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EAN : 9782020183390
416 pages
Seuil (14/10/1992)
3.89/5   48 notes
Résumé :
Wilfred vend des chemises dans un grand magasin de New York. Mais en marge de cette existence monotone, il mène une vie déchaînée. Le jeune homme a la foi, et là est son drame : comment concilier la chair et l'esprit ? Tous les personnages de ce livre se débattent avec leurs sentiments, grands ou petits, pour la chair et contre la chair, avec leur âge, leur physique, leur foi, leur vide, dans cette nuit terrestre qui s'éclaire violemment à la dernière seconde du liv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Oyez, oyez, Julien Green nous conte l'histoire de Wilfred, le neveu catholique et très pratiquant de l'oncle Horace, qui se meurt après avoir mené une misérable vie de pécheur. Wilfred, horrifié, assiste aux derniers instants de cet oncle dont les frasques ont choqué la famille, mais pour tous ses membres, lui Wilfred est un être pur ! d'ailleurs cela se voit sur son visage, un visage angélique !
Mais ...
Il vit sa religion comme un enfer, Wilfred, car il ne peut s'empêcher de suivre les femmes dans les rues, de fréquenter les bars louches, de se jeter frénétiquement dans le stupre. Et "les plaisirs font perdre la foi". Et pour ce garçon il n'y a pire que le péché de chair.
Du coup, de honte, il en enferme son crucifix dans un tiroir !
En outre, il est incapable d'aimer, ce jeune homme à l'agréable tournure que les femmes convoitent - quelques hommes aussi d'ailleurs - et il collectionne les conquêtes comme on égrène son chapelet, tremblant après l'acte de chair, conscient de souiller son âme de chrétien, mais incapable de résister au vif et vil appel du plaisir !
"Je suis de ceux qui se brisent contre le mur de cristal de la perfection." dit, quelque peu emphatique, ce garçon décidément très antipathique.

Le talent de Julien Green apparaît ici éclatant, car, par un exceptionnel tour de force, cet ouvrage, tout en baignant dans la bondieuserie, transpire curieusement d'un érotisme des plus effrénés, alors qu'il n'y a pas une phrase, ni même un mot, évocateur d'étreintes sensuelles ! et pourtant le lecteur marine dans une atmosphère glauque et dépravée .... celle là même dans laquelle Wilfred se débat, entre stupre et élans vers la divinité !

L'auteur trace ici le portrait (plus ou moins moqueur ou pas ?) d'un jeune homme tourmenté par sa sexualité, qui pour lui représente le mal, alors que son âme aspire à l'absolu de la pureté chrétienne, ou de ce qu'il imagine être la pureté chrétienne. Il le fait avec infiniment de talent et le lecteur se trouve partagé entre l'amusement provoqué par les excès du héros et l'énervement causé par les outrances de ce catholicisme intransigeant.
Comme c'est pratique de voir ses fautes effacées par la confession !!
Mais interrogeons-nous, diable, qu'est-ce donc qu'avoir la foi, ?
Et, comment fait-on pour l'avoir, la foi ? .... eh bien, il faut prier tout simplement.
Allons, comme le dit si bien Victor Hugo : "Chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière"
Amen.
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Tout d'abord, le titre du livre est issu d'un vers de Victor Hugo : " Chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière " (Les Contemplations).

Ensuite, et pour la première fois, la religion se trouve au coeur même d'un livre de Green : la question éthique, dans ce roman, est de savoir comment vivre sa foi et ses "attirances/plaisirs" charnels ?
( la réponse est donnée. voir citation...)

Enfin, j'aime énormément lire les écrits de Julien Green car la force de cet écrivain tient au fait que (toute) son oeuvre peut se lire comme le témoignage réaliste d'une aventure psychologique ( soulevant par là même des interrogations métaphysiques), insérée dans un contexte social donné.


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Premier contact avec l'oeuvre de Julien Green, Chaque homme dans sa nuit a été pour moi une lecture agréable et digne d'intérêt.
Pourtant, on peut se poser des questions sur le catholicisme de Wilfred, et la religion telle qu'elle est présentée tout au long du texte. En effet, elle apparaît toujours comme un pur moralisme, empêchant les différents personnages d'assouvir leurs passions, tout en les obligeant à ressentir une culpabilité permanente. Ainsi, plusieurs personnages cachent leur chapelet pour qu'il n'assiste pas à leurs actes de dépravation. Quant au fait que le personnage principal soit catholique, cela semble essentiellement destiné à l'opposer au reste de sa famille, protestante. Bien que cette présence pour le moins schématique du fait religieux dans le roman m'ait déçu dans un premier temps, j'ai fini par l'interpréter comme une critique de la société puritaine américaine que l'auteur a sans doute bien connue.
Le récit, quant à lui, m'a intéressé dès le début. le personnage principal, vivant à la marge de sa famille, entre la société raffinée de ses cousins et les cercles obscurs fréquentés par Max, ne manque pas de profondeur. Constamment mal à l'aise parce qu'il constate que l'image que ses proches ont de lui ne correspond pas à la réalité, il passe au fil du roman d'une obsession pour la sensualité à la découverte d'un amour plus grand, malheureusement impossible sans être complètement désespéré. Les personnages qui gravitent autour de lui, tous fragiles et généralement malheureux, évoluent également sans que les actes de Wilfred ait toujours les effets escomptés.
Cela m'amène à un dernier constat. Chaque homme dans sa nuit : le titre insiste sur la solitude qu'éprouve chaque personnage face au problème qui le ronge. Mr Knight ne parle pas à sa femme, Phoebé est trop timide pour se livrer, Angus se livre mais a déjà décidé ce que son cousin devait penser de lui, Max est difficile à comprendre et Wilfred refuse de parler du seul sujet qui l'obsède : la religion. Sans doute cela rejoint-il ma première remarque sur la critique de la société. A aucun moment n'est esquissée une quelconque vie communautaire, une amitié où règne une confiance suffisante pour laisser tomber le masque, une affection permettant d'aborder librement les souffrances induites par les limites des personnages. En cela, considérant l'évolution individualiste de notre société, Chaque homme dans sa nuit n'a rien perdu de son intérêt.
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Wilfried est un jeune homme perturbé par ses émotions, ses élans du coeur et du corps. Chaque nuit, il court les rues, à la recherche de passions éphémères, ne fait pas toujours de belles rencontres, tout cela pour échapper à un quotidien morose. Son métier, vendeur de chemises, ne le passionne pas. Ces fuites nocturnes sont aussi l'occasion pour lui de tester sa foi. Comment concilier passion charnelle et foi ? Beaucoup de questions, des thèmes récurrents chez Julien Green. Ce livre est assez proche de Moïra, un autre de ses romans. Il faut, je pense, pour ne pas perdre le fil, avoir lu quelques autres de ses ouvrages, car ce texte peut paraître abscons. Membre de l'académie française en 1971, Julien Green a été élevé dans la foi catholique. La plupart de ses ouvrages traitent des thèmes de la religion versus la sexualité. Cet ouvrage a été publié en 1960, et peut avoir vieilli. J'avoue l'avoir trouvé un peu long, et si ce n'était la beauté du texte, car j'aime beaucoup son style, j'aurais pu le trouver un peu ennuyeux. La fin est bouleversante, et j'étais ravie de ne pas l'avoir loupée. J'ai lu quelque part que Julien Green s'est inspiré d'un vers de Victor Hugo pour trouver son titre "Chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière".
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très bon livre!
la folie est un labyrinthe. si l'on pouvait retracer le cheminement d'une idée dans le cerveau d'un fou, on trouverait peut_être la réponse qui le délivrerait de sa folie.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le plaisir tuait en lui la faculté d'aimer. Il avait le cœur d'un impuissant, mais la présence de l'amour le bouleversait.
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(…) Mais on ne commande pas plus à ses émotions qu'on ne commande à l'amour, et il se trouvait qu'il ne pensait qu'à l'amour, à l'amour dans ce qu'il a de plus violent. Est-ce qu'il savait pourquoi il en était ainsi ? La rage de vivre était en lui si forte qu'il eut l'impression de l'avoir volée au mourant.
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dans le silence même de la maison, il reconnut cette parfaite immobilité des choses qui ne changent pas alors que nous devenons autres à chaque jour.
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Si l'on savait tout ce qui me passe par la tête , se dit-il, je crois qu'on me prendrait pour un fou, un vrai, de ceux à qui on lie les bras, mais je voudrais bien qu'on me fasse voir un homme parfaitement raisonnable à tous les moments de sa vie : ce serait peut-être lui qu'on enfermerait.
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Comment savoir s'il croyait vraiment ?
_ Mon ami, quand un voyageur fait viser son passeport et qu'il se procure un billet dans un messagerie maritime, c'est qu'il croit à l'existence du vaisseau, de l'océan qu'il va franchir et du port qu'il espère atteindre.
Le jeune homme hésita une seconde, puis une phrase lui vint à l'esprit qu'il dit presque d'un trait, comme si elle lui eût été soufflée :
_ Et si le passeport visé et la cabine retenue, il n'est pas vraiment sûr qu'il y ait un port à l'autre bout de l'océan ?
_ Alors, mon garçon, notre voyageur fait un acte de confiance des plus méritoires et l'on peut augurer que la traversée sera bonne.
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Videos de Julien Green (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julien Green
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […]" (Roland Jaccard.)
0:14 - Bernard Shaw 0:28 - Julien Green 0:45 - Heinrich von Kleist 1:04 - Georges Henein 1:13 - Ladislav Klima 1:31 - Michel Schneider 1:44 - Hector Berlioz 1:55 - Henry de Montherlant 2:12 - Friedrich Nietzsche 2:23 - Roland Jaccard 2:37 - Alphonse Allais 2:48 - Samuel Johnson 3:02 - Henrik Ibsen 3:17 - Gilbert Keith Chesterton 3:35 - Gustave Flaubert 3:45 - Maurice Maeterlinck 3:57 - Fiodor Dostoïevski 4:08 - Aristippe de Cyrène 4:21 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982 Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
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