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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Andalousie, 1947.
La guerre d'Espagne s'est achevée dans le sang il y a déjà huit ans mais à Fuensante de Martos, petit village de la Sierra Sud de Jaén, elle n'est pas terminée. Les guérilleros républicains, réfugiés dans la montagne, continuent le combat, tandis qu'au village, leurs mères, leurs femmes, leurs enfants sont continuellement harcelés par la Garde civile. A neuf ans, Nino est le fils d'un garde civil et vit dans la maison-caserne du village. Nino et sa famille sont du bon côté de la loi mais quand, la nuit venue, il entend les cris des prisonniers torturés par les policiers, il ne peut s'empêcher de se poser des questions. Cela fait belle lurette qu'il ne croit plus les histoires de sa grande soeur Dulce qui lui raconte que le bruit des coups et des hurlements provient de la télévision de la caserne. Sa rencontre avec Pépé el Portugués va confirmer ses pires soupçons. L'homme vit seul dans un moulin abandonné, il ne se mêle de rien mais il sait tout sur tout. Avec lui, Nino découvre l'amitié, le plaisir des parties de pêche et les grandes conversations sur la course du monde. Pépé devient son modèle. C'est lui aussi qui l'introduit auprès des femmes de la ferme des Rubio, toutes mères, filles, femmes ou veuves de rouges. Il va admirer leur courage, leur rage de vivre et oublier les horreurs du monde qui l'entoure dans les romans de Jules Verne qui lui prête doña Elena. Grâce à ces héros de papier, Nino se fait ses propres idées et se forge la conviction que jamais il ne sera garde civil.

Almudena Grandes continue son cycle ‘'Episodes d'une guerre interminable'' mais cette fois du côté des vainqueurs.
Mais sont-ils réellement des vainqueurs ces gardes civils au salaire misérable, obligés d'obéir aux ordres, de procéder à des arrestations arbitraires, de torturer, de risquer leur vie dans la montagne et d'appliquer la ‘'loi des fuyards'' qui consistait à laisser partir un prisonnier pour le tuer d'une balle dans le dos en prétextant une tentative d'évasion. Pourtant, dans ce petit village andalou, les gardes civils sont de braves hommes, bons pères et bons maris quand ils s'installent le soir, à la table de la cuisine, avec sur les épaules le poids des exactions commises au nom des lois iniques promulguées par Franco.
Almudena Grandes nous prouve encore une fois que rien n'est tout noir ou tout blanc, qu'il y avait des traîtres chez les Républicains, des Rouges chez les gardes civils, que derrière la paix retrouvée se cachait une guerre larvée. Elle raconte un pays gangréné par le fascisme, la violence, la loi du plus fort, l'ambiance délétère de l'Espagne franquiste où les vainqueurs se pavanent sur les corps de leurs ennemis réduits à rien.
Roman d'apprentissage, le lecteur de Jules Verne a le souffle des romans d'aventures dont le petit Nino admire les héros. On y croise des femmes au caractère bien trempé, des hommes lâches ou courageux, des femmes loyales, des hommes fidèles, des hommes héroïques devenus légendaires, de braves gens qui font ce qu'ils peuvent pour survivre à tout ça et le petit Nino qui cherche la vérité, la justice et qui va apprendre à faire ses propres choix.
Avec cette série, Almudena Grandes a entrepris un immense travail de mémoire, ambitieux et nécessaire. Ce deuxième volet raconte les premières années de la dictature à travers le regard d'un enfant vif et attachant qui expérimente le courage, la lâcheté, les semi-vérités, les mensonges nécessaires, la fidélité à un idéal. de la belle ouvrage, comme d'habitude.
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Nino est un gamin d'une dizaine d'année de la fin des années 40 en Espagne. Si nous le rencontrions aujourd'hui en Espagne, il serait l'un de ces vieux de presque 80 ans....
Il grandit entre l'école, les montagnes andalouses de Jaén et la caserne où son père est garde-civil. Un père qui s'absente la nuit pour des missions de maintien de l'ordre, pour rechercher Cencerro, chef des rebelles, pour des arrestations de républicains...Des garde-civils qui, aussi, sur ordre tuent d'une balle dans le dos ceux qui ont été interrogés, en prétextant leur tentative d'évasion...
Nino est souvent réveillé, la nuit, par les cris des personnes torturées de l'autre coté des fines cloisons de la caserne.
Niino ne nous parle pas de ses copains et peu de son école. Il a cependant un ami, Pepe le Portuguais, personnage mystérieux et attachant, avec lequel il parcours la montagne, va à la pêche aux écrevisses...Un ami qui va lui permettre petit à petit de comprendre la situation de l'Espagne, de réfléchir, de choisir sa vie.
Trop petit pour devenir garde civil, Nino se prépare à devenir employé de bureau, il apprend la dactylographie auprès de femmes seules qui lui feront, également, découvrir Jules Verne et la littérature ..Des romans qui le font rêver, lui ouvrent les yeux sur le monde qui l'entoure, sur la situation de son pays, forgent son caractère, sa personnalité d'adolescent et de futur adulte.
Almudena Grandes nous fait découvrir la vie dans cette Espagne franquiste, la vie d'un village, le quotidien de ces espagnols qui en tuent d'autres parce que leur idéal est différent du leur, froidement, lâchement, pour un salaire de misère. Mais aussi ces Espagnols qui résistent, s'infiltrent parmi les tueurs pour mieux les combattre. Certes dès le début du livre, nous percevrons son attachement à la cause républicaine, mais elle s'emploiera à nous décrire sans manichéisme cette Espagne et ses habitants, les gardes civils tueurs mais aussi ceux qui seront embrigadés dans cette police politique, parce qu'il fallait bien manger, ceux qui sont fiers de ce qu'ils font et aussi ceux qui sont forcés d'exécuter des ordres contre leur gré..
Un regard sans complaisance sur cette Espagne et cette période, un regard vrai et dérangeant sur la lâcheté, la vérité, la justice, le courage individuel, les idéaux en politique....
C'était il y a quelques années. ceux qui ont vécu cette époque sont encore parmi nous, en paix. Heureusement.
La découverte d'un auteur, et aussi semble-t-il d'une suite littéraire...Mais on peut sans aucune difficulté prendre plaisir à cette lecture, en ignorant totalement les autres ouvrages de la série...
Un beau et dérangeant voyage dans le temps, que je poursuivrai sans doute prochainement

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Antonino, neuf ans, est le fils d'un garde civil (gendarme). Il vit dans la Sierra andalouse, plus particulièrement dans la caserne où travaille son père. Nous sommes à la fin des années 40 et les montagnes de cet arrière-pays reculé abritent des maquisards républicains qui ont refusé de se rendre à la police militaire de Franco.
On peut d'ailleurs les comprendre : ceux qui l'ont fait ont été d'abord torturés puis fusillés contre le mur d'un cimetière, histoire d'être efficace... Quant à leurs proches, ils sont devenus des parias, privés de tout emploi public ou bien rémunéré. Ils vivent dans un dénuement tel qu'il ne leur reste souvent plus que la peau sur les os. Et ils savent qu'ils demeureront des intouchables durant des décennies, car les Alliés ont définitivement renoncé à libérer l'Espagne du joug franquiste. Comme disaient les Américains, no return on investment.
En tant que fils d'un représentant de l'ordre, Nino (diminutif d'Antonino) n'est pas riche pour autant, tant s'en faut. Mais, en plus, il doit supporter les hurlements des paysans torturés dans les cellules situées sont le logement de fonction accordé à son père. Des cris qui frôlent la folie et qui rendraient dépressif le gosse le plus équilibré du monde : « On ne pouvait pas continuer à vivre de cette façon, mais c'est ainsi que nous vivions. Et les parenthèses de calme, les mois sans coup de filet, sans arrestation, sans enterrement, n'avaient d'autre sens que l'attente... Qu'on entende à nouveau toquer à la porte d'à côté ou à sa propre porte.
- « On emmène votre mari faire sa déposition, Madame. Ne vous en faites pas, nous le ramenons tout de suite ». Et puis...
- (Au prisonnier) « Tu peux t'en aller, mais reste devant nous, qu'on puisse te voir partir ».
Et les coups de feu au petit matin, « car votre mari a tenté de s'enfuir, Madame, et nous n'avons pas eu d'autre solution que de lui tirer dessus... » Toujours les mêmes mots, toujours la même syntaxe bureaucratique de la terreur. le vocabulaire mesuré des fausses condoléances, la courtoisie tiède des assassins. »

Mais, rassurez-vous, tout le roman (basé sur des faits réels) n'est pas aussi noir. On assiste notamment à la rencontre entre Nino et un solide gaillard habitant en dessus du village nommé Pepe el Portugués. Cet ex-aventurier solitaire va lui servir de modèle de vie et lui permettre de sortir de l'atmosphère étouffante d'un village plombé par la terreur franquiste.
Et, le gosse ira de découverte en découverte que ce soit sur le plan intellectuel, politique ou amoureux. Une très jolie histoire qui amène avec elle des émotions si belles qu'on les dirait réelles. Impossible de lâcher le bouquin avant le dénouement !
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Voilà un ouvrage dans lequel j'ai eu du mal à rentrer, comme on dit. Non pas parce qu'il est ennuyeux ou déplaisant à lire. C'est l'atmosphère générale qui met mal à l'aise. Dans le contexte du régime de Franco, en Espagne au cours des années 40, le climat instauré par la chape de plomb de cette dictature a quelque chose de perturbant.
Mais à la progression au fil de pages, je me suis convaincu que cette entrée en matière ingrate, faite de suspicion, d'inquiétude, de peur, sur une intrigue qui ne démarre pas, était nécessaire à la compréhension de l'intention de son auteure. Et si l'intrigue ne démarre pas, c'est qu'il n'y en a pas. L'intérêt de l'ouvrage est ailleurs. Il s'agit de restituer l'état d'esprit du jeune héros, Nino, dans sa prime jeunesse, à une époque tragique de l'histoire de l'Espagne.
Nino est né avec la guerre. Il n'a connu que cela. Il soupçonne bien que quelque chose cloche dans sa vie. Une forme d'anormalité dont il ne perçoit pas encore les raisons, ni les tenants et les aboutissants. Il habite la maison-caserne avec père et mère qui lui vouent pourtant un amour sincère. Seulement voilà, ce père est garde civil. Un peu malgré lui, parce qu'il faut bien vivre. Son quotidien est de traquer le « rouge », parfois de l'abattre, en forme d'exécution sommaire. Non par conviction, mais parce qu'il est garde civil justement et qu'on ne lui laisse pas le choix.
Nino est un jeune garçon qui s'ouvre au monde. Il subit les tiraillements des grandes personnes. Il a compris que les cris qu'il perçoit au travers des murs de sa chambre témoignent de drames, dans lesquels il aimerait bien ne pas savoir son père impliqué. Il protège sa petite soeur dont il partage l'inquiétude et l'incompréhension. En qualité d'aîné il cherche à la rassurer, à la préserver de la perversité qu'il commence à entrevoir dans cette vie.
Nino va trouver des échappatoires à la vie de caserne, d'abord auprès de son confident, Pepe el Portuguès, mais surtout auprès de Doña Elena qui l'ouvrira à la lecture, des romans de Jules Verne en particulier.
Ce qui m'a rebuté au début de cet ouvrage est aussi ce qui m'y a retenu par la suite. La vocation de cet ouvrage est de faire appréhender par le lecteur la perception du monde de ces temps maudits, au travers des yeux et du coeur d'un jeune garçon, devenu mature un peu trop vite. L'objectif est atteint.
Se replacer dans l'état d'esprit et le coeur d'un enfant dans la prime adolescence est un exercice difficile. Il faut gommer les acquits de l'expérience de sa vie d'adulte, sa connaissance de l'histoire. Il ne faut donc pas s'étonner si l'on trouve dans le récit quelques traces de maturité qui trahissent l'innocence affichée d'un coeur encore vierge des défauts de l'humanité.
Dans un contexte que l'histoire de l'Espagne se plairait à faire oublier, Almuneda Grandes n'en restitue pas moins de manière émouvante la soif de compréhension et d'apaisement de son jeune héros. C'est restitué avec d'autant plus de succès que c'est fait sans angélisme ni misérabilisme, avec la pudeur qui caractérise la mentalité espagnole.
Le lecteur de Jules Verne m'a fait faire connaissance avec son auteure, espagnole et contemporaine, Almudena Grandès. Il donne le goût d'explorer le reste de son oeuvre.

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Almudena Grandes nous transporte dans une époque tellement violente de l'histoire de l'Espagne que seul un p'tit gars de dix ans peut nous guider sur les sentiers brûlants de la montagne de Jaen. Moi qui n'avais plus oublié cet univers depuis ma recontre avec Malena, je repars dans cette nouvelle saga
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Ce livre retrace la vie d'un garçon de neuf ans, dont le père est garde civil dans l'Espagne franquiste. Trop petit pour être garde civil comme l'aurait souhaité son père, il se formera pour être dactylographe. Il sera confronté à la dureté de ce monde, à la violence, à la complexité des situations. Mais également à l'amitié, et à l'amour.
C'est un très beau roman, très bien écrit. Grandes montre très bien les dessous du franquisme, les rapports complexes entre Communistes, Républicains et Franquistes. Ce roman est d'autant plus intéressant qu'il est écrit sous le point de vue du peuple, dans le quotidien. Vraiment à lire !!!
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Ce roman d'Almudena Grandes est le meilleur moyen de se consoler et d'oublier le dernier Goncourt. Il donne au Franquisme son visage quotidien. Celui d'un village d'Andalousie pénétré par la peur, la haine (de soi autant que des autres), la violence, l'humiliation, et ceci d'autant plus, peut-être paradoxalement, que l'on appartient officiellement au camp des vainqueurs. Or, ce quotidien du franquisme est vécu à travers le regard d'un enfant d'une dizaine d'années et de son passage précoce - en deux années 1947 à 1949 - à la conscience et à la liberté de l'âge adulte. Ce qui fait pour moi la grandeur de ce livre ? L'absence de tout manichéisme simplificateur (ce qui n'empêche pas l'auteur de choisir clairement son camp et son gamin fera de même). L'extrême humanité avec laquelle elle décrit ces humbles villageois broyés par L Histoire. L'importance qu'elle accorde envers et contre tout, même dans les pires circonstances, à la liberté et au courage individuels, donc à la force des idées. Quand on a lu ce livre, on comprend mieux, je pense, les fractures invisibles, mais très profondes, qui minent l'Espagne.
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J'ai été un peu déçue en l'ouvrant de m'apercevoir qu'il faisait partie d'une série dont ce n'était pas la première partie mais ça n'a finalement pas du tout gêné ma lecture, ni mon plaisir ! Autre bémol, d'un point de vue purement pratique, c'est la longueur des chapitres. le livre n'en compte que cinq (peut-être six) pour 400 pages. de plus, ces chapitres ne sont pas du tout (ou si peu) découpés, qu'il est difficile d'arrêter sa lecture. Difficile de trouver le temps de lire un chapitre d'un trait et reprendre au milieu d'une page, c'est toujours un peu compliqué.

Mais à part ça, c'est un vrai régal que ce roman. L'écriture est fluide et l'on se laisse emporter dans cette petite ville andalouse dans cette époque si troublée. Si les joies simples de l'enfance allège peut-être un peu le propos, la gravité des événements, de la réalité de ce qui se passe et dont prend peu à peu conscience Nino est pourtant bien présente. Et l'on finit par se sentir attrapé, prisonnier de cette ville et de ce destin.

Un livre remarquable que j'ai terminé entre les larmes et le rire. Un bon moment de lecture et une belle claque aussi.
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Une fois de plus Almudena Grandes se lance sur l'histoire de son pays et des conséquences de la guerre civile, ici le fils d'un carabinier se rencontre un homme qui vit seule dans une ferme est-il un ancien républician on ne le saura qu'à la fin du roman mais derrières les masques se cachent d'autres réalités. Moins bon qu'Inée et la joie mais agréable quand même
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Très bon roman sur l'Espagne franquiste.
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