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EAN : 9782760607606
256 pages
Gaëtan Morin (01/12/1998)
3.46/5   75 notes
Résumé :
"Tous les samedis, vers les dix heures du matin, la femme à Séraphin Poudrier lavait le plancher de la cuisine, dans les bas côté..."

Source : Stanké
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Évalué 3-4 étoiles : un classique québécois à connaître.

Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon, lu par Nicolas Gendron et Pierre Lebeau, Vues et Voix, 2021

Claude-Henri Grignon (1894-1976) est un journaliste, critique littéraire, romancier, auteur de feuilletons radiophoniques et télévisés. J'ai découvert ce roman, publié en 1933, un peu par hasard, dans mon abonnement Audible.
Il semblerait que ce soit son livre le plus connu…

L'auteur nous propose la description détaillée d'une personnalité, celle d'un avare, une véritable physiologie à l'image de ces livrets présentant, parfois sur un mode plaisant, avec des illustrations, une étude du fonctionnement d'un groupe social, d'un type humain, d'une institution, etc., et qui fut particulièrement en vogue au début du XIXe siècle. Bref, une étude de moeurs, un peu caricaturale.
C'est sans doute aussi un roman de terroir qui retrace la vie campagnarde du Québec rural, dans les Laurentides.

Un homme et son péché est centré sur l'avaricieux Séraphin Poudrier, véritable antihéros, antipathique, misanthrope. Séraphin méprise tous les habitants de Sainte-Adèle et c'est un usurier unanimement détesté. Quand Donalda, sa jeune épouse, une femme pieuse qu'il fait travailler comme une bête de somme, tombe malade, il refuse d'appeler un médecin pour la soigner par crainte de la dépense, et quand elle meurt, il l'enterre dans un cercueil trop petit pour elle. Séraphin compte tout : le bois, les pommes de terre, les galettes de sarrasin… À la fin, Séraphin meurt dans l'incendie de sa maison tandis qu'il tente de récupérer les pièces d'or qu'il a cachées dans un sac d'avoine.

Une triste histoire, avec quelques longueurs, liées à la répétition des situations, mais relevée par la fine analyse des personnages et quelques descriptions poétiques des lieux et des saisons.
Une étude de moeurs, à valeur mystique, centrée sur la faute et l'impureté de Séraphin, avec un dénouement moral.
Les protagonistes fictifs d'Un homme et son péché côtoient des personnages référentiels tels que le premier ministre Honoré Mercier, le journaliste et écrivain Arthur Buies et le curé Antoine Labelle. Tous évoluent à la fin du XIXème siècle dans un environnement rude et hostile, où l'entraide et la religion prennent une place importante, où les habitants sont attachés à la terre et aux traditions, où les femmes sont soumises à leurs pères, puis à leurs époux.

Par la suite ce classique a été plusieurs fois réédité et adapté en feuilleton radiophonique, en BD, et même porté à l'écran.

La version audio n'est pas très agréable à écouter. Disons que les deux narrateurs accentuent inutilement l'atmosphère pesante et caricaturale du récit.

Un texte à connaître.

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Aucun livre, à mon humble avis, n'a autant marqué l'imaginaire québécois qu'Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon dont la première édition remonte à 1933 et qui a valu à son auteur le prix David en 1935. Encouragé et aidé par sa cousine Germaine Guèvremont, le journaliste et l'écrivain québécois créera un feuilleton radiophonique de 1939 à 1962 à partir de son roman. de plus, dès 1956, les personnages de Claude-Henri Grignon apparaîtront à la télévision de Radio-Canada grâce aux Belles histoires des pays d'en haut. Ce feuilleton sera diffusé de 1956 à 1970. Mais que raconte Un homme et son péché?
À la fin du XIX e siècle, au temps de la colonisation, dans une région rurale du Québec, les Laurentides, un colon, Séraphin Poudrier terrorise les habitants de son village. Il prête de l'argent mais à des taux d'intérêt très élevés. L'usurier épouse la jeune Donalda, femme pieuse, travaillante et courageuse. Un jour, cette dernière tombe malade et son époux refuse de payer le médecin pour la faire soigner et elle meurt. Elle est placée dans un cercueil trop petit pour elle et elle est mise en terre dans le lot des Poudrier. Séraphin dira qu'il n'a plus désormais à payer pour subvenir aux besoins de cette dernière. Mais encore, après avoir sauvé une de ses vaches prisonnière d'un cours d'eau, l'avare voit sa maison brûler. Il se précipite dans sa demeure pour récupérer ses pièces d'or cachées dans un sac d'avoine dans le haut côté, mais il ne peut échapper aux flammes. On le retrouve calciné en tenant dans une main une pièce d'or et dans l'autre, de l'avoine.
Au Québec, nous connaissons tous l'expression populaire : «Être un Séraphin» qui veut dire, être un avare, un méchant. Ce livre démontre à quel point un péché peut conduire un homme à sa perte. D'ailleurs, dans l'édition illustrée de 1941 que je possède, l'auteur dira :
Des usuriers, des grippe-sous, des passionnés de l'argent tel que mon Séraphin, ils ne sont pas rares en terre canadienne, dans les bois reculés de la colonisation et jusque dans les paroisses agricoles les plus prospères. Non pas seulement ici, mais en France; non pas seulement en France, mais dans tous les pays où la paysannerie s'accroche au sol (p.I).

Séraphin, c'est l'être maudit, celui qui se lève la nuit pour caresser son or, celui qui refuse de faire l'amour à sa femme car les enfants, ça coûte cher, celui qui rejette du revers de la main la venue d'un docteur pour soigner sa jeune épouse, celui qui fait craquer les os du corps de sa femme pour le faire entrer dans un cercueil. Séraphin, c'est la représentation du péché capital… c'est le mal incarné et il s'avère en opposition avec la sainte Donalda.

Et il pensait à tous les billets qu'il avait accumulés à des taux variant entre huit et vingt-cinq pour cent et aux gages qui s'entassaient près des trois sacs d'avoine. Puis, suprême bonheur, Donalda ne lui arrachait plus ses pièces de vingt-cinq sous pour s'acheter des épingles à cheveux, du ruban, de la flanelle, des lacets de bottines, du coton, toutes choses enfin dont il se passerait bien, lui, et qui sont des objets de luxe et de perdition. […]
Séraphin Poudrier les dépassait tous par la perpétuelle actualité de son péché qui lui valait des jouissances telles qu'aucune chair de courtisane au monde ne pouvait les égaler. Palpitations de billets de banque et de pièces métalliques qui faisait circuler des courants de joie électrisants jusque dans la moelle de ses os : idée fixe qu'il traînait avec lui. (p. 148-149).

Avec une histoire simple, celle d'un avare, de sa douce femme et de son bon cousin Alexis, Claude- Henri Grignon a réussi à émouvoir le peuple québécois avec ses mots, son imaginaire, ses descriptions de la vie à la campagne et surtout parce qu'il a mis en opposition les forces du bien avec celles du mal à une époque déjà difficile.

Encore aujourd'hui, à la télé, on repasse Les Belles histoires des pays d'en haut avec un Jean-Pierre Masson plus vrai que nature dans le rôle du cruel Séraphin, avec une Andrée Champagne magnifique à l'écran dans le rôle de la pieuse Donalda et avec un Guy Provost sublime dans le rôle du charmant Alexis. Ces épisodes ont marqué mon enfance et celle de mes parents. On ne peut oublier la célèbre expression tributaire du livre et de la série :
-Viande à chiens!
Charles Binamé a réalisé un film en 2002 basé aussi sur ce bouquin et une nouvelle série est diffusée sur les ondes de Radio-Canada depuis 2016 à partir encore une fois des personnages de Claude-Henri Grignon.
https://madamelit.ca/2018/01/26/madame-lit-un-homme-et-son-peche/
Lien : https://madamelit.ca/2018/01..
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Maintenant que j'ai terminé cette lecture, je ne verrais plus jamais l'expression ''être Séraphin'' de la même façon. Cet homme avare qui préfère calculer sa richesse plutôt que d'aller chercher un médecin pour sa femme mourante, m'a vraiment prise au dépourvu. J'ai trouvé qu'il y avait des longueurs à certains passage car l'auteur y met beaucoup de descriptions. Par contre, l'avarice nous prend par surprise. Je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'il avait atteint le bout de son péché à chaque page que je lisais. Mais non ! Toujours de plus en plus avare, de chapitre en chapitre.

Séraphin est un manipulateur hors pair, qui ne vit que pour l'argent. Il en est si avide, qu'il en vient à mettre sa propre vie en jeu ainsi que celle de sa femme. Tout au long de ma lecture, j'ai découvert un homme qui me donnais simplement le goût d'être aspirer par les lignes que je lisais afin de pouvoir lui briser le cou de mes propres mains tant son avarice devient enrageante.

Je conseil ce petit livre, si ce n'est que pour donner une leçon de vie. Comme on pourrait dire, l'argent fait pas le bonheur sauf que...
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Au Québec, tout le monde connait l'histoire de Séraphin Poudrier. L'adjectif "séraphin", pour parler d'une personne très avare, est même bien ancré dans l'usage. Malgré cela, je n'avais jamais lu l'original avant aujourd'hui.

C'est un roman court qui se lit facilement. Il y a de très belles descriptions de la nature et de la vie campagnarde, mais il y a aussi quelques longueurs inutiles. Évidemment, c'est très moralisateur, mais pas ennuyeux. Je suis contente d'avoir lu ce classique de la littérature québécoise.
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Quand j'ai vu que Claude-Henri Grignon était le cousin de Germaine Guévremont, j'ai tout de suite eu envie de découvrir cet autre classique québécois.

Cette fois, j'avais déjà vu l'une des adaptations cinématographiques, celle de 2002. Je me souviens de certaines scènes qui m'avaient marquées.
J'ai donc voulu découvrir l'origine de ce classique. J'ai beaucoup aimé le roman et les notes, la genèse du roman et l'introduction. Un autre roman du terroir québécois, avec un peu plus de canadianismes, de régionalismes et d'archaïsmes que dans “le Survenant” mais cela ne m'a pas dérangé.

C'est un roman sur le péché de l'avarice, si vous pensez que Picsou est avare, c'est que vous ne connaissez pas encore Séraphin. Picsou, à côté, est d'une très grande générosité. Donc, un roman assez sombre. Il m'a un peu fait penser à “grossir le ciel” de Franck Bouysse, dans la noirceur du roman, sinon pour l'histoire c'est tout à fait différent.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Rien dans la nature ne pouvait émouvoir cet homme au coeur sec. Rien. Ni le vent doux qui glissait comme une main caressante le long de l'azur, ni les chutes de la rivière du Nord qui chantaient, délivrées et triomphales, au bout de sa terre.

Que la première caresse de mai se coulât vers le sol ; que la violette des bois offrît sa tête délicate à la brise qui la ferait pencher un peu vers le ruisseau ; que le sang-de-dragon, fleur virginale entre toutes, sortît au travers des feuilles sèches et brunes, libre de la pourriture du dernier été ; que partout le vert de l'herbe répandît son espérance, qu'il fît circuler, comme un parfum de l'air, ces effluves qui poussent l'homme à la joie de vivre, Séraphin Poudrier ne sentait rien de tout cela, restait insensible au langage de Dieu. C'est plutôt par une inconsciente réaction contre les symboles de la nature que son bonheur, se concentrant de plus en plus vers son péché, en arrivait à toucher presque à la folie.
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Et il pensait à tous les billets qu’il avait accumulés à des taux variant entre huit et vingt-cinq pour cent et aux gages qui s’entassaient près des trois sacs d’avoine. Puis, suprême bonheur, Donalda ne lui arrachait plus ses pièces de vingt-cinq sous pour s’acheter des épingles à cheveux, du ruban, de la flanelle, des lacets de bottines, du coton, toutes choses enfin dont il se passerait bien, lui, et qui sont des objets de luxe et de perdition. […]
Séraphin Poudrier les dépassait tous par la perpétuelle actualité de son péché qui lui valait des jouissances telles qu’aucune chair de courtisane au monde ne pouvait les égaler. Palpitations de billets de banque et de pièces métalliques qui faisait circuler des courants de joie électrisants jusque dans la moelle de ses os : idée fixe qu’il traînait avec lui.
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On apercevait encore, là-bas, au flanc de la montagne, des carrés de neige, disposés comme des nappes blanches pour un dîner sur l'herbe mais, sur les coteaux et dans les prairies, les lèvres chaudes du printemps l'avaient presque toute absorbée. Et l'on devinait, et l'on éprouvait en cette fin d'avril, le travail formidable qu'accomplissait la nature pour sortir de son tombeau.
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C'était l'hiver! Déjà le silence hallucinant, le froid aussi, le froid surtout, le froid qui tue l'amour et qui tourmente l'homme. Puis, bientôt, la neige, linceul définitif.
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La chaleur verticale coulait comme du plomb fondu sur les champs immobiles et sur toute la campagne environnante. De très loin, on pouvait entendre la stridulation des sauterelles. Une lassitude immense dominait la terre.
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Video de Claude-Henri Grignon (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude-Henri Grignon
Bande annonce de la série Les pays d'en haut, série télévisée québécoise, remake du téléroman Les Belles Histoires des pays d'en haut, diffusé de 1956 à 1970. Cette nouvelle adaptation se veut réaliste du roman d'origine Un homme et son péché de Claude Henri Grignon
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