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EAN : 9782253082743
340 pages
Le Livre de Poche (14/03/2008)
4.05/5   55 notes
Résumé :
Dans cette maison dont le nom évoque des cendres éteintes, Mont-Cinère, la jeune Emily est élevée dans le froid. Sa mère, par peur de manquer, rogne sur tout dans la grande propriété qui a dû être superbe en des temps plus anciens. Et la vie s'écoule. La mère thésaurise pour accumuler en banque une fortune morte ; la grand-mère, prodigue en apparence, mais du bien des autres, a l'avarice du cœur et ramène tout à elle-même. Cette soif de biens matériels finit par fai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Mont-Cinère est l'histoire de trois femmes, la fille Emily, la mère Cathy et la grand-mère Mrs Eliot qui vivent et meurent peu à peu du fait d'une sorte d'épidémie de folie avaricieuse.
Sorte de variante féminine de l'Avare, transposé dans la société américaine de la fin du XIX ième siècle, Kathy Fletcher, mène d'une main tant autoritaire qu'austère, la vaste maison de Mont-Cinère. Veuve, Kathy élève sa fille Emily sans paraître pleurer l'absence de son défunt mari. Tout au contraire, elle se complaît dans ce rôle de maîtresse femme qui veille à dépenser le moins possible. Terrorisée à l'idée de la moindre dépense, elle économise sur tout.
Et lorsque la mère de Kathy, Mrs Eliot arrive et demande à sa fille de l'héberger, Mrs Fletcher croît défaillir. Sa mère va lui coûter beaucoup d'argent. Elle a déjà renvoyé presque tous les domestiques.
Kathy songe même à vendre des meubles et objets décoratifs de la maison.
La jeune Emily s'insurge. Elle sait que sa mère n'est pas pauvre et que son père leur a laissé une importante somme d'argent. Elle considère que Mont-Cinère, qui lui reviendra à la mort de sa mère, lui appartient déjà et refuse que tout soit vendu.
Lorsque la grand-mère Mrs Eliot meurt, Emily accuse sa mère de ne lui avoir pas prodigué tous les soins nécessaires, soit par le manque de chauffage, soit en imaginant même qu'elle a pu l'empoisonner.
Emily qui ne supporte plus l'idée d'être privée de son héritage, se rend chez le voisin, un jeune homme père d'un bébé et dont la femme est morte en couches. Elle lui propose de l'épouser afin de devenir maîtresse de Mont-Cinère et d'obtenir de l'autorité de son futur mari, un moyen de pression sur sa mère. le jeune homme, abasourdi, accepte cet étonnant marché. le mariage a lieu dès le lendemain.
Cathy, la mère, se sent vaincue et déprit lentement. Elle finira par quitter Mont-Cinère.
Mais si la mère est écartée et donc « neutralisée », son avarice semble s'être déposée, telle une épaisse couche de poussière sur les meubles et dans la vaste maison. Elle a été transmise à sa fille Emily qui démontre alors l'ampleur de son égoïsme. Elle ne pense qu'à son héritage et traite le jeune homme par le mépris. Celui-ci se rebelle et fait valoir son autorité d'époux, qui le rend maître de Mont-Cinère, car ils n'ont conclu aucun contrat de mariage. Emily se trouve prise au piège.
Dans un accès de rage et de folie elle tente d'étrangler le bébé du jeune homme …
Emily est devenue aussi folle que sa mère. Les biens transmis et qui sont l'objet de cette convoitise effrénée, le domaine de Mont-Cinère en l'espèce, transmettent avec eux la folie de leur propriétaires.
La douce et gentille Emily du début du roman devient, subrepticement et par la magie de la plume de Julien Green, la jeune femme avide de possession qui tentera d'assassiner un enfant et périra tragiquement, par sa seule faute, au milieu de ses biens… !
Au-delà d'une réflexion classique sur la filiation, la transmission et les rapports familiaux, ce roman apporte aussi un éclairage original sur l'égoïsme et l'avarice. Les objets sont vus par leurs propriétaires comme un prolongement de leur personne, et quiconque tente de s'approprier ces objets attente à leur intégrité personnelle. D'où la violence extrême de leur réaction.
Ce roman du début de la carrière littéraire de Julien Green conserve une fraîcheur et une actualité propres aux chefs-d'oeuvre de la littérature classique.
A lire, pour découvrir Julien Green, dont le style magnifique capte et captive le lecteur, comme s'il s'agissait d'un thriller psychologique.
A lire aussi pour approfondir la lecture de son oeuvre foisonnante et protéiforme. Car si ses romans sont magiques, son autobiographie et son journal sont tout aussi envoûtants.
Un grand auteur, trop souvent oublié, à lire, relire et faire lire !!
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Auteur d'origine américaine, Julien Green ne pouvait pas ne pas nous servir un roman américain. C'est chose faite, avec « Mont-Cinère » : à la fin du 19ième siècle, aux Etats-Unis, une femme avare, Mrs Fletcher, et sa fille Emily s'affrontent à Mont-Cinère, c'est le nom de leur propriété commune, pour la possession de celle-ci ainsi que de l'héritage de feu Stephen Fletcher, le mari et père qui n'aura été ni aimé, ni pleuré…
Une atmosphère détestable règne dans cette maison, alors que s'invite une troisième femme, Mrs Elliot, la grand-mère, dans le besoin.

Rien ne sera épargné à cette maison où règnent bêtise et méchanceté élevées à un tel niveau. Entre la mère qui se dit pauvre et « gratte » sur tout, le bois, la nourriture… mais « gratte » surtout sur l'amour qu'elle aurait pu (dû) dispenser à sa propre fille. Sa propre fille qui s'imagine des droits sur la maison… Elles se détestent.

« Mont-Cinère » est un livre dur où l'avarice est la cause de l'incommunicabilité entre mère et fille ; un quasi huis clos ou l'auteur nous trace trois portraits de femme des plus détestables. Et tout cela dans son style si remarquable.

On connaît Julien Green surtout pour son journal. On aurait bien tord de ne pas aller voir du côté de ses romans…
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J'aime de plus en plus Julien Green que je chine en livre de poche dès que je le peux. J'ai déniché celui-ci récemment et sa lecture m'a enchanté. Quel style ! Quelle histoire ! Quelle atmosphère inimitable ! Roman de l'avarice et de la folie, pendant de "L'Avare" de Molière (en plus glaçant), il m'a fait penser aux "Hauts de Hurlevent" d'Emily Brontë pour son côté sombre et cette histoire de maison isolée où l'on s'attendrait à voir surgir des fantômes.
Remettons Julien Green à la mode. Son oeuvre le mérite.
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Très bon roman sur les passions tristes.
Ici l'avarice qui étouffe, musèle, asphyxie jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Aussi beau qu'Eugénie Grandet, et bien plus tragique, avec une belle écriture classique et simple.
C'est un livre difficile à lâcher.

Je l'ai encore préféré à "Chaque homme dans sa nuit" qui pourtant m'avait enthousiasmée. Une unité encore plus resserrée sur des héroïnes qui se débattent dans leur nuit.
Avec Julien Green il est toujours question de ténèbres intimes et de destin.
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Lire un roman de Julien Green, c'est toujours un grand moment, et celui-là est certainement pour moi l'un des meilleurs.
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Il répondait doucement et poliment à tout le monde mais d'un air patient qui gênait un peu; aussi évitait-on de lui adresser la parole quand cela n'était pas nécessaire. Les jours de pluie et le soir, après dîner, il se retirait dans sa chambre et lisait des livres de science et de piété. Le temps passait sans apporter de modifications apparentes à sa manière d'être. Il vit naître et grandir sa fille sans manifester le moindre intérêt. Sa vie était ailleurs et cette vie était inconnue de tous. Il avait quarante-cinq ans lorsqu'il fut atteint du mal dont il devait mourir et, d'abord, personne ne s'aperçût qu'il était souffrant. Il continuait ses promenades sous les arbres et restait en méditation devant les pierres que heurtait sa chaussure, mais on le voyait quelquefois comprimer sa poitrine de ses mains, puis sa figure, d'ordinaire pâle et cireuse, s'empourprait; alors il portait à sa bouche un grand mouchoir de soie blanche et toussait en sa cachant le visage.

Chapitre II
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Sa passion dominante se heurtait quelquefois à d'autres instincts qui lui étaient contraires et qui cédaient toujours, car cette femme bataillait avec elle-même et il y avait un côté presque ascétique à sa volonté de renoncement. Sans être sensuelle, par exemple, elle avait un petit penchant à la gourmandise et il lui était désagréable de boire son thé sans y mettre de sucre; elle le faisait cependant. Deux ou trois mois après son mariage, alors qu'elle vivait pratiquement séparée de son mari, elle sut gouverner en elle une frayeur naturelle de l'obscurité et prit l'habitude de se dévêtir sans allumer la lampe. Pour ceux qui connaissent les angoisses des terreurs nocturnes et le réconfort que donne le moindre rayon de lumière, cette action si simple en apparence prend un aspect particulier de résolution et de bravoure. c'est ainsi que beaucoup d passions vont si avant dans le coeur humain qu'elles y remuent tout ensemble de bonnes et de mauvaises choses.

Chapitre II
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Elle vivait dans une solitude de plus en plus grande, personne ne s'occupant d'elle, ce qui lui était agréable. Elle aimait surtout à s'enfermer dans sa chambre et, s'asseyant près de la fenêtre, regardait, pendant des heures, le paysage de rochers et de collines qui s'offrait à sa vue. Une pente naturelle la portait à la rêverie. souvent, elle se parlait à elle-même d'une voix basse et monotone, en regardant autour d'elle avec une mine inquiété. elle avait quelque fois des mouvements de frayeur subite, se levait tout d'un coup et sortait de sa chambre en courant.

Chapitre III
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De son côté, il y avait longtemps que Mrs Fletcher n'entretenait plus aucun sentiment d'affection naturelle pour sa mère; le moins qu'on pût dire était qu'elle ne l'aimait pas. cependant elle eût souffert plus patiemment sa présence dans la maison si Mrs. Elliot n'avait pas commis l'offense de critiquer et de contrarier ses habitudes d'économies. c'était là le point sensible, l'endroit où la blessure infligée ne se refermait pas. Mrs. Fletcher ne parvenait pas à oublier certaines paroles que sa mère avait prononcées à propos de l'éducation négligée d'Emily et elle les portait dans son coeur comme un venin qui l'empoisonnait.

Chapitre VII
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Elle était veuve depuis cinq ans. Une médiocre peinture, accrochée au-dessus le la cheminée du salon, lui rappelait chaque jour les traits d'un mari qu'elle n'avait jamais regretté.
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Videos de Julien Green (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julien Green
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […]" (Roland Jaccard.)
0:14 - Bernard Shaw 0:28 - Julien Green 0:45 - Heinrich von Kleist 1:04 - Georges Henein 1:13 - Ladislav Klima 1:31 - Michel Schneider 1:44 - Hector Berlioz 1:55 - Henry de Montherlant 2:12 - Friedrich Nietzsche 2:23 - Roland Jaccard 2:37 - Alphonse Allais 2:48 - Samuel Johnson 3:02 - Henrik Ibsen 3:17 - Gilbert Keith Chesterton 3:35 - Gustave Flaubert 3:45 - Maurice Maeterlinck 3:57 - Fiodor Dostoïevski 4:08 - Aristippe de Cyrène 4:21 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982 Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
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