Citations sur L'empire des loups (25)
Jamais elle n'aurait utilisé le mot "amour" pour désigner leur relation. C'était une complicité, un partage, en deçà du désir, des passions, des fluctuations imposées par les jours et les humeurs. Des eaux calmes, oui, souterraines, qui se mêlaient en profondeur. Ils se comprenaient alors entre les mots, entre les lèvres...
Vous êtes tous tellement pourris que ça vous donne une sorte de cohérence.
…Entre 40 et 50 ans, estima Anna, remarquant les paupières flétries, les sillons autour des yeux. Mais on n’appréhendait pas cette femme athlétique en termes d’âge plutôt d’énergie. Ce n’était pas une question d’année mais de kilojoules.
Elle sent les effets du calmant l'envahir peu à peu.
Une fleur de sommeil en train d'éclore à l'intérieur de son corps...
Elle éprouve maintenant la sensation que le lit dérive et quitte la terre ferme. Elle flotte, lentement, dans les ténèbres. Il n'y a plus à opposer la moindre résistance, à tenter quoi que ce soit pour lutter contre ce courant. Il faut seulement se laisser porter par l'onde filante...
La pluie, toujours ; un roulement, une cadence, un martèlement ténu. Avec ses accents, ses syncopes, ses résonances différentes sur les vitres, les balcons, les parapets de pierre.
Entre ses bras, elle avait été une rivière.
Une force fluide, souple, déployée. Elle avait effleuré les nuits et les jours comme l'onde caresse les herbes englouties, sans jamais en altérer l'élan, la langueur. Elle s'était coulée entre ses mains, traversant le clair-obscur des forêts, le lit des mousses, l'ombre des rochers. Elle s'était cambrée face aux clairières de lumière qui éclataient sous ses paupières, quand survenait le plaisir. Puis elle s'était abandonnée de nouveau, en un mouvement lent, translucide sous ses paumes...
Tout avait commencé avec la peur.
Tout finirait avec elle.
Au-delà des arbres, elle aperçoit des façades jaunes, cernées de terrains de sport et de panneaux de basket : les bâtiments du lycée. Sema reste en retrait, sous les frondaisons, et observe. Les murs couleur de pollen. Les sols en ciment de teinte neutre. Le sigle du lycée, un S enchâssé dans un G, rouge serti dans de l'or, sur le gilet bleu marine des élèves qui déambulent.
Elle était libre, vivante.
Et c'était déjà beaucoup.
Ils étaient maintenat au plus près du masque d'horreur. Ils discernaient, dans toute leur sauvagerie, et sans la distance habituelle des photographies, les plaies profondes. Les entailles qui traversaienr le visage, rayaient le front, les tempes; les crevasses qui perçaient les joues; et les mutilations : le nez tranché, le menton biseauté, les lèvres meurtries...p.102