AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 51 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Il y a beaucoup de vies dans la centaine d'estampes de Mon siècle de Günter Grass, avec un récit pour chaque année. Il y a aussi beaucoup de sa vie, d'où le titre au possessif. Mais d'abord et avant tout, Mon siècle est un siècle allemand. Et c'est un siècle aussi passionnant que redoutable, narré par un prodigieux ventriloque.

D'une structure singulière et polyphonique, comme si chaque récit avait son autonomie, Mon siècle n'aborde pas L Histoire frontalement mais latéralement, donnant la parole aux témoins des évènements se déroulant en Allemagne ou ailleurs, multipliant les points de vue des narrateurs, depuis celui de gens ordinaires jusqu'à celui de personnalités célèbres jamais nommées (et on devine Jünger, Remarque, Adorno…) et certainement pas dans les grands moments de leur existence. L'ironie de Günter Grass sait à merveille décrire leurs petites combines intellectuelles et leurs grands arrangements avec L Histoire.
La complexité presque baroque de cette chorale narratrice du 20ème siècle est toujours écrite à la première personne ce qui permet à l'auteur une perspective en permanence critique. Ainsi rien n'est définitif, certain et stable dans l'analyse que l'on peut avoir du siècle de Günter Grass.

L'écriture de Mon siècle est elle aussi instable, à ne plus savoir ce qui relève de la fiction ou du vécu, passant du registre soigné au parler populaire, avec une mention spéciale pour l'année 1951, où une allemande rédige un courrier, "Chère société Volkswagen…" : un condensé inouï d'Histoire en trois pages, avec les souffrances de la guerre, de la reconstruction, de la partition de l'Allemagne, véritable prophétie de ce que les allemands de l'Est vont endurer d'oubli et de silence jusqu'à la réunification qui fut plutôt une annexion en bonne et due forme.

"La surdité grandit dans mon pays" écrivait Günter Grass à Kenzaburo Oé en 1995. Ainsi, Mon siècle nous rappelle que la seule infaillibilité de l'Histoire humaine, même immédiate, est l'égarement, et la seule certitude est que les idéologies ne meurent jamais, tout est question de sommeil. Et Mon siècle tente à sa manière de rester éveillé.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
Commenter  J’apprécie          274
Günter Grass, Prix Nobel de littérature 1999. Belle occasion pour moi, amateur de littérature allemande de glisser ce bouquin dans le cadre du challenge Nobel...

Günter Grass nous fait son siècle, le XXème en l'occurrence, à sa manière... Il en résulte cent textes (un par année) que l'on pourrait qualifier de chroniques ou de souvenirs, ou de récits... ou pas qualifier du tout... pas toujours en rapport avec l'année en question ; et d'un intérêt parfois discutable.
C'est rare chez moi, mais j'ai dû stopper en 1935... pas possible d'aller plus loin... Hermann Hesse pourrait me raconter ce qu'il veut, j'accroche des les premières lignes, mais là, j'y vais à la rame...
Déçu...
Commenter  J’apprécie          220
Les lecteurs qui ont déjà lu un livre de Günter Grass savent que l'histoire de l'Allemagne a toujours peuplé ses romans. Avec "Mon Siècle", l'auteur nous donne une vision - très personnelle et plutôt réjouissante - de son 20ème Siècle.Dans ce drôle d'ouvrage, Günter Grass a choisi de mettre en scène la grande et la petite l'histoire en cent textes courts couvrant l'ensemble du siècle. Un texte par année pour évoquer - tour à tour - un événement déterminant, marquant ou dérisoire, raconté par différents narrateurs, connus ou inconnus, servis par la plume cynique de l'auteur. Grâce à "Mon Siècle", on apprend que l'Allemagne a vécu une histoire tout à la fois riche, intense, complexe et pas toujours douloureuse. Ce livre, Günter Grass l'a voulu comme une sorte de Comédie humaine, bouffonne et réaliste à la fois.
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
Commenter  J’apprécie          60
Ecrit en 1999 par Günter Grass, prix Nobel Allemand de littérature 1999.

Ce livre est un véritable tour de force de la part de l'auteur. Pour chaque année de son siècle, il écrit un court billet sur un évènement marquant du pays, et pour chaque billet, le style varie ! Il passe de la narration au dialogue, en passant par les réflexions et monologues. L'auteur fait (re)vivre avec talent des individus totalement différents les uns des autres dans des circonstances historiques à chaque fois différentes. Aucune répétition. Chaque billet est inventif, nouveau, intéressant et souvent amusant.

L'auteur montre aussi une grande connaissance historique. Bien sûr, tous les évènements ne sont pas connus au-delà des frontières de l'Allemagne, telle inauguration de pont par exemple ou tel champion sportif. Il aborde la misère des deux après-guerre, les courants politiques, la vie sportive, la mode, la vie à l'Est et les tentatives d'évasion, la première Love Parade, les cérémonies du souvenir, l'industrie automobile... L'humour y est aussi présent, comme pour l'invention de la "grosse Berta".

C'est un peu comme se plonger dans l'album photos de vos grands parents, mais avec les légendes uniquement et pas de photos.

Mon seul regret : on ne peut savourer réellement ce livre qu'en ayant vécu et grandi dans ce siècle en Allemagne, trop d'évènements m'étaient inconnus. Un auteur français devrait faire la même chose !


Commenter  J’apprécie          20
Bonsoir,

Lorsque j'ai lu Mon Siècle de Günther GRASS, j'ai jubilé.

Dans chacun de ses 100 courts récits, il détricote la pensée allemande, officielle ou commune tout en décrivant le quotidien de ses concitoyens. Chaque histoire est à la fois symptomatique de la manière d'être et de penser pour un allemand de l'année concernée. C'est une étude de caractères très bien ciselée et sans fards. de quoi scandaliser les plus orgueilleux, et Dieu sait que bien des Allemands ont de l'orgueil à revendre. le prix Nobel avait fait grincer des dents outre-Rhin. Pourtant, en ce qui me concerne, j'avais trouvé ce livre plutôt affectueux et tendre avec l'histoire du peuple allemand, tout juste ironique avec les travers. En tous cas j'y retrouvais ce que j'aimais chez eux.

Je me souviens de ces anciens de la Wehrmacht qui se retrouvent au Weinstube et n'ont toujours pour seul regret que d'avoir perdu la guerre, refaisant les batailles : et si on avait fait ceci ou cela, on n'aurait pas perdu la guerre...

J'ai travaillé en Allemagne dans un palace à Bühl Baden comme cuisinier et cet esprit frustré et revanchard je l'ai bien senti chez certains. En 1982, il restait aussi beaucoup de personnes bien placées durant la guerre. Ceux qui avaient été en situation de pouvoir entre 1935 et 1945 n'avaient guère que 75 à 85 ans. Je me souviens de la veuve Krupp, de ses gros diamants pendant aux oreilles, de son chauffeur décoré comme un sapin de Noël et de sa Cadillac rose dépassant du garage, cette femme même que Visconti, dans son film, fait périr empoisonnée à la fin de son film "Les Damnés". Dans la réalité, la famille Krupp a bien été indemnisée.

Je pourrais en raconter beaucoup plus, mais je souhaite principalement rendre hommage à tous les allemands qui m'ont aussi accueilli avec beaucoup d'amitié, et ce sont les plus nombreux. Tel ingénieur, lui catholique, marié à une protestante évangélique, vraiment très sympa. Tel prêtre en permanence à Notre Dame de Paris au titre de la réconciliation franco-allemande et qui m'a consolé aux heures noires de ma vie. Telle famille de viticulteurs avec lesquels nous entretenons toujours des relations et dont le père, à 18 ans, était prisonnier de guerre dans notre famille dans la poche de Saint-Nazaire. Et tous ces jeunes de Paderborn, dont le diocèse est jumelé avec celui du Mans, et tous les clients qui ensuite m'ont permis de vivre durant des années. Les jumelages ont été d'ailleurs une oeuvre des plus heureuses.

Bref, lisez cet ouvrage, un condensé bien sympathique et honnête de l'Allemagne. J'aime ce pays et je lui pardonne tous ses défauts.
Commenter  J’apprécie          21
Cent textes pour raconter le vingtième siècle, cent textes avec un point de vue. Il s'agit donc pas de l'histoire de l'Allemagne au XXème siècle, ni ne l'histoire du point de vue d'un personnage ou du romancier. Ni non plus des 100 évènements les plus importants du siècle, année après année. Ces cent histoires étirent tous les fils des livres de Günter Grass, autour de l'histoire allemande et de sa propre vie. Vie politique et sociale allemande y ont une place importante, bien plus que ce que nous, lecteurs français, pouvons connaître ou retenir de l'Allemagne contemporaine. Ce livre est foisonnant, passionnant, inégal, intime ou politique.
Commenter  J’apprécie          10
Un des meilleurs livres que j'ai lu. Tout est parfait, chaque histoire semble avoir sa propre histoire ; On ne regarde plus l'Allemagne de la même façon après la lecture de ce livre. Certains chapitre necessite une bonne connaissance de l(histoire de l'Allemagne
Commenter  J’apprécie          10
Un siècle de vie en Allemagne, cent scénettes subjectives, cent facettes, cent regards allemands sur l'Allemagne de 1900 à 1999, et toujours la poésie et l'humour grinçant ou vache de l'auteur.
A noter la difficulté pour les traducteurs de faire passer en français cette prose à incises multiples et pleine de sous-entendus, qui confère à la traduction française un caractère abrupt et heurté qui peut dérouter.
Commenter  J’apprécie          10
Un siècle d'histoire allemande, d'histoire d'Europe.
Commenter  J’apprécie          10
Mon Siècle, c'est 99 courts textes, un par an de 1900 à 1999. Chacun a son propre style et évoque l'année en question par une petite histoire qui éclaire la grande Histoire. C'est très facile à lire et ça nous permet de mesurer à quel point on connaît mal l'histoire de l'Allemagne en dehors des années de guerres, la Seconde et la Froide.
Certains textes restent relativement inaccessibles si on ne connaît pas un peu Ernst Jünger et Erich Maria Remarque, ou le reste de l'oeuvre de Günter Grass, et il est plus que probable que je sois passée à côté de certaines choses par manque de références culturelles. Néanmoins, même comme ça, ça reste un petit livre fort intéressant à découvrir, car il nous aide à nous coucher moins bête.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (123) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
415 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}