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EAN : 9782377560783
228 pages
L'Ogre (22/10/2020)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Une femme rampe dans les canalisations d’une maison silencieuse. Une intervention chirurgicale met au jour un objet d’adoration. Un reptile carnivore divise et cautérise une ville.
Dans Cinquante façons de manger son amant, Amelia Gray explore une nouvelle fois l’incroyable cabinet de curiosités qui lui sert d’imaginaire, et nous propose des histoires qui semblent vibrer d’une vie bien à elles, animée par une humanité et un sens de l’humour hors du commun. <... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Déjà responsable de la traduction française de Menaces l'année dernière, les éditions de l'Ogre nous propose cette fois un recueil de nouvelles de l'américaine Amelia Gray.
Quand elle n'écrit pas pour la télévision (Mr Robot ou encore Maniac), l'autrice rédige en l'espace de deux mois à peine ce faux-roman et vrai fourre-tout de contes noirs et grotesques où le lecteur ne sait plus trop quoi penser.
Bouclez votre ceinture, reprenez un bonne rasade de café bien corsée et affutez vos zygomatiques, voici le retour de l'américaine terrible.

Cinquante façons de manger son amant, quel merveilleux titre pour un recueil de nouvelles ?
C'est aussi, et surtout, le titre de l'un des micro-récits de cet ouvrage dérangé et dérangeant parfumé à l'humour noir et aux grincements de dents.
Dans cette histoire, en 4 pages, Amelia Gray dresse une listes de sévices à appliquer selon ce que fait/dit votre amant. On passe du rire à la perplexité en une fraction de secondes tandis que l'américaine déroule une histoire d'amour qui s'enlise, se brise et se fane. Caustique, drôle, extrême, un récit d'amour tout en folie et en rage à peine dissimulée.
Le reste du recueil, finalement, sera à l'avenant.
Dans ces dizaines de textes souvent très courts (parfois seulement 2 pages), le lecteur se retrouve jeté la tête la première dans un univers absurde, souvent drôle, parfois glauque.
Quelque part entre Brian Evenson et David Lynch, Amelia Gray transforme le quotidien en une chose étrange, inconnaissable, brisant les murs du réel pour aller dans des endroits que l'on attend franchement pas.
Pour mieux comprendre, il faut bien évidemment prendre des exemples.
Dans le Coeur de la Maison, un couple invite une jeune Escort girl chez eux pour mettre du piment dans leur vie sexuelle. Et quel piment puisqu'il s'agit pour la jeune fille de se mettre nue dans les conduits d'aération et d'habiter derrière ses murs pendant que le couple mène une existence quasi-normale. Ici, la maison devient un organisme vivant et les notions de libertés et de cages sont revues à la baisse. Ne sommes-nous pas tous des prisonniers ?
Dans le Passage de l'Ouest, une femme en sauve une autre lors d'un voyage en l'empêchant de se rendre dans la maison d'un inconnu rencontré durant le trajet… une chance prodigieuse ou un sale tour du destin ?
Ne parlons pas non plus des deux amants de L'instant de la Conception qui finissent par sacrifier bien davantage qu'au simple coït habituel pour avoir un enfant…
Et puis cette ville dans L'année du serpent qui voit apparaître un serpent gigantesque finissant par la couper en deux et dont les habitants insomniaques se mettent à produire un élixir de sommeil à partir des écailles dudit serpent ?

Amelia Gray se sert de son écriture comme d'un scalpel qui vient trancher dans l'ordinaire de la vie de ses personnages. Souvent insensées, ses histoires perdent volontiers le lecteur dans un dédale de concepts absurdes et grotesques qui jonglent entre l'humour et l'horreur : de l'homme qui régurgite à chaque fin de phrase à la jeune femme dont le bouton est possédée par l'esprit de sa défunte mère en passant par cette femme qui tombe amoureuse d'une brique. Dans l'univers d'Amelia Gray, les sens se corrompent, le deuil et l'amour se télescopent et l'on rentre de plus en plus profondément dans une folie banalisée, une folie où l'être humain dépasse les conventions sociales et la logique du monde réel.
Si l'on peut reprocher à certaines des histoires du présent recueil d'aller trop loin dans cette démarche et d'en devenir totalement abscondes, la plupart valent sérieusement le coup d'oeil, ne serait-ce que pour apprécier les délires enfiévrés de l'autrice qui aime changer de thématique comme elle change de chaussures.

Acide, drôle et constamment imprévisible, les récits d'Amelia Gray sont autant de contes étranges et absurdes qui mettent l'imaginaire du lecteur en ébullition. Cinquante façons de manger son amant vous apprendra bien davantage que des recettes culinaires pour mettre fin à une histoire d'amour décevante !
Lien : https://justaword.fr/cinquan..
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« Cinquante Façons de Manger son Amant » de Amelia Gray, traduit par Nathalie Bru (2020, Editions de l'Ogre, 210 p.) n'est ni un livre de contes, ni un livre de recettes. le titre américain était moins racoleur « GutShot : Stories » (Coup des Boyaux : Histoires). A la rigueur, un livre de conseils. Ce qui surprend tout d'abord, c'est le découpage en cinq chapitres de 38 petits textes de 2 à 5 pages chacun.
Mais en fait, le texte qui donne le titre à ‘ouvrage, ne parle pas tellement de manger son amant. « Tout homme devrait savoir tuer sa volaille lui-même »
Ce ne sont que des amputations arrache lui le nez), des blessures (enfonce un tire-bouchon dans le tibia). J'aime bien le « mouds ses orteils au pilon ». Il y bien, pour finir le classique « dévore-lui le coeur », mais c'est d'un banal. Quant à « lui enfoncer une cuillère dans le nombril », cela ne se fait plus et risque de passer pour démodé (out of fashion). (Les cuillères d nos jours sont en inox, il n'y a plus l'attrait de dépareiller l'argenterie).
Ces conseils retenus (on en est toutefois à la page 78), Amelia Gray nous livre d'autres moyens de former un couple heureux et harmonieux. Mais le texte suivant commence par « Nous voulions tant un enfant ! » Comme quoi, les plaisanteries les plus courtes…. Que l'on se rassure, le mari a d'autres idées en tête « Dans mon rêve, des chiens couraient en file indienne devant moi dans un vaste champ noir bordé de branches courbes ». La synchronicité des ménages fusionnels n'est plus ce qu'elle était.

Bref, un livre plein de passages d'une grande tendresse sur la communications dans le couple « Son coeur flottant dans son ego comme l'éponge de cuisine dans une bassine pleine d'eau de vaisselle »
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Difficile de résumer des nouvelles. Ce n'est pas ma volonté de le faire. Les textes sont relativement courts et truffés d'excellentes idées. En voilà quelques exemples et réflexions.
Va-t-on aller jusqu'au bout du Coeur de la maison, où deux hommes en couple ne recourent aux services d'une prostituée que pour mieux l'enfermer dans le conduit d'aération? Ou de la nouvelle-titre, tout en crocs? Si le malaise s'instille souvent -mais ne lit-on pas pour être bousculés?-, Gray initie, par-delà la trivialité ou l'horreur et à sa manière férocement drôle, une réflexion sur la prédation, le désir ou la solitude. Dans son terrain de jeu retors, les gestes d'amour ne sont pas absents mais surviennent toujours aux endroits les plus incongrus (comme cette vieille dame qui tend les mains en coupe dans le Pinson pour récolter le vomi de son interlocuteur, après l'avoir poussé à bout) , et s'avèrent parfois tranchants ou décevants. Reste que même avec toute cette acidité aux lèvres, nous voyons luire son talent.
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Très courts récits hallucinés sur l'horreur et la solitude de nos vies, sur les formes étranges, et destructrices, que peut prendre l'attachement, sur les fictions inventées, leur humour très noir, pour contrecarrer la folie de nos vies dont Amelia Gray excelle à rendre le basculement. Cinquante façons de manger son amant est bien plus qu'un recueil de nouvelles, il est la poursuite des menaces sous-jacentes de notre monde.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La femme et l’homme dînent en tête à tête pour la première fois. Un dîner en tête à tête ! La femme essuie une trace de rouge à lèvres sur son verre d’eau. L’homme fait tourner son couteau à beurre dans sa main encore et encore et encore et encore. Tous les deux ont envie d’aller aux toilettes. Pourquoi est-ce toujours comme ça pendant les dîners en tête à tête ? L’homme s’excuse. Restée seule à la table, la femme se gratte l’avant-bras un peu trop fort et arrache un lambeau de peau avec son ongle. Elle essaie de le replacer mais n’y parvient pas, même en plaquant la main dessus. Il s’enroule sur lui-même comme la pelure d’un crayon. La femme est consternée. Au retour de l’homme, elle glisse les mains sur ses genoux. Il tire sa chaise et s’assoit lourdement.
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Je trouvais que l’empathie était une compétence belle et précieuse, et j’essayais de la pratiquer au moins une fois par jour.
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L’attention est la monnaie la plus dévalorisée au monde […] Quand on la traite comme si elle était précieuse, on se prive de voir qu’on pourrait la trouver ailleurs. Alors qu’elle est partout, la sollicitude est partout.
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Le truc avec les drogues, c’est qu’on peut lutter contre elles toute sa vie alors qu’en réalité, c’est contre un cerveau qui veut notre mort qu’on lutte.
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Fut un temps où j’avais l’esprit malade d’une étrange et enivrante ambition : je pensais pouvoir améliorer le monde en y vivant.
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