pour chacun sur quelque chose de différent du voisin (ce qui est facilité par l'absence d'une véritable idéologie et en même temps empêche de faire émerger une idéologie dominante). le zombie russe a effectivement choisi d'être zombie, mais c'est probablement plus pour éviter toute dissonance cognitive que parce qu'il est formaté et convaincu. le réel n'a plus de prise sur eux, mais essentiellement parce qu'il leur fait trop peur. Comme le dit Anastasia, c'est comme s'ils étaient sous l'emprise d'une secte ou d'une drogue dure, l'auteur compare aux complotistes et je crois que c'est vraiment très proche (certains antivax sont allés très loin, n'en déplaise à l'auteur). Je trouve très rassurantes les audiences de you tube, d'instagram et de facebook malgré les blocages et les imprécations contre ces sites. Effectivement nul n'est inquiété pour cela, ce qui n'empêche qu'un Russe a été inculpé sur la base d'un post facebook d'avant 2007 !
Malgré mes divergences je rejoins l'auteur sur la nécessité d'une défaite russe pour dézombifier la population, mais je pense qu'ensuite la tâche sera bien plus facile que celle de dénazifier l'Allemagne en 45. le plus dur sera d'éliminer tout ce qui en a été le terreau, sans compter qu'à mon avis il y a du boulot pour les psychiatres !
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Les zombies sont des russes qui approuvent la mission spéciale envoyée en Ukraine pour la dénazifier, et ils sont nombreux ! le bourrage de crane médiatique des citoyens est énorme, mais il n'explique pas à lui tout seul leur comportement agressif et leur propension à considérer des faits objectifs comme des mensonges. L'auteur, avec de nombreux exemples nous montre l'ampleur de l'endoctrinement des consciences et nous livre un pamphlet qui pointe une trop longue bienveillance des européens face à Poutine.
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Propagande et désinformation. Russie Ukraine.

J'ai parfois un peu de mal avec certains livres. ici je me suis sentie très mal à l'aise en le lisant.
Sous couvert de nous expliquer la désinformation et la propagande que subissent les Russes, on se retrouve devant un pamphlet dans lequel l'auteur vomit un gloubiboulga haineux sur le peuple russe (l'expression est de l'auteur lui-même, je lui ressers, car son écrit ne vaut pas mieux).
L'auteur est le fils d'un dissident Russe et est arrivé en France à 10 ans. Donc je pense que, quelque part, cracher sur la Russie et les Russes doit être un sport familial.
Tout y passe, tous les clichés... mais rien n'est démontré. Pour montrer la décadence d'un peuple, on nous livre quelques faits divers.
Pour montrer qu'ils sont manipulés, on nous livre des témoignages qui pour moi ne valent rien (pas de dates, que des prénoms, et juste des faits rapportés).
Oui mais, de notre côté, ne sommes-nous pas manipulés aussi ? Les médias télés nous livrent tous aussi la même vision des choses (sauf Arte qui remet parfois l'église au milieu du village).
Les Russes sont-ils tous des méchants zombies à soutenir leur président dans cette guerre ?
Les Européens ne sont-ils pas tous aussi des gentils zombies à soutenir l'Ukraine, pays corrompu jusqu'à la moelle qui n'a pas respecté les accords de paix de Minsk de 2015.
Les Russes s'ingèrent dans les élections des pays, bah oui, c'est l'administration Clinton qui a donné le 2ème mandat à Eltsine.
Je pense que personne n'a le dessous des cartes de cette guerre sur Babelio, et je suis convaincue que ce n'est pas cette daube qui va faire avancer le schmilblik.
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Un Iegor Gran, plus rageur que cynique, plus amer qu'ironique, beaucoup moins drôle que ses habituels récits, un Iegor Gran vraiment dans la colère du désespoir, quand il s'agit ici d'évoquer le cauchemar de l'abrutissement par la propagande de la société russe, l'incroyable séduction des mensonges des médias officiels (en particulier cette télévision d'Etat, appelé dans ce texte « la zombocaisse »), les derniers autorisés, l'engourdissement des consciences refusant jusqu'à l'absurde l'évidence de la responsabilité poutinienne dans le déclenchement de la guerre et la réalité du sang versé. Un pamphlet bienvenu, qui s'appuie sur des faits et des paroles prononcés, pour mieux montrer l'horreur de cet endoctrinement, une dénonciation qui donnerait chair de poule à l'Orwell de 1984, un libelle qui surenchérit sur l'essai lucide et documenté de Galia Ackerman concernant la militarisation du peuple russe. Un Iegor Gran qui dénonce aussi la longue léthargie des pays occidentaux face à cette évolution dramatique, notre coupable compassion devant les « souffrances» de l'âme slave, toujours avancées comme des explications à cette tragique bêtification de toute une société… A lire d'urgence pour mieux nous convaincre, si nous avons encore un peu d'amour pour le monde russe, d'essayer de le dézombifier, tirant ses citoyens de cette condition de morts-vivants ! Bon, d'accord, ce n'est pas gagné d'avance…
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Voila une lecture qui pique! et qui est précieuse pour nous éclairer sur la vision que les russes ( la plus grande partie de la population) peuvent avoir de la guerre contre l'Ukraine. Les clés de compréhension nous emmènent loin dans le passé de la Russie....et l'auteur nous aide à en prendre conscience. A ceux ( dont je faisais partie) qui espéraient un dénouement par le soulèvement du peuple....just Forget it!
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