Je ne ferai pas la faute de vouloir reconstituer une seule des légendes chinoises.
Décomposées, réduites à l’état de concrétions littéraires, dégradées plus encore, peut-être, — l’histoire a passé là — pour avoir servi à des entreprises diverses de reconstruction érudite, il n’en reste que des lambeaux méconnaissables, emmêlés, retaillés, mutilés. Une poussière de centons : pour qui désire voir d’où sort la Chine féodale, voilà l’unique héritage. Documents pauvres et précieux ! J’ai tenté la gageure de les utiliser. — Mais je veux le montrer : il suffit de soumettre ces légendes déformées à une analyse sociologique. On entrevoit qu’elles dérivent de l’affabulation de drames rituels et de danses religieuses. Cette valeur originelle est-elle reconnue ? On peut deviner les conditions sociales, techniques, ethnographiques qui présidèrent à la fondation des Seigneuries. D’où cet Essai et son titre : Danses et légendes de la Chine ancienne.
Potlatch. — Les Chinois paraissent avoir pratiqué les différentes formes
du potlatch .
Le mariage polygynique a pour fondement un contrat collectif qui suppose le système des prestations totales. Chouen reçoit de Yao, avec ses filles, une autorité sur ses fils et sur ses vassaux, et, de plus, des biens, des troupeaux, un grenier, des armes, des instruments de musique. La prestation rituelle que constituent les suivantes d’une épouse est fournie automatiquement par les familles associées, sans qu’il soit besoin de la ré clamer. La suite de l’épouse comprend des hommes tout aussi bien que des femmes. Totales, les prestations matrimoniales sont aussi alternatives. Les échanges matrimoniaux sont le principal élément des échanges diplomatiques.
La révolution dont dépend le progrès des institutions chinoises, tant privées que publiques, a un point de départ unique : l’apparition du pouvoir seigneurial et du contrat de vassalité. Tout le progrès, d’autre part, se résume en une évolution symétrique des moeurs urbaines et villageoises, évolution plus poussée pour tout ce qui a trait au droit public et dont la marche fut plus rapide dans les cités.
Or, le Héros féodal est avant tout un fondateur de ville.
Acceptons le fait.
La littérature chinoise est une littérature de centons : vérité fort simple, que bien peu, sans doute, refuseraient d’admettre parmi ceux qui ont une connaissance directe des textes, mais vérité qui, prise à la rigueur et dans toutes ses conséquences, fait éviter de fausses démarches et peut engager sur une bonne route.