J'ai retrouvé ce livre au hasard d'une session rangement. Voilà d'ailleurs l'un des avantages qui s'attachent aux (trop) grandes bibliothèques : on peut y faire de belles découvertes sans même avoir à sortir de chez soi. M'a-t-on un jour offert ce livre, l'ai-je acheté dans un quelconque vide-grenier, je n'en sais strictement plus rien. Qu'il m'ait patiemment attendu toutes ces années au fond de son rayonnage me l'a en tous cas rendu aussitôt sympathique.
De l'auteur non plus, je ne savais strictement rien. Au point de le croire anglais durant tout le premier chapitre, honte à moi...
C'est l'histoire d'un homme qui malgré son âge ne se décide pas à prendre sa retraite de la vie. S'il a connu plusieurs femmes, aucune n'a vraiment comblé ses aspirations. le livre est le récit un rien désabusé de ses efforts pour se trouver enfin la place dans le monde qui lui conviendra. En ce sens, la référence au Candide de
Voltaire, sur la quatrième de couverture, se justifie pleinement. Elle se justifie aussi par le ton mordant de l'auteur et l'ironie constante du regard qu'il pose sur ses semblables. L'écriture est très élégante, un rien précieuse parfois, et toujours acide au bon sens du terme, dissolvant en quelques mots les faux-semblants des êtres et des choses pour révéler leur vraie nature. Cette distance nonchalante et caustique donne son ton au livre, sans une once de mépris cependant et même avec une vraie tendresse qui affleure ici ou là (pour les pubs de l'Angleterre rurale, par exemple). Bien sûr, d'un côté ou l'autre de la Manche, les malentendus et l'incompréhension ont souvent tendance à l'emporter. Au bout du compte, le narrateur n'a pas accompli sa quête, ce qui est finalement une bonne nouvelle : le champ des possibles ne reste-t-il pas ouvert ?
Quelques pages avant le dénouement, le personnage tire de son histoire une morale qui fait honneur à l'auteur lui-même :
« J'étais heureux. Il me semblait […] que j'avais fait mon possible pour différer la fin du monde. »
Une très belle découverte, et un auteur sur lequel je ne manquerai pas de me pencher à nouveau.