Le Levain

Il est parfois de belles découvertes dues au hasard, grâce en l'occurrence à un collègue de travail ami de Régis Grand. Il n'en fallait pas plus pour que « Le levain » arrive entre mes mains de lecteur assidu, et que je me lance sans aucune idée de ce qui m'attendait, ni aucun apriori.
Ma première impression, d'importance, fut que l'écriture était très belle. L'auteur possède indéniablement de remarquables qualités rédactionnelles, son style alliant avec bonheur richesse et fluidité.

C'est donc avec beaucoup de plaisir que je me suis plongé dans la vie de Vincent, personnage perturbé, né en colère comme le dit sa propre mère. La construction peu chronologique qui surprend au départ, prend tout son sens à mesure que l'on avance dans la lecture. Quelques grands écarts nous font remonter dans la généalogie du personnage principal, à travers les différents conflits que le monde a connus depuis 1870.
À chaque génération une histoire, qui pourrait entrer en résonance avec celle que vit Vincent à l'instant présent. Mais je ne veux pas en dévoiler plus sur la trame d'un récit surprenant dont l'intérêt ne faiblit à aucun moment.

Vincent a la faculté, comme Régis Grand semble-t-il, de vivre des expériences professionnelles très différentes. Professeur d'anglais, puis photographe, on le découvre principalement boulanger dans ce roman, ce qui n'est pas étonnant d'après le titre. L'évocation du milieu de la boulange est savoureuse, et pas uniquement en raison des descriptions de viennoiseries et de pain au levain. J'ai adoré découvrir ce que représente pour un artisan ce levain, précieusement entretenu depuis des décennies, considéré comme un membre de la famille à qui on donne un nom, véritable pierre fondatrice sur laquelle se sont construites des générations de boulangers.
L'image est jolie dans un récit qui mélange passé et présent, et fait la part belle aux fondations familiales.

Un magnifique roman, que j'ai dévoré... comme du bon pain.

Une lecture qui nous plonge dans le monde du "pain", avec une réflexion sur comment nos racines et nos origines influencent ce que nous sommes aujourd'hui. le style est plaisant et l'histoire est riche de personnages hauts en couleur. J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt et de plaisir les aventures professionnelles (et appris beaucoup de choses sur la fabrication du pain !) et extra-professionnelles de Vincent, à la fois héros et effectivement anti-héros de ce roman. Avec un proche qui travaille en boulangerie, j'ai eu un regard amusé en lisant toutes les mésaventures pour trouver un personnel « honnête », « travailleur » et « avec du bon sens ». Je me serais dit que ce « Vincent » n'avait vraiment pas de chance en tombant toujours sur des employés malveillants, mais vu ce que me raconte mon proche, la réalité semble rejoindre la fiction, avec beaucoup de problèmes de petits vols et malversations de la part de certain(e)s employé(e)s.
J'ai un petit peu moins accroché au choix de mélanger les histoires avec des ancêtres, qui même si elles sont bien décrites et intéressantes, ont rendu un peu complexe ma lecture. Il me semble qu'il aurait été plus facile de lire ce roman si les histoires étaient réparties en deux blocs, pour finalement se rejoindre à la fin. Ce n'est bien sûr que mon avis.
Petite surprise parfois, avec l'utilisation d'un vocabulaire assez "inhabituel"... et j'ai dû parfois regarder la signification du mot. C'est intéressant (on apprend des mots), et parfois un peu déroutant puisque le reste du récit est plutôt "classique".
En tout cas c'est une lecture que j'ai trouvée intéressante et agréable à suivre.

Le commentaire de Martine :
Un grand récit généalogique qui tourne autour de Vincent qui est tourmenté, hanté et occupé par la solitude et la quête d'une mystérieuse absence, qu'il ressent au creux de son ventre. Une vie de combats, de quêtes, de rebondissements, qui permet au protagoniste de trouver la rédemption qui lui pèse afin de s'en libérer.
En suivant la quête personnelle de Vincent, on comprend que l'humain porte en lui son passé, vit son présent et essaye de s'améliorer pour le futur. Vincent va affronter ses propres démons, ses manquements, il n'a rien du gars parfait. C'est ce que j'ai aimé dans ce roman, on retrouve un homme qui a fait des fautes, mais on apprend qu'il n'est pas le seul auteur de ses souffrances.
Un roman qui relate une parcelle de la vie de Vincent, un homme, qui à quelques moments, m'a fait m'interroger si, sur le réalisme de Vincent devait venir un peu de la propre vie de Régis Grand. Car après réflexion, pour donner une authenticité à un roman comme celui-ci, il faut que l'auteur puise dans ses propres expériences, je crois que c'est pour cela qu'il m'invoque un respect pour ce qu'il révèle.
La plume de Régis Grand est facile à lire, une plume qui se révèle tout au long des pages comme étant une plume nouvelle qui dégage une certaine maturité. J'ai aimé le personnage de Vincent pour son honnêteté, sa lucidité et sa résilience. Un roman que je vous recommande, écrit d'une nouvelle plume.
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