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Mireille Vignol (Traducteur)
EAN : 9782864247272
312 pages
Editions Métailié (08/04/2010)
3.77/5   30 notes
Résumé :
En 1806, William Thornhill, batelier sur la Tamise, illettré au sang chaud mais au grand coeur, vole une cargaison de bois. II est condamné à vie au bannissement en Nouvelle-Galles du Sud. Sa femme, intelligente et résolue, l'accompagne. Amnistié après quelques années, il s'installe au bord du fleuve Hawkesbury qui, à cette époque, marque la limite des terres habitées australiennes. Séduit par cette nature sauvage et généreuse, William découvre que la région apparti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce livre n'en finit pas de m'interpeller !
Vous allez me dire : « c'est le but qui est précisément recherché dans le couple auteur / lecteur ».
Visiblement, Kate Grenville a bien potassé ses archives (elle le précise dans ses remerciements) tant son récit semble coller à la réalité quotidienne de cette fin du dix-huitième siècle. Période où les nantis ont droit de vie, mais surtout de mort sur les miséreux du royaume britannique.

Insidieuse colonisation qui commue une corde de chanvre en une perpétuité australienne !
Ce livre, dès le début, sent la rédemption, cette deuxième chance à laquelle toute personne a droit, quelle que soit l'ampleur de l'erreur commise.
Et puis, le récit se transforme peu à peu, en un questionnement permanent quant à la rencontre entre les Aborigènes et les rebus britanniques jetés là sur les rivages.

Ces rejetés de la société britannique, lors de leur transportation vers ce pays du « Temps du rêve », n'ont pas modifié d'un poil, le rêve de se sortir de leur situation misérable. Ils débarquent à Sydney avec leurs valeurs culturelles immuables où l'Occident arrive tel un prédateur dominant !
C'est que, dans leur inconscient, individuel et collectif, plane la controverse de Valladolid qui fit des Noirs des êtres inférieurs.

Les colons de l'histoire contée par Kate, portés par la peur, la méconnaissance de l'Autre et leur besoin de sécurité vont donc tenter de manière inconsciente de reproduire l'ordre établi c'est à dire un système de classe dont les Natifs vont faire les frais.
Une fois de plus, en Galles du sud comme ailleurs, l'expulsion des terres ancestrales et la mise en coupe réglée des ressources naturelles vont pousser à l'extermination génocidaire. Même les âmes les plus nobles y ont contribué.

Les héros de ce livre, la famille Thornhill, transposition fictionnelle des ancêtres de l'auteure, probablement idéalisés, édulcorés peut-être, s'ils ont fini par atteindre la respectabilité et la reconnaissance sociale n'ont pas atteint cette rédemption, que j'eusse aimé Humaniste, espérée depuis le début du bouquin.

Selon les parties du livre, j'ai peiné sur l'accumulation de détails inutiles à l'histoire, si ce n'est une augmentation du nombre de pages (pour faire plaisir à l'éditeur?) dont l'auteure aurait pu se passer. le trop plein de détails d'archives nuit à la réflexion.

Enfin pour que ma réflexion soit totale, je questionne ma propre histoire.
Après la décolonisation de l'Afrique du nord, c'est le néocolonialisme établi qui m'a permis de prendre l'ascenseur social sans lequel je ne serai probablement pas là sur ce site à vous écrire.
Mon père bossait sur les docks De Marseille, alors première ville algérienne de France !

Ancelle, le 16 septembre 2023
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The secret river de Kate Grenville, Text Publishing 2005
Le fleuve secret traduit par Mireille Vignol, Editions Métailié 2010

Le fleuve secret est le premier livre d'une trilogie écrite par Kate Grenville qui retrace l'histoire complexe de la colonisation de l'Australie. Elle s'est inspirée de l'histoire de son ancêtre, Salomon Wiseman, pour raconter l'arrivée des premiers bagnards en Nouvelle-Galles du Sud, près de Sydney.

Le personnage principal est William Thornhill, batelier sur la Tamise, qui pour subvenir aux besoins de sa famille n'a d'autre choix que de voler du bois précieux sur le bateau de son patron. Son entreprise échoue et il est condamné à la peine de mort. Il réussi heureusement à changer le jugement et est déporté en Australie pour la « fin de sa vie naturelle ». Là-bas, il est placé sous l'autorité de sa femme Sal, et redevient un homme libre quelques années plus tard.

Il retrouve un travail de batelier sur le fleuve Hawkesbury, menant à Sydney Cove. Petit à petit il gagne de quoi s'acheter un vieux bateau rebaptisé Hope en souvenir de son Angleterre natale. Lors de l'une de ces excursions sur le fleuve avec Blackwood, un ancien ami de la Tamise, il repère un petit lopin de terre où il imagine pouvoir habiter et tirer toutes les richesses nécessaires pour nourrir sa famille. Grâce à sa détermination, et après quelques mois pour convaincre sa femme, il pose un premier pied à Thornhill's Point.

C'était sans compter sur les « noirs » qui vivent déjà dans la région. Malgré des signes clairs qu'ils habitaient déjà là, Thornhill les ignore et commence à cultiver du maïs. Après des mois de cohabitations craintives mais paisibles, et quelques échangent (bonnet, farine d'un coté, poterie et kangourous de l'autre), les aborigènes se rebellent contre ceux qui ont pris leur terre de force. Il pillent et brûlent les champs de maïs des nouveaux habitants. La vengeance des bagnards sera terrible.

Ce roman fascinant nous plonge au coeur de la conquête de l'Australie au début du 19e siècle.

Kate Grenville écrit un récit réaliste, collant au plus près de la réalité de l'époque. Elle donne de nombreux détails sur la vie de tous les jours de cette famille qui découvrent la nature sauvage de leur nouvelle nation et sur leur adaptation à la rude vie au bord du Hawkesbury. La confrontation entre les aborigènes et « blancs » est au centre du roman, mais elle est silencieuse pendant la majeure partie du récit, comme un serpent tapie dans l'ombre. le doute plane, la tension croît à mesure que des histoires plus terribles les unes que les autres surgissent. On ne se demande pas vraiment si tout va exploser, mais plutôt quand et comment.
Voici un petit extrait d'une scène vers la fin du roman qui est très parlante :

C'était aussi calme qu'un piège. "Viens", murmura-t-il. "Vite Sal, vaut mieux partir". Mais elle l'ignora, marchant dans le camp, regardant ce qui en avait fait une maison : la façon dont les pierres étaient disposées autour du feu pour déposer la nourriture, la pile d'os et de déchets qui avaient été proprement ramassé au bord de la clairière. Quand elle s'approcha du balai, elle le ramassa et balaya le sol une fois avant de le lâcher. […].
Ils étaient là, dit Sal. Voir le lieu l'avait rendu réel à ses yeux d'une façon qu'elle n'avait pas réalisé auparavant. Elle se tourna vers Thornhill. "Comme toi et moi à Londres. Exactement comme nous". […] "Tu ne me l'as jamais dit, murmura-t-elle. Tu ne me l'as jamais dit".
Il s'emporta à cette accusation non dite. "Ils ont tout le reste, dit-il. Pour ce qu'ils veulent en faire. Regarde autour de toi Sal, ils ont tout ca".
"Ils étaient la, répéta-t-elle. Leurs grands-mères, et leurs arrières grands-mères. Depuis le début. Elle se tourna enfin vers lui et le fixa droit dans les yeux. Même le balai pour le garder propre, Will. Exactement comme moi".

J'ai beaucoup aimé ce très beau roman qui tout en divertissant nous en apprend beaucoup sur cette période très sombre de l'l'histoire de Australie.

Le fleuve secret a été nominé pour les prix Miles Franklin, Booker Man et le IMPAC Dublin, et fut récompensé par le Commonweath Writers's Prize et NSW Premier Literary awards. le deuxième volet de cette trilogie, le lieutenant (2008) est paru cette année aux Editions Métailié. le troisième roman, Sarah Thornhill (2011) paraîtra en mars/avril 2013 toujours par la même maison.
Plus d'information sur le site de l'auteur : www.kategrenville.com
Lien : http://wp.me/p2sWqV-gX
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Début du 19ème siècle. Ce roman nous entraîne dans la vie et le destin de William Thornhill et de sa famille, de Londres où il fut gabarier sur la Tamise, à la toute jeune colonie pénitentiaire de Sydney et son fleuve Hawkesbury. Nous embarquons avec lui pour le meilleur, mais surtout il faut bien l'avouer, pour le pire : la misère, la déportation, le bagne, la confrontation des jeunes colons avec les aborigènes et une nature tellement différente qu'elle en est profondément inhospitalière.

Le monde vécu par William Thornhill et son épouse Sal est dur, injuste, cruel. Mais ils continuent sans perdre leur cap, ils se réinventent au fur et à mesure, vaille que vaille.
J'ai aimé le ton juste de ce roman, son élan historique et humain, la plongée dans cet ailleurs incertain : aux antipodes, tout est à construire et à découvrir ; y compris soi.

Inspirée par la vie d'un de ses ancêtres, l'auteur dépeint sans fard la survie et ses atrocités, le dépaysement et le mal du pays. Les petits bonheurs aussi, l'attachement, la découverte que sous les peaux noires ou blanches, le sang est le même. Tout cela est bien dosé et peut amener à de profondes réflexions.

C'est une lecture que je conseille vivement, et je vais très vite lire la suite : "Sarah Thornhill".
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Le fleuve secret est un livre que j'ai grandement apprécié et aussi travaillé avec mes étudiants. Ce livre aborde, excuse, et condamne les modes de colonisations employés par les européens à leur arrivée en Australie. le livre démarre à Londres au 19ième siècle et dépeint le quotidien de la famille Thornhill qui, par malchance, tombe dans la précarité. le papa est contraint à voler pour survivre mais se fait prendre et la famille finit par se voir déportée en Australie qui était utilisée comme colonie pénitentiaire pour décharger les prisons anglaises.

Vu la pauvreté et la précarité des classes moyennes et pauvres, comment imaginer une minute que l'Australie ait pu être colonisée de manière plus pacifiée et sans mettre à mal les ressources de nourriture s'y trouvant ? Sans oublier le discours officiel à l'époque qui consistait à dire que l'Australie était inhabitée (on parle de Terra Nullius) et que donc on pouvait disposer (tuer) ces locaux qui n'avaient pas d'existence légale.

Rien non plus ne pouvait préparer les colons anglais – ex détenus – à appréhender des aborigènes vivant nus, ayant un système de culture et de possession des terres complétement autre. On comprend mieux la violence du clash entre les deux groupes.

Soulignant que les blancs n'ont pas le même rapport symbiotique au pays que les aborigène, Grenville essaie néanmoins d'introduire des personnages un peu hybrides culturellement – ce qui peut être interprété comme une tentative de réconciliation de sa part mais peut se voir aussi comme une ultime tentative de colonisation. A vous de juger….


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Ce très beau récit est inspiré de l'histoire de la famille de l'auteure. Au début du 19ème siècle à Londres, des gens étaient réduits à voler pour survivre puis déportés en Nouvelle Galles du Sud, c'est à dire en Australie. Ils avaient une résistance à toute épreuve, la peur pour ressort. L'amour règne dans ce couple d'exilés. Ils découvrent une autre vie à l'autre bout du monde, loin de tout ce qu'ils connaissent. Isolés complètement dans la jungle, ils peuvent rêver d'en posséder un bout, être des propriétaires terriens. Cette avidité de se hausser à un milieu supérieur sera le moteur pour surmonter toutes les difficultés. La plus compliquée est de côtoyer les indigènes, de s'en accomoder malgré toutes les horreurs racistes colportées par des personnes incultes et non préparées à une telle expérience. Qui serait prêt à cela ? C'est très visuel et humain. La fin est terriblement violente, elle explique parfaitement le contexte d'humiliation constante subie par ces bagnards. Il y a l'effet de groupe auquel il est impératif de se rallier même si on ne partage pas ses valeurs car le risque est d'être encore plus isolé que jamais. C'était vraiment une folie monstrueuse de la part des anglais de laisser leurs repris de justice avoir libre cours sur ces terres occupées depuis toujours par un peuple heureux et certainement plus pacifique puisque dans la société indigène, il n'y a pas de rejet d'individu. Cela explique très bien comment la colonisation s'est opérée, par la force obscure de personnes maltraitées et manipulées, aveuglées par leur désir de propriété dont elles n'avaient jamais osé rêver et qui leur était enfin accessible. Cela se traduit par de la violence à l'encontre de gens innocents, qui n'ont rien demandé à quiconque, prêts à cohabiter à condition qu'on les respecte, comme ne pas arracher les plantes qui les nourissent par exemple.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il était vrai que les noirs n'avaient ni champs ni clôtures, ne construisaient pas de maisons dignes de ce nom et vagabondaient sans se soucier du lendemain. Il était vrai qu'ils étaient trop ignorants pour se couvrir le corps et qu'ils s'asseyaient cul nu dans la terre comme des chiens. Et à cet égard, certes, ils n'étaient rien qu'une bande de sauvages.
Mais, par ailleurs, ils ne semblaient pas avoir besoin de travailler pour subvenir à leurs modestes besoins. Tous les jours, ils consacraient un peu de temps à remplir leurs écuelles et à attraper les créatures qu'ils accrochaient à la ceinture. Après cela, ils prenaient le temps de bavarder longuement auprès du feu, de plaisanter et de caresser les membres potelés de leurs bébés.
En comparaison, la maisonnée Thornhill se levait avec le soleil, coltinait l'eau, sarclait sans répit le champ de maïs et déboisait la forêt qui le bordait. Il lui fallait attendre que le soleil ait glissé derrière les montagnes pour prendre ses aises et personne n'avait alors envie de plaisanter ou de jouer. Personne n'avait plus assez d'énergie pour faire rire un bébé.
L'idée le traversa quand il était sur le point de s'endormir : les noirs étaient des fermiers, au même titre que les blancs. Mais ils ne se souciaient pas de construire des clôtures pour enfermer leurs animaux. Ils préféraient s'arranger pour créer un coin de verdure appétissant et les appâter. Et en fin de compte, ça se traduisait par de la viande fraîche pour dîner.
Mais plus encore, ils lui faisaient penser aux nobles. Comme eux, ils consacraient un bref moment de chaque jour à leurs affaires, puis passaient le reste du temps comme ça leur chantait. La différence, c'est que dans leur univers, il n'y avait pas besoin d'une autre classe de gens qui attendaient sur le fleuve; de l''eau jusqu'aux cuisses, qu'ils eussent fini leur bavardage pour les mener voir une pièce de théâtre ou leur maîtresse.
Dans le monde de ces sauvages dénudés, tout le monde était noble.
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Un des aspects du non-dit entre deux personnes, commença t-il à comprendre, c'est qu'à partir du moment où la voie est ouverte, il est plus facile de la suivre que de rebrousser chemin.
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Elle ne sait même pas qu'elle s'appelle Polly!
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Lilian's Story (film 1996) - extrait.
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