C'est une bien jolie idée qu'a eue là
Philippe Grimbert avec cette
psychanalyse appliquée aux chansons ! Évoquant tour à tour quelques-uns des grand succès des dernières décennies, l'auteur se propose de chercher l'énigme qui se cache derrière ces hits et qui en explique le succès. En effet, son hypothèse est la suivante : Si certaines chansons deviennent tellement populaires c'est parce qu'à la manière des lapsus et des rêves, une part d'Inconscient est mise à jour à travers elles et vient toucher le public. le chanteur sans le faire exprès, laisse parler quelque chose de son inconscient dans l'écriture de ses paroles, et ce quelque chose est capté par le public à son insu et sans qu'il en ait conscience. On aimerait donc tant telle rengaine parce qu'au fond elle nous parle de notre amour incestuel pour notre mère, et on se déhancherait avec joie sur telle autre car elle conjure notre peur de la mort…
A travers une dizaine de « cas cliniques » en musique,
Philippe Grimbert nous parle de son amour pour la chanson et de sa passion pour la
psychanalyse et l'on se laisse bercer avec plaisir au rythme de la mélodie des chapitres qui s'enchaînent.
Mettre nos chansons préférées sur le divan, c'est bien sûr l'occasion d'un petit rappel des concepts fondamentaux de la
psychanalyse, et si j'ai appris des choses sur la musique, c'est surtout sur
Freud et
Lacan que l'auteur m'a renseignée en reprenant, au fil des chapitres, les fondements de leurs théories respectives. C'est un aspect du livre qui m'a plu et déplu à la fois puisque j'ai été très intéressée par ces explications théoriques que j'ai parfois trouvées très à propos, comme si en effet elles collaient parfaitement au « patient-chanson » et l'expliquait à merveille. Mais dans certains chapitres, il m'a semblé que la chanson n'était que prétexte à l'étalage du savoir psychanalytique, et là, même si ce dernier m'intéresse beaucoup, j'ai quand même été moins enthousiaste, car j'ai parfois eu l'impression que l'auteur « sur-interprétait » et collait à la chanson des intentions qu'elle n'avait pas dans le seul but de pouvoir aborder telle théorie intéressante…
Voilà donc un petit bémol, qui a par moments rendu ma lecture plus sceptique et moins agréable.
Un deuxième aspect qui a quelque peu gâché mon plaisir vient du fait que la plupart des chansons traitées ne sont pas de ma génération, aussi ai-je été moins intéressée que si j'avais connu et aimé les chanteurs en question. Bien sûr je ne peux pas en faire le reproche à Grimbert, qui n'était pas censé connaitre mes goûts musicaux mais il n'empêche que j'aurais mieux aimé découvrir les messages cachés de Julien Clerc, de Renaud ou d'Indochine que ceux de
Trenet et Mistinguett… Je dois dire cependant que le choix de titres de l'auteur ne manque pas de goût (même si ce ne sont pas toujours les miens) et des chansons comme L'aigle noir, Etienne, et Love on the Beat sont un vrai délice à redécouvrir sous sa plume !
Pour conclure je dirais que je sors de cette lecture avec un sentiment ambigu et mitigé. J'ai moins aimé, c'est certain,
Philippe Grimbert l'essayiste que
Philippe Grimbert le romancier, dont j'ai dévoré et adoré tous les livres. Il y a du bon et du moins bon dans «
Chantons sous la psy ». C'est un ouvrage qui malgré le grand intérêt de son thème, ne se lit pas facilement et est par moments un peu ennuyeux. Il est néanmoins très riche, autant dans sa relecture des chansons françaises populaires que dans sa présentation de la théorie psychanalytique, et en cela, il vaut certainement le détour.