Achille Talon, tome 13 : Pas de pitié pour Achille Talon

Les librairies de stations-service, c'est comme le cinéma bis ou le théâtre de campagne : on tombe sur des conneries en tout genre, du magazine à recettes de cuisine basées sur votre horoscope destinée à la gent féminine (quand je pense qu'on nous rabâche que ça fait 50 ans que mai 68 est passé par là !) à la saga Young Adult écrite par les pieds de Guillaume Musso*, mais aussi sur des curiosités remarquables à un prix étonnamment bas (car enfin, qui irait acheter un livre ?!). D'où cet Achille Talon en poche pour 3€ seulement (remarquez, j'en ai trouvé depuis un autre en grand format à juste une balle de plus). Par cette singulière incongruité, les routards vont donc pouvoir découvrir eux aussi les joies de l'intellectuel qui n'a pour égale de sa prestance que son nez. Hop !
Et il est bon, ce tome. du moins une bonne partie, car il y a toujours au milieu des gags faiblards. Mais même ceux qui ne m'avaient fait aucun effet la première fois, quand je les relis, me font parfois pousser des éclats de rire. On va pas se mentir, l'humour de Greg est à la limite de Pif Gadget, par moments, mais il insiste tellement sur des détails que c'en devient d'une puissance humoristique dévastatrice. Car Achille Talon démontre avant tout son sens de l'exagération, que ce soit dans la carrure de son héros, la caricature sociale, et l'hyperbole, littéraire comme visuelle. Un autre auteur en aurait rajouté juste un peu, ça aurait fait au mieux sourire, au pire provoquer l'écoeurement. Mais ces gags sont des monstres d'obésité, d'inventivité autour de la variation sur un thème. C'est comme saisir un minuscule détail de la vie (les remarques d'un docteur, les affiches de publicité), et l'amplifier au maximum. Pour en arriver à un quasi-sense of wonder de l'humour, une blague qui a tellement fermenté qu'elle procure une ivresse absolue.

*J'allais mettre le cahier de coloriage sur le thème du Kama-Sutra, mais celui-là je l'avais vu dans une Biocoop, donc je l'ai mis hors concours.

Greg en mode automatique : gags talonesques en rafale avec tous les faire valoir indispensables : voisin pénible (Lefuneste), amie snobillarde (Virgule de Guillemets), commerçant arnaqueur (Vincent Pourcent)… Un grand moment de détente.