Avant l’essor que prirent, dans les cour s royales, les cultes astronomiques, avant que les aïeux héroïques, réunis à la cour céleste du Souverain d’En-Haut, n’en revinssent, comme envoyés du Ciel, pour assurer les réincarnations, les morts séjournaient sous terre, aux sources jaunes, non
loin des fontaines sacrées du pays natal où l’on allait, au renouveau, recueillir les âmes. Pays des morts et réservoir de vie, telles apparaissent, dans les croyances anciennes, ces sources mystérieuses dont on ne parlait guère, — avant que ne leur eussent fait place, dans leur système du Monde, les penseurs qui, à l’aide du jeu des nombres et des entités cosmogoniques, s’appliquèrent à démontrer l’unité de l’univers et le rythme de la durée, primitivement sentis sous des symboles plus concrets.
Or, la mort détermine un renversement de toutes les valeurs qui implique un changement d’orientation : pendant la période de l’enterrement provisoire, le mort est couché la tête au Sud, comme un vivant ; mais, quand on l’enterre définitivement, on le place la tête au Nord, du côté de l’ombre où il s’en va : c’est en se tournant vers le Nord que, le souffle expiré, on a rappelé le Houen enfui, pour bien constater que la dissolution de la personnalité est définitive. Aux temps classiques, le mort est enterré au Nord des villes : là, sont les cimetières où l’on réunit les corps des ancêtres. Ainsi, quand il quitte le monde des vivants, dominé par une orientation nouvelle, le mort s’en va du côté du Septentrion.