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EAN : 9782350006536
82 pages
Oskar Editions (18/02/2011)
4.5/5   6 notes
Résumé :
Recueillis et écrits par Jacob et Wilhelm Grimm en Allemagne au XIXe siècle pour distraire et instruire les enfants, ces merveilleux Contes des Fées font trembler, rire et pleurer. Ils semblent bizarres et frivoles, mais ne vous y trompez pas, ils vous emporteront dans des aventures fabuleuses et vous montreront le chemin de la vie. Le courage des jeunes filles, l’amour d’un prince, la jalousie d’une reine, la force d’un ogre ou d’adorables nains ! Autant de manière... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voilà un recueil — et quel recueil ! — de trois contes mythiques (ici l'adjectif mythique n'est pas utilisé dans son acception métaphorique ou superlative mais première, c'est-à-dire, ayant valeur de mythe) collectés du bouche à oreille populaire par les frères Grimm. Qu'ils en soient mille fois remerciés.

On y trouve d'abord celui qui n'a aucun secret pour nous de ce côté du Rhin, Cendrillon, mais qui a fatalement subit des transformations en franchissant le pont de Kehl pour ce rendre chez nos amis germanophones. Beaucoup connaissent la version de Charles Perrault (voire celle des studios Dysney) mais beaucoup moins nombreux sont ceux qui connaissent cette version de la tradition orale allemande recueillie en dialecte hessois (région de Francfort) par Jacob et Wilhelm Grimm.

Ici, il n'y a ni marraine, ni citrouille, ni souris, ni rats, ni lézards pour faire un bel attelage et il n'est donc jamais question de l'heure fatidique de minuit. En revanche, Cendrillon se rend trois jours de suite au bal et chaque jour dans une tenue qui irradie plus de magnificence. L'élément magique se situant dans la triple combinaison du recueillement pieux sur la tombe de sa mère, du noisetier qu'elle y a planté et de l'oiseau blanc qu'elle y rencontre chaque matin.

Les Allemands ayant un esprit beaucoup plus cartésien et prosaïque que le nôtre ont dû juger que l'histoire de la chaussure perdue dans la précipitation était peu crédible (car une Allemande véritable serait retournée chercher sa godasse quoi qu'il en coûte) et l'ont remplacée par un élément irréfutable scientifiquement.

Le soir du troisième bal, le prince déçu de toujours perdre celle avec laquelle il aimerait se marier décide d'engluer les marches de l'escalier dérobé avec de la poix. Si bien que quand la gente demoiselle pose son escarpin délicat dans la mixture collante, celui-ci reste immédiatement prisonnier.

Ah ! ils ont l'esprit pratique ces Allemands, y a pas à dire ! Bon, ce serait peut-être un rien moins poétique que dans la version originale mais en tout cas, scientifiquement tout colle, c'est le cas de le dire. Faut-il que j'aborde la séance d'essayage de pantoufle poisseuse ?

Bon, d'accord, comme vous voudrez. Là où Charles Perrault se contentait de dire que toutes les filles ne pouvaient entrer leur pied dans la pantoufle, le lyrisme allemand rajoute une petite touche personnelle…

L'aînée des soeurs se sectionne le gros orteil pour l'enfiler et la cadette se tronçonne le talon. de sorte que les deux parviennent à chausser la tatane mais, c'est au sang qui dégouline qu'on s'aperçoit finalement qu'elle n'est pas à leur taille. Si bien que…

Oui, vous avez deviné, la charmante et brave Cendrillon va donc passer son joli pied-pied dans la petite chaussure maculée de poix, inondée à l'avant du sang de la soeur aînée et à l'arrière du sang de la cadette, d'où l'expression, sans doute, trouver chaussure à son pied.

Certes, c'est un tout petit peu plus gore outre-Rhin mais c'est d'une logique implacable. de même, on sent un petit esprit revanchard dans la version des frères Grimm à l'endroit des deux horribles frangines : on se souvient que la Cendrillon de Perrault, magnanime, avait pardonné aux affreuses et leur avait même trouvé à chacune un parti avantageux.

Ici, il n'en est pas tout à fait de même. Non contente de l'automutilation, la tradition populaire germanique a fait en sorte que lors du mariage de Cendrillon, les oiseaux d'Hitchcock soient présents à la cérémonie et aillent crever les yeux des deux vilaines. Bien fait pour elles… Mais aimez vous quand même les uns les autres nous précise le conte, car il faut être pieux et bien aller prier tous les soirs sur la tombe de sa maman. Bonne nuit les enfants, faites de beaux rêves…

Ensuite, on trouve le conte ô combien célèbre du Vaillant Petit Tailleur. « De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace ! » Telle est la philosophie de vie délivrée ici. de l'audace, une inaltérable confiance en soi et aussi une bonne dose de forfanterie, voilà comment faire votre chemin dans la vie : cela pourrait presque être une devise de l'american way of life.

« Osez, risquez, ne vous satisfaites pas de votre piètre condition et vous deviendrez les rois du monde. » Car c'est ce qu'il fait ce vaillant petit tailleur. Parti de peu, se jugeant à l'étroit, il s'invente un titre de gloire et, à coup de grande gueule et de paris osés, se hisse peu à peu jusqu'à la royauté.

C'est effectivement très joli comme concept et l'on peut même citer ici ou là des gens pour qui cela a réellement fonctionné. Ceci étant dit, cela équivaut, peu ou prou comme dans un jeu de hasard, à jouer quitte ou double sur son avenir. Alors, comme dans tous les jeux de hasard, quand tout se goupille bien : parfait, magnifique. Mais… si tout ne se goupille pas exactement comme espéré ?… qu'advient-il ?… Cela, le conte ne le précise pas.

Nous voici donc avec un brave petit tailleur qui, bourré d'énergie et n'ayant pas froid aux yeux, tourne en rond dans son atelier. Après avoir constaté que de trop nombreuses mouches tournaient autour du déjeuner qu'il s'était promis, il prit la mouche et s'en alla les moucher d'un bon coup de mouchoir.

PAN ! Sept d'un coup ! Si ça ce n'est pas un exploit ! Il décide donc de faire un maximum de publicité autour de cet événement majeur et se confectionne une ceinture où chacun peut y lire en gros caractères : SEPT D'UN COUP. Je vous laisse la joie de découvrir l'effet qu'aura cette inscription sur son auditoire ainsi que les douze travaux auxquels notre petit tailleur risque fort d'être soumis avant d'atteindre la position qu'il convoite…

Enfin, cerise sur le gâteau (ou plutôt pomme sur le streusel) voici venir Blanche-Neige. Vanité des vanités, tout est vanité ! La beauté, peut-être plus encore que tout le reste… et pourtant, de nos jours encore…

Beaucoup d'enfants occidentaux connaissent le conte de Blanche-Neige dans des versions plus ou moins modifiées, notamment sous l'influence des productions Disney, moins nombreux sont ceux qui connaissent l'original fixé par écrit par les frères Grimm.

Quel plaisir de lire dans cette version allemande du début XIXème une déformation ou des inspirations issues de la Belle Au Bois Dormant de Charles Perrault, lequel Perrault avait lui aussi puisé l'inspiration de contes plus anciens encore en les déformant à sa sauce. On peut y voir aussi certaines relations avec plein d'autres contes, notamment le Conte du Genévrier.

Quel plaisir aussi de constater que ce conte est à son tour le géniteur ou du moins le très fort inspirateur de la trame d'autres contes ultérieurs. Je pense bien évidemment à Boucle D'Or Et Les Trois Ours où la scène centrale est une recopie quasi intégrale de l'exploration de la maison des nains par Blanche-Neige. On sait encore la descendance qu'aura Boucle D'Or et même jusqu'à Babelio dont les créateurs se désignent eux-mêmes comme " les trois ours ".

Il est à noter qu'à chaque fois, les contes fils se teintent de nuances et de significations qui correspondent à leur époque et qui peuvent différer sensiblement du message délivré par leurs ancêtres textuels. Ici, partant du principe que tout le monde connaît plus ou moins le dessin animé de Walt Disney, je vais m'attacher à souligner les différences entre cet original et la version la plus populaire actuellement.

Première différence : le chasseur qui épargne Blanche-Neige tue un marcassin (c'est moins glamour, il est vrai) et lui prélève non pas le coeur, mais le foie et les poumons (alors là, pour le glamour, c'est zéro pointé !). Ce faisant, la reine ne place pas l'organe dans un joli petit coffret mais se les fait cuisiner et les dévore elle-même. (Le cannibalisme n'était plus trop à la mode aux États-Unis à la fin des années 1930.)

Deuxième différence notable, Blanche-Neige arrive dans une maison des nains très propre et bien tenue. (Eh oui ! on est en Allemagne les enfants, et ça ne se fait pas de laisser une maison mal tenue.) La table est même déjà prête et la Blanche-Neige n'hésite pas à jouer les pique-assiettes et à se siffler un peu de pinard avant d'aller piquer son roupillon dans le lit d'un des nains (en ayant défait au passage les pieux de tous les autres, bravo la ménagère ! Bon, il faut dire que dans cet original, Blanche-Neige n'a que sept ans et qu'elle n'est donc pas encore la charmante donzelle bonne à marier qu'on nous présente dans le film.)

Troisième différence notable, la reine est obligée de s'y reprendre à trois fois pour venir à bout de Blanche-Neige : à coup d'étouffement au lacet, à coup de peigne empoisonné et finalement seulement, à coup de demi-pomme empoisonnée. Et Blanche-Neige, pas finaude, ne reconnaît jamais la marâtre déguisée en paysanne ou en colporteuse bien que les nains lui aient si clairement spécifié de n'ouvrir à personne et de bien sagement faire bobonne à la maison.

Quatrième différence notable : ce n'est pas un prince charmant qui délivre Blanche-Neige du poison à coup de baisers enflammés mais les porteurs du cercueil qui, par maladresse et brusquerie, lui secouent tellement le prunier qu'elle finit par cracher la bouchée de pomme qui lui était restée en travers de la gorge. (Là encore, pour le glamour, c'est pas top l'histoire du renvoi par les soins délicats des déménageurs !)

Enfin, cinquième et dernière grosse différence notable, la méchante reine n'est pas entraînée vers l'abîme par un éclair bien senti mais est invitée sciemment au mariage de Blanche-Neige avec la ferme intension… de la torturer à mort en lui faisant porter des souliers de fer chauffés au rouge. (Eh oui, là encore, les méthodes de cuisson de la viande rouge avaient quelque peu évolué dans l'Amérique puritaine de la première moitié du XXème siècle.)

Que dire encore de la morale propre de ce conte ? Il me semble évident que le propos consiste à dénoncer la vanité (au moins celle de la beauté car celle du sang n'est pas remise en cause). Mais, ce qui m'interpelle et, pour être franche, me révulse un peu, c'est que derrière cette apparente sagesse morale se cache quelque chose de bien plus retors : Blanche-Neige doit rester bien sagement à faire bobonne à la maison et ne surtout pas s'émanciper. Elle doit toujours absolument écouter la parole sage et quasi parentale des nains qui savent tout mieux qu'elle. Et elle ne doit trouver l'amour que si les gentils " parents " nains y consentent parce que le monde est dangereux, plein de chausse-trappes, maléfique. Pouah ! que ça pue cette morale-là ! Quelle vision de la condition de la femme cela présuppose !

J'en ai fini. Trois classiques à découvrir ou à redécouvrir, quitte à s'en étonner ou à s'en offusquer. Bien entendu ceci n'est qu'un nain d'avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au bout d'un an, le roi prit une autre femme qui était très belle, mais si fière et si orgueilleuse de sa beauté qu'elle ne pouvait supporter qu'une autre la surpassât. Elle possédait un miroir magique avec lequel elle parlait quand elle allait s'y contempler :
« Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume
Qui est la femme la plus belle ? »
Et le miroir lui répondait :
« Vous êtes la plus belle du pays, Madame. »
Alors la reine était contente, car elle savait que le miroir disait la vérité.
Blanche-Neige cependant grandissait peu à peu et devenait toujours plus belle ; et quand elle eu sept ans, elle était belle comme le jour et bien plus belle que la reine elle-même. Et quand la reine, un jour, questionna son miroir :
« Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume
Qui est de toutes la plus belle ? »
Le miroir répondit :
« Dame la reine, ici vous êtes la plus belle,
Mais Blanche-Neige l'est mille fois plus que vous. »
La reine sursauta et devint jaune, puis verte de jalousie ; à partir de cette heure-là, elle ne pouvait plus voir Blanche-Neige sans que le cœur lui chavirât dans la poitrine tant elle la haïssait.

BLANCHE-NEIGE.
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De bonne humeur et piquant l'aiguille avec enthousiasme par un beau matin d'été, un petit tailleur était au travail, assis sur sa table devant la fenêtre. Vint une paysanne qui descendait la rue en criant : « À la crème, à la crème ! À la bonne crème fraîche ! » Cet appel chatouilla fort agréablement les oreilles du petit tailleur, qui passa sa tête menue par la fenêtre pour l'appeler : « Par ici, ma bonne dame, vous avez amateur ! »
La femme grimpa les trois marches qui menaient à la petite échoppe du tailleur avec son lourd panier, qu'elle dut vider complètement pour lui montrer tous les pots qu'elle avait. Il les examinait les uns après les autres, les soupesait, les reniflait d'une narine attentive, et finalement il lui dit : « La crème m'a l'air excellent, ma bonne dame : vous pouvez m'en mettre quatre demi-onces, bon poids, et même si vous arrivez jusqu'au quart de livre, cela ne ferait rien ! » La femme, qui avait pensé avoir trouvé un client pour le tout, lui donna ce qu'il voulait et s'en alla en bougonnant de colère.

LE VAILLANT PETIT TAILLEUR.
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