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EAN : 9782253002109
192 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4.64/5   7 notes
Résumé :
Julien Green traverse les premiers jours de la guerre, puis la défaite, la mort dans l'âme. Il se retrouve aux Etats-Unis, sa patrie, sous l'uniforme pour la seconde fois de sa vie, mais cette fois l'uniforme américain (en effet durant le premier conflit mondial il fut engagé dans les ambulances américaines, mais porta l'uniforme français dès qu'il eut l'âge requis).
Comme instructeur, il parlera de la France aux jeunes recrues, de ceux qui iront se faire tue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans cette période de son journal, Julien Green pense avec une profonde nostalgie aux années passées dans une certaine insouciance et avec la certitude que tout pouvait durer.
A ce titre, ce journal est exemplaire. Confrontant le triste présent au passé idéalisé, il illustre l'incapacité du diariste à vivre dans le présent.
Mais n'est-ce pas le lot de tout diariste ou autobiographe que d'être dans l'incapacité de vivre ici et maintenant ?
Mais ce sont précisément cette inaptitude fondamentale à vivre dans le présent et cette nostalgie qui nous offrent les plus belles pages de la littérature.
Voici donc un extrait du journal du 17 septembre 1940 :
« Ce matin, par un caprice de ma mémoire, je me suis revu en 1937, dans une pièce de l'appartement de Jacques Bouchinet, rue du Val-de-Grâce. C'était vers la fin d'une pluvieuse journée d'octobre et les réverbères allumés se reflétaient sur les trottoirs luisants ; de temps en temps, une voiture glissait dans la pénombre. Dans la maison d'en face, un enfant écrivait ses devoirs sous une suspension, et je le regardais, retenu par cette image banale et paisible ; j'avais devant les yeux le symbole de quelque chose qui devait disparaître, mais je n'en savais rien. Je croyais que tout, autour de moi, était solide et je vivais dans un décor dont les portants devaient s'abattre aux premières rafales de la tempête. J'étais heureux ; rien ne nous avait déchiré le coeur depuis de longues années. »
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
17 décembre 1941
Ici, on connait un peu l'oeuvre de Proust, mais assez mal le personnage.
Une Mrs. X...montre à ses amis une lettre de Proust dont elle est fière et qui n'en est pas moins d'une inimitable insolence sous les dehors d'une flagorneuse politesse. Elle avait invité Proust à déjeuner, à Paris. Il lui répond, dans une lettre de quatre pages, qu'il ne viendra pas, qu'il aime mieux dîner seul, et bien mieux, qu'il sera en train de dîner seul, au Ritz, à l'étage au-dessous de celui où elle se propose de donner son dîner, et à l'heure même où ce dîner aura lieu auquel il n'assistera pas.
Mrs. X...a demandé à notre ami V...de lui faire une traduction écrite de cette lettre, comme si, la rebuffade en français ne lui suffisant pas, il la lui fallait aussi en anglais.
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Jeudi 7 novembre 1940
Un jour, peut-être, je connaîtrai la paix, sinon la joie. De même que nous ne savions pas à quel point nous étions heureux avant la guerre, de même nous ignorons aujourd'hui l'étendue de notre malheur. J'avais, pour ma part, placé mon bonheur dans trop de choses extérieures ; cela, je le comprends aujourd'hui. Le décor et les accessoires étaient passés sur le plan de l'essentiel ; j'avais besoin de beaux objets, de distractions, je confondais le plaisir avec le bonheur, je ne savais pas assez que le vrai bonheur se réfugie le plus loin du monde possible, dans une région presque inaccessible.
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24 juillet 1942.
A l'heure où j'écris ces lignes, il se peut qu'à Paris, dans son appartement situé non loin de celui que j'habitais moi-même, tel écrivain que je connais donne une réception en l'honneur de Goering.
Et dehors, sous les fenêtres, près des massifs de fusain, de laurier et de lilas, il y a des promeneurs qui flânent sous les platanes. Comme autrefois.
Et dans le salon de cet écrivain, que de visages je reconnaîtrais...
Il se peut - pourquoi pas ? - que quelqu'un prononce mon nom et dise : "Pourquoi est-il parti ? Il n'avait qu'a rester ici. On ne lui aurait rien demandé, sinon de continuer à écrire ses livres qui auraient paru en France, et en traduction à Berlin ; on lui aurait conseillé de se montrer de temps en temps, dans les salons comme celui-ci, de serrer la main à de charmants officiers nazis et à leurs femmes, de signer un exemplaire de son dernier roman pour Emmy Goering..."
La longue tristesse de l'exil me paraît belle en comparaison de ces facilités.
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La récompense des livres, c'est d'être lus. Rien de triste comme une bibliothèque pleine de livres dont les pages ne sont pas seulement coupées, dont les reliures desséchées appellent tristement la caresse des mains, faute de quoi elles se fendillent, s'excorient et se détachent du volume déshonoré qui n'a rien pu dire de tout ce qu'il savait et meurt dans l'oubli.
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24 juillet 1940
Je me demande quelquefois ce que devient notre appartement de Paris, et en particulier mon bureau où j'ai vécu tant d'heures paisibles sans la moindre intuition de ce qui allait se passer. Pourtant, je me souviens qu'un jour où je me tenais debout devant les rayons de la bibliothèque, je me suis figuré un officier allemand lisant les titres de ces livres, et ricanant devant la belle Bible hébraïque en deux volumes que je regrette tellement de n'avoir pas emportée.
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Videos de Julien Green (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julien Green
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […]" (Roland Jaccard.)
0:14 - Bernard Shaw 0:28 - Julien Green 0:45 - Heinrich von Kleist 1:04 - Georges Henein 1:13 - Ladislav Klima 1:31 - Michel Schneider 1:44 - Hector Berlioz 1:55 - Henry de Montherlant 2:12 - Friedrich Nietzsche 2:23 - Roland Jaccard 2:37 - Alphonse Allais 2:48 - Samuel Johnson 3:02 - Henrik Ibsen 3:17 - Gilbert Keith Chesterton 3:35 - Gustave Flaubert 3:45 - Maurice Maeterlinck 3:57 - Fiodor Dostoïevski 4:08 - Aristippe de Cyrène 4:21 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982 Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
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