[Exposition le Puy
Musée Crozatier et Musée du Louvre Paris – le Puy Hôtel-Dieu] –
Regards sur Marie : catalogue de l'exposition organisée à l'Hôtel-Dieu du Puy en Velay, du 11 juin au 3 octobre 2011, sous la direction de Gilles Grandjean et
Philippe Malgouyres - éditions FAGE, 2011 - 148 pages, format 29x24cm (ISBN 978-2849752333)
Ce fut une exposition remarquable, traversant tout à la fois les religions du Livre (objets en provenance des sphères chrétiennes y compris slaves orthodoxes, mais aussi islamiques), les époques (depuis le quatrième siècle jusqu'au vingtième), les sphères géographiques (Europe, Moyen-Orient, Asie) et les types d'oeuvres ou d'objets exposés.
Que l'on soit croyant ou non, la Vierge Marie (sans doute est-il aujourd'hui utile de le rappeler) incarne au moins quatre traits majeurs de ce qui fut le fondement de la vision de la féminité dans notre culture, tous représentés dans cette exposition :
- elle incarne la maternité en tant que mère de Jésus (impossible de dénombrer les tableaux représentants cette maternité rayonnante, thème dominant à chaque période optimiste de notre histoire, comme par exemple la Renaissance),
- elle incarne l'immense souffrance humaine devant la mort violente (Mater Dolorosa, Pieta) à tel point que cette figure sera reprise dans nombre des monuments aux morts – laïcs – de la Grande Tuerie 1914-1918, et qu'elle est ici représentée par les photos de Georges Mérillon (Madone du Kosovo) et Hocine Zaourar (Madone de Bentalha)
- elle incarne la pitié protectrice de l'engeance humaine si souvent victime de ses propres turpitudes (Vierge au manteau, ou Vierge de Miséricorde dont l'un des plus célèbres exemples est justement celui du Puy-en-Velay)
- elle incarne enfin l'intercession entre le divin et le terrestre le plus pauvre, que ce soit au moment de l'Annonciation, de la gestation (Visitation à Elisabeth), de la naissance (dans une grotte réservée aux nécessiteux) ou du Jugement dernier.
Il fallait un certain courage intellectuel pour monter une telle exposition, alors que ces quatre piliers de la représentation symbolique de la féminité occidentale subissent depuis un bon demi-siècle, dans nos pays, une tentative de destruction systématique d'une violence rarement égalée dans les siècles précédents, et qui, loin de faiblir, va au contraire grandissante…