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Daryl Grégory est un auteur américain dont les ouvrages traduits en France depuis 2014 ont rencontré un certain succès. Il faut dire que l'auteur ne fait pas dans le conventionnel et que ses histoires ont de quoi interpeller, qu'il mette en scène un zombie pas comme les autres (« L'éducation de Stony Mayhall ») ou des individus transformés par leur rencontre avec une créature surnaturelle et participant à une thérapie de groupe (« Nous allons tous très bien merci »). « Harrison Harrison » s'inscrit dans la même lignée puisqu'il met en scène un personnage du roman précédemment mentionné dont l'auteur entreprend de nous raconter l'origine du traumatisme. Harrison est un adolescent à priori ordinaire, si on excepte l'absence de l'une de ses jambes, perdue après un terrible accident en mer qui causa la mort de son père alors qu'il n'avait que trois ans. Un événement dont le jeune homme ne se souvient que par bribes, qui ne correspondent d'ailleurs pas vraiment à la version officielle de l'accident dans laquelle aucune mention n'est faite à une quelconque créature marine gigantesque. Or c'est bien ce dont notre héros se souvient... Des années après les faits, Harrison accepte de suivre sa mère pour quelques mois dans une petite bourgade côtière éloignée de tout afin qu'elle puisse procéder à des relevés océanographiques. La ville de Dunnsmouth va toutefois leur réserver bien des surprises. Il y a d'abord ce collège où les enseignants sont au moins aussi flippants que les élèves et qui semblent tous appartenir à une même secte dont Harrison ne comprend ni la langue ni les codes. Et puis il y a ces signes inquiétants qui indiquent que les nouveaux arrivants ne sont visiblement pas les bienvenus. Il y a, enfin, la disparition de la mère de l'adolescent dont le bateau aurait disparu en mer. Seulement cette fois, Harrison n'y croit pas. L'adolescent va alors se lancer à la recherche de sa mère, et, s'il va bénéficier du soutien d'alliés improbables, son enquête va aussi réveiller de vieux souvenirs que certains habitants de Dunnsmouth ne sont manifestement pas désireux de voir ressurgir.

Tour à tour drôle, surprenant, voire carrément captivant, le roman de Daryl Grégory est une vraie bouffée d'air frais. L'auteur parvient à créer un climat de tension et à entretenir le suspens pendant la quasi totalité de l'histoire que l'on se prend à dévorer à vitesse grand V. Impossible de ne pas être intrigué par cette flippante petite bourgade, de même que par ses habitants tous plus glauques les uns que les autres. le malaise qui saisit le héros à son arrivée est donc extrêmement communicatif et, que se soit à cause de leur physique ou de leurs réactions totalement inappropriées, notre instinct nous hurle que ces gens trament quelque chose de vraiment louche à Dunnsmouth, sans qu'on puisse pour autant mettre le doigt sur ce qui cloche. Alors certes, l'arrivée d'un étranger dans une école mystérieuse et dont il ne connaît pas les codes n'est pas un thème nouveau en fantasy (on pense bien sûr à « Harry Potter », mais aussi plus récemment à l'excellent « Vita nostra » de Marina et Sergeï Diatchenko), il n'en reste pas moins que l'auteur s'y prend efficacement et que le procédé fonctionne à merveille. L'influence du maître du fantastique, H. P. Lovecraft, et de ses grands anciens saute aux yeux puisqu'on retrouve la même mention oppressante à des créatures trop anciennes, trop immenses et surtout trop terribles pour être appréhendées. La suggestion suffit toutefois amplement pour entretenir un climat angoissant, d'autant plus que les « intermédiaires » mis en scène sont suffisamment impressionnants comme cela, qu'il s'agisse du terrible scrimshander ou de la gigantesque mère-crapaud. L'influence de Lovecraft se fait également sentir à travers les illustrations qui parsèment le roman et qui sont signées Nicolas Fructus, un artiste qui n'en est pas à sa première incursion dans l'univers du maître du fantastique puisqu'il a également travaillé sur l'ouvrage « Kadath – le guide de la cité inconnue », ou encore plus récemment sur « La quête onirique de Velitt Boe » de Kij Johnson (une réinterprétation féministe d'un célèbre texte de Lovecraft).

Le principal atout du roman reste cela dit ses personnages, et notamment le protagoniste. le jeune Harrison est en effet un héros très attachant qui, en dépit de son jeune âge, a visiblement la tête sur les épaules et est surtout doté d'un sacré sens de l'autodérision. Son sens de la répartie contribue d'ailleurs à instaurer une ambiance chaleureuse qui vient quelque peu contrebalancer l'aspect horrifique du texte. Car en dépit du caractère dramatique des événements, une certaine bonne humeur se dégage du roman qui multiplie les dialogues assez savoureux. de même, si le jeune âge du personnage ne sert absolument pas de prétexte à l'auteur pour édulcorer son récit, il lui est en revanche utile pour distiller des références populaires aux mangas, aux comics, aux super-héros, ce qui permet d'entretenir une connivence entre le lecteur et les personnages. L‘empathie que l'on éprouve pour Harrison vient aussi de sa vulnérabilité car, si le jeune homme donne l'apparence d'être solide et désinvolte, on se rend rapidement compte que gérer ses émotions, et notamment sa colère, lui demande des efforts colossaux. Des efforts qu'il s'emploie néanmoins à fournir, ce qui le rend d'autant plus sympathique. Les personnages qui l'entourent sont tous très étranges, mais en dépit (ou peut être à cause) de leur étrangeté, on ne tarde pas non plus à s'y attacher. C'est le cas de Lub, créature marine dotée d'un irrésistible sens de l'humour, mais aussi de Lydia, une étrange jeune fille du collège de Dunnsmouth, ou encore de la tante de l'adolescent dont l'apparente désinvolture et l'ironie mordante cachent une personnalité beaucoup moins superficielle que ce que son apparence laisse penser. le roman est également peuplé de personnages effrayants ou bizarres dont les traits prennent vie sous le superbe coup de crayon de Nicolas Fructus.

Original, drôle et palpitant : voilà ce qui vient à l'esprit pour qualifier le roman de Daryl Grégory une fois la lecture terminée. « Harrison Harrison » est ainsi un bel hommage à Lovecraft, doublé d'une enquête bien construite qui enchaîne les rebondissements tout en mettant en scène un héros drôle et attachant. Un roman rafraîchissant, qui vous poussera sans doute à réfléchir à deux fois avant de vous aventurer sur la mer. Qui sait ce qui se cache sous l'eau ?
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Qui est le Harrison de Nous allons tous très bien, merci (roman paru en France au Bélial' en 2015) ? D'où vient-il ? Harrison square (titre original de Harrison Harrison) nous le dévoile. Nous sommes donc en présence d'un roman d'initiation où le jeune Harrison, qui a perdu son père dans des circonstances un peu floues (accident ou attaque d'un poulpe géant ?), retourne avec sa mère, scientifique émérite et au caractère bien trempé sur les lieux de l'accident (où le jeune homme a perdu une jambe). Comme leur séjour doit durer un certain temps, il s'inscrit au lycée du secteur. Et rapidement, il s'aperçoit que quelque chose ne tourne pas rond ici.

Pour les amoureux de Cthulhu et des tentacules, Harrison Harrison fera tilt tout de suite. Les références à l'univers de Lovecraft se multiplient pour notre plus grand bonheur. On se croirait dans un roman du maitre ou dans une partie d'un de jeu de rôle dédié à son univers. Les personnages sont lugubres à souhait. L'atmosphère est humide, moite, gluante. Les étrangers y sont regardés de travers. Et la violence rode partout.

Ce roman, destiné aussi bien aux adultes qu'à un public un peu plus jeune, est un vrai moment de plaisir. Suivre les aventures d'Harrison, c'est la certitude de frissons de peur ou de dégoût, de moments de tension et de joie, d'amusement ou de surprise. Bref, une très bonne lecture qui m'a immergé dans un monde aqueux et où les tentacules sont rois.
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Commençons par le début : je ne suis pas une lectrice d'horreur, je ne connais rien de Lovecraft, il y a donc assez d'épouvante pour moi dans ce roman qui nous fait entrer dans une ville aux mains d'humains étranges, sectaires, et côtoyer des créatures océaniques guère sympathiques, en dehors de Lub, mon personnage préféré pour l'humour qu'il apporte. J'ai aimé chercher la vérité avec Harrison, ado californien ayant vécu très tôt un drame, plongé à cause des recherches de ses parents dans un monde mystérieux et assez inamical, je trouve l'histoire bien menée, mais je déteste qu'une fin prépare une suite sans être prévenue que le livre que je tiens dans les mains n'est donc qu'un premier tome...
Je termine sur un bravo aux éditions du Bélial pour leur beau travail sur l'objet livre.
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Harrison Harrison est un ado qu'un accident en mer resté brumeux dans sa mémoire,a amputé d'une jambe et de son père . Il revient sur les lieux en compagnie de sa mère qui disparaît à son tour.Il faut dire que la petite ville Dunnsmouth ( Dunwich + Innsmouth) ! C'est-à-dire label SUPER GLAUQUE dans le guide du routard lovecraftien . Un collège dirigé par une secte qui sent le sushi, des hommes-poissons, des monstres de plus en plus gros (l'as Cthulu mon ptit' loup?) et de plus en plus tentaculaires …et une bande de copains. Tous les ingrédients d'un roman ado pour prendre pied gentiment dans le monde horrifique du maître de Providence :ça ne casse pas trois tentacules à un Kraken mais c'est sympa.
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Harrison Harrison et sa scientifique de maman arrive en la "belle" ville de Dunnsmouth, au bord de l'océan.

Le problème c'est que notre héros a une peur panique de l'océan depuis qu'une certaine nuit il a perdu son père et une jambe dans les eaux noirs...

C'est encore plus compliqué quand votre scientifique de maman est océanographe et cherche une espèce de calmar géant au large de Dunnsmouth...

Et que dans votre école/collège, tout le monde semble avoir une approche assez "trouble" avec "la" religion et l'eau.

Oui, Dunnsmouth c'est la fusion "réussie" de Dunwich et Insmouth, deux villages glauques de l'oeuvre de Lovecraft.

Oui, il y a des choses dans l'eau, comme dans Lovecraft...

MAIS non ce n'est pas une histoire d'horreur surannée : c'est malin, drôle, angoissant et prenant. Les archétypes des histoires de Lovecraft sont gentiment détournés, l'horreur est présente, en arrière plan pour justement attiser l'angoisse sans effet gore gratuit.

C'est très intelligent, très agréable à lire et un très bon moment à passer dans une oeuvre qui a pris le meilleur de l'univers de Lovecraft pour le revisiter à sa sauce!

Bref je recommande!


NB: il existe un roman " Nous allons tous très bien, merci" du même auteur qui est une "suite" (le roman a été publié avant ^^) à ce livre: excellent également ^^
Lien : https://chroniquesantharius...
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Harrison Harrison est à la fois un one-shot et en même temps le préquel de Nous allons tous très bien, merci. On m'a fait remarquer que ce livre est un livre Young Adult. C'est vrai même si pendant ma lecture ce classement ne m'était pas venu à l'esprit. le personnage principal a 16 ans et c'est ses tribulations dans la ville de Dunnsmouth que nous allons suivre tout au long du récit.

Harrison Harrison est un jeune homme de 16 ans responsable et bien dans sa peau, malgré un certain problème avec l'eau et des crises de colère récurrentes. Il a, par rapport à sa mère, qu'il qualifie souvent de "Scientifique Distraite", la tête sur les épaules et s'il a quitté ses camarades de lycée et la Californie pour les côtes de la Nouvelle-Angleterre c'est pour suivre celle-ci dans sa nouvelle étude scientifique à la recherche du calamar géant. L'arrivée à Dunnsmouth est déroutante, aussi bien le lycée que la ville semble vivre dans une autre époque : les téléphones portables ne passent pas, les cours dispensé dans un lycée au style baroque sont parfois fantaisistes (bien que savoir réparé un filet de pêche peut toujours servir) et que dire de la séance de volontariat des élèves qui ressemble fort à une messe d'une religion inconnue ? Harrison Harrison a de quoi s'interroger et d'autant plus qu'à peine arrivée, sa mère disparait en mer... mais que cherche à cacher les habitants de Dunnsmouth ?Tout d'abord je voudrais dire : oui il y a des tentacules, oui il est question de choses inexpliquées liées à l'océan, oui il est également question de cultes obscures et de rencontres cosmiques MAIS ce n'est pas pour autant qu'il faut "réduire" ce livre à un énième récit Lovecraftien (ce qui n'est pas non plus une critique puisque j'en suis assez friande). Bref, ce que je voudrais que vous, potentiels lecteurs, reteniez c'est que même s'il y a quelques clins d'oeil à Lovecraft, ce récit original est avant tout un très bon récit d'aventure fantastique.J'ai beaucoup apprécié de découvrir la plume de Daryl Gregory : immersive, un brin théâtrale avec une pointe d'humour corrosif ce qui rend son récit particulièrement attractif. le décor : la ville de Dunnsmouth. Les personnages : habitants, élèves et personnes importés dans la ville comme Harrison Harrison et sa mère. S'ajoute ensuite les éléments fantastiques qui intègrent peu à peu le récit et on a l'impression de découvrir une pièce de théâtre en trois actes. C'est fort bien mené, avec du suspense, des questions, quelques surprises et un final à la hauteur.

Je dois de plus ajouter que les éditions le Bélial' ont fait un superbe boulot d'édition. Les dessins intérieurs de Nicolas Fructus illustrent parfaitement le récit et rajoute à l'ambiance surnaturelle que développe l'auteur. de plus, l'illustration de couverture avec son vernis sélectif et celle des rabats forment un très bel objet livre.Au final, un très bon roman fantastique, plutôt YA mais pas que. Un roman qui est un récit d'aventure fantastique avec une mise en scène théâtrale pleine d'humour discret. Une lecture facile, des décors travaillés, une atmosphère prenante et un potentiel énorme pour un univers qu'on ne fait qu'effleurer. Bref, une excellente découverte et une très belle édition.
Lien : http://chutmamanlit.blogspot..
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Un texte bien construit et plein d'humour, avec beaucoup de clins d'oeil et de citations. Dunsmouth rappelle curieusement une certaine ville d'Insmouth, Harrison et son amie ont beaucoup de points communs avec Harry Potter et Hermione Granger, Maman- Crapaud et son fils renvoient à Grendel et à sa mère ( Beowulf).
. Mais on est toujours dans un registre beaucoup moins dur, beaucoup plus proche de l'humour que de l'horreur.
Finalement on n'est pas si loin de l'univers de Terry Pratchett.
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Dans les grottes du Scrimshander / Nous n'allons pas très bien, merci.

"Harrison Harrison", vous l'aurez compris en fouinant un peu sur le web (eh oui, j'ai dit "le web"), est un roman reprenant le personnage de Harrison², auparavant croisé dans l'atypique "Nous allons tous très bien, merci". Si la novella (qu'on abrègera volontiers par NATTB,M) explorait le syndrome de stress post-traumatique chez les survivants d'évènements horrifiques, on est ici sur le traumatisme-même.
Harrison Harrison est un adolescent de 16 ans, suivant à la trace sa mère scientifique, finalement peu présente car toute à ses recherches. Océanographe, elle explore les parcours compliqués de céphalopodes à l'aide de balises, ce qui la conduit cette fois-ci à Dunnsmouth, petite ville de Nouvelle Angleterre. On ne peut pas vraiment dire que son fils soit un passionné d'océanologie : il a été victime dans l'enfance d'un terrible accident lui ayant fait perdre une jambe et ayant conduit au décès de son père. Encore une fois avec Daryl Gregory, on aura bien du mal à discerner les détails précis qui se fondront dans la culpabilité du survivant de H².

Apprécions dans un premier temps, avec ce roman, l'incroyable facilité avec laquelle on se plonge dedans (ah, le choix des termes...). On est sur du binge-reading pur et dur : l'écriture est fluide et envoûtante, l'univers est déployé habilement et incarné au-travers une ambiance racée, impeccable. Les personnages, dont bien sûr en premier lieu notre narrateur, sont touchants et bien loin des clichés pouvant être trouvés ici ou là en young adult (puisqu'a priori on s'interroge sur la classification YA de ce livre...). L'histoire, par ailleurs, ne faiblit jamais et est déroutante car "faussement" simple.

La vraie perle de ce roman, c'est bien le travail d'ambiance. C'est ici obligatoire de penser à Lovecraft (ça n'est pas ici une référence lointaine): on retrouvera des divinités très typées Grands Anciens, le nom de la ville elle-même (Dunnsmouth, Innsmouth, vous l'avez) ou encore l'idée d'une race secrète, tapie dans l'ombre, dont seuls quelques adeptes connaissent l'existence. Mais il y a aussi une certaine part Young Adult: dans la facilité du déroulé, dans les interactions entre nos jeunes personnages et évidemment le cadre narratif (et cette lugubre école!). Quelques véritables éléments d'horreur, pour le coup pas vraiment enfantins, viennent ajouter la pincée de sel qui manquait. A commencer bien sûr par le Scrimshander, absolument terrifiant, dont je dirai peu de choses afin de ne pas déflorer l'intrigue.

Il y a bien sûr une filiation difficile à caractériser avec NATTB,M. Evidemment, le personnage est le même et on explore ici quelques éléments disséminés çà et là dans la novella. "Harrison Harrison" est probablement moins sombre que son prédécesseur, au moins dans son traitement, mais infiniment plus gothique. Si j'avais adoré "Nous allons tous très bien, merci", nous sommes ici et ce malgré les apparences, sur une oeuvre beaucoup plus aboutie. le roman est fourni, généreux et abondant : il y a de la créature, du lore, de l'ambiance, du style, du détail...

Notons également que les illustrations sont superbes (signées Nicolas Fructus), participant pleinement le travail de fond et particulièrement rigoureuses (j'avais vraiment l'impression qu'on me tirait les images de la tête... Devrais-je m'inquiéter ?).

Daryl Gregory signe, encore une fois, un sans-faute. Roman d'horreur lovecraftien young-adult / pas-young-adult gothique illustré: vous allez en avoir pour votre argent.
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Un livre jeunesse chez le Bélial' ? Et oui, c'est possible ! La preuve avec Harrison Harrison de Daryl Gregory. Ce roman revisitant, une fois de plus, les mythes lovecraftiens, met en scène le fameux Harrison Harrison ou H2. Ce lycéen suit sa mère scientifique à Dunnsmouth, petite ville de la côte de la Nouvelle-Angleterre où le temps semble s'être arrêté. Essayant de s'adapter dans un nouveau lycée et de survivre avec son aquaphobie dans un environnement tout entier tourné vers la mer, H2 va bientôt être confronté à une autre catastrophe. Sa mère disparaît et les habitants de Dunnsmouth ne sont pas si humains que ça…
Le moins que l'on puisse dire est que Daryl Gregory connaît bien le mythe autour des Grands Anciens de H.P. Lovecraft, qu'il ait été décliné en livres ou en BD ou bien en films. Et l'illustrateur choisi pour l'édition française, Nicolas Fructus également. Même si son infirmière évoque plus Resident Evil que Re-animator. Si le lecteur dispose des mêmes références, les clins d'oeil plus ou moins appuyés aux différents aspects du mythe seront savoureux. Et sinon ? Sinon il reste un roman solide à destination des plus jeunes. Mélangeant humour, enquête et horreur, Harrison Harrison est accrocheur. J'ai personnellement eu du mal avec les tout premiers chapitres, le temps que tous les personnages prennent place et qu'on nous présente le lycée et la ville. J'ai été réellement emportée par l'histoire avec l'enlèvement de la mère et surtout l'apparition de la tante de H2, personnalité fantasque et attachante s'il en est. La rencontre avec Lub vaut également le détour. En revanche, mais le reproche est également valable pour les oeuvres de Lovecraft, les motivations des antagonistes sont peu claires. Et la plupart d'entre eux n'ont pas de réelles profondeurs. Seul le Scrimshander avec sa façon si particulière de disposer de ses victimes sort du lot.
Au final, Harrison Harrison ne correspond pas tout à fait à ce que j'en attendais, mais j'ai apprécié cette lecture, nettement plus légère que celles auxquelles m'avait habituée cette maison d'éditions. Et j'ai des envies de homards… Comme en a le héros de l'histoire.
Lien : https://www.outrelivres.fr/h..
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J'apprécie beaucoup l'univers des Grands Anciens, mais avec le temps, trop de tentacules tue les tentacules. Si bien que malgré ses bonnes critiques, j'étais assez froide à l'idée de m'y plonger (plonger… océan… vous l'avez ? Oui, bon T_T).

Et comme il me fallait un autre roman jeunesse/Ya pour finir ma série du mois de décembre, me suis dit, pourquoi ne pas essayer celui-ci, après tout ?

Commençons donc par les mauvais points…



Non, en vrai, j'ai pas trouvé de mauvais point, j'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. A commencer par le narrateur, Harrison, un adolescent affublé d'un grand sens de l'autodérision et d'une prothèse à la jambe suite à la perte de celle-ci dans l'estomac d'une bestiole sous-marine non identifiée à l'âge de trois ans. Son handicap m'a paru écrit de façon tout à fait crédible, et c'est une particularité qui, sans être oubliée, n'est jamais traitée de façon ostentatoire ou pathétique. ça fait partie du personnage, ça se rappelle à lui dans certaines circonstances, mais ce n'est jamais utilisé pour attiser la pitié du lecteur ou des autres personnages, et il vit parfaitement bien avec même si ça le gêne de temps en temps. Ensuite, beaucoup d'humour dans le roman, avec ses commentaires parfois incisifs sur les évènements ou son environnement. Il a aussi une propension à la colère, et si ça m'avait soulée dans Harry Potter, ici le personnage le sait et s'efforce de ne pas se laisser déborder. Ce qui le rend sympathique n'est pas qu'il n'ait pas de défauts, mais qu'il en soit conscient et qu'il essaie de s'améliorer.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste, notamment avec Lud, une sorte d'homme-poisson fan de culture populaire, et qui ne loupe pas une occasion pour balancer une punch-line ou une référence à la pop-culture (voire un commentaire relatif au racisme). J'aime aussi tout particulièrement la tante d'Harrison, une femme qui paraît en début tout à fait superficielle et intéresse, et qui se révèle en fait intelligente, attentionnée et elle aussi dotée de pas mal d'humour.

L'intrigue est très sympa, avec pas mal de mystères, de retournements, et son lot de personnages et de situations creepy, avec une secte en fond. L'ambiance est lovecraftienne juste ce qu'il faut, malaisante sans être effrayante, avec pas mal de références sympa à l'univers des Grands Anciens (par exemple avec le nom de la ville où se situe l'histoire). D'ailleurs, les illustrations intérieures de Nicolas Fructus participent beaucoup à cette ambiance. Et finalement, elle est là surtout en toile de fond, le roman s'avère davantage qu'un Lovecraft-like.
Lien : https://limaginaerumdesympho..
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