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Quand la guerre civile espagnole s'achève, Manolita Perales Garcia n'a que 17 ans mais elle a déjà charge de famille. Son père a été fusillé, sa belle-mère est en prison, son frère Antonio est en fuite, il lui faut donc s'occuper de ses cadets, Isabel, Pilarin et les jumeaux Pablo et Juan. Pour le camp républicain, la guerre est perdue et la répression franquiste s'abat sur tous ceux qui ont soutenu la République. Manolita doit lutter pour sa survie et celle des siens, trouver à se loger, à se nourrir, tout en gardant sa dignité. Et, malgré elle, celle qu'on a toujours surnommée ''Mademoiselle Faut Pas Compter Sur Moi'' sent sa conscience politique se réveiller. Alors quand son frère, réfugié en plein Madrid dans un tablao de flamenco où officie la belle Eladia dont il est épris, la contacte pour soutenir la lutte, elle finit par accepter. de l'étranger sont arrivées des polycopieuses dont la notice est ésotérique. Afin de continuer à diffuser la propagande communiste, le mouvement a besoin d'un homme capable de les faire fonctionner. Et cet homme, c'est Silverio Aguado, malheureusement enfermé au Porlier, la grande prison de Madrid. A charge pour Manolita d'organiser un faux mariage avec ce jeune homme qu'elle connaît bien mais qui ne lui plaît pas du tout. Manolita sait tout de la prison pour avoir rendu visite à son père avant sa mort. Avec les épouses, les fiancées, les mères, les soeurs, elle recommence le long parcours qui mène au parloir. Solidaires, les femmes se soutiennent, se consolent, pleurent ceux qui, sans relâche, sont exécutés par le régime.

Bien qu'ayant pour héroïne, la courageuse Manolita, le dernier roman d'Almudena Grandes est un livre choral qui fait vivre un quartier populaire de Madrid et ses habitants, de jeunes communistes, syndicalistes, anarchistes ou juste sympathisants de ces mouvements; toute une galerie de personnages, de l'homosexuel à la danseuse de flamenco, du baron anarchiste au traître qui se rallie au franquisme. Sans misérabilisme mais avec force conviction, l'auteure raconte la terrible répression qui s'est abattue sur les vaincus et leurs enfants après la victoire du dictateur : condamnations à de lourdes peines de prison, exécutions sommaires, expulsions, licenciements, famine. Sous couvert de réconciliation nationale et de charité chrétienne, les filles les plus jeunes sont recueillies, à condition que la conduite de leurs mères soit exemplaire derrière les barreaux, par des institutions religieuses qui procèdent alors à un lavage de cerveau en règle. Les plus âgées, mauvaises graines irrécupérables, deviennent de la main-d'oeuvre gratuite pour les couvents où les soeurs les exploitent sans vergogne...
Malgré une abondance de personnages et des sauts dans le temps pas toujours évidents à appréhender, ce dernier roman d'Almudena Grandes est, comme de nombreux autres, un chant d'amour aux vaincus de la guerre civile et une plongée effarante dans l'Espagne de Franco, ce dictateur qui n'a eu de cesse de plier son peuple à sa volonté, aidé par le clergé, pendant que l'Europe regardait pudiquement ailleurs. Pourtant, Les trois mariages de Manolita n'est pas un livre sombre, on y retrouve la force de l'espoir, l'obstination des rouges à croire encore et toujours à une société plus juste. Vaincus, humiliés, décimés, ils restent debout et gardent en eux l'orgueil de ceux qui savent être du bon côté.
Pour écrire son roman, l'auteure s'est inspirée d'histoires vraies, de mémoires écrites par des républicains rescapés et de personnages réels, tels l'écrivain Antonio de Hoyos y Vinent, marquis, homosexuel et anarchiste ou Roberto Conesa, le traître jamais démasqué, passé de chef d'une cellule communiste à la police politique de Franco, célèbre entre autres pour avoir contribué à arrêter les ''Trece Rosas'', treize militantes des Jeunesses Socialistes, âgées de 18 à 29 ans et exécutées en 1939.
Tour à tour drôle, émouvant voire bouleversant, ce roman ne peut laisser indifférent. On rit, on pleure, on s'indigne aux côtés de Manolita qui ne voulait se mêler de rien et se retrouve au coeur de tout.
Almudena Grandes prouve encore une fois qu'elle est une Grande d'Espagne !

Un grand merci à Babelio et aux éditions JC Lattès.
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Première incursion dans l'univers de cette auteure, et certainement pas la dernière.

Moi qui ne suis absolument pas friande des briques, je me suis surprise à me laisser envoûter par cette masse de plus de sept cents pages, qui décrit l'après-guerre civile pour les vaincus. L'horreur de la dictature franquiste en toile de fond permanente, le lecteur ne peut que succomber à l'empathie avec laquelle les protagonistes de cette histoire nous sont présentés.

Comme je lis beaucoup d'oeuvres espagnoles contemporaines, où la guerre civile est omniprésente, je pensais beaucoup en connaître et c'est pourtant des pans entiers de cette histoire que j'ai découverts.

Une très belle fresque, emplie d'un souffle de liberté inéluctable ! J'ai beaucoup aimé.

Et si ce livre fait partie d'un ouvrage plus grand, il peut véritablement être lu de manière indépendante.
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La date de la fin de la guerre d'Espagne est connue : le 1er avril 1939. Mais au-delà de ce jalon officiel, le combat intérieur a duré bien plus longtemps, tant que Franco a vécu, du côté des vaincus, pour les "rouges", notamment. Almudena Grandes n'a jamais caché où se situaient ses sympathies et elle a entrepris depuis quelques années un travail littéraire gigantesque sous le nom d"Episodes d'une guerre interminable" qui sera constitué à terme de 6 romans. Les trois mariages de Manolita est le troisième volet de cette saga et se concentre sur ces terribles années d'après-guerre avec la politique de répression vis-à-vis des ennemis d'hier, des emprisonnements et des fusillades innombrables dans une Espagne exsangue où survivre relevait déjà de l'héroïsme. Manolita, fille d'un républicain fusillé, soeur d'un combattant dans la clandestinité, est au centre du livre. Elle a pour tâche de s'occuper de ses soeurs cadettes et de frères jumeaux, de les empêcher de mourir de faim, tout simplement, tout en gardant sa dignité et en voyant ses amis tomber les uns et les autres. Sans oublier de donner un coup de main à la cause, quand le besoin s'en faisait sentir. Manolita n'était pas née pour le courage, elle l'apprendra au quotidien dans un Madrid gris, triste et hagard que la romancière décrit avec un sens du détail formidable. Mais le livre ne parle pas que de Manolita, il se fait choral, exsude la peur et les trahisons, les rancoeurs et les souffrances. le roman pourra apparaître désordonné avec une construction peu linéaire qui abandonne son héroïne pendant des dizaines de pages, pour évoquer d'autres figures marquantes de cette période, par exemple Isabel, la jeune soeur de Manolita, enfermée dans une pseudo école où les nonnes exploitaient une main d'oeuvre gratuite sans vergogne, et qui se détruisit les mains avec la soude employée pour faire la lessive. Cette même Isabel, que l'on retrouve dans la postface du livre, à 80 ans, car c'est sa véritable histoire qu'Almudena Grandes a fait revivre dans Les trois mariages de Manolita, entre autres récits qui s'entrelacent et se déploient sur plus de 700 pages. S'il est au début difficile à suivre à cause de son trop plein de personnages, le roman est sans nul doute le meilleur des trois parus jusqu'alors dans cette fresque d'Une guerre interminable. Il contient quelques scènes incroyables, notamment en prison, quand femmes et fiancées de prisonniers fraternisent et se remontent le moral dans une atmosphère délétère. On attend évidemment la suite car rares sont les écrivains comme Almudena Grandes qui savent marier petite et grande histoire avec autant de maestria.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Magnifique !

Quelle bonne surprise, ce roman ! D'après ce que j'ai compris, il s'agit du troisième tome d'une fresque romanesque sur l'Espagne, mais les livres sont indépendants. Je n'avais pas lu les précédents et ça ne m'a pas dérangé, même si je compte bien rattraper mon retard dès à présent tant cette lecture m'a captivée.

On plonge directement dans le vif du sujet. Je connais peu l'histoire de l'Espagne, mais je n'ai pas eu de mal à suivre et surtout, ce livre m'a appris des tas de choses et m'a même donné envie d'en apprendre plus sur le sujet. L'auteur décrit avec brio le combat d'un peuple, la force et le courage dont chacun fait preuve.

On se perd un peu au début car il y a énormément de personnages, mais on arrive à les replacer peu à peu et tout devient rapidement plus clair. Je me suis beaucoup attachée à tous ces gens, j'ai aimé la façon dont l'auteur nous les présente et elle a d'ailleurs une écriture très agréable.

C'est un roman vraiment dur, il y a des scènes marquantes et choquantes, mais c'est surtout l'histoire de tout un peuple. Une histoire qui ne peut laisser personne indifférent et qui m'a vraiment bouleversée. Ce livre m'a fait ressentir tout un tas d'émotions, j'ai pleuré à plusieurs reprises, et j'ai vraiment eu l'impression de voyager dans le temps et de me retrouver aux côtés de tous ces gens qui se battent pour leur droits, leur pays et leur liberté.

C'est une lecture que je n'oublierai jamais et j'ai maintenant l'intention de me plonger dans tous les autres livres de l'auteur. Quelle belle découverte ! Je ne peux que vous conseiller cette lecture intense, instructive, passionnante et très, très forte ! Vous ne serez pas déçus.
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Une découverte totalement au hasard de cette auteure et de cette période historique. Mes connaissances sur l'Espagne étant un peu limitées, j'ai dû prendre une piqure de rappel pour me remettre à niveau ! Oui la guerre civile et Franco mais les subtilités un peu moins.
En effet ce roman se déroule dans les années 30, avant, pendant et après la guerre civile. Manolita, le personnage principal, subit cette guerre : son père est condamné à mort, sa belle-mère emprisonnée, son frère se cache puis est emprisonné également, sa soeur et ses frères partent dans un pensionnat religieux … et elle se voit contrainte d'épouser un prisonnier afin de récupérer des informations pour la propagande communiste …
Elle qui était surnommée « Mademoiselle Faut Pas Compter Sur Moi » se retrouve chargée de famille, et voit sa conscience politique se développer.
C'est également un roman choral avec les points de vue de la belle danseuse, soumise au chantage pour sauver la vie de son amant, celui du traitre, celui du prisonnier, celui de la soeur au pensionnat …
Bref une très belle saga familiale, basée sur des événements et personnages réels, qui m'a touchée. Beaucoup de souffrances endurées, une insécurité sociale et politique même après la guerre …
Le roman est parfois un peu décousu, avec de nombreux retours en arrière, d'où un peu de confusion, mais un bon moment lecture toutefois.
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Les trois mariages de Manolita, c'est un plongeon dans l'Espagne post guerre civile. Survivre est une épreuve quotidienne pour le peuple espagnol, et en particulier pour les groupes politiques ayant perdu la guerre, les communistes et les anarchistes. C'est ici le quotidien de Manolita, dont le père et la belle-mère vont se retrouver emprisonné, et qui va devoir s'occuper de ses 4 petits frères et soeurs. Manger, s'habiller, se loger, tout est une épreuve et le lendemain toujours incertain. Elle va se retrouver entrainé dans la résistance par son frère Antonio qui vit caché.
La première partie de ce livre est difficile à suivre, beaucoup de personnages, beaucoup de d'aller-retours dans le temps, qui ne sont pas toujours bien précisés par l'auteur… bref assez difficile de rentrer dans l'histoire, mais à partir de la deuxième partie, tous les personnages principaux sont bien connus du lecteur, le décor est planté, et on avance maintenant dans l'histoire… On tremble d'indignation sur le sort d'Isabel confiné dans un couvent pour expier les opinions politiques de ses parents, on pleure avec les épouses, filles, soeur et mères de prisonniers de la prison de Porlier, on tremble avec Manolita lorsqu'elle rencontre son « fiancé » prisonnier au parloir, pour essayer de comprendre le fonctionnement des machines à polycopier qui doivent être utilisées pour la résistance…
Bref c'est une très belle fresque avec des nombreux personnages très riches, qui, passé la première partie du livre m'ont vraiment fait voyagé dans cette Espagne bouleversée par la répression.
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Ce roman énorme (plus de 1000 pages) se lit comme un pain frais et encore tiède tant il est d'une belle humanité.
Il y avait une telle nécessité de remettre cette histoire politique, sociale et surtout humaine dans notre propre histoire. L'écriture est belle, précise, absolue. Les personnages sont magnifiques, aussi bien combatifs que faibles, lucides que naïfs, épris de liberté. Une belle leçon de vie, de courage, et surtout je pense de lutte contre l'oubli de cette histoire atroce de l'Espagne franquiste.
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Vingt ans entre ma joie à découvrir "Malena es un nombre de tango" et celle de dévorer "Las tres bodas de Manolita" dans la traduction française.
La vision d'une femme simple et forte, Manolita, sur le martyr des prisonniers de l'Espagne franquiste m'a révoltée.
J'ai tenté de saisir ces deux Espagne éclatées par les années de guerre civile. Les hommes croient y détenir le pouvoir mais les femmes les tiennent par les couilles. La force des personnages m'a possédée de page en page et j'irai les retrouver un à un dans des relectures.
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Roman à nombreux tiroirs, Les trois mariages de Manolita est un roman espagnol faisant le récit d'une Espagne en proie au fascisme de Franco et, dans la foulée, l'arrivée de la seconde guerre mondiale.
Almudena Grandes est une auteur que je ne connaissais pas – ce roman est son troisième sur six romans à son actif, chaque roman peut être lu indépendamment des autres mais ces six livres sont néanmoins un tableau chronologique de l'Espagne.
Il s'agit donc de romans même si ceux-ci sont nettement inspirés de faits (malheureusement) bien réels.
A noter qu'une liste de personnages est mentionnée en fin de roman (hum, sur liseuse, faut attendre la fin de l'histoire pour s'en rendre compte!), ce qui peut s'avérer très utile étant donné la multitude de personnages et les nombreux espaces spatio-temporels du livre (nombreux flashbacks au cours de l'histoire).
Lien : https://letempslibredenath.w..
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A travers ce long roman de plus de 750 pages, l'autrice Almudena Grandes dépeint le destin des vaincus du franquisme à travers l'histoire de nombreux personnages et plus particulièrement l'histoire de la jeune Manolita qui doit se battre pour survivre. Ce roman historique est le livre parfait et que je cherchais depuis longtemps pour comprendre la guerre civile espagnole et surtout la dictature qui s'en est suivie et la répression qui l'a accompagné.
Si parfois le style est un peu dur à suivre car il n'y a pas de transition claire entre les épisodes, l'histoire reste très intéressante et on ne s'ennuie pas. le roman alterne entre le regard de l'héroïne et celui de personnages secondaires. J'ai beaucoup aimé cette construction qui donne beaucoup e relief à l'histoire et permet d'explorer le sujet de fond en comble tout en restant cohérent.
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