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Critique de nadejda


Un roman-fleuve qui emporte, colossal et captivant. Almudena Grandes nous fait pénétrer au coeur de la vie de deux familles espagnoles, les Carrion et les Fernandez, dont on partage les espoirs, les déchirements et les souffrances, les amours et les haines, les trahisons et les deuils. Tous vont être entraînés dans le flot mouvementé et tragique de l'histoire espagnole de l'avènement de la 1ère République en 1931 puis la victoire du front populaire espagnol en 1936, suivi du soulèvement des carlistes et phalangistes qui mène à la guerre civile de 1936 à 1939, pour aboutir à la soumission de l'Espagne sous la dictature franquiste. 
La fin de la dictature, en permettant le retour des exilés, fera rejaillir le poids du passé sur les enfants et petits-enfants qui, de soupçons en questionnements, vont rompre le silence et mettre au jour des liens et des facettes de leurs parents qu'ils n'imaginaient pas.
Le lecteur est tenu en haleine de bout en bout, car Almudena Grandes parvient à nouer une intrigue qui, au fil des retours en arrière, ne se dévoile que très progressivement et fait s'imbriquer tous ces destins qui se croisent comme les pièces éparpillées d'un puzzle dont on finit par trouver la place.
Ainsi d'Alvaro, fils de Julio Carrion riche homme d'affaires madrilène, qui va découvrir la complexe et trouble personnalité de son père à la faveur de sa rencontre avec Raquel Fernandez Perea, mystérieuse jeune femme, présence troublante, entrevue au cimetière lors de l'enterrement de ce père dont il dit et répète plusieurs fois qu'« il avait été un homme beaucoup plus extraordinaire que nous, ses enfants, ne l'étions devenus».
Et pourtant...l'image lumineuse du séducteur et du magicien va se fissurer. La passion qui naîtra entre Alvaro et Raquel, fille et petite fille de républicains exilés en France, va faire basculer la vie d'Alvaro en la bouleversant de fond en comble. Car... «...de nombreuses années s'écoulèrent, avec leur cortège de changements, mais Raquel Fernandez Perea ne cessa jamais de regarder le ciel. Et elle n'oublia jamais le nom de l'homme qui avait fait pleurer son grand-père.»
Une fois entamé, j'ai été prise dans les rets de ce roman historique riche de grands moments d'émotion et de nombreux personnages très attachants. J'ai essayé de freiner, de faire quelques poses en sachant qu'une fois arrivée au bout d'un tel livre j'allais en être triste et me sentir vide et désoeuvrée mais j'y suis revenue très vite et j'y reviendrai sans doute encore.
Car la note de l'auteur, en fin de volume, intitulée «De l'autre côté de la glace», ne fait que renforcer l'intérêt passionné pour cette lecture où la réalité l'emporte sur la fiction..... A l'épigramme extrait d'un poème de Antonio Machado, mort d'épuisement à Collioure en février 1939, «Petit espagnol qui vient au monde/ Que Dieu te préserve,/ Une des deux Espagnes saura te glacer le coeur» répond une déclaration, toujours d'Antonio Machado, en décembre 1938, placée à la fin «... pour les stratèges, pour les politiques, pour les historiens, tout est clair : nous avons perdu la guerre. Mais sur le plan humain, je n'en suis pas si sûr... Nous l'avons peut-être gagnée.»
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