Chacun sait que l'Hansel & Gretel des frères Grimm est une réécriture du Petit Poucet de Perrault (on trouve aussi des traductions plus francisées sous forme de Jeannot et Margot). Comme toujours, ce qui est intéressant, c'est de placer les deux textes côte à côte comme une synopse pour en mieux mesurer les ressemblances et les dissemblances.
Aussi grandes et fréquentes que puissent être les ressemblances, ce sont toujours les dissemblances qui sont porteuses de sens et qui nous aident à réfléchir au projet de l'auteur de ces aménagements.
Même si j'ai déjà avoué que j'aimais mieux l'original que la copie, il faut malgré tout reconnaître que ce remake est un bon remake et que les modifications sont très intéressantes voire intrigantes.
Petit rappel de l'architecture du conte chez Perrault : 7 frères, l'un d'eux a un statut très différent des autres qui sont trois paires de jumeaux ; grande pauvreté, le père décide de perdre les enfants, la mère est contre, longues discussions entendues par le Petit Poucet ; finalement premier raid en forêt pour perdre les enfants, astuce du petit, retour à la case départ ; seconde tentative plus aboutie, le Petit Poucet mène l'expédition en forêt pour trouver un abri, repérage de la maison de l'ogre ; l'ogresse est bienveillante mais l'ogre impitoyable ; nouvelle astuce du Petit Poucet pour duper l'ogre vis-à-vis de ses propres filles ; fuite, épisode des bottes de sept lieues, captage du magot de l'ogre ; retour dans le foyer familial, tout va pour le mieux.
Passage au test de la synopse, voici ce que cela donne chez les frères Grimm : première modification, non plus sept enfants mais seulement deux et respect de la parité garçon/fille ce qui crée une structure plus équilibrée et plus proche du modèle familial rural allemand de l'époque ; première moitié du conte sinon très similaire à la différence toutefois qu'ici c'est la mère qui veut se débarrasser de ses enfants, le père est contre et accepte du bout des dents. La seconde modification, l'importante et grande trouvaille des frères Grimm, c'est le coup de la maison mangeable, ça, faut bien l'admettre, c'est un coup de maître et cela renouvelle vraiment le conte car ici, il y a un appât à enfants, et des plus insolites alors que chez Perrault, c'était le hasard et la mauvaise fortune qui avait conduit les enfants chez l'ogre. Autre modification, ce n'est plus un ogre ignoble, mais une ogresse sorcière.
Nouvelle modification de taille, la sortie du bourbier se fait conjointement sous l'impulsion tant de Hansel que de Gretel (mais surtout de Gretel) et s'opère sur une longue période à la différence de la fugitive visite du Poucet chez l'ogre.
Enfin, dernière et notable modification, au retour des enfants chargés de trésors chez leurs parents, la mère est trépassée.
Pour conclure, l'élément négatif chez Perrault (le père, l'ogre) s'est entièrement féminisé chez les Grimm (la mère, la sorcière) par contre l'héroïsme est partagé entre la soeur et le frère, aucun des deux n'a le monopole de la duperie du monstre.
Ceci dit, ces deux contes très semblables et apparentés ont pourtant des morales bien différentes, chez Perrault, c'était qu'il ne fallait négliger personne, à peu de choses près c'était la fable de la Fontaine « On a toujours besoin d'un plus petit que soi. » tandis que chez Jacob et Wilhelm Grimm, ce serait plutôt « au sein de la famille, il faut se serrer les coudes, coûte que coûte, même si les conditions sont rudes, car le salut viendra de la famille. »
Donc, contrairement à d'autres remakes de Perrault opérés par les frangins Grimm, je trouve cette adaptation plutôt originale et réussie, quoique ma préférence aille malgré tout au Petit Poucet dont il est issu, mais, comme toujours, tout ceci est éminemment subjectif, n'engage que moi et n'est donc que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
N. B. : Il existe pléthore de versions et d'illustrations différentes de ce conte et toutes ne se valent pas mais le regroupement bibliographique a un peu tassé tout ça.
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Un petit retour en enfance pour les besoins du boulot. Un petit rafraîchissement pour la mémoire qui fait du bien.
Hansel et Gretel contient des éléments du conte classique, donc pas d'élément surnaturel à proprement parler ; c'est l'ambiance qui l'est (avec la forêt la nuit, la lumière de la lune, les animaux sauvages). Et l'histoire de ses deux enfants montre comment se sortir de situations difficiles et rassure sur l'idée que les personnes malfaisantes sont rattrapées par l'impitoyable roue du destin.
Avec des yeux d'adulte, je me rend compte à quel point les contes comme celui-ci sont fondateur de toute une civilisation "morale". Quand on prend la peine de le regarder de plus près, ce conte à quelque chose de terrifiant. D'abord, Hansel et Gretel sont abandonnés dans la forêt par leur père et leur belle-mère car cette dernière préfère que le peu d'argent dont ils disposent leur serve à les nourrir elle et sont mari. Quand on n'a pas d'argent pour se nourrir, pourquoi s'encombrer d'enfants ? Quoi qu'aujourd'hui certaines mères peu scrupuleuses préfèrent s'y prendre plus tôt en mettant leurs bébés au congélateur ou à la poubelle. Il faut croire qu'en temps de crise économique, tous les moyens sont bons dans nos belles sociétés civilisées.. Bref !
Puis au moment où ils se croient sauver par une vision quasi-paradisiaque pour des enfants affamés (la maison en pain d'épice) : ils sont capturés pour être mangés et réduits aux travaux domestiques.
Heureusement, cette histoire terrifiante montre que toute personne forte de sa cruauté a une faiblesse et que s'il on a la chance de la trouver et d'avoir suffisamment de force pour surmonter ses peurs, on peut en venir à bout. C'est vrai qu'il y a beaucoup de "si" , et que cette histoire-là se finit bien, dans la réalité tous n'ont pas cette chance...
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- Je ne sais pas comment m'y prendre pour entrer là-dedans. Que faut-il faire ?
- Stupide dinde ! s'exclama la vieille, l'ouverture est bien assez grande ! Regarde : je pourrais moi-même y passer !
Et en même temps, elle s'accroupissait devant le four et s'y poussait à petits coups pour y engager la tête. Alors Gretel la poussa un grand coup pour la faire basculer dedans, ferma la porte de fer et bloqua le gros verrou.
Elle les prit tous deux par la main et les fit entrer dans la maisonnette. Elle leur servit un bon repas, du lait et des beignets avec du sucre, des pommes et des noix. Elle prépara ensuite deux petits lits. Hansel et Grethel s'y couchèrent. Ils se croyaient au paradis. Mais la gentillesse de la vieille femme n'était qu'apparente. En réalité, c'était une méchante sorcière qui n'avait construit la maison de pain que pour attirer les enfants. Quand elle en prenait un, elle le tuait, le faisait cuire et le mangeait. Pour elle, c'était alors jour de fête.
Et ils continuèrent à manger sans se laisser détourner de leur tâche. Hansel, qui trouvait le toit fort bon, en fit tomber un gros morceau par terre et Gretel découpa une vitre entière, s'assit sur le sol et se mit à manger.
La porte, tout à coup, s'ouvrit et une femme, vieille comme les pierres, s'appuyant sur une canne, sortit de la maison. Hansel et Gretel eurent si peur qu'ils laissèrent tomber tout ce qu'ils tenaient dans leurs mains.
En approchant, les enfants virent que les murs étaient en pain d'épice, le toit en biscuit et les fenêtres en sucre.
- Ah! dit Hansel, nous allons nous régaler!
Il se haussa sur la pointe des pieds pour atteindre le toit, et en arracha un petit morceau pour y goûter. Gretel se mit à lécher le sucre d'une vitre.
La vieille avait pris cet air aimable mais en réalité, c'était une méchante sorcière qui guettait les enfants, et sa maison de pain d'épice n'était qu'un piège pour les attirer. Lorsque l'un d'eux tombait en son pouvoir, elle le tuait, le faisait cuire puis le mangeait, et c'était pour elle jour de fête.
Découvrez le trailer de "Dans l'ombre du loup" d'Olivier Merle.
Un flic pas comme les autres qui avance, pas à pas, dans l'ombre du loup…
A Rennes, l'officier de police Hubert Grimm affronte une
affaire obsédante : un notable, M. Kerdegat, personnage désagréable et méprisant, reçoit coups de téléphone et lettres anonymes. Il y a aussi cet homme en scooter qui semble traquer les moindres faits et gestes du chef d'entreprise.
Jusqu'au jour où l'employée de maison des Kerdegat tombe, devant la demeure familiale, sur un corps découpé en
morceaux. La tête du cadavre est introuvable…
Cette fois, l'enquête prend un tour terrifiant. Hubert Grimm découvre les ramifications de ce qui n'était, au départ, qu'une sale histoire de corbeau : un club sadomasochiste, des messages codés, des mises en scène morbides. Et une famille décimée.
Parfois, une seule affaire peut terrifier une ville entière
Un polar magistral. Une fois ouvert, vous ne le lâcherez plus…
En librairie le 25 février.
Plus d'informations http://bit.ly/DansLombreDuLoup
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