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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre était là, sur le comptoir de la librairie, attendant d'être rangé sur son étagère. Moi, j'étais à côté, patientant pour retirer une commande. Mon regard s'est posé sur la couverture et sur le visage du garçonnet au visage tendu et au point levé, puis j'ai lu le titre et j'ai demandé si je pouvais ajouter ce livre à ma commande.
John Howard Griffin, l'auteur est un homme que j'aurais aimé rencontrer. Il a bourlingué, connaît la France, a pris part à la Résistance durant la deuxième guerre mondiale entre autres choses et surtout est convaincu que la ségrégation qui perdure en cette seconde moitié de XXeme siècle dans le Sud des USA est une aberration. Il décide d'avoir recours à des moyens médicamenteux pour transformer son apparence physique et devenir Noir afin de pouvoir évoluer dans la société Noire et se faire une idée de ce qu'est réellement la condition de personne de couleur en 1959 dans les Dixielands.
C'est un livre qui me semble bouleversant et dérangeant car il peut faire resurgir de chacun d'entre nous des pensées très profondément enfouies. Il invite à « Se voir, tel que l'on est ». Et pas uniquement en fonction de la couleur de sa peau mais également en tant qu'homme ou femme confronté(e) à la misère, à la détresse, à la différence, à d'autres qui voudraient nous ressembler mais n'y parviennent pas.
Je vous invite à découvrir cette belle expérience de vie que nous offre l'auteur et pourquoi pas à en discuter ultérieurement.
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Jamais je n'ai oublié ce livre-choc, lu à la fin des années 70.
Un récit aussi exemplaire que scrupuleux pour le petit blanc français que j'étais et que la ségrégation révoltait.
Un reportage en immersion totale chez "l'autre", hors du commun, par un écrivain aussi courageux qu' engagé.
Bien sûr, Griffin n'est pas noir mais il le devient le temps de son enquête: Il se met en situation autant qu' en danger. le red-neck raciste et possible lyncheur ne fera pas la différence avec un "vrai noir".

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Lecture 2020 #14
Une lecture bien difficile que ce livre-ci. C'est l'histoire d'un écrivain américain, réputé pour son combat contre les discriminations raciales de son pays. En 1959, il décide brusquement de se transformer en Noir à l'aide d'un médecin. Il prend alors des cachets et s'expose aux rayons ultraviolets pour se brunir la peau. Ainsi commence sa descente en Enfers, le Sud des États-Unis.
Il débute son périple en Louisiane, il part ensuite vers le Mississippi, l'Etat le plus raciste à cette époque, et continue son périple jusqu'en Alabama influencé à cette époque par le révérend Martin Luther King.

Ils rencontrent de nombreuses personnes, des personnes noires avec qui ils sympathisent et se serrent les coudes faces à autant de haine, mais aussi à des personnes blanches qui sont plutôt polies en Louisiane, mais haineuses dans les autres états.

Je sais parfaitement que la Ségrégation a été une bien triste période, je me suis informée sur le sujet à travers des documentaires et de très bons films ont traité excellemment le sujet comme «Green Book », « Les figures de l'ombre » ou avec humour comme « J'ai infiltré le Ku Klux Klan ».
En livre, c'est d'autant plus fort que les mots restent... Les images passent, mais l'encre tache les pages. Nous ne sommes pas bien sûrs d'avoir bien lu alors on relit et si... on avait bien lu.

Certains passages m'ont choquée comme ce chauffeur de bus qui refusait à ses passagers noirs de descendre aux toilettes lors des différents arrêts, de cet homme qui clamait haut et fort que « les Blancs enfilaient leur femme » si ces dernières voulaient avoir leur salaire...
Il y a aussi cet autre chauffeur qui ne saluaient que les Blancs quand ils descendaient de son bus. A un moment donné, un groupe sortit en même temps : des hommes blancs suivis d'une femme noire. Il les a remerciés et la dame fut la seule à le remercier alors que ces mots ne lui étaient pas destinés. Une belle gifle avec tant d'élégance !

Le livre regorge de personnes qui prenaient vie sous la plume de cet auteur : il a rencontré également cette famille qui vit dans les marécages au milieu des alligators, faute de pouvoir vivre ailleurs...
Ce monsieur qui a fait partir ses fils vers le Nord pour une meilleure vie...
Des exemples qui vous saisissent le coeur, il y en a à chaque page dans ce livre.
Le plus effrayant dans ce livre, comme le souligne l'auteur, c'est que les Américains, blancs comme noirs, avaient peur des racistes blancs et de leurs représailles alors personne ne se soulevaient et tous portaient des oeillères face aux horreurs du quotidien...

On ne peut pas imaginer la douleur et le désespoir que les Américains noirs ont dû vivre pendant la Ségrégation, on ne peut pas se mettre à leur place non plus, mais on peut mieux comprendre l'horreur...

Heureuse d'avoir trouvé ce livre dans une boîte à livres, ce fut une belle trouvaille que je recommande.


📚📕📗📘📙Un livre, un mot nouveau : le layon : un sentier en forêt
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Le récit poignant d'un homme Blanc qui décida, en 1959, en pleine période de ségrégation entre les Noirs et les Blancs aux Etats-Unis, de se grimer et de devenir un Noir pendant quelques semaines.
Il raconte la difficulté des Noirs à trouver un endroit où boire, où aller aux toilettes, la froideur polie des Blancs qui se contentent de refuser des choses qu'ils feraient volontiers pour un Blanc, le mépris constant, la méchanceté et l'hostilité ouverte de certains mais aussi l'hypocrisie de ces hommes contre le métissage qui exercent le droit de cuissage sur leurs employées Noires.
C'est dur, direct et effrayant de voir à quel point la société américaine, dans les états du Sud surtout, pouvait être gangrénée par les préjugés et l'ignorance.
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L'histoire authentique d'une étonnante expérience.
Métamorphosé en Noir, immergé dans leur communauté, Griffin vit de l'intérieur "la lutte sournoise" qui les met "perpétuellement aux prises avec les Blancs", et son témoignage est d'autant plus saisissant qu'il est véridique ! Retournant tout d'abord sur les lieux qu'il a l'habitude de fréquenter en tant que Blanc, Griffin se heurte à l'indifférence ("Ce soir, ils me regardèrent sans me voir.", "Personne ne faisait attention à moi."), au "regard désapprobateur" qui lui fait comprendre qu'il n'est pas le bienvenu, mais aussi à une hostilité non justifiée ("Ils auraient accepté sans hésitation le chèque de voyage d'un homme blanc.") et même à la haine. Lui est toujours le même homme, correctement habillé, instruit, disposant d'argent ; pour autant, avec sa peau désormais noire, "vous ne pouvez agir comme lorsque vous étiez un homme blanc. Vous ne pouvez pas entrer n'importe où."... Par exemple, en ville, trouver des toilettes pour Noirs est un parcours du combattant. Griffin se heurte aussi à de "vaines tentatives pour trouver un emploi". Ou alors, comme tous les Noirs, on le "contraint d'accomplir les besognes les plus serviles" avec un salaire à peine suffisant pour vivre. A la gare, il subit l'agressivité non fondée de l'employée et dans l'autobus, la "cruauté délibérée" de certains chauffeurs. Ainsi, il ne comprend pas bien "l'attitude des Blancs qui, individuellement, sont corrects et bienveillants, mais en tant que groupe s'ingénient à l'ordonnance d'une vie qui détruit le sens de la valeur personnelle du Noir". Les Blancs ont en effet tendance à "édicter des lois commodes plutôt qu'équitables"...

Poussant plus loin l'expérience, Griffin, qui parcourt les routes, va partager le quotidien d'hommes noirs croisés sur son chemin, avec qui il va longuement discuter et prendre part à la vie de famille. Emu, il va ressentir de l'intérieur le poids des préjugés ("l'image du Noir bruyant et effronté", la sexualité soi-disant débridée parce qu'ils n'ont "pas les mêmes inhibitions", leur "incapacité intellectuelle", etc.), la pauvreté extrême et surtout le sentiment d'injustice : "Mettez l'homme blanc dans le ghetto, supprimez-lui les avantages de l'instruction, arrangez-vous pour qu'il doive lutter péniblement pour maintenir son respect de lui-même, accordez-lui moins de loisirs, après quelque temps il assumerait les caractéristiques que vous attribuez aux Noirs. Ces caractéristiques ne sont pas issues de la couleur de la peau, mais de la condition humaine". Dès lors, comment ne pas saluer "le courage de ces gens" ?
De la même manière, Griffin va engager le dialogue avec des Blancs pour comprendre leurs points de vue, mais en réalité ce ne sont "que des prétextes pour justifier un comportement injuste et amoral"... Heureusement, dans des Etats comme l'Alabama, le combat de Martin Luther King commence à porter ses fruits et les Blancs de la jeune génération semble "meilleurs que ceux de la précédente".

Le retour à sa vie de Blanc ne sera pas simple pour l'écrivain. Désormais "je voyais sous un angle différent" car "mon esprit avait subi la même transformation que ma figure". Une fois rendue publique, son expérience met "l'opinion publique en ébullition", et même s'il n'a "pas été chargé de défendre la cause des Noirs", on lui demande à travers de nombreuses interviews de rendre compte de ses conclusions : "J'ai cherché ce qu'ils avaient "d'inférieurs" et je n'ai rien trouvé". A jamais marqué par ce qu'il a vécu et ressenti, il demeurera, à l'intérieur de lui-même, "en partie ou peut-être essentiellement Noir".
Lien : https://www.takalirsa.fr/dan..
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Fin 1959, John Howard Griffin décide de se lancer dans une expérience hors du commun : il va suivre un traitement médical afin de devenir Noir.
Avec l'aide d'un médecin qui lui prescrit des médicaments et des séances d'U.V., la transformation est complète et Griffin peut commencer sa plongée parmi la population noire de certains Etats du Sud des Etats-Unis.

Ce court roman se trouvait dans ma PAL depuis des lustres, et il était grand temps que je l'en sorte, d'autant que le sujet dont il traite est à nouveau d'actualité depuis le décès de George Floyd.
Griffin s'est lancé dans son expérience à une époque où les tensions entre communautés étaient très fortes (même si l'on ne peut pas vraiment dire qu'elles le sont moins de nos jours). Une telle abnégation et un tel sens du devoir sont formidables et sont en général la marque des très bons journalistes d'investigation. Et son compte-rendu, qui forme la matière première de cet ouvrage, est glaçant.
Il n'a changé que sa couleur de peau et a conservé tout le reste : sa façon de parler, de se vêtir et de se mouvoir, son éducation et ses diplômes n'ont pas changé. Seule la couleur de sa peau a été changée, et cela s'est révélé suffisant pour subir des humiliations sans fin. A l'époque, les Noirs n'avaient pas droit à un verre d'eau dans un bar ou un café "blanc", même en cas de canicule. Ils ne pouvaient pas utiliser les toilettes réservées aux Blancs mais, lorsqu'ils se soulageaient là où ils pouvaient (= dans la nature), on les traitaient "d'animaux".
Pourquoi la simple pigmentation d'un épiderme est-elle si importante ?
C'est une question à laquelle je n'ai pas trouvé de réponse dans l'ouvrage de Griffin qui, lui-même, paraît assez démuni face au manque de communcation/coopération entre Blancs et Noirs (comme le prouve son épilogue, dans lequel il s'étonne de devoir faire le lien entre les deux communautés, alors qu'il serait tellement plus simples pour elles de communiquer directement).

J'ai énormément apprécié cette lecture "choc", que je recommande.
Mais j'avoue qu'elle me laisse un peu pessimiste, moi qui suis pourtant d'un optimisme à (presque) toute épreuve. Car, si les choses n'ont pas tellement changé depuis 1959, si les Noirs sont encore considérés comme une "sous-race" par certains bachi-bouzouk (je me permets de faire référence au Capitaine Haddock afin de rester plus ou moins polie dans mon commentaire), que peut-on espérer ? Si un demi-siècle n'a pas suffi pour changer certaines mentalités, pourquoi changeraient-elles tout à coup, du fait de la levée de bouclier contre les atteintes portées à la vie de Noirs et contre la colonisation ?
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Je m'interrogeais sur ce procédé un peu voire beaucoup limite, avec le regard 2023. Mais en 1959, date de cette expérience et du livre, l'auteur a été soutenu par les chefs de file Noirs. Adoubé si l'on peut dire.
Ce livre est un livre édifiant. Ce qui m'a particulièrement frappé est la vitesse à laquelle Griffin va ressentir un désespoir de cette "condition". le regard et les attitudes racistes explicites et violentes mais aussi les plus sournoises, presque inconscientes ont raison de sa résistance très rapidement ! Imaginons alors pour quiconque qui doit vivre ça constamment...
Il est malheureux qu'on aie besoin de "vivre" l'"expérience" pour croire ceux qui la vivent. (Ne me parlez pas d'empathie, une fois de plus.) Et qu'un Blanc aie dû expliquer cela aux autres Blancs pour qu'ils écoutent ou réalisent l'horreur.
Démonter les mécanismes, les rouages d'un racisme structurel qui s'insinuent dans tout, et qui se trouve sans cesse des justifications foireuses.
La paix n'existera pas sans la justice.
La justice c'est permettre à tous de vivre selon les lois, de jouir des droits de l'humain...
Livre essentiel pour comprendre l'historicité d'un mouvement ou de mouvances ou d'une volonté anti-racistes indispensables.
J'en parle mal. Parce qu'il y a trop à dire sur ce sujet.
Le livre est bien trop confidentiel.
Je dois souligner qu'il est écrit de façon très claire, limpide, sans intellectualisations ou terminologies inaccessibles, il est écrit pour que chacun puisse comprendre son propos.
Si vous ne lisez pas ce livre, écoutez les gens qui souffrent, qui se plaignent à juste titre de discriminations, car il y a là du réel. Et tout le monde, fondamentalement, a besoin de se sentir bien traité, et cherche à être "heureux" sur cette terre. Simplement.
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Exceptionnelle
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J'ai été étonnée de n'avoir jamais entendu parler de ce livre.
L'expérience culottée de l'auteur, dangereuse et moralement discutable - discutée après la parution du livre - est un témoignage clé du racisme profond de cette époque en Amérique. Il se trouve que ce livre a été très mal accueilli par les pairs journalistes de l'auteur, par les lecteurs, par le a population Noire... et cela a été un drame pour celui qui a tenté et osé ce pari fou.
Par cet avis, j'espère redonner un peu les lettres de noblesse de ce livre incroyablement fort et qui nous rappelle que le racisme est présent, souvent invisible par ceux qui ne le vive pas. Edifiant et révélateur.
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Si vous étiez dans la peau d'un autre ?
De cet "autre" qu'on rejette, cet autre qu'on déteste par ce qu'il ou elle est différent(e).
Cet homme blanc américain l'a fait dans ces états américains du sud ou il ne faisait pas bon d'être un afro-américain.
Immersion garantie, on a l'impression d'être à sa place, à leur place ! Double identité : celle de l'intérieur (du coeur) et celle de l'extérieur (l'apparence). Un livre qui nous montre à quel point le racisme est un fléau universel.
Un défi qu'a relevé cet homme courageux.
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