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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Probablement que Julien Green n'est plus un auteur que l'on lit beaucoup aujourd'hui. Pour ma part je ne l'avais pas lu avant et c'est plutôt bien de ne pas suivre forcément le mouvement.

J'ai beaucoup aimé Leviathan, sa description fine des psychologies, son approche du plus profond de l'être humain dans ce qu'il a de plus tapi au fond de lui, les rapports malsains que Mme Londe entretient avec "ses nièces" qu'elle prostitue pour asseoir son petit pouvoir sur les hommes de la triste ville provinciale, les rêves d'amour d'Angèle et ceux de l'austère Mme Grosgeorge.

La 4ème de couverture évoque un cauchemar d'amour, d'où l'espérance est totalement absente. je ne peut guère mieux dire.

Julien Green m'a convaincu et j'ai déjà ajouté dans ma PAL un autre de ses livres.
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Les mots qui me viennent à l'esprit au moment de parler de cet ouvrage sont : pudeur, subtilité, psychologie, empathie, noirceur, beauté ... la liste serait longue tant il m'a transportée. Alors oui, on pourrait se dire que la thématique de départ un homme éconduit qui tue par passion est assez commune mais jamais je n'ai lu une histoire aussi passionnante. du commun Julien Green en a fait de l'exception. Il dépeint chaque personnage qu'il soit beau comme laid, candide comme machiavélique avec une telle subtilité. Avec cet ouvrage on les habite un à un à tel point qu'on peut se reconnaître dans chacun d'entre eux. Faut-il aimer ses semblables, les avoir observés, décortiqués pour être à ce point précis dans les traits. Stefan Zweig, Joyce Carol Oates sont des auteurs de coeur pour leur manière de décortiquer avec finesse la psychologie humaine. Julien Green vient de gagner une place à leur côté.
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J'ai commencé ce livre sans enthousiasme particulier, beaucoup plus afin de découvrir la plume de Julien Green que pour l'attrait de l'histoire. J'ai eu un peu de mal à rentrer dedans, et puis à partir du 4ème ou 5ème chapitre j'ai peu à peu fini par me plonger dans l'histoire pour ne plus la lâcher. C'est finalement une très bonne surprise, Julien Green a l'art de créer des personnages d'une grande profondeur psychologique qui peuvent sembler un peu atypiques une fois connues leurs pensées intimes, mais peut être pas si atypiques que ça en fin de compte car nous passerions sans doute tous pour des êtres un peu étranges si nous étions mis entièrement à nu par la plume de cet auteur. A travers le destin de Guéret, anti-héro et personnage centrale du roman, ce sont les portraits de plusieurs personnes d'un village de campagne qui vont servir à dérouler l'intrigue, des personnes dont les destins vont s'imbriquer en dépit de tout ce qui les oppose. Mais tout ne les oppose pas complètement, ils ont tous au moins en commun d'être malheureux, ou de penser l'être. Un mal-être et une névrose qui vont se traduire pour chacun dans leur quotidien par une certaine forme de tyrannie et de violence, et qui conduira Guéret à commettre l'irréparable. Une histoire donc prenante, avec des personnages d'une grande profondeur qui au moins sur ce point font de Julien Green l'égal, selon mon humble avis, d'un Stefan Zweig ou d'un François Mauriac.
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~ Léviathan où le mal ~

Noir, glauque & sordide !

Un regard, et on tombe amoureux.
Tout le problème, c'est qu'on ne se contente rarement de ce regard. Il faut les mots, la bouche, la peau, les mains & bien d'autres choses qui compliquent ce qui n'était qu'un regard, un frôlement.
Ceci est un roman effrayant sur l'amour, sur l'être humain, il raconte la démarche irréfléchie d'un amant désespéré, ça se passe dans une bourgade française, où tout vire mal, tout se sait, le malheur rôde & fait ployer les vies sous le poids de la prude morale.
Guéret s y installe avec sa femme, il tombe fou amoureux d'Angèle qui n'a d'angélique que le prénom, lorsque celle-ci semble le repousser, il en devient violent.
Ce livre parle de sentiments humains très sombres, d'humiliation, d'orgueil, de désir, de prostitution, de folie, de blessures, de mort. Et de la torture psychologique que chacun, parfois, s'inflige. Mais les mots de Green sont tout le contraire, d'une beauté merveilleuse.
La description de Madame Londe & Madame Grosjean est d'une minutie saisissante.

Green dira de son roman : "En réalité, il n'y a là qu'une seule passion sous plusieurs formes. Ce que j'ai voulu montrer, c'est l'activité de la passion humaine qui peut tout à la fois le bien et le mal."

Bref dans ce livre, je me suis donnée beaucoup de peine afin d'étreindre le réel, mais il m'échappait continuellement, ne laissant entre mes mains abusés que d'illusions brisées !

Green, magistral, grandiose ! Lisez le !
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Une extraordinaire maîtrise psychologique caractérise Léviathan de Julien Green. Une minutie des profondeurs, une étude approfondie des moindres motifs, ainsi que tous les effets sensibles, d'une remarquable justesse, des impressions troublées qui parcourent l'homme pétri d'étranges symboles quand il songe vraiment à telle situation où il est et qu'il reconnaît dans une spectaculaire dimension d'étrangeté ; il est quelqu'un d'autre qui se sonde, ou bien, plus justement, cet autre qu'il est se ressouvient de celui qu'il était ou qu'une normalité l'enjoint à être. L'emmêlement des temps et des états au sein d'une banalité circonscrite et immuable constitue une sorte de pénible passerelle où se tient celui qui s'observe : il ne sait plus tout à fait quels sont ses ressorts, il se livre à des conjectures sur son devoir mis en relation avec son quotidien, et germent à sa conscience des éléments que l'ordinaire tient celés, des inaccomplis écrasants de frustration, des hontes que le flux normal de la vie impensée garde habituellement sourdes. La réflexion tue impitoyablement le réflexe insouciant, au même titre que l'individu ne renaît que pour humilier inévitablement le consommateur. On ne sort du morne état de coutume que pour la souffrance, sans espoir d'évasion sinon en un provisoire plus redoutable que la fatalité. Il ne faudrait pas penser. Jamais. Et je crois que notre contemporanéité, en fin de compte, n'est pas loin d'y parvenir, c'est-à-dire d'atteindre un point où toutes les cogitations que décrit Green paraîtront sinon inaccessibles, du moins purement romanesques, invraisemblables, pour ne pas dire carrément fabriquées. C'est que la profondeur bientôt ne sera plus même en souvenir, en quoi l'humanité, rien qu'en évoluant du fait d'un rapport à l'extérieur de plus en plus attentionné et frénétique, peut fort bien se métamorphoser jusqu'à ne plus reconnaître ce qu'elle fut : un fantastique vivier de créations et de couleurs.
Guéret, marié, regarde sa vie avec un blasement qui est déjà une façon de mirer tout au fond de l'eau quand on est sur la berge : il se sait dans l'air, il ignore bien par quel moyen il se mouvrait autrement qu'au sec, mais il s'ennuie extrêmement de cette stagnation, des images réfractées lui parviennent confusément depuis l'autre côté de la surface marbrées, et il cultive le regret de ne pouvoir les rejoindre et leurs fantasmagories plus fortes, c'est pourquoi – tout ceci n'est qu'une métaphore, bien sûr – il revient sans cesse les contempler, et abandonne son temps libre à rêver de sensations qu'il se sait indignes de recevoir. Ainsi poursuit-il Angèle – concrètement cette fois – qu'il sait pouvoir retrouver à certaine heure, un bref moment d'éternité louche à la tombée du soir. La mine d'assurance et la beauté franche et cruelle qui s'en dégagent contrastent tant avec le peu qu'il s'estime – les miettes de son mérite – qu'il n'ose l'approcher, que d'emblée il se fait un principe de ne pas l'atteindre ; et puis, comme elle l'a remarqué avec cette insolence propre aux femmes que les expériences ont à peu près rouées et stylées aux hommes, dans ses hésitations il s'oublie à des audaces qu'il déjuge aussitôt, s'empresse et atermoie tout ensemble, il est à la fois lunatique de ces désirs aussitôt regrettés et taciturne de ne pouvoir jamais manquer tout à fait à s'observer et se contenir. La lourdeur de ses impressions continues qui le retiennent de vivre pleinement en le soumettant sans cesse au jugement de son ridicule et de sa vanité le rend lourdaud, bizarre, inconstant, et détruit tout son agrément : il en devient un être brusque qui gaspille ses chances et gâche tout. Ce qu'il éprouve sur l'instant, comme il l'examine déjà en souvenir, son regard n'est plus tourné qu'en lui-même, et il abolit le temps de la jouissance solaire dans celui de l'intimité où il l'abîme en nuit.
Singulier spécimen d'homme que cet être tour à tour plein de passion et de morgue, à la fois superbe et obscur de forces retenues, qu'une ambiguïté insoluble tiraille entre le respect et la profanation, où se déchaînent ensemble en imagination des puretés d'azur indicibles et des tempêtes de fureur noire – fondues en un chagrin dont l'électricité est ce qui transparaît le plus. Comment une telle tension peut-elle se résoudre, notamment lorsqu'une circonstance soudaine l'attise à un paroxysme ? Et comment – thème secondaire qui surprend de prime abord parce qu'il ne se déploie que dans la seconde partie du livre, semblant rompre un temps avec l'unité d'action et induisant une sorte de renversement de l'intérêt et de la conception de l'ouvrage en cours – comment un environnement humain composé pour partie de semblables individualités, également comprimées dans leur amour-propre, s'accommode-t-il ou survit-il de l'explicite surgissement voire de la résolution de la frustration contiguë ? Autrement dit : comment entre-t-on sous les eaux où personne ne va jamais que par exception, et quel effet peut en tirer un témoin lui-même extrêmement avide de baignades glacées ? On devine que ce roman porte sur la contrainte et sur l'étrange, où se mêle l'attrait avec le trouble, non loin de Dostoïevski quoiqu'avec, pour ainsi dire, plus de familiarité européenne. Il faut vouloir de ces introspections où l'on s'enfonce en un sourire de curiosité qui est parent de l'effroi ; il faut avoir plusieurs fois tenté d'interroger sa situation, quand par exemple seul sur un chemin de nature on tâche à trouver l'origine d'une sensation comme s'il ne suffisait plus de la ressentir mystiquement ; il faut avoir cherché les similitudes et les singularités d'un état d'être où, l'espace d'un moment, plus rien n'est donné, écrit, imposé en valeurs absolues, et où toute pensée, vertigineusement, remonte la queue d'un fascinant maelström, réjouissant ou affreux selon ce qu'il incite à faire, pour goûter pleinement la narration de ce roman qui, d'un épanchement strictement exact c'est-à-dire juste et sans affectations, brille d'une rare vraisemblance et d'un pénétrant sens de l'observation. La délicatesse des peintures aussi bien psychologiques, descriptives que narratives, révèle des individus, traduit des caractères et explicite des faits : rien de plus soigné et artiste que ce Guéret qui se dégoûte de son dégoût, que ces singularités d'ombres et de nature évocatrices et propitiatoires quand vient la nuit des rues, d'une rivière ou d'un tas de charbon, que cette recherche active de grimper à la fenêtre d'un premier étage en une insistance émue qui ne se départit pas d'un effort efficace et concret… C'est cette netteté de vision, la figuration pointilleuse de gouffres et de clartés sublimes, qui dénonce la grandeur de l'écrivain, une ambition qui ne se refuse pas des gageures, une obstination à trouver des ressources pour rendre la couleur de l'encore-invisible, au même titre qu'on fait surgir avec insistance des concepts qui n'avaient jusqu'alors aucune existence mentale. Ainsi l'auteur de belle envergure a-t-il sur l'esprit autant que sur le réel une action que réfuteraient tous les amateurs du livre-comme-divertissement qui ne souhaitent y trouver que les images plaisamment floues que leur fugacité – que leur vacuité – convoite avec priorité et frénésie et qu'ils imaginent à déjà sans l'aide de personne ; mais voir au-delà de l'image superficielle et de l'aplat ! s'ouvrir à des perspectives inespérées par les idées-mots au-delà de l'expérience commune ! découvrir comme des faits ce que la pensée peut faire émerger du réel, notamment son vaste territoire sous-jacent de possibilités qu'il faudrait baptiser l'Anti-banal ! On verrait qu'avec cette curiosité, cet émerveillement et cet Éveil, il y aurait notamment, dans ce Green, quelques pages saisissantes à l'usage de tous ceux qui souhaiteraient connaître, mais pour de vrai, ce que c'est que de commettre un crime !
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Le lecteur suit les pas de Guéret, fraîchement arrivé de Paris, il accompagne ses va et vient entre Lorges et Chanteilles (dans la région d'Orléans, comprend-on), à la poursuite d'Angèle. Pauvre Angèle, assommée au bord de la "Sommeillante", livrée à un Guéret dément... le même lecteur aura pris amusement des chamailleries grinçantes qu'on se fait à la table d'hôte de Madame Londe. Il aura aimé frémir à cette épouvantable histoire.

Mon édition de 1962, dont la reliure fut l'oeuvre de H. et J. Schumacher pour les éditions Rencontre, de Lausanne, est de bonne qualité
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Paul Guéret vient de s'installer avec sa femme en plein coeur d'une ville de province. Rien ne semble entraver la monotonie des lieux, seul un restaurant tenu par une femme de tête, Mme Londe, offre un peu d'animation dans ce paysage déserté. Mme Londe se consume sous une curiosité insatiable et cherche à connaître tous les travers des petits bourgeois de la ville. Paul Guéret franchit la porte de son restaurant et fait face à son regard inquisiteur.

Grâce aux leçons qu'il dispense au fils d'un couple de bourgeois, Paul Guéret gagne un peu d'argent pour faire survivre son ménage. Depuis son arrivée dans le village, il voue, en secret, une passion dévorante et obsédante pour une jeune blanchisseuse, Angèle. Ce désir impérieux le conduira jusqu'au crime…

Avec son écriture magistrale, Julien Green dissèque ses personnages emportés par leurs démons intérieurs. Un roman noir où Julien Green dresse des portraits psychologiques aussi sordides et sombres que le paysage de campagne où ils évoluent. Je ne peux que vous recommander ce classique de la littérature malheureusement méconnu !
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Une bourgade ordinaire dans l'entre-deux-guerres, sans âme ni charme, une jeune blanchisseuse, qu'on devine pulpeuse, dont les sens oscillent entre le vice et la vertu car il n'y a point de frontière dans son esprit ; une dame patronnesse castratrice, qui entend régner sur les clients de son auberge comme un sadique se délecterait de ses mauvais instincts. Un quidam arrive, l'anti-héros, le perdant, un cauchemar de vie, l'âme en peine, face au désir, à ses démons, qui fuit son couple qui suinte la détresse, l'échec et les frustrations. On sent le malheur roder, dans une atmosphère lugubre, poignante, des sentiments glauques, le mal se mélange au bien comme deux liquides non miscibles que les hasards de la vie agiteraient sans fin. Comment faire un chef d'oeuvre d'une histoire si triste, si banal, sans relief si ce n'est la profonde détresse des caractères. Eh bien, il y a là le génie de Julien Green, sa passion du verbe, le détail des mots, la profondeur de ses analyses, le style incomparable qu'on apprécie avec délices comme on jouirait de la plus belle des mélodies. Il manie le verbe, fait danser les mots, chanter ses phrases, faisant à chaque page surgir l'esprit incomparable de la langue française. le style est d'une élégance exquise, la construction des phrases semble se faire dans une infinie douceur, les caractères sont rendus avec un incroyable réalisme. Une oeuvre littéraire exceptionnelle de la part d'un de nos plus grands écrivains.
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Histoire terrible sur un homme qui tombe éperdument amoureux d'une blanchisseuse aux moeurs pour le moins légères et plonge dans une spirale meurtrière. Tout cela se passe dans un petit village où tout le scénario est comme confiné. C'est écrit d'une très belle plume et la fin est terrible.
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