Citations sur La seconde vie d'Eva Braun (53)
Les "accords" de Munich sont tout sauf des accords.
Il est à noter que dans les années 1960 à 1980, les livres sur Hitler, s'il y en a, ne mentionne pas l'assassinat des Juifs. Le Livre Noir, d'Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossmann, qui fait état du traitement de la population juive par les nazis, a été interdite par Staline, et ne sortira qu'en 2010 en Russie.
Martin Bormann a souvent été considéré comme un porc par l'entourage d'Hitler, et c'est un e analyse assez pertinente.
Pendant plus d’un an, Hitler joue au prude chevalier servant. À l’entendre, à le voir, Eva a le sentiment que c’est un vieux garçon que les femmes n’intéressent pas. Parfois, elle marche devant lui avec cette impression étrange que c’est elle qui pourrait l’entraîner sur la pente dangereuse du sexe : c’est que la petite a des envies et des besoins. À force de voir des gens se trémousser au cinéma, certaines idées lui traversent l’esprit.
Et ce sera coup double, puisque, dans la soirée, le Hitler qui arrive à l'hôpital n'est plus tout à fait le même qu'avant. S'il a toujours joué au maître d'école, à l'homme supérieur, au grand politicien débordé et à peine concerné par un destin aussi invisible que celui d'Eva Braun, il respire mal maintenant.
Pour Eva, c’est là une de ces petites attentions dont elle a raffolé toute sa vie : quand, peu à peu, les gens ont compris qui elle était, les regards et les comportements ont changé. Elle n’était rien. Et on l’a traitée comme une première dame. Plus que ça encore, vu la terreur que le Führer provoque encore chez ceux qui l’entourent, surtout depuis que, au lieu de s’acharner sur les Juifs, les handicapés, les Russes, il s’en prend à tous ceux de son entourage qui osent lui dire non, ou bof.
Le SS l’accompagne jusqu’au bunker, tremblant de peur qu’il ne lui arrive quelque chose. C’est une des dernières marques de prévenance dont elle bénéficiera, même si elle n’en prend pas conscience, car elle ne réfléchit pas trop en général.
À voir l’énergie avec laquelle ils se jettent dans le coffre, c’est à se demander s’ils ne se vengent pas de la manière condescendante dont elle les a traités dans le bunker ces derniers temps. Morell sort une seringue et injecte à la pauvre femme une substance qui la rend encore plus molle. On referme le coffre. Bormann recule, claque les talons, lève la main droite et l’équipée s’engouffre dans la Mercedes. Ainsi commence le voyage de noces de la jeune mariée.
On peut dire que ce n’est pas une vie pour une femme, mais enfin, jamais Natacha Petrovna ne considère les choses ainsi, son attention étant bien trop absorbée par les drames humains qui se jouent autour d’elle. Elle se considérera comme une privilégiée quand elle restera seulement trois jours dans un village où les habitants ont tout perdu, où les mères pleurent leurs hommes, racontant comment ils ont été pendus ou encore enterrés vivants dans des fosses communes.
On ne s’imagine pas à quel point cette guerre sera longue et sanglante, à quel point les Allemands, blessés dans leur amour-propre de peuple dominant, vont se comporter de façon encore plus sauvage qu’à leur arrivée (ce n’est pas peu dire). La politique de la terre brûlée ne consiste pas seulement à saboter les lieux et installations à la barbe de l’ennemi, mais aussi à se venger sur des êtres jugés inférieurs qui n’ont même pas mérité la présence de leurs occupants. Les Russes ne feront pas de cadeaux non plus à leurs envahisseurs. Ils vont leur rendre la monnaie de leur pièce.
La perspective de la conquête du pouvoir pour Hitler se fait de plus en plus précise, et si parfois l’idée la flatte, si elle n’en éprouve alors que plus d’attraction pour cet homme, sa place à elle est incertaine. Elle peut être débarquée à tout moment. Hitler avance toujours seul pour conquérir l’électorat féminin. N’a-t-il pas déclaré à la presse, comme l’homme totalement investi qu’il prétend être, que l’Allemagne est la seule femme dans sa vie ?