«Je t'ai promis un amour infini, à une époque où il m'était impossible de savoir si je survivrais une semaine de plus. Aujourd'hui, il semblerait que l'éternité touche à son terme. Pas un instant je n'ai cessé de t'aimer. J'ai essayé, pour ne pas perdre la raison, mais je n'ai jamais été près d'y parvenir, pas plus que je n'ai cessé un seul jour d'espérer.»
Emprunté depuis quelques semaines, j'ai tardé à l'ouvrir. Je n'étais plus certaine de vouloir le lire; il représente un petit pavé quand même, entre temps de nombreux bouquins ont envahi ma commode de livres à lire que j'ai ABSOLUMENT ENVIE DE LIRE, et puis, je ne suis pas une grande adepte des romans d'amour.
J'ai fini pas l'ouvrir, et bien m'en a pris. Ce roman est très bien conçu et j'ai passé un bon moment de lecture.
Le procédé de narration est classique, une alternance entre passé et présent, entre Histoire et histoire, un parallèle entre deux histoires, deux tranches de vie, deux femmes, deux époques. Les lettres adressées à Stella feront le lien entre ces deux périodes.
Iona Grey a l'art des transitions, les chapitres s'enchaînent d'une époque à l'autre sans réelle cassure, c'est troublant parfois, extrêmement appréciable et savoureux souvent.
Deux belles histoires d'amour sur fond de deuxième guerre mondiale, des destins tragiques qui s'entremêlent, des coeurs cabossés qui trouveront réconfort et espoir dans l'Amour. Des personnages passionnés, qui à un moment ou un autre de leur vie ont eu de lourds fardeaux à porter, dépression, oppression d'un mari, soumission, la violence conjugale (tristement d'actualité encore de nos jours, un mal qui n'a finalement ni âge ni époque, comme tant d'autres maux), les combats aériens au péril d'une vie, le mensonge pour cet aumônier obligé de cacher ses penchants sexuels afin de ne pas transgresser les lois civile et divine.
J'ai beaucoup aimé ce parallèle entre ces deux femmes, Stella d'hier et Jess d'aujourd'hui. Les époques sont différentes, et pourtant la position précaire de la femme dans la société est évoquée de la même façon, à chacune de ces époques.
L'horreur de la guerre et du Blitz, ainsi que les conditions de vie au quotidien qui en découlent : les privations, le rationnement, la peur, occupent une place non négligeable dans ce roman, et rendent les chapitres sur la romance de Dan et Stella beaucoup plus riches et intéressants. Deux scènes ont ébranlé ma petite âme. Un instantané, tout d'abord, un arrêt sur image, l'image de Dan photographiant Stella, accroupie, à la recherche de sa montre, sur les débris d'une église bombardée. Noir et blanc. Touchant. Ma lecture stoppée nette. Et je me suis retrouvée derrière cet homme, immortalisant la scène à mon tour. Belle. Émouvante scène, empreinte de tendresse et de violence, quand l'amour naît de l'Histoire. Et puis, la scène finale, ce moment poignant qui fait que ce livre ébranle encore davantage, et pousse à la réflexion sur le temps qui passe, les moments d'amour volés ou saisis, tous ces moments qui aident à tenir quand la vie ne nous épargne pas, sur le fait qu'il faut profiter de chaque instant présent pour mieux les savourer, les raviver ensuite, s'en émouvoir, et s'en aider, sur l'Amour avec un grand A.
Je suis peu habituée à lire des romances, mais ce roman vaut le détour. Il m'a manqué un peu de profondeur et de surprise. Trop de prévisibilité (des personnages, comme de l'histoire), mais malgré tout un bon moment de lecture.
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