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EAN : 9782709662536
800 pages
J.-C. Lattès (22/01/2020)
4.05/5   99 notes
Résumé :
Après la victoire de Franco, le docteur Guillermo García Medina continue de vivre à Madrid sous une fausse identité. Les papiers qui lui ont permis d'éviter le peloton d'exécution lui ont été fournis par son meilleur ami, Manuel Arroyo Benítez, un diplomate républicain à qui il a sauvé la vie en 1937.

En septembre 1946, Manuel revient d'exil avec une dangereuse mission : infiltrer une organisation clandestine d'évasion de criminels nazis, dirigée dep... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Le foisonnement d'informations et de personnages, salauds comme bonnes âmes, ne nous perd pas dans ce roman historique fleuve, où dans un style et une forme romanesque très maîtrisés, Almudena Grandes, à travers trois républicains ballottés par l'histoire, met l'accent sur les liens du franquisme et du nazisme. Franco qui, soutenu par Hitler dans sa lutte contre les républicains, après la Seconde Guerre mondiale aida des nazis à s'exiler en Argentine péroniste. Une aide et une protection, on le sait aujourd'hui, dont d'anciens criminels de guerre allemands bénéficièrent de la part d'autres puissances occidentales, comme les États-Unis qui n'hésitèrent pas à recruter parmi les anciens nazis des spécialistes de la lutte anti-communiste. C'était le début de la guerre froide et l'ennemi d'hier devenait un allié précieux contre l'URSS.

Même s'il y a quelques longueurs, la guerre d'Espagne racontée par Almudena Grandes est passionnante, l'auteure espagnole montrant toute la complexité des suites d'une guerre civile cruelle, avec à l'évidence une vision aboutie et internationale du franquisme...
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Nous faisons la connaissance de Guillermo en 1947, le jour de la messe des Rameaux, alors qu'il attend une jeune femme qui a beaucoup compté dans sa jeunesse Amparo, pour lui demander de l'aide alors qu'elle est pour Franco depuis le début, alors que le Docteur Guillermo Garcia était républicain. Il s'agit de sauver un ami proche. L'aidera-t-elle ? ainsi commence ce que l'auteure Almudena Grandes appelle « Mon histoire est celle de trois imposteurs. »

On assiste alors à un retour vers le passé et la guerre entre républicains et partisans de Franco, début des années trente.

Guillermo est un chirurgien reconnu et apprécié, qui sauve des vies, met en place avec un médecin canadien Norman Bethune, les premiers dons du sang. Il vit une histoire d'amour avec Amparo qu'il finira par épouser, car elle est enceinte, hyper catholique…

Pendant ce temps en Allemagne arrive au pouvoir le NSDAP avec ce cher Adolf qui met en place la politique qu'on connait, avec au passage une amourette avec une descendante de Wagner, son compositeur fétiche : Winifred Wagner … « À partir de ce jour, Winifred vit exclusivement pour Adolf Hitler. »

Hitler va aider son « ami » Franco bien-sûr, lui donnant avions, bombes, pour écraser Madrid et la révolution…

Guillermo est obligé de quitter l'hôpital et renoncer à la médecine et surtout changer d'identité, grâce à la complicité de son meilleur ami, diplomate républicain, Manuel Arroyo Benítez et devient Rafaël Cuesta Sanchez alias Rafa…

Pendant ce temps la guerre fait rage, certains Espagnols choisissent d'aller combattre aux côtés des nazis, se livrant aux exactions qu'on connaît : on rencontre Jan un jeune Flamand plus que séduit par les théories raciales : « exécuter des Juifs, cela n'est rien, car ils ont l'apparence des humains mais n'en sont pas » et son meilleur ami, un ancien boxeur tricheur, Adrian Gallardo. On les suit jusqu'à la défense du bunker à Berlin, où ils tiennent à résister jusqu'au 2 mai pour que les Russes ne puissent pas fêter leur victoire le premier mai !

Ils vont finir par rester en Allemagne, changeant d'identité aussi. Mais Adrian est recherché car il a commis des atrocités, donc criminel de guerre.

Le décor est planté. La chasse aux nazis commence, mais, Franco est là et tous ses partisans, notamment les bigotes à ses bottes vont tenter par tous les moyens d'empêcher les arrestations en distribuant des faux papiers bien en règles et des filières se mettent en place de façon magistrale il faut bien le reconnaître.

Manuel est également obligé de changer d'identité, plusieurs fois et finit par prendre celle Adrian Gallardo Ortéga en1947 puisque ce dernier est considéré comme criminel de guerre et porté disparu.

Les deux hommes resteront en contact et le « docteur Garcia » continuera à exercer ses talents de médecin sous le manteau, avec beaucoup de prudence…

Manuel est né dans une famille nombreuse et n'a jamais été aimé par ses parents, notamment par sa mère qui s'en débarrasse en le plaçant chez un prêtre qui va lui apprendre à lire et écrire, faire son éducation, lui permettant de faire des études, qui vont changer son destin. Il occupera des fonctions importantes à la Société des Nations en Suisse, durant la République.

Comme l'auteure le répète assez souvent dans le roman : « Manolo Arroyo Benítez avait toujours eu à la fois la poisse et beaucoup de chance. »

On va suivre, les réseaux qui se mettent en place. Bien-sûr l'Église catholique a les siens, mais l'auteure nous parle davantage des réseaux organisés par les civils, notamment celui de Clara Stauffer, (fille d'un brasseur de bière allemand et de mère madrilène), la manière dont les dignitaires nazis mais aussi les moins gradés, sont recevoir la nationalité espagnole, puis migrer vers l'Argentine de Perón qui leur réserve un accueil enthousiaste.

Almudena Grandes mêle la grande et la petite histoire de manière magistrale. Au début, j'ai eu du mal avec les noms espagnols à rallonge ;'ai pourtant l'habitude avec les noms portugais, mais les consonances sont différentes et surtout les personnages principaux changent d'identité ! et surtout il y a beaucoup de monde dans ce roman !

Je me suis rendu compte, après avoir lu une centaine de pages, qu'il y avait à la fin du livre, la liste des personnages réels ou fictifs, leurs différentes identités, ce que m'a beaucoup simplifié la vie.

Guillermo-Rafa à Madrid et Manolo-Adrian en Argentine, vont tenter, en risquant leur vie, de surveiller, tenir des registres de l'or nazi et surtout des oeuvres d'art volés aux juifs, à la demande des autorités américaines. Hélas, l'ennemi a changé ! c'est la guerre froide, l'ennemi c'est Staline et pas Franco qui aura ainsi de beaux jours devant lui….

On va rencontrer ainsi, au fil des pages, des Républicains, qui se cachent sous d'autres identité, qui continuent à espérer la République, des gens sincères, des salauds de la pire espèce qui continueront à être protégés…

Tout en nous racontant l'Histoire de l'Espagne Franquiste, que je n'ai jamais étudiée de près car le Caudillo me déclenchait de l'urticaire (il est décédé en novembre 1975 !) et je reconnais que je me suis davantage intéressée à Salazar et sa clique et à la révolution des oeillets au Portugal le 25 avril 1974 qu'à lui. Donc négligence réparée…

J'ai adoré ce livre passionnant à plus d'un titre, dans lequel l'auteure a fait un travail de recherche considérable pour étayer son raisonnement et rester au plus près de la réalité historique et je me suis aperçue que ce livre était en fait le quatrième d'une série consacrée à la guerre civile, qui en comporte encore deux autres.

Certains personnages semblent récurrents, mais cela ne gêne absolument de ne pas avoir lu les précédents, ce que je vais sûrement faire. Je proposerai le plan de l'oeuvre dans une autre page de mon blog, afin de ne pas donner le tournis.

Un livre exceptionnel comme l'est d'ailleurs « La fabrique des Salauds » dont je vous ai tant rebattue les oreilles, fin 2019, et dont j'ai tourné la dernière page avec tristesse, tant je m'étais attachée à tous ces personnages. Bip-Bip! je deviens lyrique, il est temps que je termine cette chronique.

Un immense merci à NetGalley et aux éditions Lattès qui m'ont permis de découvrir une auteure géniale et une partie de sa fresque historique.

#LespatientsdudocteurGarcia #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Après guerre, le maintien l'Espagne de Franco, qui avait bénéficié du soutien sans fard de l'Allemagne nazie pour mener à bien l'extermination des Républicains, reste une exception qui ternit la victoire des Alliés.
Un des personnages du roman souligne « (…) la paix n'avait pas nuancé les couleurs du monde dans lequel il vivait. Tout continuait à être blanc ou noir, et dans ce contexte les partisans d'Hitler qui n'étaient pas jugés à Nuremberg pouvaient être blanchis, par un coup de baguette magique. »
Dans ce blanchiment, l'Espagne jouera un rôle majeur en mettant au services des anciens nazis ses réseaux en Amérique du Sud et plus particulièrement en Argentine.
Le roman d'Almudena Grandes fait vivre cette époque au travers de personnages qui ayant vécu la guerre d'Espagne, choisissent la clandestinité dans leur propre pays après la victoire de Franco.
« L'homme que tu as connu n'existe plus ; il avait alors plein de choses à perdre, et beaucoup de raisons de vivre. »
Les patients du docteur Garcia est une saga qui nous emporte des années 20 jusqu'à la fin du XXème siècle en Espagne en Argentine, aux USA mais aussi en Allemagne, en France et en Suisse et nous fait vivre les désillusions d'un groupe de Républicains espagnols, dont certains ont exercé des responsabilités pendant la guerre civile, qui ont choisi de continuer la lutte officiellement à l'étranger pour certains, en Espagne dans la clandestinité pour d'autres.
Aussi juste et fondé soit leur combat, il se heurte au principe de réalité qui prévaut après 1945, celui qui est imposé par la Guerre Froide et par la division du monde en deux blocs.
Peu à peu, les portes se ferment, même du côté des USA où un temps le support des démocrates semblait pourtant acquis :
« Tu n'es pas stupide, Sal (…) Seul un imbécile refuserait de comprendre que faire tomber Franco c'est favoriser les intérêts des Russes en Europe. »
Il ne reste aux personnages que leurs désillusions
« Les crimes de guerre n'ont pas suffi, n'est-ce pas ? Des millions de morts innocents, des centaines d'assassins impunis qui se baladent dans le monde tranquillement, grâce à la protection de Franco et à l'hospitalité de Peron. Mais finalement , c'est quoi ? Rien, un détail de l'histoire, un accident… » 
Le roman alterne entre le regard forcément fantasmé des personnages et l'apport de faits réels comme celui-ci, qui fait froid dans le dos :
« (…) quarante-huit heures après le coup d'Etat, le 26 mars 1976, William P. Rogers, ex-secrétaire d'Etat du président Richard Nixon, déclare : « Je crois que nous devons nous attendre à une bonne dose de répression, probablement beaucoup de sang versé, très bientôt, en Argentine. Je crois qu'ils vont devoir bien chercher, non seulement les terroristes, mais aussi les dissidents des syndicats et de leur propre parti. »
Almudena Grandes marie à merveille l'histoire et la trajectoire des personnages qu'elles impacte. Les individus sont les jouets de décisions qui les dépassent et leur force de conviction sera de peu d'aide pour infléchir le cours des événements. Lorsqu'ils imaginent y être parvenus ce n'est que pour constater qu'il n'en est rien.
Alors, agir ou rester spectateur, est un choix cornélien dont chaque individu est le maître sans savoir ni pouvoir préjuger des conséquences que cela peut avoir.
Laissons la conclusion aux deux principaux personnages :
« Nous étions deux blaireaux, et notre vie n'avait pas été un film hollywoodien, mais seuls les vivants peuvent se soûler la gueule. »
Lien : https://camalonga.wordpress...
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Guerre civile espagnole Madrid - Guillermo jeune médecin, républicain sauve la vie du diplomate républicain Manolo. Les 2 hommes deviennent amis pour la vie. Avril 1939, Franco et son camp remportent la guerre civile. L'Espagne tombe dans la dictature : répression, exécutions, collaboration avec l'Allemagne Nazie etc...Guillermo et Manolo deviennent de nouvelles personnes dans leur pays en changeant d'identité pour continuer le combat. Dans le même temps, Adrian, jeune boxeur plein d'avenir s'embarque dans l'itinéraire de la Division Azul. Comme il se définit il n'a jamais été très malin. Cet engagement le conduit jusqu'en pays balte où il commet l'irréparable. Puis retour à Berlin, dans les jours finissant du IIIème Reich. Il faut revenir en Espagne mais sous une nouvelle identité. Années 50: MAnolo et Guillermo engagent une lutte contre les réseaux d'exfiltration de nazis vers l'Amérique du Sud installés en Espagne dans la plus grande impunité accordée par El Caudillo.
Un tourbillon de faits, les plus désagréables et inconfortables, emportent Guillermo devenu Rafa et Manolo devenu Adrian, sans oublier Adrian devenu Alfonso qui vient se rappeler aux bons souvenirs des 2 amis.

C'est cette histoire que nous conte A. Grandes. Plus de 600 pages des années de guerre civile jusqu'à la fin des années 70. 3 personnages que L Histoire brinquebale, souvent très mal, à l'encontre de leur conscience et convictions. Trois aux origines différentes, aux trajectoires qui se coupent volontairement ou involontairement. Avec l'Espagne des années 30 jusqu'à la Transition démocratique, comme personnage organique à part entière.

Malgré plus de 600 pages, j'ai lu assez rapidement le roman. Je l'ai fini il y a quasi un mois. Et j'ai laissé reposer, décanter avant de me lancer dans une critique. J'avouerai même que j'ai pensé ne pas donner mon avis sur ce roman car...bah...je suis vraiment très embêtée. Je suis au milieu du gué d'où ma note de 2.5 étoiles/5.

En effet, j'ai vraiment apprécié cette lecture car pleine de qualités littéraires et scénaristiques (c'est digne d'une saga cinématographique ou sous le format série avec possibilité de reconstitution géniale) mais je lui ai trouvé de (très ???) gros défauts.

- Commençons par les qualités :
CELA FAISAIT TRÈS,TRÈS LONGTEMPS QUE JE N'AVAIS PAS LU UN ROMAN AVEC UNE TELLE MAITRISE DU ROMANESQUE AU SENS NOBLE DU TERME !!! Voilà il fallait le dire ! C'est une maîtrise magistrale car l'auteure tient la barre romanesque de la 1ère à la dernière ligne. Or, son roman est long, fourmille de détails, de personnages, de lieux, de dates etc...et elle aurait pu vite boire la tasse. Bah non ! En plus, ce n'est jamais gnan-gnan, cela ne tombe pas dans le pathos.

Personnellement sur un plan historique, je n'ai rien appris. Mais ce n'est pas ce que j'étais venue chercher. Je voulais qu'on me parle de personnes prises dans la tourmente et que je pouvais parfaitement me figurer. Et ce fut le cas. Je n'ai eu aucun mal à me représenter Guillermo-Rafa', Manolo-Adrian ou encore Adrian-Alfonso, dans chaque époque, dans chaque lieu. Pour les lecteurs.trices peu au fait de l'Espagne franquiste et des criminels nazis et associés, pas de soucis. Ils apprennent et ils ne sont jamais perdus.

Les lieux très importants et très bien retranscrits. Je connais Madrid et j'avais les images de certains quartiers décrits bien en tête et en main pendant la lecture. de même, on visualise parfaitement le changement de décor entre l'Espagne et les pays baltes, Berlin ou encore l'Argentine. C'est tellement bien raconté et c'est tellement romanesque qu'on s'y croit !

Les trois personnages masculins sont bien construits. Ils tiennent la route jusqu'au bout. Des héros oui mais des héros malheureux. Pas de pathos, pas de débordements. du coup, je les ai suivis dans leur vie car je voulais savoir la fin de l'histoire. J'ai eu une préférence pour Manolo.

La qualité de l'écriture ou plutôt devrais-je féliciter le traducteur car franchement c'est bien écrit. Certain.es n'aimeront peut-être pas les phrases un peu longues ou l'emploi des guillemets. Dans d'autres romans cela m'aurait certainement gêné mais pas là. Au contraire car c'est bien utilisé. Je regrette de ne pas l'avoir lu en espagnol pour pouvoir voir les nuances entre le castillan, le galicien, l'espagnol d'Amérique du sud etc...Par ailleurs, les dialogues entre les personnages sont réussis. J'en ai cité un celui sur les vaincus entre Amparo et Guillermo car je l'ai trouvé très juste.

Donc sur plan écrivain, roman, romanesque, littéraire etc...les patients du docteur Garcia regorge de qualités. Ce qui fait qu'on entre d'entrée de jeu dans l'histoire et on ne la lâche plus.

- Les défauts maintenant :

A. Grandes pêche par ce que nos professeurs de faculté d'histoire appelaient "le bourrage historique". Elle dit que tout ce qu'elle raconte est"rigoureusement" exact. C'est exact : Degrelle, Stauffer ,Skozerny, Franco, Peron, la Division Azul, Videla et le coup d'état en Argentine etc...mais ce n'est pas RIGOUREUX ! A. Grandes veut tellement en mettre, veut tellement montrer qu'elle sait (pas qu'elle maîtrise mais qu'elle sait) que cela part dans tous les sens. Elle se sent obligée de faire quasi des fiches à la fin de certains chapitres pour expliquer Eisenhower en Espagne, Isabelita Peron, l'arrivée de Videla et consorts en Argentine. Sauf que bien souvent cela tombe comme un cheveu sur la soupe sans contextualisation, sans lien et liant. 2 exemples : le coup d'état de 1976 en Argentine. Pour montrer que cela s'inscrit dans un mouvement qui prospère en Amérique latine dans les 70's, elle nous balance le Chili de 1973, puis la Bolivie et Banzer, Stroessner. Ah ! elle se rappelle que le Brésil est déjà sous dictature depuis 1964 (alors que la 1ère est la Bolivie en 1954). Ah mais oui mais Isabelita Peron a commencé la chasse aux communistes mais c'est une démocratie. Non ! les dictatures sud-américaines sont issues d'un processus long dont un des fondements est l'échec de la révolution bolivarienne suivie de l'hégémonie des Etats-Unis imposée dès le XIX siècle. Il ne s'agissait pas de refaire l'histoire mais elle aurait dû juste se contenter de parler du coup d'état et basta ! Pas nous faire la lsite au Père Noël des dictatures et pas dans le bon ordre ni d'essayer de dédouaner Isabelita Peron.
Eisenhower et Franco ! Pareil...le raccourci historique, les Etats-Unis adoubent Franco mais par un accord pas de traité au milieu des années 50 et terminée la chasse aux nazis. Non ! l'attitude plus qu'ambiguë des USA mais aussi soviétique vis-à-vis des nazis commencent déjà pendant la IIème Guerre. Puis s'accélère très discrètement à la fin pour devenir plus claire et plus visible lorsque la cassure entre Est et Ouest est consommée. Quant à l'Espagne, on ne la fréquentait pas car infréquentable mais dès le début des 50's, les USA via l'OTAN l'englobe dans des réseaux anti-communistes notamment les stay-behind l'Espagne franquiste comme pièce logistique. Donc on lui fout royalement la paix quant à sa protection des nazis car les USA s'en foutent. Encore plus dès que la Guerre froide commence. Ils n'ont pas cherché à aider plus que cela le Mossad dans la capture de A. Eichmann et encore moins pour celle de J.Menguele qu'ils avaient repéré. Sans compter l'utilisation éhontée des scientifiques nazis. de même elle nous parle de Skorzeny, à part sa cicatrice, son impunité en Espagne et ses affaires, rien ! Or, il faut aller lire le pedigree du personnage. Et les Américains ont dû bien le laisser tranquille celui-là. Sans compter sa dangerosité qui est si peu mis en avant dans le livre.

Les personnages féminins : si les personnages masculins dans leur ensemble sont vraiment réussis, les personnages féminins ne le sont pas. A. Grandes dit que ce qu'elle raconte est vraisemblable. Non potentiellement plausible mais pas vraisemblable. Les femmes sous Franco, quelle que soit leur catégorie sociale étaient extrêmement surveillées. Une veuve , quel que soit son milieu social devait vite se remarier sous peine du paiement d'un impôt. Les filles mères sacrifiées avec des bébés volés. Une femme comme Genie aurait été très vite remise dans le droit chemin par son époux. Parce que même s'il avait sa vie et laissait sa femme à la sienne car pas de ivorce possible, jamais il l'aurait laissé à ses activités nocturnes. Il l'aurait su et cela aurait pu lui coûter très cher à Genie. L'épouse de Guillermo qui au début de leur relations se montre insolente, arrogante voire irrespectueuse avec un policier dans la rue...impossible cela aurait été la taule d'office et sans ménagement d'autant plus que c'était une femme. La situation sociale d'Amparo...pareille elle aurait été mise au pas par la société franquiste. de même, la femme de Guillermo ou lui se déclare je suis communiste ou Génie qui va assister à des réunions clandestines. Avec A. Grandes cela devient facile presque fashion. Impossible ! Pour avoir eu des femmes dans ma famille qui se sont occupées d'activités anti-franquistes, anti-salazaristes, déjà même en famille on la bouclait, on ne se déclarait pas ceci ou cela comme ça pour faire bien. Et ce n'étaient pas des femmes de la haute société. C'étaient des paysannes vivant en zone frontalière avec tous les trafics, les passages etc...que cela charriait. Donc les personnages féminins manquent cruellement de vraisemblance ou du moins elles respirent beaucoup les années 2010 -2020.

A. grandes manque de recul, de critique sur son clan. Un Manuel de la Prada ne cache pas ses convictions très à droite mais dans une imposture quand il nous parle du clan franquiste et de son héros Exposito il fait preuve d'un oeil critique, parfois féroce teinté d'humour noir. Les membres de son clan ne sont pas tous auréolés de gloire et de morale. Chez A. Grandes on est dans le manichéen. le plus bel exemple : Adrian-Alfonso et Experta la bonne de la famille. Lui est fatalement idiot, c**, il le se décrit lui-même comme pas malin et sa perte en est l'illustration la plus parfaite. Il est du clan franquiste et dans la Division Azul. Alors qu'Experta, républicaine, prenant tous les risques, fatalement elle ne peut avoir que du bon sens et des grandes qualités.

Voilà ! ce sont pour toutes ces raisons que je suis divisée sur ce livre. Ainsi vont les lectures.
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Très beau roman sur la période troublée de la guerre d'Espagne .
La victoire de Franco , du clan nationaliste donc, va faire des vaincus, des personnes traquées, humiliées, parfois dénoncées même dans leur propre famille .
C'est l'histoire du Dr Garcia qui est dans le clan républicain, le clan des vaincus,son amie est dans l'autre camp, leur attirance ne résistera pas à la guerre civile .
C'est l'histoire de tout un peuple déchiré , balloté au gré de l'histoire , des nombreux fusillés , emprisonnés pour les plus chanceux , c'est l'impossible réconciliation.
C'est aussi un tableau très complet de l'Espagne franquiste .
Roman très bien documenté , l'auteur y évoque également la seconde guerre mondiale et les années après le conflit ; lorsque l'Espagne franquiste accueille à bras ouverts les anciens nazis ou ce célèbre membre de la division SS Wallonie , le belge Léon Degrelle qui sera protégé par le général Franco durant toute sa vie .
L'auteur nous emmène également dans l'Argentine de Perón , ou de nombreux anciens nazis trouveront refuge .
Un seul bémol, trop d'informations pour le même livre , je me suis parfois perdue .
Malgré tout une très belle lecture et une couverture sublime .
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
L’événement le plus important de sa vie se produit en 1923, quand un jeune homme énergique de trente-quatre ans se présente à la famille Wagner après avoir assisté à une représentation du Festival de Bayreuth. C’est le leader du Parti national-socialiste ouvrier allemand, mais la raison de sa visite n’est pas politique. Il est persuadé qu’il n’existe aucune œuvre comparable à celle de Richard dans toute l’histoire de la musique et veut témoigner de sa ferveur aux héritiers du compositeur.

La jeune épouse de vingt-six ans, restée en retrait, assiste à cette déclaration passionnée qui lui inspire à son tour des sentiments encore plus excessifs. À partir de ce jour, Winifred vit exclusivement pour Adolf Hitler.
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Le délicat feston en dentelle noire, ancienne, du voile qui encadrait son visage l’avantageait, accentuant le contraste entre ses sourcils sombres et ses cheveux blonds, une audace suspecte, d’entraîneuse de cabaret, que la plupart des femmes de sa classe sociale ne se seraient pas permise. Mais Amparo Priego Martínez n’était pas une femme comme les autres, et son culot me bouleversait plus que je ne l’aurais cru. Nous avions vécu ensemble trop de choses, trop longtemps, pour que je puisse sortir indemne de ces retrouvailles. Pour cette raison, je ne pris pas le risque de regarder l’enfant qu’elle tenait par la main.
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Le monde a changé, répéta Goodwin.

- Et pas qu'un peu. Aujourd'hui vous choyez vos ennemis, investissez des millions de dollars en Italie, Allemagne, Autriche, que vous avez transformés en pays démocratiques, auxquels vous avez rendu indépendance, dignité et orgueil. Mais nous, les Espagnols, ne méritons pas ça, nous ne méritons rien, même si nous avons été les seuls à nous battre contre le fascisme. Ce fut peut-être précisément cela notre péché ? Avoir osé être antifasciste sans compter sur vous, sans demander votre permission, sans implorer votre aide providentielle, ces putains de débarquements qui n'auraient servi à rien du tout si Staline n'avait pas avancé sur le front de l'Est. Comme nous avons eu l'audace de ne pas vous être redevables, l'ami de vos ennemis est à présent votre ami, et les ennemis de Franco sont les vôtres. C'est à vomir.

[...]

- Le fasciste qui triomphe grâce à l'aide de l'Axe écrase de sa botte un pays entier, jonché de cadavres, et vous, contre toute logique, vous le bénissez, le soutenez, n'avez pas l'intention de le déranger, ni lui, ni les criminels qu'il protège. Et nous, les Espagnols, continuons d'être tellement cons, tellement naïfs, que nous risquons notre vie tous les jours, en attendant que vous vous rendiez compte que nous existons. Mais non, car pour nous le monde n'a pas changé et ne changera pas. Le monde ne change pas quand on vit sous une dictature.
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Mon oncle voulait me marier, mais moi... Je n’avais pas envie de vivre avec un imbécile qui se serait cru autorisé à me donner des ordres.
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... le sentiment d’impunité dont jouissaient les anciens nazis dans l’Argentine de Perón était encore plus vif que dans l’Espagne de Franco.
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Vidéo de Almudena Grandes
Bande annonce VO de la serie "Les patients du Docteur Garcia", adaptation du roman d'Almudena Grandes
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