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Critique de sebthoja


Douve, Barjo et Dubus, trois soldats aux surnoms acquis durant la guerre d'Indochine. Farouchement engagés contre les velléités indépendantistes des populations coloniales, nous suivrons leur radicalisation en les retrouvant au moment des « événements » d'Algérie.
Naviguant dans les eaux troubles de l'extrême-droite française, nos trois compères vont suivre le parcours classique du mercenaire, et finiront par rejoindre l'OAS. Mais une fois les champs de bataille désertés, c'est une autre carrière qu'ils vont embrasser : « Une guerre qui ne dit pas son nom, mais qui, croyez-moi, peut s'avérer plus sanglante que celle que l'on mène avec de la poudre et des canons ». Après ces conflits militaires et politiques, « la guerre économique » peut commencer.

Sous le ciel lourd du Nord de la France, Berga, énorme usine implantée à Wollaing va nourrir la ville et ses environs durant des décennies, jusqu'à ce que les mutations économiques imposent d'autres projets à ces familles. Il va alors falloir trancher dans le vif pour organiser la fermeture de ce complexe sidérurgique : c'est pour cette raison que Douve a été engagé.
40 ans plus tard, c'est une région sinistrée que nous retrouvons. Dévastée par le chômage, tout est bon pour survivre : des petits boulots à des activités plus délictueuses... On peut aussi, d'un seul clic, obtenir 50000 euros auprès de psf.com, comme « prêt sans formalités ». La question est ensuite de savoir si l'on peut rembourser...
C'est le problème qui arrivera à Pauline Leroy, dont on retrouvera le corps après qu'elle ait eu maille à partir avec deux grosses brutes connues pour recouvrer les dettes du prêteur sans vergogne.
Les coupables semblent donc tout trouvés...

Avec un duo classique d'inspecteurs : la jeune dynamique Saliha Bouazem prudente et cartésienne et le commandant Buchmeyer, vieux briscard de la police, tenace et intuitif, l'enquête peut alors commencer. Mais comme les apparences sont souvent trompeuses, ce sont des chemins tortueux qui seront empruntés. D'une écriture simple et précise, Emmanuel Grand nous entraîne dans les méandres d'une intrigue policière rondement menée, sans jamais nous perdre grâce à la fluidité de son style.
Sur un ton bon enfant, proche du roman populaire, c'est tout un pan de notre histoire politique et économique qui défile sous nos yeux : décolonisation, extrême-droite, transformations et crises économiques, chômage, système mafieux, trafic de drogue ou petits boulots. « Ici, les jeunes rêvent tous de devenir joueurs de foot ou stars de la télé. » L'espoir de notoriété reste en effet le meilleur moyen de s'évader des friches industrielles synonyme d'abandon, car il semblerait que ce soit toujours les mêmes qui règlent la facture...
Mais si de nombreux rebondissements jalonnent l'investigation jusqu'à sa conclusion, ce n'est pas simplement pour le suspense. Profond et intelligent, ce polar social à l'efficacité irrésistible ne vous laissera que peu de répit jusqu'à son dénouement et peut ravir les amateurs de policier classique comme ceux du roman noir. Reste à savoir si « les salauds » vont vraiment payer...

Lu en juin 2018.

Mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
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